La spécificité du christianisme

La foi chrétienne est-elle un amalgame d’éléments contenus dans d’autres religions qui n’aurait rien d’authentiquement singulier ? Si tel était le cas, une décision exclusive en sa faveur ne paraîtrait pas appropriée.

La méthode comparative est l’une de celles qui prévaut dans les milieux académiques et dans les produits de vulgarisation sur l’histoire des religions. Elle adopte comme présupposé que le judéo-christianisme n’est autre qu’un amalgame d’apports qu’il est possible de distinguer les uns des autres en remontant jusqu’à leur source. La foi en la résurrection existe dans le christianisme, mais elle vient de Perse ; l’idée d’un rédempteur qui vient du ciel est une idée gnostique, associée par l’apôtre Paul à des éléments du judaïsme palestinien ; quant aux sacrements, ils sont un emprunt aux religions à mystères des Grecs, etc.
Une grande partie de l’énergie des spécialistes biblistes de la tradition libérale critique ou universitaire non croyante se dépense à chercher où tel auteur biblique a pris ce qu’il nous dit.

1. Quelques remarques de principe et de méthode

En guise de remarque préliminaire, je voudrais mettre en garde contre une réaction qui consisterait à foncer tête baissée vers le discours opposé. Il nous faut savoir discerner le piège.

Totalement dissemblable ?

Pour certains, pour que le christianisme ait le droit de réclamer une adhésion entière et exclusive, il faut qu’il soit spectaculairement original. Mais est-ce nécessaire ? Rappelons-nous que le faux imite le vrai. L’opposition fondamentale du vrai et du faux n’est pas forcément apparente au premier regard. Il se pourrait donc que le christianisme ressemble beaucoup aux autres religions ou à telle religion et qu’il y ait pourtant tout l’abîme qualitatif qui sépare la vérité unique de mensonges habiles.
Une apologétique qui se développe dans le sens de la ressemblance n’est pas dépourvue de fondements bibliques. Elle présente le christianisme comme le couronnement, l’accomplissement des aspirations humaines : avec lui, enfin, le tâtonnement des différentes religions aboutit ! Dans cette perspective, il est normal qu’il y ait des ressemblances. Dans toutes les religions, on peut voir des ébauches, ou des nostalgies — si l’on pense que l’état premier était un état de vérité — que le christianisme reprend et fait parvenir au plein resplendissement de la vérité.
Cette apologétique a été développée, dans l’Antiquité, par l’École d’Alexandrie, avec Clément d’Alexandrie et Origène et garde une place de choix dans le catholicisme. Deutéronome 4 développe cette pensée : les nations païennes diront, en prenant connaissance de la Loi que Dieu donne à Israël : « Cette nation est un peuple absolument sage et intelligent ! » (Deut 4.6) En Actes 17, l’apôtre Paul mise sur ce même type de relation : il emploie l’image du tâtonnement pour parler des religions humaines, qui avaient conduit les Athéniens à ériger un autel à un dieu inconnu. L’apôtre cite, à propos de cette proximité, des paroles de poètes et de philosophes du stoïcisme grec et présente le message chrétien comme l’accomplissement de cette recherche : « Ce que vous vénérez sans le connaître, je vous l’annonce ! » (Act 17.23) Les ressemblances ne doivent pas nous embarrasser et ne cherchons pas à les escamoter.

L’affirmation biblique de la différence

Cependant, la Bible elle-même semble plus souvent opposer la foi biblique et la religion des nations. En Deutéronome 4, Moïse souligne qu’aucune autre nation n’a un dieu qui a fait pour elle ce que Dieu a fait pour Israël, intervenant de manière aussi grandiose, aussi efficace, en se rendant si proche (Deut 4.7).
Il est aussi un Dieu qui s’est fait connaître par sa Parole, en plus de ses actes (Deut 4.8), car sans parole, il reviendrait aux hommes d’interpréter les actes de Dieu comme ils le pourraient. Le N.T. réitère la même affirmation : toute la sagesse du monde est passée à côté du « mystère » de Dieu, du secret de son plan accompli en Jésus-Christ. Ce mystère est révélé par l’Esprit à ceux qui aiment Dieu et reçoivent le fruit de l’œuvre de Jésus-Christ (1 Cor 2.6-16). Ces textes mettent incontestablement en avant le contraste.

Les motifs de la différence

Pourquoi l’apologétique de l’accomplissement, pratiquée par l’École d’Alexandrie, n’est-elle pas dominante dans l’Écriture ? La première raison est la gravité du péché. Les religions expriment bien les tâtonnements et les aspirations des humains qui ont été faits pour connaître Dieu comme la destination de leur humanité ; mais si les hommes sont aussi loin de ce qu’ils cherchent, c’est à cause du péché. Ils tâtonnent, mais en même temps ils ne cherchent pas loyalement au fond d’eux-mêmes, inconscients de ce refus, simultané avec leur recherche, du vrai Dieu.
Du coup, ils déforment, ils reportent leur besoin de Dieu sur la créature, ils se fabriquent des idoles.
Cette gravité du péché est sous-estimée par les tenants d’une apologétique de l’accomplissement ; c’est pourquoi les religions ne sont pas dénoncées comme les aberrations qu’elles sont effectivement devenues par la faute du péché.
La deuxième raison est que le péché est subtil, capable d’habileté et d’imitation, mais jusqu’à un certain point seulement. Le diable est un faussaire suprêmement habile et intelligent, mais seulement jusqu’à un certain point. Il n’a pas été capable de faire quelque chose de totalement ressemblant. Lorsque les hommes sont les instruments de ce faussaire, ils perdent quelque chose de l’agilité, de la finesse, de la capacité à faire « beau ». Ajoutons que nous allons vers l’imitation suprêmement ressemblante : en profitant de l’apport du christianisme dans l’Histoire, le diable va réussir à susciter une « singerie » plus séduisante que toutes les autres : l’Antichrist. Mais lors de ce paroxysme, le Seigneur Jésus interviendra pour faire lui-même directement échec à l’Impie, et le détruire par l’éclat de son avènement (2 Th 2.8).
En attendant, dans la grande épreuve qui précédera ce moment final, il fera en sorte que l’Antichrist ne séduise pas ses élus (Mat 24.24). Armons-nous de vigilance et de discernement pour n’être pas séduits.

L’articulation des traits communs et des différences

Comment alors articuler les deux aspects d’analogie et de différence ? Grosso modo, on peut dire que les traits communs sont du côté de la « langue » et les traits différenciateurs du côté de la « parole ». La distinction entre « langue » et « parole » est fondamentale dans la linguistique moderne : la langue est le système d’expression de la pensée ; la parole est l’usage de la langue pour dire quelque chose de particulier. La Bible est écrite dans une langue commune, mais elle nous adresse une Parole, unique. L’opposition entre la vérité et le mensonge ne réside pas dans la langue, mais dans la parole, qui se sert de la langue.
À titre d’illustration, constatons que toutes les religions offrent un riche déploiement de symboles, car le symbole n’est pas simplement linguistique, il est aussi esthétique, rituel. Les symboles utilisés sont du ressort de la langue et la Bible peut bien avoir les mêmes que ceux que l’on trouve ailleurs.
Les différences apparaissent dans l’usage qui en est fait, dans la « parole » qui est dite par ce moyen.

Quelques remarques complémentaires

• Des éléments ressemblants peuvent avoir des sens très différents, selon les ensembles où on les trouve. Dans la comparaison entre le christianisme et les autres religions, par faute de méthode, c’est souvent ici que l’on se trompe : on ne voit pas qu’un élément repris change de sens dans son contexte biblique.
• L’A.T. n’est pas la révélation achevée. D’après l’enseignement biblique lui-même, Dieu a fait des compromis provisoires avec la religion ordinaire des hommes. Paul utilise la même expression, « l’asservissement aux principes élémentaires du monde », pour parler du danger de la philosophie païenne (Col 2.8) et du retour au judaïsme (Gal 4.9). Ne tirons donc pas trop rapidement des conclusions à partir de l’A.T. comme s’il était un aboutissement. L’A.T. est entièrement Parole de Dieu, mais il exprime une pédagogie divine où des éléments analogues à ceux du paganisme sont utilisés comme des images, à titre provisoire, qui annoncent la venue de Jésus-Christ.
• Ne confondons pas le christianisme biblique, dont nous voulons être témoins, avec le christianisme de dix-neuf siècles d’histoire après le temps des apôtres. On peut concéder qu’il y a eu une paganisation du christianisme historique majoritaire, dans le temps des pères de l’Église.
Ce christianisme ressemble par certains traits aux religions païennes, mais ce n’est pas lui que nous défendons.

2. Les principales singularités de la foi chrétienne

L’historicité

La première singularité de la foi chrétienne, qui frappe d’emblée, est son historicité. Aucune autre religion ne présente un salut opéré une fois pour toutes, au centre de l’histoire — et de l’histoire datée.
L’Évangile se présente comme une « nouvelle  », une annonce : « C’est accompli, le salut est offert à tous parce qu’il a déjà été réalisé ! » L’A.T. rappelle maintes fois l’intervention de Dieu dans l’histoire lors de l’exode. Puis, après cette préparation dans le judaïsme, l’Évangile proclame la plénitude de son intervention.

La gratuité du salut

Le salut s’obtient par la foi seule, et non par un système d’œuvres rituelles, morales, ou mystiques. Parce que le salut est déjà pleinement opéré dans l’histoire, il est offert gratuitement. La tradition catholique l’avait oublié, à cause de la repaganisation du christianisme, mais la Réforme l’a remis en lumière. La gratuité du salut, grâce au prix payé par Dieu lui-même, est unique au christianisme.

Le mal est une réalité éthique et non métaphysique

S’il peut y avoir un salut accompli, c’est que le mal est une réalité historique. Il correspond à un usage de sa liberté par l’homme et n’est pas une donnée première dans la création, comme la corporalité.
Si le mal était consubstantiel à la création, ce n’est pas un événement qui permettrait de résoudre la question. La solution ne pourrait pas être accomplie une fois pour toute mais devrait conduire l’homme à se dépouiller de son corps.
Ce caractère éthique et non métaphysique du mal a pour conséquence que l’éthique et la religion ne peuvent pas être séparées, contrairement à la plupart des religions. Le Dieu biblique ne veut rien d’autre que le bien, et le bien est la volonté du Dieu biblique.
Dans l’A.T., Dieu avait rajouté, à titre provisoire, des purifications rituelles qui n’avaient rien à faire avec la morale, qui sont abrogées dans le N.T., où « tout est pur pour ceux qui sont purs ». L’Évangile opère une coïncidence parfaite de l’éthique et de la piété, du bien et de la volonté de Dieu.

L’indépendance de Dieu par rapport au monde

Si le mal était dans la constitution même des choses, il serait un mal métaphysique, et le monde serait partagé entre un côté négatif et un côté divin.
Dieu lui-même serait en quelque sorte le summum du monde, mais il ne serait pas indépendant du monde, lié par l’opposition dualiste elle-même. Cela correspond à l’idolâtrie, où le sens du divin se porte sur un élément ou un aspect du monde, qui est idolâtré, absolutisé. Le seul Dieu qui soit distinct du monde, et sans dualisme, donc vraiment indépendant et Seigneur du monde, est le Dieu biblique. On peut également montrer qu’il ne peut l’être que parce qu’il est Trinité. La Trinité, telle
qu’enseignée dans la Bible, est encore originalité radicale qui ne se retrouve nulle part ailleurs.

Le double accent sur l’universel et l’individuel

Un autre point, moins intimement lié aux précédents, est la capacité de la foi chrétienne à accentuer à la fois l’universel et l’individuel. On trouve ailleurs la volonté de maintenir à la fois l’universalité et l’individualité, mais sans y arriver : l’un des deux côtés est toujours privilégié. La « réussite » de l’Écriture dans ce domaine est absolument remarquable. Pensons en particulier à Jésus, second Adam.

* * *

On pourrait chercher d’autres traits spécifiques.
Mais ceux que nous avons relevés, et qui sont si étroitement associés, montrent que le christianisme est ce qu’aucun humain, même au plus habile de ses capacités d’invention, n’a réussi à imaginer. Il transcende absolument toute capacité et toute intelligence de la créature. Il peut donc à bon droit réclamer notre adhésion entière et notre engagement total.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)