La souveraineté de Dieu dans Job

Introduction

Le livre de Job présente le thème délicat de « la souffrance du juste »[note]Jules-Marcel NICOLE, Le livre de Job, tome 1, Edifac, CEB, 1986, p. 31.[/note] , qui nous conduit à nous interroger sur la compatibilité entre de telles épreuves et l’existence d’un Dieu souverain et bon. Dans « L’Autre Dieu »[note]Marion MULLER-COLLARD, L’Autre Dieu. La plainte, la menace et la grâce, Albin Michel, 2017. Voir à ce sujet Gérard PELLA, Yvon KULL, L’autre Dieu ? Recension critique à deux voix, Hokhma 115 (2019), Chroniques de livres, p. 107-115.[/note] , Marion Muller-Collard décrit comment le livre de Job l’a aidée dans un temps particulièrement difficile. Elle dépeint notamment un Dieu qui « ne se porte pas garant de sa sécurité » [note]Ibid., p. 112.[/note], un Dieu qui n’est pas « le Gardien »[note]Ibid., p. 86.[/note] de l’enclos dans lequel nous vivons.
Pour résoudre la tension entre la bonté, la souveraineté de Dieu et certaines souffrances incompréhensibles, Marion Muller-Collard reconnaît un Dieu créateur mais pas souverain. Son explication répond à ses questions et donne une explication à la réalité du mal dans le monde, mais est-elle fidèle au Dieu révélé dans les Écritures ?
Comme nous allons le voir dans cet article, sa compréhension de Dieu est erronée. Nous nous proposons donc d’examiner les domaines où s’exercent la souveraineté de Dieu et les limites de cette dernière pour expliquer la réalité de la souffrance dans ce monde. Nous terminerons par quelques implications pour la vie du chrétien, souffrant ou non.
Nous considérons le texte biblique comme pleinement inspiré de Dieu. Il nous faut cependant réfléchir aux paroles des trois amis de Job : Éliphaz, Bildad et Tsophar. Leurs propos sont condamnés par Dieu (42.7)[note]NDLR : Dans l’ensemble du numéro, lorsqu’une référence ne comporte pas le nom du livre, elle est tirée du livre de Job.[/note] , même s’ils ont pu exprimer des vérités conformes à l’Écriture. Un manque d’équilibre dans leurs affirmations et une mauvaise application de ce qu’ils énoncent ne doit pas tout nous faire rejeter mais nous conduit à une certaine prudence dans l’utilisation de leurs affirmations[note]J.-M. NICOLE, op. cit., p. 71-72.[/note] . Élihu n’est pas concerné, aucun jugement n’étant émis à son encontre.

Les domaines de la souveraineté divine

1. La sagesse

« En Dieu résident la sagesse et la puissance. À lui le conseil et l’intelligence. » [note]Toutes les citations sont tirées de la Bible, Nouvelle version Segond révisée, dite à La Colombe, Alliance Biblique universelle, 1978. Cet article suit aussi l’orthographe de cette version.[/note](12.13)
Dieu est le Dieu sage pour qui aucune réflexion n’est trop élevée ou trop complexe (42.2). La sagesse ne peut être séparée de Dieu, qui peut « souverainement en disposer en vue de la réalisation de ses desseins »[note]J.-M. NICOLE, Le livre de Job, tome 2, Edifac, CEB, 1987, p. 99.[/note] . C’est lui qui montre la voie de la sagesse aux hommes (28.27-28) et qui la refuse à qui il veut, comme le montre l’exemple de l’autruche dépourvue d’intelligence selon la volonté de son créateur (39.20). Élihu souligne avec insistance que la sagesse ne peut venir que de Dieu (32.8 ; 35.11 ; 38.36). Personne ne peut lutter avec Dieu dans ce domaine ni prétendre lui donner des conseils (36.22-23).
Éliphaz reconnaît aussi que les ruses des hommes, même des plus sages, ne peuvent rivaliser avec l’intelligence divine (Job 5.12-13). L’apôtre Paul cite l’ami de Job pour souligner l’abîme qui sépare la sagesse des hommes, la sagesse « selon ce monde » (1 Cor 3.19), et celle qui vient de Dieu et ne se trouve qu’en Dieu.
La comparaison entre l’intelligence humaine et les capacités divines est essentielle dans la compréhension du livre. Frappé par le malheur, Job désire plaider sa cause devant l’Éternel (13.3 ; 23.3-7). Les deux interventions divines conduiront Job à réviser sa position et reconnaître son incapacité à discuter avec Dieu (39.36-38 ; 42.2-3).

2. La création tout entière

La sagesse de Dieu s’exprime dans l’harmonie de sa création (39.29-30). Les chapitres 38 et 39 montrent que Dieu a tout créé : le ciel, les étoiles, la mer, ainsi que tout être vivant. Il a donné vie aux animaux d’une très grande force, ce qui révèle l’étendue de sa puissance (40.10-28). L’Éternel donne également la vie aux hommes (3.20 ; 10.8-12 ; 33.4).
La souveraineté divine sur la création était déjà connue de Job, mais les interpellations divines lui ont permis de réaliser plus profondément cette vérité : par exemple dans la limite imposée aux flots de la mer (26.12 ; 38.10-11) et la direction du mouvement des astres (9.7-9 ; 38.32-33). Dieu dirige aussi tous les phénomènes météorologiques (37.10-12) qui ne sont que des instruments entre ses mains.
La souveraineté divine s’étend aux créatures angéliques. Les « fils de Dieu » [note]J.-M. NICOLE, Le Livre de Job, tome 1, op. cit., p. 42, indique que cette appellation décrit habituellement les êtres célestes, les anges.[/note]se présentent devant Dieu comme on le fait habituellement devant un roi (1.6). De même, Satan doit solliciter l’autorisation de toucher à Job et il ne peut aller au-delà de ce que l’Éternel permet (1.11-12 ; 2.5-7).
Dieu est enfin souverain sur les êtres humains : personne ne peut s’opposer à lui (9.12), même les nations et leurs chefs lui sont soumis (12.23-25). Rien ne s’oppose à son pouvoir.
Job reconnaît ainsi que ses malheurs lui viennent de Dieu (6.4). Il confesse implicitement que les Sabéens, les Chaldéens, la tempête et même la maladie qui l’ont frappé, proviennent de Dieu (7.20 ; 9.17 ; 19.8-12 ; 30.19). Celui qui le protégeait (29.4-5) est désormais celui qui lui envoie ses malheurs.
Job ne peut blâmer Satan puisque Dieu ne lui a pas révélé l’enjeu céleste des épreuves qui lui arrivent. Toutefois, il reconnaît la souveraineté de Dieu en n’accusant ni les peuples ennemis, ni les éléments, ni même le hasard ou la malchance. C’est justement parce qu’il reconnaît la souveraineté totale de Dieu qu’il désire plaider sa cause devant lui.

3. Dieu maintient toute vie

Dieu n’est pas seulement un Dieu créateur qui aurait ensuite délaissé sa création, comme l’horloger qui conçoit un mécanisme puis le laisse continuer, selon l’image popularisée par Voltaire. Dieu exerce activement sa souveraineté sur l’ensemble de sa création. Job reconnaît que nos circonstances favorables et défavorables nous viennent de Dieu (2.10).
Dieu ne crée pas seulement la vie ; il la maintient activement par son action (12.10 ; 27.3) et prolonge ou abrège la vie de qui il veut (24.22 ; 34.14-15). Nous sommes donc bien loin de la vision d’un Dieu lointain qui se serait retiré de sa création et n’interagirait pas avec elle. Le livre de Job affirme déjà que toute vie dépend à chaque instant de la volonté divine, comme le soulignent les auteurs néotestamentaires (Col 1.17 ; Héb 1.3).

4. Dieu, juge souverain de sa création

Le Dieu sage, créateur et souverain est aussi celui qui peut légitimement exercer la justice sur sa création, comme Tsophar et Élihu le reconnaissent (20.29 ; 36.6). Alors que Job l’accuse d’avoir « violé son droit » (19.6), Dieu souligne avec force qu’il est à la fois le Dieu juste et celui qui a la puissance d’exercer sa justice sur tous les méchants (40.3-9). Il agit parfois par des phénomènes météorologiques qui accomplissent ses desseins (36.27-33). Nos connaissances actuelles nous instruisent sur la manière dont ces événements arrivent, mais nous en ignorons encore la raison. Le livre de Job nous montre que Dieu s’en sert pour accomplir sa volonté, qui inclut le fait de juger ses créatures .[note]J.-M. NICOLE, Le Livre de Job, tome 2, op. cit., p. 190-191.[/note]

5. Dieu, souverain sur la mort

Par ses questions, Dieu laisse entendre que si les portes de la mort sont inaccessibles à Job, elles ne le sont pas pour lui (38.17), sinon son argument n’a aucune pertinence. Job l’a reconnu par ailleurs (26.6) et il semble envisager la possibilité d’une vie après la mort (14.13-15). La communion avec Dieu n’est ainsi pas arrêtée par la mort (19.25-27)[note]J.-M. NICOLE, Le Livre de Job, tome 1, op. cit., p. 250, signale que ce passage est « l’un des plus difficiles à comprendre de tout le livre », d’où notre prudence.[/note] . Même si les affirmations sont moins fortes que dans le Nouveau Testament, il apparaît que Dieu qui donne la vie et la retire (14.19 ; 27.8) étend sa souveraineté au-delà de la mort.

Conséquences de l’étendue de cette souveraineté

Ce bref survol montre que rien n’échappe à Dieu. Avec Job, nous devons reconnaître son absolue souveraineté :
« Mais lui, s’il prend une décision, qui pourra l’en faire revenir ?
Ce que lui-même désire, il l’exécute. » (23.13)
Il serait erroné d’affirmer qu’un Dieu souverain peut tout. Le Dieu des Écritures ne peut pécher car c’est contraire à sa nature. La définition proposée par A. Pink, il y a près d’un siècle, garde toute sa pertinence et correspond à la proclamation de Job :
« Proclamer un Dieu souverain revient à déclarer qu’il est réellement Dieu, à reconnaître le Très-Haut et sa capacité d’accomplir tous ses desseins à l’égard de l’armée des cieux et des habitants de la terre, sans que nul ne résiste à sa main… »[note]Arthur PINK, La souveraineté de Dieu, Europresse, Chalon-sur-Saône, 2009, p. 25-26.[/note] .

1. Le problème de la souffrance

Le livre de Job n’a de sens que si Dieu est réellement et pleinement souverain. C’est précisément pour cette raison que Job s’adresse à Dieu. Les questions suscitées par la souffrance dans ce monde sont exacerbées par une juste compréhension de la souveraineté de Dieu.
Les derniers chapitres (38-42) ne donnent pas de solution mais conduisent le lecteur à reconnaître la grandeur du Dieu Tout-Puissant. Dans son désir de comprendre, l’être humain minimise la bonté ou la puissance de son créateur qui ne sont, à ses yeux, pas compatibles avec la réalité du mal.
Les multiples questions divines nous rappellent que notre désir de comprendre se heurte à nos limites humaines. La proclamation de l’absolue souveraineté de Dieu nous amène à renoncer à tout rationalisme pour reconnaître notre incapacité à comprendre les plans divins. Pour le dire d’une autre manière, rien, même nos souffrances, n’échappe à la pleine souveraineté de Dieu, mais la relation entre ces deux réalités échappe totalement à l’être humain.[note]Donald CARSON, Jusques à quand. Réflexions sur le mal et la souffrance, Excelsis, 2005, développe ce sujet du compatibilisme et l’étend à l’Écriture toute entière dans le chapitre 11, « le mystère de la providence ».[/note]

2. La relation de la créature à son créateur

Les interpellations ironiques de l’Éternel qui reprend celui qui veut débattre avec lui (38.3 ; 39.35 ; 42.4) conduisent la créature à l’humilité face à son créateur. Dieu s’est révélé à Job comme le créateur et le maître de toute sa création, sans lui donner d’autres explications. Job passe de la connaissance théorique du début du livre selon laquelle tout vient de Dieu (1.21 ; 2.10) à la pleine acceptation existentielle de sa condition de créature face au Dieu souverain et infini (39.36-38 ; 42.2-6).
Job, le croyant pieux et intègre (1.8), a eu besoin de la révélation de son créateur pour vraiment réaliser sa position devant Dieu, ainsi que les limites de ses questions et revendications. Sa situation illustre la condition du croyant qui est appelé à rester humble devant le Dieu souverain, mais qui même pour cette attitude a besoin que Dieu se révèle à lui et lui donne l’intelligence nécessaire pour une véritable connaissance (1 Jean 5.20). Le croyant ne peut se reposer sur sa piété, mais il est appelé à dépendre entièrement du Dieu souverain et de sa révélation. Toutefois, le croyant n’est pas passif. Comme Job, il est appelé à une acceptation humble mais active de sa condition devant Dieu (42.6) en attendant que Dieu le relève (1 Pi 5.6).

Conclusion

L’expérience de Job dépasse le cadre de notre compréhension malgré les explications des deux premiers chapitres. La souveraineté de Dieu n’annule pas la réalité de la souffrance et ses effets douloureux, tant dans le corps que dans l’entendement. Aucune théologie ne peut contrecarrer les effets de nos afflictions.
Pourtant, si reconnaître la pleine souveraineté de Dieu entraîne d’innombrables questions sans réponse, cette attitude donne aussi un réel réconfort au croyant. Il sait qu’il n’est pas le jouet de circonstances aléatoires ou d’un hasard aveugle. Toutes ses expériences, si douloureuses soient-elles, n’échappent pas à la pleine souveraineté de Dieu.
Enfin, la souveraineté de Dieu sur la mort même change notre perspective sur la souffrance. Les écrivains bibliques soulignent ainsi l’apparente injustice des justes qui souffrent et des méchants qui prospèrent (21.30-31 ; Ecc 8.14). Toutefois, la certitude de la résurrection entrevue par Job et pleinement révélée dans le Nouveau Testament rappelle que la souveraineté divine n’est limitée ni par le temps ni par la mort. Dieu accomplira pleinement son dessein parfait en jugeant le mal et en accordant une joie parfaite aux siens (Apoc 21.3-8). La fin du livre de Job (42.10-15) est ainsi une préfiguration de l’œuvre eschatologique de Dieu qui manifestera son plein pouvoir sur toutes choses.

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)