La Première Épître aux Corinthiens : une lettre à débats

Corinthe au 1er siècle

La situation géographique de Corinthe

Corinthe est une ville située sur l’étroit isthme de terre qui sépare le Péloponnèse et l’Hellade, approximativement au centre de la Grèce actuelle. Deux ports en dépendaient : Cenchrée (Rom 16.1), à 6 km à l’est, sur le golfe d’Égine et Lechaion, à 3 km au nord, sur le golfe de Corinthe.
Corinthe était une ville très active, un centre commercial majeur, favorisé par sa situation géographique. Afin d’éviter un long contournement du Péloponnèse, les bateaux étaient transportés entre les deux golfes.
Corinthe était aussi renommée pour ses arts et ses techniques : plus industrieuse que sa voisine Athènes, elle ne comportait pas d’université de renom mais les habitants y partageaient néanmoins le goût des joutes verbales et des questions philosophiques.

La situation historique de Corinthe

Dans sa période grecque, Corinthe fut une ville florissante, la cité-mère de plusieurs colonies importantes, dont Syracuse. Elle fut l’alliée de Sparte contre Athènes pendant les guerres du Péloponnèse. À la suite d’un soulèvement, elle fut brûlée en –146 par les Romains.
Après un siècle, s’ouvrit la période romaine lorsque la cité fut rebâtie par Jules César en –44. Elle devint rapidement la cité grecque la plus prospère et la plus puissante, capitale de la province romaine de l’Achaïe, gouvernée par un proconsul ; avec environ 100 000 habitants, elle faisait partie des cinq plus grandes villes de l’Empire et, comme colonie romaine, elle disposait de liaisons fréquentes avec Rome[note]D’où la longue liste de noms de Romains 16 (lettre écrite depuis Corinthe).[/note] .

La situation morale de Corinthe

Corinthe était réputée dans l’Antiquité pour être :
 Un haut lieu de l’immoralité : Le temple d’Aphrodite (la déesse de l’amour et de la fertilité, liée à l’Astarté ou Astaroth des Phéniciens), situé à 600 m au sommet de la colline dominant la ville, était dédié à un culte comportant des orgies impures et de la prostitution sacrée ; on dit que mille prêtresses y officiaient. La ville, comme beaucoup de ports, était réputée pour sa vie dissolue : les visiteurs y venaient comme dans une ville de plaisirs, où les tarifs étaient élevés. Tout cela s’inscrivait dans le contexte général de la Grèce antique : l’homosexualité y était fréquente et l’infidélité conjugale était considérée comme normale.
 Un haut lieu des loisirs : tous les deux ans, la ville était le siège des Jeux Isthmiques, les seconds en importance après les Jeux Olympiques.
Des parallèles sont faciles à tracer entre notre contexte culturel et celui des Corinthiens : développement économique, richesses, échanges faciles, sports et loisirs, licence morale…
L’actualité de cette Épître n’en est que plus grande.

L’enjeu de la contextualisation

Bien d’autres détails culturels pourraient être ajoutés : historiens et théologiens ont creusé et recreusé le contexte de l’Épître pour essayer d’expliquer les passages les plus délicats. Certainement, il est très utile de connaître l’arrière-plan des destinataires pour comprendre la lettre[note]En particulier sur les sujets concernant l’esclavage, la relation patron-client, la place des femmes, les coutumes idolâtres, etc. Pour une approche compétente, voir le commentaire d’un spécialiste, Ben Witherington III, Conflict and Community in Corinth: A Socio-Rhetorical Commentary on 1 and 2 Corinthians, Eerdmans, 1995.[/note]  et de nouvelles découvertes apportent régulièrement des lumières sur telle portion jusque-là obscure.
Toutefois, il serait dommage de relativiser à outrance les enseignements de l’Épître en se retranchant derrière les spécificités de la situation des Corinthiens. Paul souligne d’entrée que la portée de sa lettre va au-delà de cette église locale pour concerner « tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre » (1.2). Au cours de l’Épître, il répétera sous diverses formes qu’il leur donne le même enseignement qu’aux autres églises locales (4.17 ; 7.17 ; 11.16 ; 14.33 ; 16.1).
Comme toutes les Épîtres du N.T., 1 Corinthiens nous présente donc des vérités générales « en situation », dans un contexte particulier. Il faudra garder l’équilibre entre la relativisation du message liée à la contextualisation et le maintien de son universalité.
Naturellement, plus nous trouverons dans d’autres Épîtres des échos d’un enseignement donné ici, plus son universalité sera évidente. Et si, sur tel texte délicat, nous n’avons pas toutes les précisions que nous souhaiterions, peut-être est-ce une indication pour être prudent afin de laisser suffisamment de flexibilité aux adaptations propres à chaque contexte, à chaque époque, à chaque lieu.

L’apôtre Paul et l’église de Corinthe

La fondation de l’église

C’est au cours de son second voyage missionnaire que Paul a fondé l’église de Corinthe (Act 18.1-18 ; cf. 4.14-15). Il est resté dix-huit mois (de fin 50 à début 52), œuvrant d’abord comme fabricant de tentes pour subvenir à ses besoins avant de travailler à plein temps pour évangéliser et enseigner. Après son départ, Apollos y a développé un ministère fécond (cf. 3.6).

La situation de l’église
Au travers des Actes et des deux lettres qui nous sont conservées, il est possible de donner quelques caractéristiques de l’église au moment où Paul lui écrit :
 Elle est grande : « un peuple nombreux » (Act 18.10).
 Elle est jeune : quand Paul rédige 1 Corinthiens, vraisemblablement mi-54, cela fait tout au plus 4 ans que les plus anciens se sont convertis.
 Elle est mixte : comme ailleurs, s’y côtoient des chrétiens d’origine juive et d’autres — majoritaires — d’origine païenne ; quelques chrétiens riches ainsi que beaucoup de pauvres et d’esclaves (cf. 1.26).
 Elle est immature : Paul leur reproche d’être restés des enfants (14.20 ; 3.1) et d’être encore charnels (3.2-3).
 Elle est orgueilleuse, fière de ses dons et de sa liberté (4.18 ; 5.2).
 Elle est divisée entre factions rivales (11.18-19 ; 1.10-13).

Lettres et visites : les relations ultérieures

Après son départ, Paul a continué à entretenir des liens avec l’église de Corinthe, alimentés par des visites et des lettres. Le tableau ci-dessous tente de résumer les interactions complexes entre eux :

Date Nature Référence
visite 50-52 1ère visite de Paul : fondation de l’église par Paul Actes 18.1-21 52
lettre 52 Lettre de Paul aux Corinthiens : « 0 » Corinthiens Je vous ai écrit dans la lettre… (1 Cor 5.9)
lettre 53 Lettre des Corinthiens à Paul Pour ce qui est des choses au sujet desquelles voum’avez écrit… (1 Cor 7.1)
visite 54 Visite de Timothée Je vous ai envoyé Timothée… (1 Cor 4.17)
lettre 54 Lettre de Paul aux Corinthiens : 1 Corinthiens
visite 54/55 2e visite de Paul, rapide : conflit Cette 3° fois je suis prêt à aller auprès de vous… (2 Cor 12.14)
lettre 55 Lettre « sévère » : « 1,5 » Corinthiens Je vous ai écrit dans une grande affliction (2 Cor 2.4)
visite 55/6 Visite de Tite Dieu nous a consolés par la venue de Tite (2 Cor 7.6)
lettre 56 Lettre de Paul aux Corinthiens : 2 Corinthiens
visite 56/57 3e visite de Paul : finalisation de la collecte Je vais à Jérusalem, étant occupé au service des saints ; car la Macédoine et l’Achaïe ont trouvé bon de subvenir, par une contribution, aux besoins des pauvres d’entre les saints qui sont à Jérusalem (Rom 15.25-26)

Au total, cinq lettres ont été échangées, auxquelles s’ajoutent trois séjours de Paul et deux visites de ses associés. Lorsque Paul écrit sa Première Épître, il a déjà écrit une lettre aux Corinthiens et en a reçu une de leur part. De plus, il vient de leur envoyer Timothée pour essayer de régler certains points. Dieu n’a pas permis que ces deux lettres soient conservées, ce qui rend plus difficile la compréhension de certains points précis de l’Épître. En particulier, il semble que, à plusieurs reprises, Paul cite des extraits de la lettre des Corinthiens pour réfuter une partie de leur argumentation. [note]Les commentateurs ne s’accordent pas sur le nombre et l’étendue des citations. Parmi les plus sûres, citons : « Il est bon pour l’homme de ne pas toucher de femme » (7.1b), « Tout m’est permis » (6.12) ou « Nous avons tous la connaissance » (8.1b). [/note]

La structure de la lettre

La double occasion de la lettre

Paul a deux raisons pour écrire sa lettre :
 Il a reçu des visites de chrétiens de Corinthe : les « gens de Chloé » sont venus avec des nouvelles alarmantes (1.11), qui corroboraient celles colportées par la rumeur publique (5.1 ; 11.18). D’autres frères de Corinthe sont également venus vers Paul (16.17). L’apôtre veut donc répondre à ces nouvelles inquiétantes (ch. 1 à 6).
 Paul a aussi reçu une lettre de la part des Corinthiens et répond à leurs   questions : « Pour ce qui concerne les choses au sujet desquelles vous m’avez écrit… » (7.1) La même expression « pour ce qui concerne » se retrouve litt. en 7.1,25 ; 8.1,4 ; 12.1 ; 16.1,12. Les ch. 7 à 16 sont consacrés à ces réponses.
Ainsi l’Épître se divise très simplement en deux grandes parties :

Introduction et action de grâces    1.1-9 
A. Les problèmes à régler dans l’église à Corinthe 1.10-6.20
     1. Le problème des divisions dans l’église immoralité intellectuelle  1.10-4.21
     2. Le problème de l’inceste immoralité sexuelle  5.1-13
     3. Le problème des procès entre frères immoralité relationnelle  6.1-11
     4. Le problème du laxisme moral immoralité corporelle  6.12-20
B. Les questions posées par l’église à Corinthe    7.1-16.18 
     1. Les questions sur le mariage et le célibat désordre moral 7.1-40
     2. La question sur la liberté chrétienne désordre comportemental 8.1-11.1
     3. Les questions (implicites) sur l’ordre dans l’église désordre liturgique 11.2-34
     4. La question sur les manifestations spirituelles désordre charismatique 12.1-14.40
     5. La question (non formulée) de la résurrection désordre doctrinal 15.1-58 16.1-18
     6. Les questions sur les prochaines visites à Corinthe désordre relationnel désordre relationnel 16,1-18
Conclusion et salutations    16.19-24 

Notons que Paul commence par le sujet des divisions dans l’église et il y consacre plus de 80 versets. Si nous avions dû écrire à une assemblée où plusieurs niaient la résurrection, où un cas d’inceste avéré était toléré, où les fidèles se faisaient des procès, où le repas du Seigneur était bafoué, etc., aurions-nous commencé par ce thème ? Sans doute pas ! C’est dire à quel point pour Paul ce problème était important. Nous considérons parfois avec légèreté les divisions dans l’église et déguisons des questions de personnes derrière des prétextes doctrinaux ; sachons, comme l’apôtre, les aborder de front. Le plan de l’Épître nous enseigne !

Le thème général de la lettre

1 Corinthiens est une Épître riche de sujets très variés ; elle se résume mal dans une formule lapidaire et l’on peine à y discerner un thème fédérateur unique. Les nouvelles reçues étaient diverses et les questions également ; aussi Paul est-il conduit à traiter de nombreux thèmes.
Néanmoins deux grandes lignes parcourent toute l’Épître et unifient les deux grandes parties :
 Les conflits internes : ils se marquent par les divisions (1-4), les procès (6), les comportements lors du repas du Seigneur (11), les opinions sur les dons spirituels (12) et les carences de leadership (16), etc.
 Les compromis culturels : les Corinthiens avaient beaucoup de peine à rompre avec leur arrière-plan, tant moral qu’intellectuel, que ce soit par rapport à la sagesse (1), à l’immoralité (6), au mariage (7), aux repas dans les temples (10), à la conduite des femmes (11), à la résurrection (15), etc.

Une lettre de sujets « chauds »

Une lettre actuelle

1 Corinthiens est une lettre de contestation… et une lettre contestée ! Nous y trouvons nombre de questions « chaudes », au 1er siècle comme au 21e ! Il est frappant que cette Épître, qui commence par une critique virulente de Paul contre les divisions, traite des sujets qui ont été le plus fréquemment la cause de divisions au cours de l’histoire de l’Église. Qu’il suffise de citer : la cène, le baptême de l’Esprit, le parler en langues, le rôle des femmes dans l’Église, l’excommunication, le don de prophétie, les relations sexuelles, le divorce, le célibat, etc.
Pour les traiter, Paul s’adresse à notre être entier : à l’intelligence (10.15), à la conscience (8.12) et au cœur (14.1).
1 Corinthiens est aussi l’Épître des « demi-versets ». Nous y trouvons des expressions qu’il est facile de sortir de leur contexte pour confirmer des idées a priori :
– « Celui qui ne se marie pas fait mieux » (7.38, Darby) pour imposer le célibat ;
– « Tout m’est permis » (6.12) pour justifier tout comportement ;
– « Je désire que vous parliez tous en langues » (14.5) pour faire de ce don le plus recherché et le plus universel ;
– « Tous revivront en Christ » (15.22) pour prouver l’universalisme, etc.
Il est ainsi possible de faire dire à Paul le contraire de sa pensée ! Bien souvent, les divisions dans l’Église sur les thèmes de notre lettre ont été le fait de groupes qui se sont focalisés sur un aspect de la vérité en l’érigeant en absolu au détriment d’une vision équilibrée de l’ensemble de la vérité chrétienne. En remettant ces « demi-versets » dans leur contexte, nous saisissons au contraire ce que l’Esprit veut nous communiquer.
L’étude de 1 Corinthiens nécessite donc une exégèse soigneuse basée sur une herméneutique solide. Et si des conclusions différentes des nôtres sur des points secondaires sont tirées par des chrétiens rigoureux, attachés à l’inerrance et à la toute-suffisance de l’Écriture, écoutons-les et gardons-nous de nous diviser sur ces sujets.

Une lettre christologique

Toutes les questions traitées dans 1 Corinthiens ne sont pas toutes réglées ni solubles simplement. Ne nous laissons cependant pas envahir par elles. Car, par-dessus tout, la lettre est centrée sur une personne : Jésus-Christ, crucifié (2.2) au début et ressuscité (15.20) à la fin. Il est présent à chaque page : il n’est pas divisé (1.13) ; il est notre pâque (5.7) et nous encourage à vivre dans la pureté car il nous a acheté à grand prix (6.20). Il est celui qui est mort pour mon frère (8.11), nous prenons la cène en mémoire de lui (11.24) et il est présent dans chaque membre de son corps (12.12,27).
Et Paul de conclure « christologiquement » : « Maranatha ! [Notre Seigneur, viens !] Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous !

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)