La stratégie de Paul Une interpellation pour l’action missionnaire… aujourd’hui !

Quelle est notre conception de la mission et des missionnaires ? La mission a-t-elle encore un sens et une actualité ? Ou s’agit-il d’un concept dépassé pour des « attardés » ou des « illuminés » qu’on considère avec condescendance ? La recherche du sens et de la stratégie de la mission était déjà la préoccupation de Paul. À sa suite, faisons le point.

1. Entrer dans le plan du Seigneur

L’Évangile que Paul vit et proclame, il ne l’a « ni reçu, ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. » (Gal 1.12) C’est donc à la mission du Seigneur que tout le ministère de Paul se réfère. Celui sur qui notre foi repose et en qui se trouve notre espérance, Jésus, le missionnaire par excellence, a ainsi présenté sa mission : « Le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Luc 19.10) C’est pourquoi il est venu « pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup. » (Marc 10.45 ; Mat 20.28)

À la suite de cet accomplissement, le Seigneur nous invite :

  • Jean 20.21 : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Il veut les siens dans le prolongement de sa mission.

Et il ajoute :

  • Luc 24.48 : « Vous êtes témoins de ces choses » : celles qu’il vient de mentionner et qui avaient été écrites que « le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait […] et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom… » (v. 46 et 47)
  • Actes 1.8 : « Vous serez mes témoins » : ceux qui le connaissent et qui font l’expérience de sa présence et de son œuvre.
  • Marc 16.15 : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle… »
  • Matthieu 28.19 : « Allez, faites de toutes les nations des disciples… »

Paul a saisi la portée de ce quintuple message, « l’ordre suprême » comme on l’a souvent désigné. Avec Paul, nous désirons nous laisser interpeller.

2. La fidélité au message

Message de grâce et de salut pour un monde perdu, la prédication de l’Évangile – quelle qu’en soit la forme – se doit d’être ancrée dans l’Écriture. Elle a :

2.1 Un contenu:

l’appel à « la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ. » (Act 20.21) C’est plus qu’une simple annonce, une insistance qui fait suite au premier message de Jésus dans son ministère public rapporté en Marc 1.15 : « Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle. »

2.2 Un objectif:

la présentation d’un salut complet, tel qu’il est présenté par Jésus à Paul déjà lors de son appel (Act 26.18). Ce salut est la délivrance de :

  • la punition du péché: « pour qu’ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés »,
  • la puissance du péché: « pour qu’ils passent […] de la puissance de Satan à Dieu » en faisant l’expérience de la liberté, de la victoire et d’une vie de plénitude en Christ. Ainsi, le converti peut faire l’expérience de :

– la liberté : « Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres » (Jean 8.36 ; Gal 5.1), et en conséquence, « affranchis du péché […] vous avez pour fruit la sainteté » (Rom 6.22),

– la victoire : « Nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Rom 8.37 ; 1 Cor 15.57) : une victoire réalisée dans le combat auquel chacun est confronté, et qui prend un relief particulier dans les confrontations de puissances auxquelles se réfèrent diverses religions traditionnelles, en particulier l’animisme,

– la vie en abondance (voir Jean 10.10) parce que, dit Paul : « J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis […], je vis dans la foi […] » (Gal 2.20). Alors « si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création […] voici, toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Cor 5.17)

  • la présence du péché: une attente qui se réalisera lors du plein « héritage avec les sanctifiés » au ciel.

2.3 Un fondement:

l’œuvre de Christ

  • sa crucifixion: la crucifixion est un message étonnant mais si puissant (1 Cor 1.23-24) que Paul déclarait : « Je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ […] crucifié » (1 Cor 2.2) !
  • sa résurrection: la résurrection est la démonstration que Christ a le pouvoir de la vie ; et la victoire de la vie sur la mort. « Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés […] Mais en réalité, Christ est ressuscité, précédant ainsi ceux qui sont morts. » (1 Cor 15.17,20)
  • 3. La stratégie

    3.1. Trois étapes

    Alors qu’il entreprend ses voyages missionnaires, la stratégie de Paul comprend trois étapes vers la croissance et la maturité :

    • Évangéliser

    Évangéliser, c’est présenter la bonne nouvelle, c’est partager le message complet que nous avons considéré ci-dessus pour qu’il y ait des conversions à Christ et des vies transformées : des hommes et des femmes ayant passé par la nouvelle naissance. Pour suivre Paul, il s’agit d’épouser sa vision d’un monde perdu et de son besoin d’un Sauveur : « Je n’ai pas honte de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Rom 1.16) et de se laisser saisir par sa passion : « […] la nécessité m’en est imposée et malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile. » (1 Cor 9.16) Il s’agit donc de saisir chaque occasion : « Prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non » (2 Tim 4.2), ce qui incite à tirer avantage tant des moyens technologiques que des ouvertures, même inattendues, qui se présentent ou qu’on provoque.

    • Enseigner

    Si nous sommes responsables d’évangéliser (2 Tim 4.5), la mission que le Seigneur nous a confiée ne s’arrête pas là : le Seigneur nous demande de faire des disciples. Un disciple se met à l’écoute de son Maître, il le suit et il désire intégrer et mettre en pratique son enseignement. Ce processus inclut deux axes selon l’ordre du Seigneur (Mat 28.19-20) :

    – le baptême : le baptême est une immersion qui illustre et affirme un échange de vie par notre identification avec Christ dans « sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité […] de même nous marchions en nouveauté de vie. » (Rom 6.4)

    l’enseignement : l’enseignement doit veiller à garder tout ce que le Seigneur a commandé : tout le conseil de Dieu (Act 20.27), l’ensemble de sa Parole ! Or « si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples » dit encore le Seigneur; « vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » (Jean 8.31-32)

    L’enseignement est prioritaire pour la croissance et la résistance : « Étant enracinés et fondés en lui (Christ) et affermis par la foi, d’après les instructions […] données » (Col 2.7). C’est pourquoi Paul prend le temps nécessaire pour enseigner et former les jeunes églises. Il passe du temps à Corinthe, un an et demi (Act 18.11), à Éphèse deux ans (19.9-10). Cet enseignement, on ne peut se contenter de l’écouter, il s’agit de le mettre en pratique (Jac 1.22).

    • Rassembler

    Dieu n’a pas voulu les siens solitaires. Il voulait un peuple pour lui, « un royaume de sacrificateurs » (Ex 19.6), des adorateurs (Jean 4.23-24). C’est le Seigneur lui-même qui a réalisé ce projet (Apoc 1.6) : l’Église. L’Église a été et reste au centre de son plan d’amour. L’intégration et la participation de chacun à la manifestation locale de cette Église n’est pas facultative (Héb 10.25 ; 1 Cor 14.26) ; elle est une occasion indispensable au renouvellement et à la croissance de tous (Éph 4.12-13).

    Le caractère déterminant et permanent de l’Église est la présence et la plénitude de Christ (Éph 1.23). Ainsi, expérimenter et exprimer la réalité de l’Église, c’est vivre ensemble la présence de Christ (Mat 18.20). Cela implique une priorité pour l’implantation d’églises, ce qui – comme dans les Actes – peut commencer dans les maisons. On l’a dit : « La mission de l’Église, c’est les missions ; la mission des missions, c’est l’Église. »

    3.2. La clé de la multiplication

    Pour que la stratégie soit opérationnelle, un mouvement de reproduction doit être initié. Paul en donne la clé en 2 Timothée 2.2 (« la clé 222 ! ») ; il s’agit de former des formateurs et des leaders-serviteurs : « des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres ». La chaîne commence par Paul (aujourd’hui ses écrits et l’ensemble de la Parole) ; elle se poursuit par Timothée (aujourd’hui : ceux qui ont des repères dans la Parole : 1 Timothée 3.15) et peuvent l’enseigner ; ensuite ceux qui ont un potentiel pour l’œuvre de Dieu et sont disponibles pour elle ; enfin les destinataires qui, ensuite, pourront eux-mêmes prendre le relais.

    3.3. Le critère d’autonomie

    L’autonomie n’est pas une fin en soi, mais elle est garante de croissance et de multiplication, elle témoigne de la maturité. Paul la voulait dans chaque endroit où il œuvrait.

    Au milieu du 19ème siècle Henry Venn et Rufus Anderson en ont proposé les conditions sous forme de trois « self » (= auto-)

    • « self-supporting » : un soutien autonome, qui permet l’indépendance des hommes et évite influences et pressions qui peuvent être la contrepartie d’une assistance externe ; mais qui exige par ailleurs une gestion rigoureuse, transparente et redevable. Une aide extérieure n’est alors pas une condition à l’action mais un renforcement éventuel.
    • « self-governing » : une propre direction qui implique la responsabilité devant le Seigneur sous la direction du Saint-Esprit et une grande maturité spirituelle liée à une profonde humilité.
    • « self-propagating » : une multiplication spontanée, l’église devient la pépinière indispensable à la reproduction. On dit que la santé d’un arbre est manifeste quand non seulement il produit des fruits mais se reproduit ! (1 Thes 1.8). Vision, enthousiasme, zèle, persévérance, abnégation sont quelques-uns des ingrédients nécessaires pour que cette croissance, spirituelle d’abord, numérique ensuite, se produise.

     

    On a pu y ajouter un quatrième « self » :

    • « self-identifying »: une propre identité en Christ, qui cherche et trouve ses repères dans la Parole, examinant les Écritures (Act 17.11) pour l’appliquer dans un contexte spécifique et hors des influences culturelles et diverses étrangères, que celles-ci soient traditions, liturgies (officielles ou « de fait »), formes ou autres. Il s’agit de mettre en valeur ce qui fait l’essentiel du message et de « la culture » bibliques.

    3.4. Une évolution

    Cette stratégie se manifeste dans une progression de l’œuvre et de l’église naissante dont on a pu distinguer quatre phases qui définissent le rôle et la tâche du missionnaire :

    • phase 1 : rôle de pionnier, centré sur la prédication,
    • phase 2 : rôle de formateur, qui vise la croissance spirituelle de disciples,
    • phase 3 : rôle de partenaire, qui contribue à la formation de la relève (formateurs et leaders-serviteurs),
    • phase 4 : rôle de participant, qui reste simplement disponible sur appel, ce qui contribue à permettre l’indépendance de décision et de responsabilité, prises au plus proche de l’action (principe de « subsidiarité »).

    3.5. L’action sociale

    Paul n’était pas indifférent aux situations que traversaient ses interlocuteurs et il agissait. Des miracles sont accomplis (Act 28.5,8-9 ; 20.10) ; il organise la bienfaisance (1 Cor 16.1-3 ; 2 Cor 8 et 9) ; étonnamment, celle-ci n’est pas en faveur des nouvelles églises mais de l’église mère.

    Aujourd’hui, des actions humanitaires dans les domaines pédagogique, médical, des micro-entreprises, etc., non seulement sont un témoignage à l’Évangile (Jac 2.18b ; Éph 2.10) mais peuvent devenir une occasion d’ouverture pour l’Évangile. Elles ne changent cependant en rien – d’aucuns estimeront que c’est excessif ! – la priorité de la mission : l’Évangile du salut. Celui-ci constitue certainement le plus grand facteur de développement par des vies transformées au service de Dieu et de leurs prochains, dans l’amour (Mat 22.37,39).

    4 Le service

    4.1 Être accompagné et accompagner

    Au début du ministère de Saul, c’est Barnabas qui le présente aux apôtres (Act 9.27), il le cherche pour apporter du renfort dans l’œuvre et l’église à Antioche (11.25) et il l’accompagne tout au long de son premier voyage missionnaire (Act 13 et 14). Il lui apporte l’appui et l’expérience dont il a besoin. Il est un référent. Fort de cette expérience, Paul va s’associer Silas (15.40), Timothée (16.3), Luc (16.10) et d’autres qu’il va encourager et former pour qu’ils entrent dans la stratégie 222.

    4.2 Faire équipe

    Le Seigneur déjà envoyait ses disciples deux à deux (Luc 10.1). S’associer d’autres pour les accompagner et les former, c’est d’abord « faire équipe » ensemble avec le Seigneur ; dans la prière d’abord et à l’écoute de sa Parole. C’est également reconnaître les complémentarités des uns et des autres, les apprécier et les mettre en valeur. Faire équipe, c’est aussi un réel exercice dans les rapports mutuels. Paul en décrit quelques conditions, entre autres, la bonté, l’humilité, la douceur, le support et le pardon mutuels, ainsi que l’amour (Col 3.13-15).

    4.3 Préparer la relève, le relais>

    En formant une nouvelle génération, Paul préparait ceux qui seraient appelés à prendre le relais, à assurer la pérennité de l’œuvre. Cette démarche est prioritaire et elle débute avec l’œuvre.

    4.4 Contextualisation

    Paul pouvait dire : « Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver » (1 Cor 9.22). Les trois étapes – évangéliser, enseigner, rassembler – ainsi que la clé 222 ont une portée universelle. Le message cependant est apporté dans une langue et une forme de communication qui puissent être comprises dans la culture locale et dont le fond aborde les questions existentielles des gens.

    4.5 La concentration urbaine

    Déjà le Seigneur, puis les disciples, et Paul en particulier, ont une stratégie géographique et concentrent leur action sur les villes (Luc 4.43 ; Act 8.40 ; 16.11-12…). Ils cherchent à produire un impact sur les lieux de concentration humaine (lieux publics) et à atteindre des personnes clés.

    Avec l’exode rural et les mouvements de population auxquels nous assistons aujourd’hui – dont les réfugiés – une concentration de l’effort sur les villes (souvent devenues des mégalopoles) paraît un impératif pour que l’Évangile progresse.

    4.6 Les faiseurs de tentes

    Paul ne s’attendait qu’au Seigneur pour répondre à ses propres besoins, ainsi qu’à ceux de son équipe. À côté de son ministère il exerce un métier manuel – faiseur de tentes – par lequel même, il entre en contact avec d’autres (Act 18.1-3 ; 20.34-35). Exercer un métier peut permettre de pénétrer dans certains pays fermés à l’Évangile. C’est aussi un moyen d’apporter l’Évangile sans frais (1 Cor 9.18), une contribution décisive à l’autonomie.

    5 Le serviteur

    5.1. La préparation

    Avant de les « envoyer prêcher », le Seigneur appelle ses disciples « pour les avoir avec lui » (Marc 3.14-15). Le Seigneur veut ses envoyés d’abord dans son intimité, à son écoute, dans le dialogue et dans la découverte de « l’excellence de sa connaissance » (Phil. 3.8,10)

    • la connaissance du Seigneur :

    Ce ne sont pas des critères intellectuels qui sont prioritaires (même s’ils font partie des talents reçus) mais des critères spirituels d’abord. C’est l’intimité avec le Seigneur qui qualifie pour le service. On peut relever, entre autres, deux conditions :

    – la conscience d’une relation vivante avec le Seigneur par le témoignage du Saint-Esprit (1 Jean 3.24),

    – l’absence d’amertume (Héb 12.15) ; car celle-ci produit du trouble.

    • la formation continue :

    Elle est un impératif dans le service de Dieu et nécessite un exercice de piété, c’est-à-dire d’attachement au Seigneur (1 Tim 4.8), qui implique de le faire intervenir en toute circonstance ainsi que de persévérer dans l’écoute de la Parole et une vie de prière personnelle.

    5.2. Consécration radicale

    « Il faut qu’il croisse, et que je diminue » (Jean 3.30), reconnaissait Jean, le précurseur du Seigneur. Paul y fait écho en exhortant « que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (2 Cor 5.15) Vingt siècles plus tard, l’exigence n’a pas changé. Témoin en grec se dit « marturos », ce qui rappelle à quoi être prêt.

    5.3. Maturité et humilité

    Pour un service pratique (Act 6.3), on attendait un bon témoignage ainsi qu’une plénitude de l’Esprit et de sagesse. La maturité reste exigeante aujourd’hui encore. Elle se manifeste sur les plans spirituel, émotionnel, familial, social et professionnel. Et la vraie maturité se manifeste dans l’humilité ; Paul se considérait ainsi : « Je suis le moindre » (1 Cor 15.9).

    5.4. Flexibilité, mobilité

    Les situations évoluent. La flexibilité, la mobilité, telle que Paul et ses équipes la vivaient, permettent de s’adapter et de renouveler un apport dans divers lieux de service.

    5.5. Identification

    Aujourd’hui encore c’est un témoignage de proximité qui convainc – être avec – et pourtant un témoignage qui marque notre différence – notre espérance et nos repères – et pose des questions à l’entourage (1 Pi 3.15). Il s’agit d’y joindre une attitude d’écoute et d’empathie manifestant l’amour de Christ.

    5.4. Audace et risques

    Paul le rappelle, l’esprit qui nous anime « n’est pas un esprit de timidité, […] mais un esprit de force » (2 Tim 1.7), un esprit d’audace même qui l’a porté au travers de son ministère et veut nous animer encore. Paul a fait l’expérience des risques que cela comporte et en énumère quelques-uns : persécutions, dangers (2 Cor 11.23). Il en est ainsi aujourd’hui encore. Abandonné même, Paul pouvait dire : « Le Seigneur qui m’a assisté et qui m’a fortifié […] le Seigneur me délivrera. » (2 Tim 4.17,18)

    Face à un tel défi, d’aucuns diront : « Qui est suffisant pour ces choses ? » (2 Cor 2.16), mais « notre capacité […] vient de Dieu » (3.5). Paul en a été rassuré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (12.9). Ainsi « …attachons-nous à la grâce. Par elle, servons Dieu d’une manière qui lui soit agréable. » (Héb 12.28)

     

    Bibliographie

    – Flemming Kenneth : Stratégie missionnaire, Editions Centres Bibliques, Lausanne, 2005

    – Ben Naja : Mission – le dernier chapitre ? Editions Emmaüs, St-Légier, 2007

    – Nunn Andrew : A Missionary Manifesto, Manizales Columbia, 2001

     

     

    les articles plus lus

    En présentant le premier numero de PROMESSES

    à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

    Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

    Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

    La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

    En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

    Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

    A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

    De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

    Les éditeurs

    Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

    Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

    Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

    La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

    Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

    La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

    Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

    Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

    Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

    Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

    (à suivre)
    Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

    (2 Tim.1, 7-9)

    «Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

    Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

    de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

    d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

    de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

    Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

    Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

    Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

    I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

    La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

    Il LA TRINITÉ DE DIEU

    Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

    Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

    L’ANCIEN TESTAMENT

    Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

    Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
    Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
    Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
    Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
    «m’a envoyé» – Dieu le Fils
    «et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
    Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
    «un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
    «ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

    LE NOUVEAU TESTAMENT

    Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

    La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

    La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

    D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

    III JÉSUS-CHRIST

    1. Sa Divinité

    Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
    Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
    cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
    et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

    2. Son incarnation

    Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

    3. Son CEuvre rédemptrice

    Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
    L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
    Les Evangiles en sont la réalisation
    Les Actes le proclament
    Les Epîtres l’expliquent
    L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

    (à suivre)