La nouvelle naissance précède-t-elle la foi ?

Cet article a été initialement publié par la revue La Bonne Nouvelle (n° 2/2005, p. 567-569) dans une forme légèrement différente.

Paul-André Dubois, aujourd’hui à la retraite, a exercé des fonctions pastorales au Portugal et en Suisse. Il a également assumé des tâches d’enseignement et de direction à l’Ecole biblique de Genève (actuellement Institut Biblique de Genève). Il est encore actif dans l’enseignement de l’écriture et dans des tâches rédactionnelles (revue La Bonne Nouvelle).

Certains théologiens, mus par le désir louable de ne pas attribuer le moindre mérite à l’homme dans l’obtention du salut, et d’exclure toute espèce de contribution humaine qui porterait atteinte à la gloire de Dieu, placent la foi après la régénération (ou « nouvelle naissance »). Pour eux, dans l’ordre logique, le pécheur doit être régénéré par l’Esprit de Dieu pour croire. La foi ne précéderait pas la régénération ; elle la suivrait, au contraire, comme l’effet suit la cause. Mais cette thèse nous mène dans un chemin sans issue et confine à l’absurde.

A. Deux impasses

La position ci-dessus se heurte à deux difficultés majeures.

1. La foi n’a plus de fonction claire dans l’expérience du salut

Selon l’Écriture, un homme régénéré ou né de nouveau est par définition « un homme sauvé », au plein sens du terme, de façon tout à fait effective. Il est passé de la mort à la vie : « II nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, qu’il a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions, en espérance, héritiers de la vie éternelle. » (Tite 3.5-7)

Le salut effectif évoqué par Paul inclut, outre la régénération, la justification gratuite (« justifiés par sa grâce ») et la résurrection finale du corps du racheté au retour en gloire de Jésus-Christ (« héritiers en espérance de la vie éternelle », cf. Rom 8.23-24). Cela fait partie de l’héritage de celui qui est devenu une nouvelle créature en Jésus-Christ.

Si l’on affirme que la foi suit la régénération comme son fruit, quel peut donc être son rôle dans le processus du salut ? Où est sa place, quel est son sens, si l’on peut être régénéré — et donc sauvé — sans elle ? En quoi est-elle encore nécessaire ?

2. Les affirmations de l’Écriture sur le rôle de la foi dans le processus du salut deviennent caduques

La foi occupe une place déterminante dans les préalables au salut. Qu’il suffise de rappeler ici quelques textes fondateurs sur ce point.

* Un message sans équivoque

 – Jean 3.16 : «  … afin que quiconque croit en lui […] ait la vie éternelle. »

– Jean 3.36 : « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle … »

– Jean 5.24 : « Celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle ». Séquence : « parole » ? « foi » ? « vie éternelle »

– Act 15.9 : (Pierre à propos des païens) Dieu a « purifié leurs cœurs par la foi. »

– Act 16.31 : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé … »

– Rom 5.1 : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. »

– Rom 10.9 : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. » (Remarquez le futur « tu seras sauvé » : sans la foi, personne n’est sauvé. Son rôle est « premier », primordial.)

* Un passage-clé

 – Éph 2.8,9 : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. ».

Ce passage est crucial sur le plan de la doctrine, car l’apôtre définit et articule nettement le rôle de la foi par rapport au salut. Il est clair que, dans la pensée de Paul, la grâce — et elle seule — est la source, la cause, et le fondement du salut. Nous ne devons donc pas attribuer à la foi ce que l’Écriture ne lui attribue pas. Mais il est tout aussi évident que c’est « à travers » la foi que nous sommes sauvés. Il s’agit d’un passage obligé. Pas de salut pour qui que ce soit sans la foi. Elle est le moyen voulu de Dieu, et désigné par lui, pour atteindre le salut. On ne peut donc postuler une « régénération » qui précéderait la foi, qui l’escamoterait, et qui — pour comble — en serait la cause !

Mais alors, que devient la gloire de Dieu ? Il est vrai que ceux qui soutiennent la thèse d’une régénération antérieure à la foi sont désireux de tout attribuer à Dieu : ils défendent et chérissent avec jalousie sa gloire. Mais l’apôtre tout autant, sinon davantage ! Et il le montre en précisant au verset 8, après avoir désigné la foi comme moyen de salut : « et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » Et, pour qu’il n’y ait aucune équivoque, il précise : « Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. »

J’aimerais affirmer que ceux qui placent la foi avant la régénération, convaincus que c’est là l’enseignement de l’Écriture, sont tout aussi soucieux de la gloire de Dieu. Ils n’attribuent rien à l’homme, mais tout à la seule grâce de Dieu (v. 8). Pour eux, personne ne peut croire en Jésus-Christ de façon salvatrice sans l’action prévenante et efficace de la grâce, selon la déclaration sans appel du Seigneur : « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. » (Jean 6.44) Mais cette action souveraine du Père par l’Esprit Saint, ce labourage de la conscience, de l’intelligence et du cœur de l’homme, n’équivaut pas à la régénération et ne doit pas lui être assimilée. Elle laisse intacte la responsabilité de l’homme dans le fait de croire à l’Évangile et en Jésus-Christ (cf. Marc 1.15).

* Le salut, une œuvre de Dieu dans sa totalité

Cet « acte de foi », inconcevable sans l’intervention de la grâce, ne correspond en rien à une œuvre dont la créature pourrait se prévaloir. Au contraire, nous devons tout notre salut à Dieu seul, et la foi en fait partie. Elle est « le germe » du salut suite à l’action de la semence de Dieu dans le cœur : « La semence, c’est la parole de Dieu. » (Luc 8.11 ; cf. 1 Pi 1.22-25 ; Rom 10.17)

Ce passage d’Éphésiens 2 est lumineux, car, après avoir montré l’absolue nécessité de l’œuvre de Dieu dans nos cœurs, il en dévoile l’aboutissement concret, visible : « Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. » (v. 10) Nous sommes « son ouvrage » en vertu d’une « nouvelle création » opérée en Christ, en qui nous sommes et qui est en nous par la foi. La boucle est donc bouclée.

B. Confirmation : les étapes de la nouvelle naissance selon Jean

L’apôtre Jean, dans le prologue de son Évangile (1.1-13), rappelle aussi avec clarté les phases et les conditions de cette « gestation spirituelle ». Ce passage est explicite quant aux étapes qui mènent à la nouvelle naissance spirituelle. Pour bien les comprendre, il faut d’abord se pencher sur les réalités résumées dans les versets 1 à 11. Jean y parle de la Parole divine (le Logos), égale à Dieu et préexistant auprès de lui de toute éternité, nommée aussi « la Lumière » avant et après l’événement extraordinaire de l’Incarnation. L’évangéliste fait ensuite remarquer que la nation d’Israël n’a pas voulu recevoir son Messie-Sauveur, la Parole incarnée :

« Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. » (v. 11)

Voilà pour l’attitude d’Israël en tant que nation : rejet, fin de non recevoir. Mettons ce verset en contraste avec le v. 12 : « Mais à tous ceux qui l’ont reçue [on dépasse ici les limites de la nation juive], à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. »

Voici la séquence établie par ce texte :

a) Accueil de la Parole incarnée en la personne historique de Jésus-Christ

Cette Parole, qui n’a pas été connue par le monde (pourtant fait par elle, cf. v. 10), qui a été rejetée par les siens, les Juifs (à qui cependant elle était destinée en priorité), trouve finalement un accueil auprès d’une multitude d’individus juifs et païens auxquels elle s’est révélée à travers l’Évangile. Tous ceux-ci ont perçu sa nature, son caractère, les traits distinctifs de sa Personne, et ont mis définitivement leur confiance en elle : « …à ceux qui croient en son nom ». Le nom renferme la totalité des attributs de Celui en qui l’on se repose pour le temps et l’éternité.

La foi, qui est l’expression même de l’accueil favorable1 réservé à Jésus-Christ, la Parole incarnée, est une vraie et complète adhésion à la personne et à l’œuvre du Messie prédit et révélé par la Parole écrite (cf. És 42.1 ; 49.1-7; 52.13 ; 53.10,11).

On peut même franchir un pas de plus et dire que la foi mène à une vraie union avec le Seigneur ressuscité, car par elle s’établit un lien de vie2 entre le croyant et Jésus-Christ, l’objet de la foi (cf. 1 Cor 6.17).

b) Régénération (nouvelle naissance)

« …elle [la Parole faite chair] leur a donné le pouvoir3 de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » (v. 12b et 13)

En raccourci, voici le commentaire du grand exégète F. Godet (xixe siècle) sur ce passage : « Jean se plaît à faire éclater les conséquences salutaires et glorieuses de l’accueil fait à la Parole par les individus croyants de tous les peuples. Cet hôte divin a conféré à ceux qui l’ont reçu des privilèges dignes de lui. L’apôtre en indique deux, dont l’un est la condition pour obtenir l’autre : une nouvelle position vis-à-vis de Dieu, et, dans cette position nouvelle, la participation à sa vie parfaite. » Dans le temps, ces deux faveurs sont accordées simultanément.

La position nouvelle est « celle de réconcilié ou de justifié, en vertu de laquelle il (le croyant) peut recevoir le pneuma, l’Esprit de Dieu, qui est chez lui le principe d’une vie divine. Par la possession de cette vie, il devient teknon Theou, enfant de Dieu. Cette expression renferme plus que l’idée de l’adoption (huiothesia, chez Paul), qui correspondrait plutôt à l’état de justifié … Le terme teknon, du verbe tiktein, engendrer, implique la communication réelle de la vie de Dieu, tandis que le mot huios, fils, ne dépasse pas nécessairement l’idée de l’adoption. » […]

Quant à la foi de l’homme, « qui rend apte à être engendré de Dieu », voici ce que Godet en dit : « Ce n’est pas en elle-même qu’est le secret de sa puissance ; car elle n’est que simple réceptivité ; c’est dans son objet. »4 Godet n’exalte pas la foi elle-même, mais le Christ glorieux qu’elle contemple et qui la suscite (cf. Héb 12.2).

C. Conclusion

La promesse de Dieu est pleinement digne d’être reçue : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car en croyant du cœur on parvient à la justice, et en confessant de la bouche on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture : Quiconque croit en lui ne sera pas confus. » (Rom 10.9-11)

1Bien des prédicateurs et théologiens n’ont aucune sympathie pour la formule « accepter Jésus-Christ », qu’ils jugent offensante en regard de la majesté de sa Personne à qui, par ce langage, l’on semble « faire une faveur ». Ils soulignent à juste titre que c’est lui qui nous reçoit en sa communion : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. » (Jean 6.37) Toutefois le verbe « recevoir » (prendre, saisir) est biblique !
2La justification gratuite obtenue par la foi (cf. Rom 5.1), est une « justification de vie » (texte grec de Rom 5.18). Segond traduit : « … qui donne la vie ».
3« le pouvoir », c’est-à-dire le droit, le privilège.
4F. Godet, L’Évangile de Saint Jean, 2e édition, 1877.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)