La musique dans l’histoire de l’Église du Ier au XIXe siècle

  1. 1-Les cantiques des premiers chrétiens

Ils étaient inspirés des récits et des enseignements de l’Évangile. Le N.T. s’ouvre par un hymne merveilleux, le Magnificat, dans lequel Marie exalte le Seigneur pour sa grâce imméritée (Luc 1.46-55). De même, lors de la naissance du Sauveur, s’éleva le Gloria :« Gloire à Dieu dans les lieux très hauts et sur la terre, paix et bon plaisir dans les hommes. » (Luc 2.14) Ces poèmes, qui s’insèrent dans la tradition prophétique juive, ont sûrement été chantés, comme ils l’ont été d’ailleurs pendant des siècles par les chrétiens.

  1. 2-Les témoignages des anciens Pères de l’Église

Les anciens Pères de l’Église, Origène, Chrysostome, Clément d’Alexandrie, et Pline, écrivain latin, ont beaucoup insisté sur la valeur du chant des chrétiens. C’était sans doute comme une cantilène, c’est-à-dire un chant sans mesure exacte et sans rythme marqué, un genre de récitatif accentué, où la voix parlée et la voix chantée se confondaient. Les paroles du chant étaient de beaucoup sa partie la plus importante.

Chrysostome raconte que, dans les premiers jours de l’Église, comme encore de son temps, toutes les voix s’unissaient :« Les hommes, les femmes, les vieillards, les jeunes gens ne se distinguent que par leur manière de chanter, car l’Esprit qui dirige la voix de chacun fait de toutes ces voix une seule mélodie. »

  1. 3-Au IVe siècle

C’est Ambroise de Milan qui introduisit, dans le chant d’église, les lignes mélodiques égales, correspondant à un même nombre de pieds. Sylvestre 1er, vers l’an 320, fut le premier à fonder une école où l’on formait des chantres. De nombreux cantiques datent de cette époque, plus remarquables par les paroles que par la musique, à peine digne de ce nom.

Jusque-là, les églises apostoliques ne firent pas, ou ne purent pas faire, l’usage d’instruments de musique dans leur culte. On en trouve la raison dans les circonstances de ces temps-là :
– leur pauvreté,
– l’hostilité toujours éveillée de leurs ennemis,
–le fait surtout que la musique était associée aux mœurs et aux cérémonies païennes (dans les temples des faux dieux), aux fêtes populaires (cirque), au théâtre.
Par la suite, leur situation ayant complètement changé, les églises introduisirent la musique instrumentale, qui avait déjà rempli une place considérable dans le culte de l’ancienne alliance.

  1. 4-Les cantiques dans l’Église chrétienne avant le Moyen Âge

L’Église des premiers siècles chantait d’abord les Psaumes, puis avec eux les cantiques inspirés par l’Évangile et par les expériences religieuses des croyants. Le grand avantage des Psaumes était d’offrir un texte dont on pouvait être sûr qu’il plairait à Dieu, puisqu’il l’avait inspiré. Les progrès du chant commencent donc avec Ambroise, le pieux évêque de Milan, persécuté en 386. Augustin lui-même, fut vivement impressionné par ce chant encore très simple, que des voix nombreuses et puissantes rendaient majestueux :

« Ô Christ, tu es le vrai rayon qui dissipe les ténèbres.
Tu es le divin rayon et l’heureux éclat de la véritable lumière.
Toi qui es aussi le bouclier de notre âme.
Ne nous abandonne pas, ô Seigneur Jésus Christ. »

Le chant sacré subit son premier grand changement lorsqu’il cessa d’être l’accord des croyants de tous âges et de tout rang. Il fut alors réservé aux seuls choristes. Le mode dit « grégorien »est devenu le chant traditionnel de l’Église dès la fin du vie siècle. Sa caractéristique essentielle est le plain-chant, égal et uni. En 1903, Pie X, en les restaurant, les appela « Chants grégoriens », nom du pape Grégoire le grand (590-604) dont l’influence fut immense durant le Moyen Âge. On fait remonter à ce pape la paternité et la haute et active direction du chant liturgique. Le chant grégorien est conçu sans substrat harmonique, ou trame polyphonique ; il est une mélodie pure, monodique, c’est-à-dire à l’unisson, sans chromatisme, avec, entre les notes, des intervalles des plus simples et des plus naturels. Grégoire 1erl’introduisit :
– soit par besoin d’unité, pour donner à toutes les églises le même rite et le même chant,
– soit pour relever l’importance du chant en en faisant l’apanage des prêtres seuls,
– soit qu’il estimât les mélodies trop mondaines et qu’il voulût réduire la musique d’église à n’être plus qu’une harmonie.
Ce fut le plain-chant, qui fut pratiqué douze siècles durant.

Dès le ive siècle, au début du Moyen Âge, l’essor de la musique est conséquence de la constitution de communautés monastiques. Les moines, dont plusieurs sont de très bons musiciens, créent le plain-chant déjà mentionné. Le répertoire est très divers, montrant l’existence de plusieurs styles de chant grégorien.

Dès le viiie siècle, il y a un grand essor de la musique. Les créations de style monastique sont exécutées par des spécialistes, des chantres. La musique est au service de la liturgie.

  1. 5-Au Moyen Âge

Le Moyen Âge, qui a privé le peuple du Livre saint, lui a aussi ôté la joie de chanter, car le cantique a toujours résonné là où la Bible était ouverte. Malgré cela, les couvents, qui eurent leur grande utilité pour la transmission des Saintes Écritures, jouèrent un rôle important en musique : ils abritèrent souvent des poètes et des musiciens. En ces siècles enténébrés, il y eut peu de réveil de la piété ; tous les chants étaient en latin, donc incompréhensibles à la majorité du peuple.

Mais durant cette longue période de nuit, se détachèrent quelques vives clartés : de grandes figures chrétiennes qui nous ont laissé des hymnes d’une grande beauté, connus encore aujourd’hui :

  • Bernard de Clairvaux (1091–1153) a laissé plusieurs chants, dont « Chef couvert de blessures » ;
  • François d’Assise (1182–1226) « le chanteur de Dieu, le vrai troubadour » ;
  • Jérôme Savonarole (1452–1498), de Florence, « le réformateur par les enfants » qui chantait pour faire abandonner le carnaval florentin et qui mourut en martyr ;
  • John Wyclif, (1331–1384), le prédicateur évangélique d’Oxford ;
  • Jan Hus (1369–1415), le réformateur de Bohême et de Moravie, à qui l’on doit le rétablissement de la vérité évangélique et une réforme du chant chrétien, avec l’introduction du chant de tous les fidèles ; il marcha à la mort en chantant.
  1. 6-Dès la fin du Moyen Âge

Avec des compositeurs comme Josquin des Prés ou van Berchem, la musique va devenir un ornement. Ce mouvement s’accentuera avec la Renaissance.

Au début du xvie siècle, il y a un débordement de musique à tendance figurée, représentative, théâtrale. L’Église a peur. Dès le concile de Trente, en 1560, l’Église va s’occuper de musique pour chercher à la purifier, à la protéger d’une certaine mollesse, d’un certain luxe. Elle sollicitera Palestrina à produire une musique qui serait exemplaire. C’est la fameuse Messe du pape Marcel. Mais bien après le concile, on va déborder à nouveau, par exemple avec Monteverdi.

  1. 7-La musique protestante

Les changements de la Réforme

Le développement de la polyphonie vocale atteignit son apogée à la Renaissance (xvie siècle), « l’âge d’or de la polyphonie ». La musique dans l’Église catholique romaine restait alors entièrement contrôlée par le clergé, et la congrégation, devenue de ce fait auditrice, restait à l’écart de toute participation possible.

Un des principes de base de la Réforme est le sacerdoce universel, c’est-à-dire que chaque croyant est sacrificateur et peut s’adresser directement à Dieu, a trouvé dans le chant l’une de ses expressions majeures. À côté de Luther qui, lui, a transformé des hymnes latins et composé de la musique, Calvin avait une autre position : il était centré sur l’Ancien Testament, de sorte que jusqu’au xviie siècle, on n’a chanté pratiquement que des Psaumes sans autre accompagnement musical. En résumé, une grande simplicité prévaut, à côté de Palestrina qui, lui, composait parallèlement une musique très complexe.

Les psaumes

Avant la Réforme, les psaumes n’étaient généralement connus en France que dans le texte latin. Ils n’étaient pas à l’usage du peuple dans le culte.

Dès le début de la Réforme, le chant devint en France un acte de culte auquel participa toute l’assemblée des croyants et qui fit la foi et la force de l’Église. Clément Marot(1497-1544) fut éclairé par la lumière de l’Évangile et au cours des années qui suivirent cette vision, se mit à traduire les Psaumes et à les écrire en beaux vers français. Ces psaumes obtinrent une popularité qui dépassa le rêve du poète. Marot quitta Genève après la publication de 49 psaumes. Dans le Recueil français de Strasbourg (1539), Calvin ajouta six psaumes de sa plume aux psaumes de Marot. À cette date, personne ne songeait à autre chose qu’au plus strict unisson.

L’arrivé en octobre 1548 de Théodore de Bèze, réfugié lui aussi, permettra à Calvin de découvrir en lui un versificateur susceptible de reprendre le travail là où il avait été laissé. Le musicien Loïs Bourgeois livra près de quarante mélodies. Le résultat sera un recueil de 83Psaumes.

Les cantiques de la Réforme

Après Calvin, Luther, Zwingli, les choses ont évolué. À part les psaumes, on s’est mis à chanter Noël, Pâques, le Vendredi saint. Au xvie siècle, des cantiques inspirés par la Bible se multiplient sans réussir vraiment à s’introduire dans l’Église (cantiques de Duplessis, cantiques de Louis de Masure, cantiques de Théodore de Bèze), pour y parvenir enfin avec les Cantiques sacrés de Bénédict de Pictet (1705). Dès 1757, Mathurin Cordier publie, avec des mélodies de François Gindron, divers cantiques spirituels d’invention personnelle, non traduits directement des Écritures.

Au xviie siècle, dans les églises réformées de langue française, on chante les psaumes huguenots, déjà décrits, et les chorals luthériens, abondamment chantés depuis longtemps en Allemagne.

Le choral

Le vœu de Luther était que le peuple pût chanter au cours du culte d’autres hymnes allemands que ceux qui étaient venus du Moyen Âge. Luther est l’un des pères de l’hymnologie protestante. En 1524, le premier recueil de cantiques allemands contenait 36 cantiques attribués au réformateur. Très exigeant, il était fortement attaché à la musique polyphonique. Il était un créateur, mais plus fréquemment un adaptateur de mélodies, qui sont souvent de véritables re-créations artistiques.

Le choral luthérien a puisé ses mélodies à diverses sources : au chant grégorien, à la chanson, aux cantiques populaires du Moyen Âge. D’emblée, les recueils de chorals allemands connurent un grand succès et une large diffusion. Le peuple se passionnait pour le chant des chorals. Au xviie siècle, les compositions de Philip Nicolaï (1556-1608), Melchior Franck (1580-1639), Paul Gerhard (1607-1676), ont inspiré aux musiciens les mélodies de chorals qui demeurent parmi les plus belles de la musique protestante. Le travail incessant de plusieurs générations de maîtres musiciens allait contribuer à l’édification d’un ensemble monumental de chorals. C’est ainsi qu’en 1697, un immense recueil de huit volumes, publié à Leipzig en contenait près de cinq mille ! Cet ouvrage faisait partie de la bibliothèque de J.-S. Bach et c’est là qu’il a puisé sans cesse les mélodies de ses plus profondes méditations religieuses. Le développement de cette œuvre immense et sa fécondation reviennent à l’Allemagne seule.

Les évolutions des XVIIe et XVIIIe siècles

Les persécutions dues à la Révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV en 1685 eurent tôt fait d’éteindre chez les protestants français une vie artistique et spirituelle organisée.

Quant à l’anglicanisme, qui s’était contenté de traduire en langue vernaculaire les hymnes traditionnelles de l’Église romaine, il ne créa rien d’équivalent aux chorals luthériens ou aux psaumes huguenots.

Vers la fin du xvie siècle et au début du xviie siècle, on apprit à connaître, en milieu protestant, le concerto d’église venu directement d’Italie, où les instruments venaient se joindre aux voix. En Allemagne, Heinrich Schütz (1585-1672), joua un rôle de premier plan dans cette acclimatation du concert à l’église ; la musique d’orgue atteignait des sommets avec des compositeurs tels que Pachelbel, Buxtehude, Böhm, et bien sûr, Johann Sébastian Bach. Jusqu’au xviie siècle, les églises chantèrent les chorals à l’unisson sans accompagnement harmonique, soutenus par le chœur, chantant lui aussi à l’unisson. Mais, peu à peu, le chant savant du chœur en vint à remplacer, au moins partiellement, le chant de l’assemblée, qui se contenta d’écouter. La musique redevint alors ce qu’elle était avant la Réforme, un ornement du culte pour les initiés.

C’est au cours de la deuxième moitié du xviie siècle que devait s’élaborer le Choral-Styl dont Bach (1685-1750) donna l’exemple d’une réalisation achevée. Abandonnant le style figuré des motets (prières vocales en marge de la messe, à une ou plusieurs voix et souvent avec instruments), le style des entrées successives ou l’imitation fuguée, le chant devint syllabique, et l’orgue put alors s’emparer du choral, remplacer le chœur et entraîner l’assemblée dans un chant de la plus haute tenue artistique.

Participèrent à cette transformation jusqu’à Bach, Hans-Leo Hassler, Melchior Vulpius, Melchior Franker, Michel Praetorius, Johann Krüger. Heinrich Schütz en représente la figure majeure.

Le xviie et le début du xviiie siècle constituent en Allemagne une période extrêmement productive. À part la famille des Bach, on peut citer Georg Friedrich Haendel. Ils écrivirent davantage pour le concert spirituel que pour le service divin. Dans leur production, qui fait place au récitatif parlé et aux airs ritournelles, le choral ne joue plus aucun rôle. Sous l’influence d’un siècle entier de musique de concert, le choral va oublier rapidement ses sources populaires. Après 1675, le choral est en pleine décadence. Seul un grand mystique comme Johann Sébastian Bach saura encore enrichir sa musique de cet inestimable trésor. Après lui, la décadence et l’oubli seront irrémédiables.

  1. 8-La musique du Réveil

Le pré-réveil

Riche de chants évangéliques dans les pays où la Parole de Dieu avait libre cours, en Allemagne, en Angleterre, le xviiie siècle est pauvre en cantiques français. Voltaire n’enseigna pas à chanter, mais à rire de tout. Et le cantique, qui aurait dû naître dans la paix relative de la seconde moitié du xviiie siècle, surgit soudainement à partir de 1815.

Zinzendorf avait restauré la communauté fondée par Jan Hus. Il est le plus abondant des poètes chrétiens du xviiie siècle. On dit qu’il composa plus de 2 000 hymnes et poèmes ; le recueil morave en contient encore 240.

Le réveil en pays francophone

Les psaumes de Clément Marot restaient appréciés, mais ne paraissaient plus suffisants pour traduire exactement les sentiments du chrétien d’alors. Il fallut donc créer de nouveaux recueils. Celui de l’église du Bourg-de-Four à Genève, berceau du réveil, le Choix de cantiques chrétiens, est dû à Henri-Louis Empeytaz, Émile Guers et Ami Bost. Parallèlement, César Malan devint le « chantre du réveil » : il a écrit plus de 1000 cantiques, paroles et musique bien souvent, dont un grand nombre fut publié dans les Chants de Sion (1828).

En 1834, les Chants chrétiens apparurent, édités par Henri Lutteroth, qui, avec l’aide de sa femme, innova en choisissant des airs de Haydn, Beethoven, Haendel, Mozart, etc.

Plus tard, dans les années 1870, le message évangélique retentira à nouveau, porté sur les ailes d’un autre recueil, les Cantiques populaires, issus du ministère du pasteur Mac All à Paris. Dans l’évangélisation populaire qu’il pratiquait, le cantique change de caractère. Il n’est plus une prière ou une louange, mais un témoignage et, plus souvent, un appel à ceux qui sont étrangers à l’Évangile. Comme le public n’est pas, en général, musicien, les airs choisis sont simples.

Le réveil en pays anglophone

Les Anglo-saxons ont fourni une foison de cantiques, graves, simples, sans fioritures, sans tristesse.

Dans la dernière moitié du xixe siècle, l’Amérique connut plusieurs mouvements religieux où le chant joua un rôle important et eut partout un caractère populaire marqué. Pour seconder les prédicateurs dans leur action, Dieu utilisa des hommes de piété et de talent, qui réunissaient à la fois des dons de poète, musicien et soliste, comme Philipp Bliss ou Ira-D. Sankey qui accompagnait Moody.

* * *

S’ouvre ensuite le xxe siècle, où la musique chrétienne a connu un très grand développement, marqué par une diversité croissante — et en rendre compte irait au-delà du propos de cet article !

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)