La persécution dans la vie de Paul

Dissertation présentée à l’Institut Emmaüs, Saint-Légier

PREMIÈRE PARTIE

I. INTRODUCTION

Vous aurez des tribulations dans le monde, mais prenez courage. j’ai vaincu le monde. (Jean 16: 33)

Ces paroles du Seigneur, sorte de testament que Jésus laisse à ses disciples peu avant son arrestation, attestent la réalité de la persécution pour celui qui veut Lui obéir. En effet, à plusieurs reprises, Jésus a enseigné à ses disciples qu’ils seraient haïs de tous à cause de son nom. Et même, Il les exhorte à considérer ce fait non seulement comme normal pour leur vie, mais à l’accepter comme un privilège et un sujet de joie, sachant que Lui-même a subi le même sort.

La persécution occupe une place non seulement dans l’enseignement de Jésus, mais aussi dans sa vie. Plusieurs fois au long de son ministère, Il a échappé à la mort, pour finalement être abandonné de tous et achever sa vie sur une croix. Au travers de son enseignement et de sa vie, Jésus nous montre que la persécution fait partie des conditions de vie du chrétien, appelé à suivre le même chemin que son Seigneur.

Les disciples ne peuvent prétendre à un autre traitement que leur Maître: à sa suite, comme Lui et à cause de Lui, ils sont persécutés (Jean 15: 20; 16: 1 ss) ; ils ont à boire sa coupe et à être baptisés de son baptême (Marc 10: 39) ; en eux, Jésus revit sa persécution (Act. 9: 4 ss, cf. Col. 1 : 24) ; c’est pour eux une grâce (Phil. 1 : 29) et donc une source de joie (1 Pi. 4: 12 ss) … Dans l’Eglise, les persécutions sont le signe et la condition de la victoire définitive du Christ et des siens. 1) C’est ce que nous pourrons précisément découvrir dans la suite de cette étude. En effet, la vie de Paul illustre concrètement les enseignements de Christ à ce sujet et prouve que les promesses du Seigneur se réalisent. Tout au long de son existence avec Christ, Paul a répondu concrètement à l’appel du Seigneur : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même. qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive (Mat. 16: 24).

II BIOGRAPHIE DE PAUL

1) Le persécuteur

Pourquoi cet attroupement aux abords de Jérusalem ? Que se passe-t-il ? Etienne, un chrétien, vient d’être lapidé à cause de son témoignage, de sa foi au Fils de Dieu. Ses bourreaux ont déposé ses vêtements au pied d’un jeune homme nommé Saul. Qui est-il, ce Saul qui vient d’approuver le meurtre d’un innocent ? Né à Tarse, Israélite de la tribu de Benjamin, Saul, connu plus tard sous le nom de Paul, est un homme pieux, un pharisien, animé d’un zèle excessif pour la tradition de ses pères. C’est un homme violent, plus avancé dans le judaïsme que beaucoup de ceux de son âge et de sa nation. Son zèle pour la religion juive fera de lui un meurtrier. En effet, Saul est bien connu comme persécuteur; il a une grande influence sur les gens de sa nation (Actes 9: 1-2, 21 : 13). Il a même reçu des principaux sacrificateurs le pouvoir de mettre en prison les chrétiens. Ecoutons-le relater ce qu’il a fait : Pour moi, j’avais cru devoir agir vigoureusement contre le nom de Jésus de Nazareth. C’est ce que j’ai fait à Jérusalem. J’ai jeté en prison plusieurs des saints, ayant reçu ce pouvoir des principaux sacrificateurs et, quand on les mettait à mort, je joignais mon suffrage à celui des autres. Je les ai souvent châtiés dans toutes les synagogues, et je les forçais à blasphémer. Dans mes excès de fureur contre eux, je les persécutais même jusque dans les villes étrangères (Actes 26 : 9-11). Mais un événement unique, décisif pour son avenir, sa rencontre avec Jésus-Christ ressuscité, l’obligera soudain à changer de rôle. De persécuteur acharné de l’Eglise, il deviendra le persécuté pour Christ. Son engagement pour Christ sera tellement étonnant et visible que beaucoup donneront ce témoignage en parlant de lui : « Celui qui autrefois nous persécutait annonce maintenant la foi qu’il s’efforçait de détruire » (Gal. 1 : 23).

2) Le persécuté

Dès le début de sa conversion, Paul, qui s’est déchaîné avec tant de violence contre les chrétiens, apprendra à souffrir pour le nom de Jésus. Le Seigneur le révèle déjà à Ananias lorsqu’il l’envoie auprès de Paul. Peu après sa conversion, Paul se met à proclamer que Celui qu’il persécutait en s’attaquant aux chrétiens est vraiment le Fils de Dieu. Les réactions de ses auditeurs ne tardent pas à se manifester. Ses compatriotes complotent de le tuer, mais Dieu, le Tout-Puissant, veille sur cet instrument qu’il s’est choisi pour porter son nom devant les nations, les rois et les fils d’Israël. Cette protection du Seigneur, Paul l’expérimentera tout au long de sa vie, alors qu’il est sans cesse question d’opposition. de persécution contre lui.
a) Dans les Actes des apôtres

A Damas (9 : 23-25), des Juifs complotent de le tuer. Paul leur échappe en descendant dans une corbeille le long de la muraille qui entoure la ville.

A Jérusalem (9 : 26-30), Paul rencontre tout d’abord une certaine méfiance parmi les chrétiens qui, au début, ont de la peine à le reconnaître comme l’un des leurs. Débordant de zèle pour le Seigneur, Paul parle même aux Hellénistes qui chercheront à le faire mourir.

A Antioche de Pisidie (13: 45, 50), les Juifs jaloux de l’influence de Paul et Barnabas sur la population s’opposent à leur prédication par toutes sortes de contradictions et d’injures. Ils provoquent une persécution en excitant des femmes dévotes et les principaux sacrificateurs contre Paul et Barnabas, qui sont finalement chassés de la ville.

A Icone (14 : 1-6), les Juifs qui refusent de croire à la prédication de l’Evangile poussent les païens à s’opposer aux chrétiens. La ville se divise en deux clans. Les païens et les Juifs qui refusent la Parole de Dieu, encouragés par leurs chefs, projettent de lapider Paul et Barnabas.

A Lystre (14: 19-22), un jour, Paul se met à annoncer l’Evangile à la suite de la guérison d’un boiteux de naissance. Tout à coup arrivent d’Icone et d’Antioche des Juifs qui s’emparent de Paul, le lapident et le traînent hors de la ville, pensant qu’il est mort. Mais Paul se relève aussitôt, retourne dans la ville et le lendemain repart pour Derbe dans le but d’évangéliser. Ensuite, en dépit de tous les dangers qu’il court, il retourne à Icone et à Antioche pour « fortifier l’esprit des disciples, les exhorter à persévérer dans la foi et leur dire que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu » (Actes 14: 22).

A Philippes (16: 19-40), Paul guérit une femme en chassant le démon qui l’habitait. Les maîtres de cette dernière, dans leur colère, se saisissent de Paul et Silas, puis les traînent devant les magistrats et après avoir été battus de verge, ils sont jetés en prison. Paul et Silas profitent de la situation pour témoigner. Ils se mettent à prier et louer le Seigneur en chantant de telle manière que tous les prisonniers peuvent les entendre. Répondant à leur confiance, Dieu intervient par le moyen d’un tremblement de terre qui ébranle les fondations de la prison. Les portes s’ouvrent, les liens des prisonniers tombent. C’est l’occasion inattendue pour Paul et Silas d’organiser une réunion d’évangélisation qui permettra au geôlier et à ceux de sa maison de trouver le Seigneur. Après cet encouragement du Seigneur, Paul et Silas retrouvent leur liberté, mais ils doivent quitter la ville.

A Thessalonique ( 17 : 5-9), les Juifs jaloux provoquent des attroupements et répandent l’agitation dans toute la ville. N’ayant pas trouvé Paul et Silas, ils maltraitent d’autres chrétiens. De nuit, Paul et Silas sont obligés de quitter la ville.

A Bérée (17: 13-14), les Juifs de Thessalonique les rejoignent pour exciter la foule contre eux.

A Corinthe (18: 6, 12-15, les Juifs ne laissent pas Paul tranquille. Ils lui font opposition, l’injurient et le mènent devant le~tribunal.

A Ephèse (19: 23-40) , Paul découvre bien vite que toute la ville est jetée dans le trouble et la confusion à cause de la prédication de l’Evangile en Asie. La foule remplie de colère crie à plein gosier : « Grande est la Diane des Ephésiens ». Les disciples. empêchent Paul de se présenter devant la foule.

En route pour la Syrie (20 : 3), les Juifs dressent des embûches à Paul et l’obligent ainsi à changer de direction.

A Césarée (21 : 10-14), Paul rencontre Agabus qui confirme par une prophétie que des liens et des tribulations l’attendent (20: 22-24). Mais Paul est prêt à mourir pour le nom du Seigneur (21 : 13).

A Jérusalem (21: 17 au 23: 30), les Juifs d’Asie provoquent une émeute. La foule se saisit de Paul et lui donne des coups. C’est alors que le service d’ordre des Romains intervient pour empêcher la foule de le tuer. Paul est aussitôt enchaîné et conduit à la forteresse. Avant d’y entrer; il demande l’autorisation de parler, et il rend témoignage à la foule. Détenu à la forteresse, il est battu de verges. Puis après avoir été informés d’un complot organisé par les Juifs pour tuer Paul, les Romains le conduisent avec une escorte à Césarée.

A Césarée (23 : 31-26 : 32), il est détenu pendant deux ans, période durant laquelle il comparait à plusieurs reprises devant les autorités.

A Rome (28: 16-31), Paul est mis sous liberté surveillée. Nous n’avons que peu de détails sur la fin de sa vie. D’après les commentaires 2), il semble que ce régime de liberté surveillée n’a pas duré au-delà des deux ans mentionnés dans Rom. 28 : 30 ; après cette période, Paul est relâché et il continue ses voyages. Puis il revient à Rome où l’atmosphère est tendue. L’incendie de Rome est un incident au sujet duquel on profite d’accuser les chrétiens. Une persécution se déclenche alors sous l’impulsion de Néron. Paul est de nouveau emprisonné, puis condamné à mort, sans que nous ne connaissions les motifs de cette arrestation. La tradition rapporte que Paul aurait été décapité. 3 )

b) Dans les Epîtres
Toute l’opposition que Paul a rencontrée, toutes les persécutions qu’il a vécues ne sont pas relatées dans les Actes. Paul a connu bien d’autres tribulations. Il nous en donne un résumé dans Il Cor. 11 : 23-33 : …par les travaux, bien plus; par les coups, bien plus; par les emprisonnements, bien plus. Souvent en danger de mort, cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups moins un, trois fois j’ai été battu de verges, une fois j’ai été lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, j’ai passé une nuit dans l’abîme. Fréquemment en voyage, j’ai été en péril sur les fleuves, en péril de la part des brigands, en péril de la part de ceux de ma nation, en péril de la part des païens, en péril dans les villes, en péril dans les déserts, en péril sur la mer, en péril parmi les faux-frères. J’ai été dans le travail et dans la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim et à la soif, à des jeûnes multipliés, au froid et à la nudité. Et sans parler d’autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les Eglises.

Il est intéressant de constater que toutes les persécutions que Paul a connues ont eu des conséquences pratiques pour l’évangélisation du monde. En effet, chaque fois que Paul a dû quitter une ville parce qu’il était en danger, ce départ l’a poussé à porter l’Evangile dans un endroit où il n’avait pas encore été annoncé.

D’autre part, il est important de souligner que Paul n’était pas un sur-homme, insensible aux souffrances, aux mauvais traitements. Lui-même nous rapporte à plusieurs reprises qu’il a souffert (II Cor 11 : 23-28) et même qu’il a été accablé au-delà de ses forces. à tel point qu’il n’avait même plus l’espoir de demeurer en vie (II Cor. 1 : 8-9). Il est donc important de réfléchir à l’attitude de Paul au sein de ses souffrances et à se demander ce qui lui a permis de tenir ferme en pareilles circonstances.



1) Raymond OEVILLE, « Persécution », dans Vocabulaire de théologie biblique (Xavier Léon. Dufour, éd.), 1966, p. 812-813.
2) James STALKER, La vie de Paul, apôtre de Jésus-Christ, p. 134.
3) Félfx 8UNGENER, Saint Paul, sa vie, son oeuvre et ses Epltres, 1867, p. 507.

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les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)