La sécurité du croyant : Hébreux 6 et 10

La certitude du salut éternel est un des points majeurs de notre foi. Pour autant, ce sujet est parfois mal compris, voire critiqué. Deux séries de textes semblent au premier abord s’opposer :

  • ceux qui présentent la sûreté éternelle du croyant,
  • ceux qui semblent faire dépendre le salut de la conduite ultérieure du chrétien.

À plusieurs occasions, Paul, après avoir affirmé nettement l’efficacité de l’œuvre de Christ pour le salut du croyant, ajoute un « si du moins » qui semble aller à l’encontre de sa première affirmation. En voici un exemple : « Il vous a maintenant réconciliés par sa mort dans le corps de sa chair, pour vous faire paraître devant lui saints, sans défaut et sans reproche, [sûreté éternelle] si du moins vous demeurez fondés et inébranlables dans la foi, sans vous détourner de l’espérance de l’Évangile que vous avez entendu. [salut conditionnel] » (Colossiens 1.21-23)

Face à des textes comme celui-ci, deux solutions se présentent pour celui qui a priori retient la toute suffisance de l’œuvre de Christ quant au salut :

  • soit il cherchera à minimiser ou à écarter les textes « difficiles » qui semblent introduire un doute,
  • soit il ne se dérobera pas, mais étudiera ces textes pour les comprendre.

L’histoire de l’Église montre que les polémiques ont été nombreuses et acerbes entre ceux qui insistent sur la sûreté éternelle du croyant et ceux qui pensent que l’on peut perdre son salut. Peu de textes ont été plus sollicités dans ce débat que les ch. 6 et 10 de l’Épître aux Hébreux. Aussi est-ce sur ceux-ci que notre attention va maintenant se concentrer. En effet, ces deux chapitres sont parmi les textes les plus paradoxaux : les certitudes les plus absolues y voisinent avec les avertissements les plus inquiétants. Pour schématiser, ils se présentent ainsi :

Avertissement (5.11-6.12)
Certitude (10.1-18)
Certitude (6.13-20)
Avertissement (10.19-39)

Dans chaque section d’avertissement, l’auteur 1° fait un constat, 2° donne des exhortations, 3° adresse un avertissement solennel et 4° tempère ce dernier par des encouragements. Dans chaque section de certitude, l’auteur fait reposer son raisonnement sur trois raisons irréfutables.

Le contexte de l’Épître aux Hébreux

Dans cette lettre, les croyants sont vus en pèlerinage sur la terre, en route vers la cité céleste, à travers un long voyage vers le pays du repos. En chemin, certains semblent se décourager et être tentés de revenir en arrière. Aussi l’auteur souhaite-t-il les avertir solennellement.

Cette lettre est avant tout une « parole d’exhortation » (13.22) ; même si des thèmes doctrinaux parfois ardus sont abordés, elle ne s’entend pas comme une exposition systématique du salut (contrairement à l’Épître aux Romains, par exemple), mais comme un avertissement pastoral. Ce point est à garder en mémoire lorsqu’on lit certains versets.

Premier avertissement (5.11-6.12)

Le constat (5.11-14)

Alors que les destinataires de la lettre devraient être des chrétiens matures, ils ont encore de la difficulté à comprendre la Parole de Dieu, ils sont paresseux et ne montrent pas beaucoup de signes de croissance spirituelle.

N’éludons pas ce constat pour nous-mêmes : depuis combien de temps sommes-nous sauvés ? et quels ont été nos progrès en x années de vie chrétienne ? N’avons-nous pas à baisser honteusement la tête ? Si tel est le cas, la suite de cet avertissement ne doit pas nous laisser indifférents…

L’exhortation (6.1-3)

L’auteur exhorte ses lecteurs à avancer plus loin que « l’enseignement élémentaire sur le Christ » (6.1, TOB) et il cite trois couples de notions plus ou moins reliées aux enseignements judaïques classiques, qui formaient la base de leur culture1. Ayons également envie d’aller plus loin dans notre connaissance biblique que les notions minimales de « l’école du dimanche ».

L’avertissement solennel (6.4-8)

L’auteur établit ensuite une impossibilité. Elle concerne des personnes qui ont un jour montré tous les signes extérieurs d’une conduite chrétienne, qui ont apprécié la présence des chrétiens pendant un temps, ont peut-être même été baptisées ou ont pris la cène, mais qui ensuite ont « laissé tomber » la foi chrétienne ; pour elles, il n’y a pas d’autre possibilité de salut, car elles rejettent le seul chemin, Jésus.

Cette situation n’est pas théorique ou limitée à la période de la rédaction de cette lettre. Quel lecteur ne connaît pas quelqu’un dont tout laissait à penser qu’il était vraiment chrétien jusqu’à ce qu’il s’éloigne de la foi, de façon apparemment définitive ? Dieu seul toutefois connaît la réalité de l’état du cœur.

C’est également ce que Jésus a vécu lors de son ministère : par exemple, des Juifs « crurent en son nom » (Jean 2.23), mais l’évangéliste rapporte que Jésus était parfaitement au clair sur la réalité de cette foi, qui, au fond, n’en était pas une (2.24-25). Le Seigneur avertit également que tous ceux qui ont prophétisé ou fait des miracles par son nom n’entreront pas dans le royaume des cieux (Matt 7.21-23) ; au fond, ces gens, il ne les a « jamais connus ».

Les encouragements (6.9-12)

L’auteur équilibre son sévère avertissement en rappelant les bonnes œuvres et l’amour montrés dans le passé par ses destinataires : les premières actions laissaient bien augurer de la réalité de la foi ; cependant, loin de se reposer sur elles, les Hébreux devaient ne pas se relâcher et persévérer jusqu’au bout.

Première certitude (6.13-20)

Elle est fondée sur trois raisons.

  • La première est la promesse faite à Abraham, le patriarche bien connu des destinataires. Il a cru à la parole divine et il a « persévéré » (c’est le mot clef de l’argumentation). Dans ce sens, il a obtenu la promesse : après 25 ans de patience, Isaac est né.
  • La deuxième est liée à la première : pour renforcer sa promesse de bénédiction, Dieu a rajouté un serment. Et le Dieu qui ne ment pas s’est lié lui-même, et par la promesse et par le serment.

À nous aussi, Dieu a fait des promesses2. Notre responsabilité, face au danger de l’apostasie, est de nous y cramponner, autant que l’Israélite d’autrefois lorsqu’il s’enfuyait vers une ville de refuge (6.18b).

  • La troisième se rattache à la position actuelle de Christ, vu comme notre précurseur. Les chrétiens sont considérés ici comme un peuple en déplacement qui s’appuie sur un objectif invisible. Le but est déjà atteint par le leader de notre foi (12.2) et notre certitude, notre « ancre » (6.19), est fixée sûrement, non pas dans l’eau de nos incertitudes et de nos hésitations, mais dans le ciel, dans le trône même sur lequel Christ est assis. La solidité de notre salut est directement liée à la position actuelle de Jésus : comment alors en douter ?

Deuxième certitude (10.1-18)

Là encore, trois raisons assurent notre sécurité absolue :

  • La volonté de Dieu (10.1-10) : il désirait éternellement sauver des hommes que les sacrifices de l’A.T. ne pouvaient rendre parfaits, et il l’a fait par le don unique et volontaire de son Fils.
  • L’œuvre de Christ (10.11-14) : il a offert une seule fois un seul sacrifice parfait (lui-même), d’une valeur éternelle ; et, sacrificateur tout autant que sacrifice, il s’est assis dans une position de repos, témoignage qu’il est inutile d’ajouter quoi que ce soit à son œuvre.
  • Le témoignage du Saint Esprit (10.15-18) : par la Parole écrite, objective, qu’on peut relire autant de fois que nécessaire pour affermir notre foi, l’Esprit vient affirmer que Dieu ne se souvient plus jamais de nos péchés.

Deuxième avertissement (10.19-39)

Nous y retrouvons les quatre mêmes points qu’au ch. 6, mais dans un ordre différent.

Les exhortations (10.19-24)

L’œuvre ayant été complètement achevée et le sacrificateur étant présent pour nous à la droite de Dieu, nous pouvons avoir une communion de proximité avec Dieu. Celle-ci se traduira par la mise en action des trois grandes vertus chrétiennes : – la foi (10.22), pour nous approcher hardiment d’un Dieu invisible mais vivant, – l’espérance (10.23), pour garder vivante l’attente de la réalisation définitive des promesses divines, – l’amour (10.24), pour montrer une sollicitude réciproque.

Le constat (10.25)

Les croyants hébreux s’étaient un peu découragés et certains ne mettaient pas souvent les pieds dans l’église… Ce constat, ne pouvons-nous pas le faire, en voyant par exemple le taux de fréquentation des réunions de prière en semaine (quand il y en a encore) ? 20 siècles après, la situation est souvent comparable — et les avertissements tout autant d’actualité.

L’avertissement (10.26-31)

Celui qui pèche délibérément en rejetant consciemment Christ ne peut recevoir miséricorde (l’acte est plus grave encore que sous l’ancienne alliance, moins glorieuse) : si on refuse volontairement le salut par Jésus, tout est perdu : il n’y a pas d’autre moyen. Le verset 31 fait trembler en pensant au sort qui attend des personnes que nous avons connues, qui ont fréquenté l’église, mais qui ont rejeté ensuite la foi qu’elles semblaient avoir sincèrement embrassée !

Les encouragements (10.32-39)

Comme au ch. 6, l’auteur rappelle des actes louables du passé : avoir souffert pour Christ (10.32-33a), s’être intéressé aux chrétiens persécutés (10.33b-34a), avoir accepté « avec joie » (!) d’avoir ses biens confisqués (10.34b)… Mais cette fidélité passée n’enlève rien au besoin présent et futur de « persévérance ». Pour beaucoup d’entre nous, nous n’avons pas eu à passer par des épreuves aussi dures pour affermir notre foi ; aussi le besoin de tenir ferme est-il encore plus grand !

SYNTHÈSE

Notre sécurité éternelle :

  • ne repose pas sur nos sentiments, mais sur le fondement de notre foi, c’est-à-dire sur la Parole de Dieu (Rom 10.17) : lors des moments de doutes, lisons et relisons les paragraphes sur notre assurance (6.13-20 ; 10.1-18) ;
  • ne doit pas être confondue avec l’assurance de notre salut : on peut ne pas être sûr d’être sauvé tout en l’étant vraiment ! (cf. 1 Jean 3.18-21) ;
  • ne peut être perdue, contrairement à la récompense que Dieu n’accordera qu’aux croyants dont la vie aura été bâtie avec les bons matériaux (relire 1 Cor 3.14-15 par exemple).

Notre sécurité éternelle repose :

  • sur Dieu : sur son plan éternel (Rom 8.29-30), sur sa puissance pour nous garder jusqu’au bout (Jude 24) ;
  • sur le Fils : sur son œuvre de salut (Héb10.14), sur son service d’intercession permanente en notre faveur (Héb 7.25) ;
  • sur le Saint Esprit : sur sa demeure éternelle dans le croyant (Jean 14.16), sur son action intérieure qui pousse à vivre en accord avec ce salut certain (Jac 4.5).

Du bon usage de ces textes

Comment alors concilier tous ces textes sur la sécurité absolue et tous ces avertissements ? La sécurité du croyant ne va pas sans un travail (Phil 2.12). En substance, Dieu nous dit : « Vous êtes saints, soyez saints. » Dans sa souveraineté, Dieu a décidé de mettre en œuvre la promesse inconditionnelle d’un salut qui ne dépend pas de nous, à travers notre réponse à des exhortations énergiques : nous sommes impliqués ainsi dans ce processus de préservation divine.

Il faut donc soigneusement choisir les textes à présenter lors d’échanges avec différents interlocuteurs :

  • à quelqu’un qui n’est pas croyant, exposons le salut par la foi,
  • à quelqu’un qui n’a pas la jouissance du salut mais dont la vie laisse à penser qu’il est sauvé, parlons des paragraphes de certitudes d’Hébreux 6 ou 10 ; il serait criminel de lui asséner les paragraphes d’avertissement !
  • à quelqu’un dont la conduite est négligente, parlons des paragraphes d’avertissement au cas où il ne serait pas réellement sauvé, car seul Dieu le sait (et pas nous),
  • à quelqu’un qui semble avoir abandonné la foi, présentons les paragraphes d’avertissement avec autant de solennité que la Parole,
  • à chacun de nous, qui savons que nous sommes sauvés pour l’éternité, laissons-nous sonder par les constats (suis-je paresseux ? suis-je peu assidu aux réunions d’église ?), faisons attention aux exhortations (avançons, ranimons la foi, l’espérance et l’amour) et rappelons-nous les encouragements.

1 Une étude attentive de ces six éléments (qui dépasse le cadre de cet article) permet de mettre en évidence leur aspect basique et leur caractère juif. Par exemple, le mot parfois rendu par « baptêmes » doit être traduit plutôt par « ablutions » (cf. Marc 7.4 et Héb 9.10 où il est également employé) ; il désigne les rites extérieurs de purification qui annonçaient symboliquement la purification intérieure qu’allait amener l’œuvre de Christ.
2 Voici quelques promesses : 2 Cor 7.1 (le peuple de Dieu et être ses fils et ses filles) ; Gal 3.14 ; Éph 1.13 (l’Esprit) ; Gal 3.29 (la bénédiction divine) ; Éph 3.6 (l’union des croyants juifs et des nations) ; Héb 4.1 (le repos) ; Héb 8.6 (la nouvelle alliance) ; Héb 9.15 (l’héritage éternel) ; Jac 2.5 (le royaume) ; 2 Pi 1.4 (la participation à la nature divine) ; 2 Pi 3.9,13 (le retour de Jésus Christ, les nouveaux cieux et la nouvelle terre) ; 1 Jean 2.25 (la vie éternelle)

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)