La notion de salut personnel est-elle périmée ?

Sociologie ou évangélisation ?

Le monde actuel méprise la vie intérieure. Il considère les chrétiens comme des attardés quand, dans la prière et l’étude des Ecritures, ils se tournent vers leur Dieu; quand, dans l’apostolat personnel, ils se tournent vers les âmes qui se perdent. Il nous comble, en revanche, de ses flatteries quand nous faisons de la sociologie ou de la politique, conformément à ses idéaux. Nous voulons comprendre nos contemporains, nous voulons nous rapprocher d’eux, mais nous sommes infidèles lorsque -pour ne pas les choquer -nous émoussons la doctrine chrétienne, en ne présentant que les éléments que nous croyons assimilables à l’homme d’aujourd’hui. « Je ne vous ai rien caché, disait l’apôtre Paul, du conseil de Dieu ». Telle doit être notre attitude.

Il est certain que la prédication du salut personnel est impopulaire à notre époque. Il est même vrai que c’est une notion inassimilable pour beaucoup d’esprits… à moins d’un miracle de la grâce de Dieu, miracle que l’église doit attendre dans la prière.

On n’admet plus la notion de péché

C’est ce que l’on prétend ! Il n’y a plus d’homme qui serait responsable, plus de coupable devant Dieu! Les » mythes sécurisants 00 ont fait leur office. L ‘homme pense avoir trouvé un paratonnerre contre la colère de Dieu. Pour les uns, c’est la société qui est responsable; pour les autres, il n’y a que des tendances innées, des fruits de l’hérédité, liés et déterminés par la totalité des événements du passé. Comment savoir si une tendance est normale ou non ? Pour nos modernes existentialistes, l’homme n’a pas une constitution invariable. Il se crée, à bien plaire, des rai- sons de vivre qui sont des motifs d’agir. Il est aussi libre de dépenser sa vie à fumer, à s’étourdir dans l’alcool ou avec des drogues, qu’à étudier les mathématiques. En bref, tout le monde est disculpé, pardonné; c’est un non-lieu général. Il n’y a que des malades à plaindre et à soigner.

Il n’y a pas de destin individuel

C’est ce qu’on veut avancer. On peut presque dire qu’il n’y a plus de répondant à l’appel de Dieu, citant l’homme à son tribunal. Il exis­terait une espèce humaine dont la nature se transforme selon les époques Dès lors, on ne peut comparer entre eux les individus qui en sont les divers échantillons, puisqu’on ne peut trouver en eux les représentants d’une nature humaine immuable. Il ne peut donc y avoir de sort individuel, de séparation entre les êtres Il n’y a qu’un processus historique qui entraîne l’humanité dans une ascension que l’idéologie contemporaine qualifie d’ « irréver­sible ». On évoque le sens de l’histoire et on appelle chacun à la grande aventure des temps modernes !

La grande tentation de l’église chrétienne

à notre époque, c’est peut-être de christianiser ce courant d’idées mo­derne pour redevenir populaire. N’est-ce pas la tentation à laquelle succomba l’église du Christ au cours de la période constantinienne ? Bien souvent, on a plaqué les cultes de la Vierge et des Saints sur ceux de l’ancienne mythologie et les fêtes chrétiennes sur celles qui remontent à la nuit des temps (comme la naissance du Christ à la fête du solstice d’hiver). Nous risquons de tomber dans de telles con­fusions, dénoncées par le pasteur Pierre Marcel : « De même qu’on ne distingue pas suffisamment entre le Christ et l’église (qui pour une certaine pensée, serait en somme le Christ continué, agrandi), on ne distingue plus entre l’église et le monde ».

«Christ, Seigneur du Monde»

Cela voudrait dire le salut imposé, la sécurité éternelle décrétée pour tous par convention collective, sans possibilité de s’y soustraire la socialisation intégrale de la personne humaine Il resterait, en somme, à l’église l’avantage de savoir que tout homme serait sauvé ! Elle n’aurait plus guère qu’à disserter sur ce salut Elle n’aurait plus d’activité propre ce qu’elle fait n’ayant plus de portée réelle. Ce qu’il y a de vraiment intéressant, c’est ce qui se fait dans le Monde…

On comprend la maigreur spirituelle de tant de journaux dits religieux à l’heure actuelle. On n’y trouve que des questions d’ordre matériel, débattues partout. L’église s’occupe de ce qui ne la regarde pas et oublie d’évangéliser. L’église, pour le monde, devient en réalité une église mondaine, conditionnée par des réactions sociologiques. Il faut relire, à ce propos, le livre courageux que le professeur Ellul a écrit comme un véritable cri d’alarme – trop peu entendu – à nos égli­ses « Fausse présence au monde moderne ».

Un prêtre spirituel dit d’un de ses confrères fort engagé dans l’action en faveur des classes ouvrières : < Pour lui, il n'y a qu'un péché, c'est de n'être pas syndiqué ! ». Ce n'est qu'une boutade... j'avoue qu'elle m'a fait réfléchir.

Oui, trop souvent, à l’heure actuelle, plus rien ne signale les chrétiens trop assimilés au monde. La distinction entre Christ et Bélial n’est pas respectée. Il règne une complaisance coupable vis-à-vis de tendances immorales cela devient un véritable scandale. Disons bien que l’égli­se ne fait pas sa tâche quand, pour plaire au monde, elle rabaisse les exigences de ‘Evangile, quand elle n’a plus un message percutant et n’intéresse d’ailleurs plus personne.

Nécessité de la fidélité

On n’est pas fidèle à l’ordre d’évangéliser, quand on néglige de parler du péché. Ce n’est pas, hélas parce qu’on passe le mot sous silence que la réalité n’existe pas et que les choses vont mieux. Je m’occupe de lutte contre les abus de l’alcool. J’ai été frappé par la chose sui­vante pour beaucoup, le buveur est un malade. C’est vrai, mais nous devons lui dire aussi : « Tu es un coupable ! ». Et, ainsi, nous l’aidons, nous réveillons sa conscience personnelle, tandis que sans cela, il se comporte uniquement comme un malade, et il attend qu’on le guérisse passivement. On n’évangélise pas le monde actuel – où les chrétiens si dispersés, doivent avoir une armature personnelle et familiale solide – quand on ne forme que des paroissiens dont le lien avec Dieu passe par le canal obligatoire d’une communauté qui maintient ses enfants dans une minorité perpétuelle. L’église doit se réunir pour repenser son message d’évangélisation dans la fidélité à l’Ecriture, sans con­cession à l’esprit du siècle, par facilité. Elle doit conserver pieuse­ment la magnifique expression johannique : « Christ, Sauveur du mon­de », la replaçant dans son contexte, qui en explique le sens
  • Christ offert à tout homme dans le monde, car Dieu est amour
  • Christ vient régner sur le monde, selon les solennelles prophéties de l’Apocalypse.
Nous remarquons que là où il est question de ce salut, la réalité du salut personnel est affirmée : « Celui qui a le Fils a la vie >’, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (I Jean 5: 12). Il est ques­tion dans les Ecritures de salut éternel (Héb. 5 : 9) et de salut des âmes (I Pi. 1 9). Ces expressions traditionelles, si souvent considé­rées comme provenant d’un individualisme périmé, ont donc une base biblique.

La réalité de la perdition

La Parole de Dieu enseigne clairement que la corruption du genre humain mérite la condamnation générale où tous les hommes sont plongés (art. 9 à 12 de la Confession de foi des Eglises réformées en France, dite de la Rochelle). On peut différer sur l’idée qu’on se fait du châtiment éternel, de la seconde mort où seront plongés les rebel­les, mais on ne peut nier le fait redoutable qu’il y aura des perdus. Jésus dit de Judas qu’il aurait mieux valu pour lui qu’il ne soit jamais né (Marc 14: 21).

Ne nous figurons pas que cette perdition soit la conséquence de cri­mes spectaculaires :
  • Le mauvais riche de la parabole n’a fait que laisser Lazare à son triste sort, et il est plongé dans les flammes.
  • Le serviteur infidèle s’est contenté de thésauriser l’argent de son maître, et il est jeté dans les ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Et ce n’est pas non plus le mal qu’ils auront fait qui est reproché à ceux qui seront à la gauche du Juge, mais le bien qu’ils n’auront pas fait. Pour aller en enfer, il suffit de rester dans la masse de l’humanité per­due. Cette perdition est un état éternel, irrévocable. Reprenons le cas de Judas : il est perdu, non pour avoir trahi Jésus, mais pour ne pas être revenu à Lui dans la repentance et la foi. S’il avait une chance de salut dans l’au-delà, pourquoi Jésus dirait-il qu’il vaudrait mieux pour cet homme qu’il ne fût pas né ?

Peut-être ces affirmations nous semblent-elles dures? Nous devons cependant souligner le fait que la colère de Dieu n’est pas arbitraire. Elle est synonyme de jugement, qui mettra en lumière la parfaite jus­tice de Dieu. Toute bouche sera fermée. Les condamnés eux-mêmes seront contraints intérieurement d’acquiescer à la justice parfaite de Celui qui sera reconnu juste dans sa sentence et sans reproche dans son jugement. L’Evangile ne nous apprend-il pas que la responsabilité de chacun sera graduée, compte tenu des grâces reçues, et que le jugement des gens de Sodome et de Gomorrhe, par exemple, sera moins sévère que celui de certaines villes visitées par Jésus ?

Prêcher la vérité

C’est une lourde tâche, quand on se sait soi-même un pauvre homme pécheur, de prêcher ces vérités. Et pourtant, il faut regarder en face notre devoir. Les prédicateurs, en particulier, qui escamotent ce sujet, portent une lourde responsabilité. Nous serions plus populaires en prêchant le salut universel ! Mais pouvons-nous être plus sages que Paul quand il parle de la colère à venir (I Thess. 1: 10), que Pierre quand il parle du jugement et de la destruction des impies (II Pi.), que Jean qui a vu quiconque dont le nom n’est pas écrit dans le livre de vie être jeté dans l’étang de feu ? Avons-nous plus d’amour et de com­préhension que le Seigneur Jésus lui-même quand il nous avertit « Large est la porte et spacieux le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui passent par là ! »

Le salut en Christ

Il y a un Dieu de l’amour qui a été jusqu’à donner son Fils unique pour le rachat, la rédemption de ce monde. Jésus-Christ est donc la porte, la lumière, la vie, le seul nom par lequel nous puissions être sauvés, l’unique Sauveur, l’unique planche de salut.

Nous attendons le renouvellement de toutes choses, la transfiguration de la création dans le Royaume, lors de l’avènement du Roi méconnu. Tel est le plan grandiose que nous révèlent les Ecritures et que con­fesse l’église en soupirant par l’Esprit « Viens, Seigneur Jésus ».

Cette présence de Dieu est encore mystérieuse et cachée. Le monde peut nous attaquer sur nos échecs, sur les échecs du christianisme depuis 2000 ans… mais nous vivons de la folie de la Croix et de cette faiblesse de Dieu qui se laisse bafouer par les hommes :

« Vous êtes morts et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Lorsque le Christ, qui est votre vie, paraîtra, alors vous aussi vous paraîtrez avec Lui dans la gloire ». Si nous comprenons le « Notre Père », toute la vie chrétienne est dans cette tension entre le ciel et la terre, aujour­d’hui et demain, le Christ et le Malin, dans l’attente du jour où elle sera résolue les jours de la crucifixion et de la résurrection attestent, une fois pour toutes, que ce jour viendra : Il régnera aux siècles des siècles !

Acceptation du salut

Il y a une possibilité unique de salut pour chaque homme : c’est l’ac­ceptation du Christ comme Sauveur personnel. Jésus le dit lui-même « Nul ne vient au Père que par moi ». Croire en Lui, c’est la nouvelle naissance sans laquelle nul ne peut voir le Royaume de Dieu. « Celui qui croit en Lui (Christ) n’est pas jugé ».

La nouvelle naissance ou conversion (retournement – se détourner des idoles [ou de l’athéisme] pour se tourner vers le Dieu vivant et vrai, et attendre des cieux son Fils, Jésus-Christ) est un miracle de Dieu dans les coeurs. Paul, converti sur le chemin de Damas, pouvait en parler par expérience. La conversion ne glorifie pas l’homme qui se convertit. Elle est l’oeuvre de Dieu en lui. Par elle, se manifeste la puissance du Saint-Esprit. Son rôle est clairement précisé dans Jean 3: 16: donner l’occasion à un homme de croire au Fils de Dieu pour hériter la vie éternelle. Ce n’est pas de l’homme, c’est une naissance qui vient de Dieu. « Celui qui ne croit pas est déjà jugé…»

L’oeuvre du Saint-Esprit

Je vous enverrai l’Esprit de vérité. « Quand il sera venu, Il convaincra le monde (tous les hommes) de péché, de justice et de jugement ». D’une manière ou de l’autre, un jour, chaque homme sera touché et recevra un avertissement du Saint-Esprit. Nul ne peut sous-estimer son oeuvre. Il donne à l’homme la conscience de son péché, de sa culpabi­lité. Il cherche à amener l’homme à se frapper la poitrine, tel « l’enfant prodigue » de la parabole. Il n’en fait pas un raisonneur, une conscience satisfaite d’elle-même. Il le jette au pied de la croix.

J’ai lu sous la plume de professeurs de théologie qu’il fallait suppri­mer la confession des péchés de la liturgie réformée parce que l’on risquait de complexer les gens ! J’ai entendu critiquer les réunions de Billy Graham pour le même motif. Je me demande si ces gens, s’ils étaient médecins, préfèreraient laisser mourir leurs malades plutôt que de les exposer à un choc opératoire? Il y a un fardeau de péché dont nous devons prendre conscience pour l’apporter à la Croix; c’est un arrachement pénible, une mort à soi-même. On ne peut annoncer l’Evangile sans faire « bobo », sans faire mal… à moins de rester terri­blement superficiel (et alors ce n’est plus l’Evangile).

Par contre, si on accepte cet avertissement, si l’on se repent, on ne regrettera pas ce moment de retour sur soi-même, cette tristesse selon Dieu (voir Il Cor. 7: 10) qui conduit au salut!

La Bible ne donne pas une « méthode » de conversion. Certaines con­versions sont instantanées, d’autres progressives, comme celle de César Malan qui la comparait lui-même au baiser par lequel la mère réveille son enfant. Nous constatons que certains ont trouvé le salut dans des réunions d’appel. Ils ont levé la main et ont signé une carte de décision. D’autres ont tout simplement pris une décision en écou­tant une prédication dans leur église ou en lisant la Bible. Il n’y a pas de schéma uniforme, et nous ne devons pas douter de la conversion de tel ou tel frère qui a passé par un autre chemin que nous. Mais nous sommes sûrs que le

premier signe de la conversion, c’est la repentance,

notre humiliation devant Dieu. Nous plaidons coupables, nous réali­sons notre perdition. Nous avons besoin d’un Sauveur, et nous décou­vrons que nous ne pouvons le trouver qu’en

Jésus-Christ crucifié

pour nos offenses et ressuscité pour notre justification.

Le second signe est l’engagement à son service

Le service libre, par reconnaissance, parce qu on a été sauvé et non pour être sauvé. Cet engagement, fruit de la décision, est aussi le fruit du Saint-Esprit. C’est en ce sens que l’apôtre parle du salut par l’Esprit qui sanctifie (Il Thes. 2:13). Le Saint-Esprit prie et agit en nous.

Celà nous amène à d’autres signes:

La joie, la certitude de l’amour de Dieu, c’est-à-dire l’assurance du salut. Celle-ci n’existe pas toujours : on peut être sauvé, bien sûr, sans avoir cette assurance, mais quel manque de puissance dans la vie chré­tienne Ce peut être la faute de l’église qui ne l’annonce pas nette­ment, qui refait du salut une oeuvre humaine, une entreprise douteuse aux résultats futurs, non encore acquis ! Ce peut être aussi la faute de ceux qui n’acceptent pas avec simplicité de coeur le message évan­gélique qui leur est prêché. Pourtant l’annonce du salut n’est pas une affaire de prétention spirituelle : c’est une question de foi. Ce n’est pas par les oeuvres, mais par pure grâce.

L’église humble est une église qui chante sa joie parce qu’elle est sau­vée ; cela se voit dès les premières pages de l’évangile avec les can­tiques de Marie, de Zacharie, de Siméon. Voilà donc la grande ques­tion pour’ chacun de nous : Avons-nous cette profonde conviction de péché ? Avons-nous pris cette décision vitale de donner notre foi, notre vie au Sauveur? Avons-nous reçu de Lui la paix et la joie ? Fai­sons-nous partie de l’église mystique, symbolisée par les Vierges qui attendent fidèlement l’heure où le Roi va paraître ?

Chacun de nous peut répondre, doit répondre.

Du Messager biblique No 115, avec autorisation.




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les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)