La responsabilité des chrétiens face à la grande pauvreté

La grande misère est un scandale. Si nous n’en sommes pas tous directement témoins, les médias et les associations nous en présentent des images volontairement choquantes, dans l’objectif de toucher le cœur et si possible le porte-monnaie de personnes comme vous et moi, potentiels donateurs. On peut avoir des réticences sur la méthode, des doutes sur l’usage qui est fait des dons, il n’en reste pas moins que la grande misère est une réalité, un scandale au sein de l’humanité depuis l’origine des sociétés. C’est un fléau mortel, car les pauvres meurent plus jeunes, de faim, de maladie, de multiples complications de leur détresse sociale.
Nous nous habituons tous aux manifestations du mal, tant qu’il ne frappe pas trop cruellement à notre porte. Il arrive que l’irruption d’un événement marquant notre vie personnelle nous « réveille » douloureusement. Je me rends bien compte que l’épreuve de la grave maladie de notre fille m’a éveillée à l’injustice de la difficulté de l’accès aux soins pour des parents moins privilégiés. Sans cette grande épreuve, je n’aurais probablement pas contribué à créer une ONG caritative dans un bidonville de Beyrouth.

Pourquoi nous est-il si difficile de savoir comment agir ?

Bien agir sans être manipulés ni abusés

Nous nous sentons parfois manipulés. Nos frontières personnelles sont envahies par ces appels multiples qui s’imposent dans nos vies et nous donnent mauvaise conscience. Devons-nous donner de l’argent au mendiant dans la rue ? L’argent sera-t-il mal employé, pour acheter alcool ou drogue ? L’argent donné à un enfant ira-t-il dans la poche d’un adulte qui le bat, ou, pire encore, dans l’escarcelle d’un réseau de trafic humain ? A chaque fois que nous donnons sans savoir ce qui est fait de notre argent, nous encourageons, nous nous faisons en quelque sorte complices de tels abus. Mais comment ne pas avoir pitié de cet enfant de la rue ? De ce mendiant en mauvaise santé ? La réponse se trouve, à mon avis, dans la sagesse collective. J’y reviendrai plus bas. Si nous savons agir avec discernement, nous saurons résister à de telles pratiques qui abusent de notre sentiment de culpabilité, et nous serons beaucoup plus efficaces dans notre action.
Dans les « États-Providence » tels que la France, nous participons à la solidarité publique par nos impôts. Nous en profitons également. Ce système prévu pour réduire les inégalités ne saurait être remis en question. Mais les chrétiens croient en une Providence plus puissante, celle de Dieu, qui est qualitative aussi bien que quantitative : être le prochain, ce n’est pas seulement donner par obligation, c’est prendre soin, prier, soutenir dans la durée, prendre des nouvelles, comme l’a fait le bon Samaritain.

Bien agir doit être bien réfléchi

L’enseignement de Jésus dans l’histoire du bon Samaritain est universel et tout à fait révolutionnaire. Jésus place son interlocuteur, un enseignant de la loi juive, dans la position de l’assisté plutôt que celle de l’aidant, qui, lui, est un quelconque non-juif de passage. Dans cette histoire, un étranger vient en aide au « nanti » rendu vulnérable par les aléas de la vie. Transposé à notre époque, cet exemple suggère que le migrant sans papier sera peut-être celui qui me sauvera un jour d’une grande détresse. Je réalise alors qu’il est pleinement mon prochain. L’objectif de cette parabole n’est pas de nous donner mauvaise conscience si nous n’amenons pas chez nous tous les blessés de la vie rencontrés sur notre chemin, mais plutôt de nous montrer que notre prochain n’est pas celui que nous aurions attendu ou choisi.
En pratique, l’aide au prochain est plus compliquée qu’il n’y paraît. Nous ne sommes plus au premier siècle et nous ne pouvons évidemment pas appliquer à la lettre les détails de cette histoire. L’enseignement reste le même, la mise en pratique va être différente. Nos sociétés modernes occidentales, dans un souci d’organisation et de sécurité, compliquent les actions spontanées. Ainsi, malgré un élan généreux naturel devant une situation de grande détresse, nous ne pouvons pas prendre la responsabilité d’héberger sur le champ un enfant de la rue, ni même d’emmener à l’hôpital dans notre propre voiture un blessé de la voie publique alors que les secours tardent. Les conséquences de nos actes spontanés pourraient en effet être désastreuses, à la fois pour celui que nous voulons aider et pour nous-même. Il nous faut être très prudents dans ce domaine et agir de façon réfléchie et collectivement, plutôt qu’impulsivement et seul. Le Samu social estime qu’un tiers environ des SDF, en France, souffrent d’une pathologie psychiatrique sévère. Il est donc probablement illusoire, forts de notre sentiment de compassion uniquement, de vouloir aider utilement et durablement une personne qui vit dans la rue. Une action concertée, professionnelle et pluridisciplinaire est nécessaire. Agir seul est souvent inefficace, parfois dangereux.

Bien agir doit être bien motivé, dans le respect de nos priorités

Lorsque nous trouvons difficile d’aider notre prochain, interrogeons-nous sur nos motivations : ai-je une conviction profonde et motivée par la Parole de Dieu que je peux faire mieux, ou plutôt un sentiment momentané de culpabilité, peut-être alimenté par les médias ?
Je me souviens d’un incident qui m’a marquée dans mon enfance : mes parents, ma sœur et moi étions invités chez un oncle et une tante. Nous ne les avions pas vus depuis très longtemps, car ils habitaient loin de chez nous. Au moment de préparer son repas, ma tante ouvre le frigo et constate, éberluée, que le rosbif prévu a disparu ! L’oncle avoue alors qu’il l’a donné à un mendiant rencontré la veille. Mon oncle était croyant et a jugé que le mendiant avait plus besoin de manger de la viande que sa propre famille. Objectivement, il avait raison. Mais il n’avait pas mesuré l’embarras qu’il a causé à son épouse incapable d’assurer un repas à ses invités ! Son intention était bonne, le moyen de venir en aide n’était sûrement pas le meilleur.
L’exemple semble extrême, mais réfléchissons : dans mon désir de bien faire, mes priorités sont-elles respectées ? Est-ce que j’assume mes responsabilités envers mes proches : mon conjoint, mes enfants (même en cas de séparation ou de divorce) ? Mes parents âgés ont-ils besoin de mon aide pratique ou tout simplement d’une communication affectueuse ? Est-ce que je réponds de façon émotionnelle et impulsive à un reportage médiatique ou ai-je bien réfléchi et prié au sujet de mon engagement pour une œuvre que je sais digne de confiance ?

Bien agir avec justice et intégrité

Si nous n’avons aucun moyen de contrôle sur nos dons à des œuvres, il est légitime de nous demander s’il n’est pas mal employé, voire détourné. Les pauvres des pays du Sud sont au bénéfice d’aide publique par la communauté internationale. Celle-ci est malheureusement insuffisante, d’autant qu’il est estimé que plus de la moitié de cette aide est employée au fonctionnement des institutions chargées de la mettre en œuvre ou à des annulations de dette purement comptables. Les ONG privées, et parmi elles les ONG chrétiennes, prennent le relai de cette aide publique. Elles jouent un rôle essentiel dans le combat contre la pauvreté. On attend d’elles qu’elles agissent avec intégrité et rigueur, et on doit s’en assurer avant de s’engager, autant qu’il est possible.
J’ai résidé avec ma famille pendant 14 ans au Liban. J’y ai fondé, avec une amie, l’ONG Tahaddi (« le défi »). Cette œuvre a beaucoup grandi, dans un contexte de grande insécurité régionale. La guerre en Syrie a amené au Liban plus d’un million de réfugiés. Tahaddi fait face chaque jour avec les habitants d’un bidonville de la banlieue de Beyrouth aux défis de l’extrême pauvreté : l’accès aux soins primaires, à l’éducation, à la dignité sociale. Les trois valeurs fondamentales de Tahaddi sont : Compassion, Justice, et Intégrité. Ces valeurs fondées sur les enseignements de Jésus doivent être traduites en actes quotidiennement.
Depuis des siècles, les communautés religieuses s’occupent des pauvres au Liban. Dans de nombreux villages on trouve des dispensaires et des orphelinats. Ces communautés tentent de remédier à la carence de l’État, lui-même très démuni, en raison de la corruption et d’une structure clanique de la société. La majorité des hôpitaux sont privés et chers. Une grande partie de la population n’a pas d’assurance médicale, et se trouve donc privée d’accès aux soins. Ce système d’assistance par les communautés religieuses est précieux, mais il présente des faiblesses : le service rendu est presque toujours à l’intérieur d’une communauté religieuse et ethnique, il entretient une allégeance à un pouvoir local. Ainsi, les plus défavorisés, les sans-papiers et les réfugiés, ceux qui ne votent pas et ne sont reconnus par aucune communauté, en sont très difficilement bénéficiaires. Dans certains cas, des œuvres religieuses mettent une grande pression sur les patients pour qu’ils se convertissent. C’est une sorte d’abus de pouvoir, incompatible avec le libre choix de conscience. Notons bien que dans l’histoire du bon Samaritain, il n’est pas question d’enseignement religieux, mais seulement de compassion au-delà des frontières humaines.

La place de l’Église

Agir chacun avec son don

Nous l’avons souligné, il est préférable de ne pas agir seul, mais de façon réfléchie et concertée. C’est là que l’Église, la communauté de croyants, a toute sa place. Répondre au commandement de Dieu d’aider les pauvres n’est pas une simple option. Comme dans l’Église primitive, un comité social (les « diacres » dans les Actes, mais aussi les associations culturelles de nos églises) organisera les actions soutenues par l’assemblée des croyants. Tous sont concernés, et les dons de l’Esprit peuvent et doivent s’exprimer. Certains sauront se renseigner sur des ONG et missions dignes de confiance, ou pourront même faire partie de leur assemblée générale ou bureau. D’autres sauront présenter la question à l’assemblée, d’autres auront des ressources financières et donneront avec générosité. Quelqu’un pourra être appelé à partir en mission à l’étranger ou à servir une œuvre solidaire près de chez lui. Celui qui a un don d’hospitalité sera heureux d’inviter une famille démunie de sa connaissance à dîner. Tous, nous n’avons pas les mêmes dons, mais tous, nous avons le devoir de ne pas rester indifférents à la grande question de la pauvreté dans le monde. L’important est de le faire, comme le dit Jésus, de tout notre cœur, comme pour lui-même. Même sans beaucoup de moyens financiers, nous pouvons agir : notre sourire, notre écoute, notre amour peuvent redonner dignité et courage à ceux qui en manquent.

Agir en choisissant les œuvres

Une église bien préparée à traiter le problème de la pauvreté choisira soigneusement les œuvres qui seront ses « outils appropriés » auprès des plus démunis. L’église locale restera en liaison avec ces œuvres, lisant attentivement les lettres de nouvelles et priant pour les actions entreprises. Ce pourra être un orphelinat, une soupe populaire, un foyer d’accueil pour migrants, un ministère d’aumônerie de prison. Des spécialistes y travaillent, nous avons la responsabilité de les soutenir, nous sommes dans la même équipe, celle des ouvriers de Dieu ! Ainsi, nous aiderons beaucoup plus sûrement un enfant de la rue à être recueilli dans un foyer, ou un SDF à bénéficier d’un repas gratuit équilibré. L’église choisira de même soigneusement les missions qui porteront son propre ministère à l’étranger.

Agir de différentes manières

Cette collaboration comportera un investissement financier, mais aussi en temps, par la prière et le suivi des projets. Nous ne pouvons pas être de tous les combats, même en tant qu’église. Cela implique de soutenir un nombre limité de projets, mais avec une attention soutenue. Pour les raisons évoquées plus haut, l’action sociale ne peut pas en bonne conscience être associée à une évangélisation « agressive ». Un témoignage respectueux de notre foi est toutefois souvent bien reçu. Pour concilier l’aide au prochain et le commandement de faire des disciples, une église peut choisir de soutenir une œuvre qui fait de l’évangélisation directe, telle que la traduction ou la distribution de la Bible, ou l’implantation de nouvelles églises, et une autre œuvre, à caractère plus social, telle que l’aide aux plus démunis. Un chrétien individuel peut aussi soutenir directement une œuvre qu’il a choisie soigneusement, sans toutefois négliger son engagement envers son église locale.

* * *

L’Éternel nous fait l’honneur de nous utiliser comme partenaire pour son action dans le monde, soyons à son écoute ! La puissance du Saint-Esprit est à notre disposition, puissance qui a énergisé les chrétiens du premier siècle et de nombreux héros de la foi depuis eux.
Avec l’aide du Saint-Esprit, apprenons à voir nos frères humains les plus vulnérables comme Jésus les voit, lui qui s’est pleinement identifié à eux dès les circonstances de sa naissance. Appliquons-nous, dans nos églises locales, à choisir soigneusement les moyens appropriés pour manifester généreusement notre solidarité avec les plus petits de ses frères.

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Résumé d’un livre à paraître en juillet 2020

« Tahaddi, sacré défi ! »

Septembre 1991 : après 15 ans de guerre, le cessez-le-feu tient depuis quelques mois à Beyrouth. Un traité libano-syrien a été signé le 22 mai à Damas, légitimant la tutelle syrienne sur le Liban. Agnès Sanders débarque de Paris, pour assister au mariage de ses amis libanais dans leur pays meurtri. Une grand aventure commence, celle de Tahaddi, où vont se croiser des destin improbables : Avec Agnès, Myriam, jeune institutrice suisse revenue à ses racines moyennes-orientales ; Bouddika, arrivée du Sri-Lanka en quête d’un avenir au Liban et rapidement prise au piège de l’esclavage moderne ; Samir, jeune médecin libanais qui rêve de ressembler à Che-Guevara ; Salma qui se marie avec son cousin palestinien pour échapper à un père meurtrier ; Yasmine, une enfant têtue dans le Kurdistan syrien ; Waafa, belle gitane mariée à douze an et Joëlle, fille de la bourgeoisie beyrouthine, victime de la guerre et de l’héroïne.

Un fil conducteur tisse un imbroglio d’histoire qui, avec le recul du temps, forment une tapisserie toutes en ombres et lumière, où prédominent espérance, foi et amour.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)