La Providence de Dieu

Cinq passages dans le livre de Jonas mettent en évidence la providence divine :
« L’Éternel fit souffler un grand vent sur la mer » (1.4)
« L’Éternel fit intervenir un grand poisson pour engloutir Jonas » (2.1)
« Alors Dieu regretta le mal qu’il avait résolu de leur faire, et il ne le fit pas »
« L’Éternel fit intervenir un ricin qui s’éleva au dessus de Jonas » (4.6)
« Le lendemain, Dieu fit intervenir un ver pour s’attaquer au ricin. » (4.7)

En méditant le livre de Jonas, on est frappé par le fait que dans chaque chapitre ce thème ressorte d’une façon évidente. Il y a une cause première dans tous ces événements et circonstances : DIEU. Quant aux causes secondaires, ce sont les moyens par lesquels il intervient par sa divine providence : le vent, un grand poisson, une prédication, un ricin et un ver.

Une définition du terme « providence » est donnée par les dictionnaires Quillet et Le Petit Robert : « Sagesse divine qui gouverne tout » (Quillet) ou « sage gouvernement de Dieu sur la création, et par extension, Dieu gouvernant la création » (Le Petit Robert 1, 1986). Le terme vient du latin providentia (prévoyance) et providere (pourvoir). Il se réfère à la prescience et à la préconnaissance de Dieu. Dans la Bible, ce terme n’est pas directement employé. Il n’y a pas de mot équivalent en hébreu mais en grec deux mots s’en rapprochent : le nom pronoia : Act 24.2 (administration, prévoyance) ; Rom 13.14 (préoccupation, souci), et le verbe pro-noeo : Rom 12.17 (viser, avoir souci de) ; 2 Cor 8.21 (se préoccuper de, avoir souci de).

C’est un sujet dont on ne parle plus guère. Les avancées de la science et de la technologie ont contribué en partie à rendre l’homme totalement autonome face à un Dieu évacué dans notre monde occidental. Il y a à peine 100 ans, on parlait encore de la Providence comme désignant Dieu. On croyait en un Dieu souverain qui règne et domine sur l’univers.

Le sécularisme a fermé l’accès au transcendant, au surnaturel, parce que dans ce monde désacralisé, la vie se meut dans un système mécaniste où les évènements sont dûs à des lois fixes et impersonnelles, de force ou de chance. L’évolutionnisme, ayant totalement imprégné la science et la technologie humanistes, constitue un des principaux éléments du rejet de la Providence.

D’autre part, le Nouvel Âge, élément important du postmodernisme, est fasciné par l’irrationnel, qui, de son côté, attaque la providence de Dieu en propageant l’ésotérisme, l’occultisme, l’animisme moderne. Ce sont les armes de l’ennemi de Dieu, Satan, qui désire remplacer la Providence de Dieu par un retour à un paganisme moderne de superstition, dominé par lui.

La Création constitue l’œuvre originelle de Dieu (Gen 1). La Providence constitue la continuation de l’œuvre de Dieu en vue de l’achèvement de ses plans. Elle a deux aspects :
– celui de la préservation de la création en la maintenant et la soutenant pour qu’elle subsiste ;
– celui de son gouvernement, de sa direction du cours des événements pour accomplir ses desseins.

A. La Providence par la préservation de la création de Dieur.

Tout subsiste par Christ. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui ; il soutient toutes choses afin d’accomplir ses desseins (Col 1.17 ; Héb 1.3)

Toute la création dépend de lui : la nature, les hommes, son peuple, tous les siens.

Sa création : Dieu maintient la terre (Ps 104.5). Il envoie de l’eau pour abreuver les animaux (Ps 104.10-13). Il fait pousser fruits et herbes pour nourrir les animaux (Ps 104.13-14). Il envoie les ténèbres pour permettre à certains animaux de se nourrir (Ps 104.20-21). Tous les animaux reçoivent leur nourriture de Dieu (Ps 104.27). Il a affermi les œuvres de sa création pour toujours et a donné des lois à la nature, lois qu’il ne violera pas (Ps 148.6).

Les siens : Joseph fut déporté en Egypte pour donner plus tard du pain aux siens. La vie de Moïse fut épargnée afin qu’il délivre ensuite son peuple. Tout au long de l’histoire d’Israël dans l’A.T., l’on constate les soins providentiels de Dieu envers son peuple à travers l’action d’hommes de Dieu. Il suscite Daniel et ses trois compagnons pour glorifier son nom et préserver son peuple. Il suscite aussi Esther, à un moment crucial de l’histoire de son peuple déporté (Est 4.14). Dans Mat 6.25-34, nous avons un exemple de sa divine providence qui pourvoit aux besoins des hommes et en particulier des croyants ; il donne la nourriture (v. 26) ; il fait pousser les lis des champs (v 28-29), et il sait ce dont nous avons besoin (v. 32). Tout cela touche la faune, la flore et les hommes. Dieu prend soin des siens et ils n’ont rien à craindre (Mat 10.27-32 ; Jean 10.27-30 ; Rom 8.35 ; 1 Pi 1.5-6).

B. La Providence par le gouvernement de Dieu

Dieu contrôle tout l’univers et ses activités se déroulent de telle manière que tous les événements convergent vers un but final qu’il s’est proposé.

– Il gouverne les forces de la nature (Ps 135.5-7). Il fait pleuvoir sur les justes et les injustes (Mat 5.45). Jésus contrôlait et dominait le vent et la mer (Mat 4.39 ; Luc 8.25).

– Il gouverne les peuples, en faisant leur histoire et leur destinée (Dan 2.21 ; 4.22 ; Job 12.13-25 ; Ps 66.7 ; Act 17.26).

– Il a gouverné de telle façon que tout a convergé vers la « plénitude des temps accomplis » (Gal 4.4), quand, par l’incarnation, Dieu s’est manifesté en chair par Jésus-Christ (Luc 2.1-7 ; 1 Tim 3.16).

– Il gouverne les individus en restant le Souverain dans toutes leurs circonstances. C’est lui qui fait mourir et qui fait vivre, qui appauvrit et qui enrichit (Anne, 1 Sam 2.6-7) ; il abaisse les puissants de leurs trônes et élève ceux qui sont abaissés (Marie, Luc 1.52). C’est encore lui qui a mis à part l’apôtre Paul avant sa naissance (Gal 1.15-16). Pleins de confiance en l’Éternel, nous disons avec le psalmiste : « Mes temps sont dans tes mains. » (31.14-15) Donc, ma propre histoire est parfaitement sous son contrôle.

– Il contrôle et dirige toutes les circonstances pour arriver à ses desseins éternels. « Le sort est jeté… mais toute décision vient de l’Éternel. » (Pr 16.33) Rien ne peut se passer sans que Dieu ne l’ait permis ou n’ait agi selon ses propres desseins et décisions. Et tout le livre de Jonas en est un exemple parfait. Même la folie d’un Nebucadnetsar a été dirigée par Dieu pour qu’il reconnaisse la souveraineté absolue de Dieu (Dan 4.32-34).

– Il dirige les actions libres des humains. Les Israélites, à la sortie d’Égypte, ne sont pas sortis du pays « les mains vides », parce que Dieu le leur avait promis et avait guidé les circonstances et les cœurs des Égyptiens pour qu’ils leur donnent leurs bijoux (Ex 3.21 et 12.35-36). Nos dispositions nous appartiennent, mais c’est le dessein de Dieu qui s’accomplira toujours (Ps 38.15 ; Pr 16.1 ; 19.21).

– Il peut permettre (ou empêcher) le péché pour faire éclater notre incapacité naturelle à ne pas commettre de péché. Ceci manifeste aussi la corruption totale de l’homme et la grâce de Dieu qui vient à son secours. Ceci dit, « Dieu ne peut être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. » (Jac 1.14) Quand un homme ou une société persistent dans le mal et le péché, Dieu peut les « livrer à la passion des hommes… à une mentalité réprouvée, pour commettre des choses indignes. » (Rom 1.24-28) Dans l’exemple de Joseph, Dieu l’avait préservé de la tentation venant de la femme de Potiphar, parce que Joseph aimait l’Éternel et désirait le suivre en toute pureté (Gen 39.7-23). En même temps, Dieu s’est servi de cette circonstance qui avait jeté Joseph en prison à cause de sa fidélité à Dieu et de sa résistance au péché, pour faire entrer Joseph à la cour royale d’Égypte (Gen 40-50). La conclusion que donne Joseph à la fin de toutes ses péripéties — depuis sa vente à un marchand d’esclaves jusqu’à son arrivée à l’apogée du pouvoir — est touchante : « Ce n’est pas vous, mais Dieu qui m’a envoyé ici. » (Gen 45.8 ; 50.20)

– Il peut aussi simplement limiter des actes de péché ou de mal. Dans le cas de Job, c’est Dieu qui avait permis à Satan de l’attaquer par la maladie, mais il lui avait interdit de le faire mourir : « Il est entre tes mains, seulement épargne sa vie. » (Job 1.12) Job est sorti victorieux finalement, et l’épreuve lui a appris à connaître Dieu.

C. Caractéristiques du gouvernement de Dieu en activité

1. Cette activité est universelle

– Elle s’opère envers les croyants : « Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu. » (Rom 8.28) C’est la doctrine des convergences : toutes les circonstances dans notre vie mènent au bien que Dieu s’est proposé pour moi. L’exhortation : « Ne crains rien » prend ici tout son poids, car elle se dresse contre nos peurs, nos soucis, nos incertitudes, que l’on peut comparer à une hydre à têtes multiples qui se régénèrent rapidement sitôt coupées. Rien ne pourra jamais séparer le racheté de son Sauveur Jésus-Christ. Dans ce sens, aucun mal ne lui arrivera dans la perspective de l’éternité. Toutes les épreuves servent à notre sanctification pour affiner notre foi (1 Pi 1.6-7), même les mauvaises actions des hommes, y compris les nôtres parfois. Le but est notre « transformation à l’image de son Fils » (Rom 8.29 ; Héb 12.6-11). « Le bien », c’est d’être finalement avec Christ dans nos corps glorifiés lors de son glorieux retour. La mort atteint tout homme (Héb 9.27), mais le croyant reste en sécurité absolue face à l’éternité. Soyons rassurés, car Dieu s’occupe personnellement de tous les siens (Luc 15.3-7 ; Jean 10.3-6, 14, 27 ; Mat 10.30), alors que la modernité fait de l’humain un être impersonnel, sans âme. Oui, notre Dieu est personnel et en même temps infini. Il prend soin de nous dans toutes les circonstances.

Quelle tragédie, en revanche, pour le non-croyant (Rom 1.18-21 ; Act 17.30-31) ! Saisissons les opportunités pour faire « du bien » en témoignant de l’amour du Sauveur à notre prochain non-croyant pour qu’il se repente de ses péchés et croie au Seigneur Jésus.

Elle s’opère envers tous les hommes : « Il fait lever le soleil sur les méchants et sur les bon et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Mat 5.45) La bonté de Dieu se manifeste envers tous les hommes.

2. Dieu absolument souverain dans toutes ses actions

– Nous n’avons pas à lui dicter sa volonté, mais demandons-lui en revanche de nous révéler ses pensées en nous éclairant à travers sa Parole.

3. Dieu est bon

– La bonté de Dieu est infinie, car il est bonté. Mais il est aussi juste, et jamais ces deux attributs divins ne sont séparés l’un de l’autre.

4. L’activité de Dieu et la nôtre

– Elles ne s’excluent pas mutuellement, parce que sa Providence inclut les actions humaines.

– En conséquence, il n’y a pas de place pour le laxisme, l’indifférence, la résignation, le fatalisme.

– Parfois les humains sont conscients d’accomplir les intentions divines. L’exemple par excellence nous est donné en Jésus-Christ qui savait qu’il devait boire la coupe des souffrances pour notre salut (Mat 26.42).

– Parfois les humains ne le savent pas, comme dans le cas de l’empereur César Auguste lorsqu’il a décrété le recensement de la terre. Il fallait que cela se passe ainsi pour accomplir les desseins de Dieu (Luc 2.1)

5. La providence et la prière

La question peut se poser : si Dieu a fixé ses desseins d’avance, la prière change-t-elle encore quelque chose ?

– Dieu ne change pas ses plans, mais, dans ses plans, la prière et la foi sont incluses. Il y une parfaite relation entre l’effort humain, moyen providentiel que Dieu a voulu donner au croyant, et l’activité providentielle de Dieu. L’Écriture affirme que les desseins de Dieu sont fixes et définis, donc sans révision. Mais il désire que nous priions pour qu’il puisse agir avec efficacité (Jac 5.16).

– Dans beaucoup de cas, Dieu agit en association avec l’homme par le moyen de la foi. Ne citons que deux exemples : la foi du centurion : « Va, qu’il te soit fait selon ta foi » (Mat 8.5-13) et la foi de la femme qui avait une perte de sang : « Va, ta foi t’a guérie » (Mat 9.18-22). C’est une interpellation à nos cœurs : faut-il vraiment que « Jésus s’étonne de notre incrédulité » (Marc 6.6) ou saisissons-nous sa main en lui confessant notre petitesse dans la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à ma petite foi ! » ? Ne restons pas passifs, mais marchons par la foi, car elle franchit des montagnes.

– Oui, la prière et la foi sont vraiment les moyens providentiels par lesquels Dieu désire opérer.

D. Prudence et modestie dans nos affirmations au sujet de la Providence

– Restons sages et prudents dans nos affirmations quant à nos évaluations des actes souverains et providentiels de Dieu. Seule l’éternité manifestera réellement la pleine révélation des mystères de la providence du Dieu juste, bon et sage.

– Tout cela doit nous amener à une attitude d’humilité et de confiance en lui : redisons, avec la prière du Notre Père : « Que ta volonté soit faite », avant de demander : « Donne-nous notre pain quotidien ».

– Qu’il est bienfaisant de se répéter dans toutes les circonstances ce que le Seigneur affirmait à Paul : « Ma grâce te suffit.» Quoi qu’il nous arrive, Dieu « ne refuse pas le bonheur à ceux qui marchent dans l’intégrité. » (Ps 84.12) Ce vrai bonheur, c’est de posséder Jésus-Christ : personne ne pourra jamais nous le ravir. Gloire à notre bien-aimé Sauveur ! Gloire à Dieu dont la parfaite providence dirige toutes choses pour notre bien et pour sa gloire ! Et cela Jonas a dû l’apprendre. Mais la patience de Dieu est grande et nous encourage à l’aimer et le suivre de tout notre cœur.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)