La trinité selon le Coran

À la suite du peuple juif, les chrétiens ont toujours confessé leur foi en un seul et unique Dieu. Mais ils ont ajouté que ce Dieu unique se révélait en trois personnes distinctes : Père, Fils et Saint-Esprit ! Ils ont désigné par le mot « trinité » cette vérité de foi, qu’ils n’ont cessé de méditer pour en avoir une intelligence précise. Saint Augustin, qui a vécu au Ve siècle et qui est considéré comme le représentant de la foi orthodoxe, écrivait : « Tous les interprètes de nos livres sacrés, tant de l’Ancien Testament que du Nouveau que j’ai lus, et qui ont écrit sur la Trinité, le Dieu unique et véritable, se sont accordés à prouver par l’enseignement des Écritures que le Père, le Fils et l’Esprit-Saint sont un en unité de nature, ou de substance, et parfaitement égaux entre eux. Ainsi ce ne sont pas trois dieux, mais un seul et même Dieu. »[note]Saint Augustin, De la Trinité, Livre I, ch. IV, 7, texte établi par Raulx, L. Guérin & Cie, 1868.[/note]

L’accusation de trithéisme

Mais l’on est surpris, lorsqu’on lit le Coran, rédigé au VIIe siècle, de découvrir une présentation de la trinité bien différente de ce qu’affirmaient les chrétiens. Il paraît alors évident que l’auteur du Coran n’avait qu’une idée très confuse de ce que les chrétiens croyaient. S’adressant à eux, Mahomet les interpelle : « Croyez donc en Allah et en ses messagers. Et ne dites pas : « Trois ». Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Allah n’est qu’un dieu unique » (Coran 4.171)[note]Les citations du Coran sont issues de la traduction réalisée sous la responsabilité du Roi Fahd, le Noble Coran et la traduction en langue française de ses sens, Complexe Roi Fahd pour la traduction du Noble Coran, sans date.[/note] Par l’emploi de ce « trois », l’auteur du Coran montre qu’il a compris de manière grossière la trinité comme un trithéisme. Voilà pourquoi, il finit le verset en appuyant sur l’unicité de Dieu. Cette erreur lui est venue du fait que les chrétiens parlent de trois personnes. Jamais aucun groupe de chrétiens n’a affirmé croire en trois dieux, mais tous ont confessé un seul Dieu en trois personnes.

Le même reproche se trouve dans la sourate La Table : « Ce sont certes des mécréants, ceux qui disent : « En vérité, Allah est le troisième de trois.» Alors qu’il n’y a de dieu qu’un Dieu unique ! » (Coran 5.73)L’auteur accuse donc les chrétiens de faire d’Allah un dieu parmi trois. Et toute reconnaissance d’un égal à Allah est une incrédulité et un acte impardonnable comme l’affirme ce verset : « Certes Allah ne pardonne pas qu’on lui donne quelque associé. À part cela, il pardonne à qui il veut. Mais quiconque donne à Allah quelque associé commet un énorme péché » (Coran 4.48). La trinité est interprétée alors comme un ajout à Allah de deux autres prétendus dieux.

La confusion sur la composition de la trinité

Si l’on interroge maintenant le Coran sur l’identité des trois dieux qui composent, selon les chrétiens, la trinité, voici sa réponse : Allah, Marie, Jésus ! L’auteur leur reproche en effet maintes fois de faire de Jésus et Marie deux divinités égales à Allah. Dans la sourate La Table, Dieu prend Jésus à témoin pour condamner cette grave erreur attribuée aux chrétiens : « Dieu dit : « Ô Jésus, fils de Marie ! Est-ce toi qui as dit aux hommes : Prenez, moi et ma mère, pour deux divinités en-dessous de Dieu ? » Jésus dit : « Gloire à toi ! Il ne m’appartient pas de déclarer ce que je n’ai pas le droit de dire. » (Coran 5.116) Jamais le Coran ne dit que les chrétiens croient en la trinité composée du Père, Fils et Saint-Esprit !

Cette confusion subsiste jusqu’à aujourd’hui, transmise par des commentateurs musulmans parmi les plus grands. Ignorants totalement de la foi chrétienne, et dédaignant ce que les chrétiens disent à propos de la trinité, ils ont constamment recours au Coran pour présenter cette doctrine chrétienne. À titre d’exemple, Ibn Kathir, l’un des plus grands commentateurs, qui a vécu au XIVe siècle, commente ainsi ce verset : « Il s’agit des chrétiens en général selon les dires d’un bon nombre des ulémas[note]Un uléma est un théologien de l’islam.[/note], puis ils ont précisé que ceci concerne ceux qui déclarent qu’il existe trois hypostases: celle du Père, celle du Fils et celle du verbe […] Ce sont les Melchites, les Jacobins et les Nestoriens qui adoptent cette croyance. »  Ces quelques lignes, contenant nombre d’erreurs tant historiques que théologiques, révèlent une totale ignorance de l’enseignement des chrétiens.

L’erreur sur la divinité de Jésus

Le Coran va plus loin encore. En effet, entendant les chrétiens parler de Jésus comme le Fils de Dieu, l‘auteur en a déduit que les chrétiens prétendent qu’Allah a conçu avec Marie un enfant. Il n’a jamais réussi à percevoir le sens tout spirituel de cette expression. Le Coran avance plusieurs arguments pour réfuter la divinité de Jésus.

  1. Marie n’est qu’une créature

Pour lui, les chrétiens croient qu’Allah a eu des relations physiques avec Marie, engendrant d’elle Jésus. Et le Coran de corriger ce qu’il croit être la foi des chrétiens : « Le Messie, fils de Marie, n’était qu’un Messager. Des messagers sont passés avant lui. Et sa mère était une véridique. Et tous deux consommaient de la nourriture. Vois comme nous leur expliquons les preuves et puis vois comme ils se détournent » (Coran 5.75). L’auteur du Coran pensait que Marie était considérée comme une divinité par les chrétiens. C’est pour cette raison qu’il affirme qu’elle « consommait de la nourriture », car l’absorption des aliments implique l’humanité et donc est l’argument ultime pour rejeter la divinité de Marie.

  1. Dieu ne peut avoir de relation charnelle

Selon le Coran, Dieu ne peut pas avoir d’enfant, car son honneur serait atteint, puisque cet enfant ne peut être que le fruit d’une relation charnelle : « Il est trop glorieux pour avoir un enfant » (Coran 4.171). Et surtout, Dieu ne peut avoir d’enfant parce qu’il n’a pas de compagne : « Comment aurait-il [Allah] un enfant, quand il n’a pas de compagne ? C’est lui qui a tout créé, et il est omniscient. » (Coran 6.101) Ailleurs, il affirme : « Si nous avions voulu prendre une distraction, nous l’aurions prise de nous-mêmes, si vraiment nous avions voulu le faire » (Coran 21.17). Que signifie cette « distraction » ou ce « divertissement » ? Pour certains, ce mot signifie soit « la compagne », selon la langue du Yémen, soit des houris[note]Créatures féminines vivant au paradis, selon le Coran.[/note]  aux grands yeux. Pour d’autres interprètes, c’est l’enfant. Allah proteste contre les chrétiens qui lui attribuent une épouse et un enfant tout terrestres, en déclarant que s’il avait voulu un enfant ou une femme, ce n’est pas parmi les humains qu’il les aurait choisis, mais bien parmi les créatures célestes qui sont en sa présence. Si Allah avait voulu un enfant, il ne l’aurait pas conçu avec Marie, mais avec une femme de son monde. « Si Allah avait voulu s’attribuer un enfant, il aurait certes choisi ce qu’Il eût voulu parmi ce qu’Il crée » (Coran 39.4).

Les chrétiens, eux, affirment que Jésus est le Fils de Dieu éternellement préexistant dans le sein du Père ; il a pris sur lui la nature humaine, devenant pleinement un être humain. Mais le Coran les accuse plutôt de déclarer que Dieu a pris un enfant ou s’est donné un enfant en approchant Marie. « Les Juifs disent : “‘Uzayr est fils d’Allah” et les chrétiens disent : ”Le Christ est fils d’Allah”. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent les dires des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! » (Coran 9.30) « Ils ont dit : “Allah s’est donné un fils !” Gloire à Lui ! Non ! mais c’est à lui qu’appartient ce qui est dans les cieux et la terre et c’est à lui que tous obéissent » (Coran 2.116). La violence de l’auteur vient de sa compréhension de l’expression chrétienne : « Jésus est le Fils de Dieu » dans un sens purement sexuel.

  1. Jésus est une créature d’Allah

Dans la sourate Myriam, qui raconte plusieurs épisodes concernant Marie et Jésus, la conclusion dénonce encore cette « erreur » prêtée aux chrétiens : « Tel est Issa [Jésus], fils de Marie : parole de vérité, dont ils doutent. Il ne convient pas à Allah de s’attribuer un fils. Gloire et Pureté à lui ! Quand il a décidé d’une chose, Il dit seulement : “Sois” et elle est » (Coran 19.35). Jésus ne peut être le Fils de Dieu car il est une création d’Allah. Il suffirait de lire les trois Cappadociens, qui ont vécu trois siècles avant la rédaction du Coran, pour trouver l’affirmation fondamentale formulée contre Arius : il n’y eut jamais un temps où Dieu n’était pas Père. La filiation n’a pas eu lieu au moment de la naissance de Jésus ; elle est en dehors du temps et de l’espace.

  1. Dieu n’a pas besoin de fils

Dieu ne peut avoir de fils donc pour la simple raison qu’il n’a pas de compagne, mais aussi parce qu’il est riche et donc au-dessus de ce besoin. « Ils disent : “Allah s’est donné un enfant.” Gloire à lui ! Il est le Riche par excellence. À lui appartient tout ce qui est aux cieux et sur la terre. » (Coran 10.68) L’enfant est considéré comme la plus grande des richesses. Mais Allah n’en a pas besoin, car il possède tout.

  1. Dieu n’est pas Jésus

Entendant les chrétiens affirmer que le Messie est Fils de Dieu et Dieu, l’auteur a conclu que, pour les chrétiens, Allah est le Messie Jésus. « Certes sont mécréants ceux qui disent : “Allah, c’est le Messie, fils de Marie.” » (Coran 5.17) Un peu plus loin, dans la même sourate, il ajoute : « Ce sont, certes, des mécréants ceux qui disent : “En vérité, Allah c’est le Messie, fils de Marie.” Alors que le Messie a dit : “Ô enfants d’Israël, adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur.” » (Coran 5.72) Le Coran comprend donc que les chrétiens affirment que Dieu dans sa nature est un corps humain !

L’auteur ne voit pas la différence entre dire : « Allah c’est le Messie », et : « le Messie est Dieu ». La première affirmation réduit Dieu à l’humanité de Jésus et fait de la nature de Dieu une nature matérielle ; Dieu aurait alors réellement des mains, des jambes, des yeux… Or, les chrétiens affirment que Dieu est Esprit ! Par contre déclarer que « le Messie (Christ) est Dieu », c’est confesser l’incarnation : le Fils éternel de l’éternel Dieu s’est uni à la nature humaine en devenant homme parmi les hommes. Dieu ne s’est pas transformé en humain, mais il a pris sur lui la nature humaine tout en restant pleinement Dieu. Là où le Coran ne voit qu’un homme, les chrétiens voient celui en qui demeure la plénitude de la divinité corporellement (Col 2.9).

* * *

Le Coran reproche donc aux chrétiens plusieurs erreurs : trithéisme, trinité composée d’Allah, Marie et Jésus, adoption ou procréation d’un fils par relation sexuelle avec Marie…Il vient pour corriger les prétendues erreurs de ses prédécesseurs. Or le Coran imagine discuter avec les chrétiens, mais il leur attribue ou les accuse de croire des choses qu’ils n’ont jamais crues ou confessées… Bien sûr, les chrétiens ne se reconnaissent absolument pas dans ces accusations, pour la simple raison qu’ils n’ont jamais professé ce que l’auteur leur reproche[note]Rappelons que de nombreuses hérésies se sont répandues dans les premiers siècles sur la doctrine de la trinité. Elles ont été condamnées par les conciles des IVe et Ve siècles. Mais l’auteur du Coran a pu être induit en erreur et attribuer aux chrétiens des vues sur la trinité et sur Jésus qui sont précisément celles que les chrétiens ont combattues et dénoncées.[/note] !

D’ailleurs, comme pour prévenir ces accusations, des chrétiens avaient déjà écrit par avance leur défense dans de nombreux livres, avant même l’apparition de l’islam. Citons à titre d’exemple ce beau texte poétique de Grégoire de Nazianze, le théologien de la trinité, écrit vers 390 :

« Il y a un seul Dieu, sans principe, sans cause ; il n’est circonscrit par aucune chose qui a été, ou qui sera ; embrassant les siècles et infini ; de l’excellent et majestueux Fils Unique Père majestueux, n’ayant subi en engendrant le Fils, rien de ce qui se rapporte à la chair, puisqu’il est Esprit. Il y a un seul Dieu autre, mais non pas autre par la divinité, le Verbe de Dieu : de son Père il est le sceau vivant, le seul Fils de Celui qui est sans principe, de l’Unique l’Absolument-Unique, égal au Père…

Il y a un seul Esprit, Dieu issu du Dieu bon. Éloignez-vous, vous tous que l’Esprit n’a pas marqués de son sceau pour révéler sa divinité, mais dont le fond du cœur est méchant ou dont la langue est impure. »[note]Grégoire de Nazianze, PoemataArcana, I, I, v. 25-37 (traduction personnelle). J’ai choisi un texte poétique comme défi au Coran qui se veut un beau poème ![/note]

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)