La loi de la liberté

Celui qui a plongé ses regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui persévère… en la pratiquant activement, celui-là sera heureux dans son action même. Jac 1.25

La loi de la liberté: Cela vous étonne? Il semble difficile de concilier loi et liberté. N’y a-t-il pas contradiction dans les termes?

Peut-être faudrait-il commencer par définir ce qu’on entend par liberté. L’idée prévalant, c’est de pouvoir faire exactement ce qu’on veut, comme on veut et quand on veut. Mais cela existe-t-il 7 Dieu lui-même est-il libre de cette manière-là? Vu que Dieu est amour et justice, comme la Bible nous le révèle, est-il libre d’agir injustement 7 Je sais que, sur le plan de la philosophie, on peut contester ce que je viens de dire. Mais je ne veux pas philosopher sur la liberté. J’aimerais comprendre ce que la Bible dit de la liberté et cerner de plus près quel est le contenu de la loi de la liberté dont elle parle.

Quand Dieu créa l’homme, il le créa à son image. Cela implique, entre autres, que l’homme est libre de choisir. Mais une fois qu’on a fait un choix, on a du même coup mis une limite à sa liberté. Les époux qui ont choisi de se promettre une fidélité à vie ne sont pas libres de chercher ailleurs une satisfaction qui ne peut être qu’aléatoire. Liberté n’est jamais licence.

Revenons à la création. Qui dit jardin d’Eden pense arbre défendu. Pourtant, il y avait une quantité d’arbres portant une variété multiple de fruits dont aucun n’était défendu – sauf un seul! La liberté était quasi totale: un seul fruit défendu parmi des milliers d’autres! Une seule limitation: un seul fruit à ne pas choisir. Adam et Eve, les deux créés à l’image de Dieu, je le rappelle, avaient une liberté de choix pratiquement totale, sauf sur un seul point. La loi que Dieu leur avait donnée peut se résumer ainsi: Tout est permis, sauf une seule chose. C’était une loi de liberté.

Or, Eve et Adam, c’est-à-dire l’homme a choisi de passer outre à l’unique restriction proposée par Dieu. En faisant cela, il a passé à côté du but, ce qui est le sens du mot « pécher ». Il a passé outre à sa destination, qui consistait en une entière liberté de faire le bien. Il a ainsi entraîné toute la race humaine dans le péché, dans le mal. Dès lors, l’homme n’a plus respecté le domaine de la liberté que Dieu lui avait donné. Il se sent libre dans le domaine du mal, qui se trouvait en dehors du libre choix que Dieu lui avait accordé. En conséquence, l’homme perd la notion de ce qui est permis et fait des choix qui lui enlèvent sa liberté. Il devient l’esclave de ses instincts.

L’adage de la Révolution française: « Liberté, égalité, fraternité », n’a aucune chance d’être jamais réalisé. D’une part, l’homme a perdu la liberté de faire même le bien qu’il voudrait faire (relisez Rom 7.14-25); d’autre part, l’égalité n’existe même pas dans la divinité, où le Fils est soumis au Père (1 Cor 15.28). Quelque idéologie qu’on ait voulu appliquer sur le plan politique et sociologique, dans la pratique il n’y a ni liberté ni égalité. Quant à une authentique fraternité, vous ne la trouverez que parmi les hommes de la nouvelle race, celle des fils de Dieu en Jésus-Christ.
L’homme pécheur – et tout homme l’est dès sa naissance (Rom 3.9-12) – ne sait plus choisir ce qui est inclus dans le cadre de la liberté que Dieu lui a donné. C’est pourquoi Dieu a dû donner une loi détaillée à l’homme, pour délimiter ce qui tombe dans la possibilité des bons choix, en interdisant ce qui constitue les mauvais choix. C’est la loi de Moïse (donnée par Dieu), résumée dans les dix commandements: « Fais ceci, mais ne fais pas cela! » L’homme peut choisir ce qui est bien et rejeter ce qui est mal, simplement en suivant la loi de Dieu. Mais peut-il le faire? Non, nous dit la Parole. Il n’y a pas un seul qui fasse le bien, même celui qui aimerait le faire!

Comment s’en sortir? La solution vient de Dieu. Il a décidé de ne pas compter les faux choix, mais de gracier le pécheur. Cependant, comme Dieu est juste, le châtiment du péché doit être subi par quelqu’un, et quelqu’un d’innocent, pour satisfaire à la justice de Dieu. Et comme Dieu est aussi amour, il a lui-même donné la possibilité de faire grâce en donnant son Fils comme sacrifice expiatoire.

Nous avons l’habitude de dire que « nous ne sommes plus sous la loi, mais sous la grâce ». Alors comment comprendre que nous devons écouter et pratiquer la loi de la liberté dont parle Jacques (2.12-13)? La loi, dont Paul dît qu’elle est sainte, juste et bonne (Rom 7.12), nous permet de connaître Dieu. La loi nous dit quelles sont les actions et les attitudes qui s’accommodent avec le caractère de Dieu. La personne de Dieu (Père, Fils et Saint-Esprit) est au centre de toute réalité. Tout existe parce que Dieu existe. Sa loi exprime donc le caractère de Dieu. Et la loi se trouve aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament. Ecoutons plutôt:
Jésus dit: N’agissez pas comme les Pharisiens, soyez sincères.
Paul dit aux Ephésiens: Imitez Dieu ; aimez-vous.
Pierre dit: Soumettez-vous aux autorités à cause du Seigneur.
Ces commandements du Seigneur et des apôtres sont adressés à des croyants régénérés.

Pourtant, Paul fait remarquer que la loi ne nous rendra pas libres, car elle est sans puissance (Rom 8.3). Il va plus loin: Nous sommes dégagés de la loi (Rom 7.6). Christ est la fin de la loi, en vue de la justice pour tout croyant (Rom 10.4). Et c’est cette dernière phrase qui nous donne la clé.

Le chrétien se trouve sous le régime de la grâce. La question est posée:
La loi n’est-elle plus valable pour le chrétien?
La réponse est: oui et non.

Non, parce que la loi ne justifie personne devant Dieu. Christ a mis fin à la loi en tant que moyen de justification. Même en tant que chrétien, je ne saurais observer toute la loi. Donc, dit Paul, si Dieu m’accepte, c est en dehors des exigences de la loi ; c’est en acceptant que Jésus-Christ a tout fait pour que Dieu puisse me gracier. Tout ce que j’ai à faire si je veux bénéficier de cette grâce, c’est dire oui et merci. C’est ce que la Bible appelle la foi. Aussitôt que j’observe la loi dans l’idée de me justifier devant Dieu, j’oublie que seule l’oeuvre de Christ peut me justifier et donc me sauver de la condamnation que je mérite en tant que pécheur. Je dois être libéré de l’idée que de garder la loi (aussi celle exprimée dans le NT) soit tant soit peu méritoire. C’est cette liberté-là que Paul vise quand il écrit aux Galates: C’est pour la liberté que Christ nous a libérés (5.1).

Je repose ma question en ces termes:
La loi est-elle encore valable pour le chrétien vivant sous le régime de la grâce?
Et la deuxième réponse est: oui.

Comme la loi décrit le caractère de Dieu, elle nous montre comment agir pour lui ressembler. Si je veux donc savoir comment vivre, je dois méditer la loi de Dieu. Si vous suivez mon enseignement…, vous connaîtrez la vérité, et elle vous rendra libres (Jean 8.31-32). C’est de cette loi parfaite de la liberté qu’écrivait Jacques.

Mettons que j’aie acheté un appareil au mécanisme compliqué. Si je ne lis pas soigneusement le mode d’emploi qui l’accompagne, il y a bien des chances que je n’arrive pas à le faire fonctionner comme il faut. De même, l’homme a été conçu d’une certaine manière, aussi bien physiquement que spirituellement. Plus près il vit du mode d’emploi divin, plus libre il sera.

Mais comment cela se passe-t-il en pratique? La réponse est très simple: Nous devons aimer la loi de Dieu. Nous devons la recevoir comme Paul: Le commandement est saint, juste et bon. Mais toujours en nous rappelant sans cesse: Dieu nous pardonnera tout échec que nous subirons en essayant de garder son commandement. Oui, vous avez bien lu: Jamais plus Dieu ne nous condamnera quand nous enfreindrons sa loi. Là où le péché s’est amplifié, la grâce a surabondé (Rom 5.20).

« Ah bon! Alors, on peut pécher tant qu’on veut! » C’est ce qu’on reprochait à Paul d’enseigner. Mais cela contredit tout l’enseignement de Paul, et tout ce que j’ai essayé de dire ici.

En fait, Jésus-Christ nous a placés dans un nouveau jardin d’Eden. Quand Dieu a créé Adam et Eve, il a créé l’amour. Le péché l’a détruit: La femme que tu m’as donnée… Quel reproche envers Dieu, et quel mépris pour Eve! Ce n’est plus le langage de l’amour… Or, quand Dieu nous a recréés par la nouvelle naissance, donc par le Saint-Esprit, il a créé des créatures d’amour. Le Saint-Esprit répand l’amour de Dieu dans nos coeurs (Rom 5.5). Toute la loi est résumée par le seul commandement d’aimer (Mat 22.36-40). Cet amour concerne l’être humain tout entier, comme Jésus le rappelle aux Pharisiens en citant Deut 6.5:
Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur: cela implique la volonté ;
de toute ton âme: cela implique les sentiments ;
de toute ta pensée: cela implique la raison.
Tu aimeras ton prochain comme toi-même: donc toute sa personne, malgré tous ses défauts.

C’est de nouveau la liberté totale dans le jardin, c’est-à-dire dans les limites de la volonté morale de Dieu. Cela sous-entend que j’aime Dieu, donc aussi que j’aime sa loi. La loi d’amour, nommée loi royale par Jacques (2.8), commence par Dieu. Et son observance n’est pas à bien plaire c’est un commandement! Si vous l’observez, vous faites bien, dit Jacques. Sinon – logiquement – vous faites mal. C’est une loi de liberté parce que seul l’amour nous rend libres, libres envers nous-mêmes en nous libérant de notre égocentrisme, et libres envers le prochain en nous libérant de toute mauvaise intention à son égard.

Cet amour est centré sur Christ. Mieux je connais Jésus-Christ, et par lui le Père, mieux je peux l’aimer. Et mieux j’aime Jésus-Christ, mieux je peux aimer mon prochain: mes parents, mon conjoint, mes enfants, mes frères et soeurs à la maison et à l’église, mes collègues, les personnes que je côtoie…

Mais comment faire pour mieux connaître Jésus-Christ? La parole a été faite chair (Jean 1.14): Jésus s’identifie avec la Parole. Mieux je connais la Bible, mieux je connais Jésus-Christ, mieux je connais Dieu. Jacques parle de la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes (1.21). Sauver mon âme, ma personnalité – de quoi, sinon de mon égoïsme, de ma fierté (« Je suis quelqu’un! »), de mes rancunes (« Je ne peux pas lui pardonner cela! »)… Je puis être libéré de tout cela. Il nous a engendrés… par la parole divine (Jac 1.18): Nous sommes nés de sa Parole, qui est une parole de grâce et d’amour.

De quelle qualité est-il, cet amour? Ne lisez pas trop vite, arrêtez-vous à chaque trait: Cet amour est

  patient,   serviable,
  il pardonne tout,   il croit tout,  
il espère tout,   il supporte tout,   il ne succombe jamais!


Et il y a bien davantage encore dans 1 Cor 13. En Christ, c’est possible, une fois que je sais que mon MOI a été crucifié avec lui à la croix et que ce n’est plus moi qui vis, mais Christ qui vit en moi (GaI 2.20). Dès lors, quelle liberté! Quel paradis!
Aimer Dieu mène forcément à aimer son prochain, et aussi à aimer sa Parole. Quand on aime quelqu’un, ce qu’il dit a de l’importance. Pour l’enfant de Dieu, la loi de Dieu n’est plus son juge (Jésus a été jugé à sa place) elle est son guide. Elle lui dit comment vivre pour accomplir la loi de la liberté, la loi royale de l’amour.
Nous devons être réalistes. Cela ne vient pas tout seul. Notre volonté est enjeu. Nous avons à nous évertuer à accomplir cette loi. Le NT est plein d’ordres que nous avons à prendre à coeur. Relisez Eph 5.9-20: Faites ceci, ne faites pas cela! Veillez – rachetez le temps – comprenez la loi du Seigneur – ne vous enivrez pas – soyez remplis de l’Esprit -remerciez continuellement Dieu. Ce sont des ordres, et ils s’adressent à notre volonté. Pierre écrit: Faites tous vos efforts pour connaître, pour vous maîtriser, pour persévérer, pour vous aimer (2 Pi 1 .5-7).
La loi de Dieu, exprimée par Jésus et les apôtres, nous rend libres d’aimer. Nous avons une totale liberté dans le jardin de l’amour de Dieu dans lequel Dieu nous a réintégrés par la foi en Jésus-Christ. Mais comment décider pratiquement ce que je peux faire, ce que je ne dois pas faire ? Je crois pouvoir dire ceci: J’ai le choix de faire tout ce qui est compris dans la loi morale de Dieu, qui est résumée par la loi de l’amour. Je peux choisir de me marier ou de rester célibataire, veuf ou veuve. Je peux choisir de manger de la viande ou d’être végétarien. Je peux choisir de boire du vin ou de m’en abstenir. L’un n’est pas meilleur que l’autre.
Dans le cadre du mariage, la sexualité peut s’épanouir librement. Par contre, vivre sa sexualité ailleurs ou autrement que dans le mariage, c est sortir de la loi de l’amour, c’est enlever la liberté qui n’existe que dans le cadre du couple marié. Non pas que l’adultère soit irrémédiable: repentance et pardon sont toujours possibles. Mais tout adultère enlèvera la liberté dans le couple, pendant qu’il dure et pendant un certain temps après la réconciliation, parce que la loi de la liberté, et donc de l’amour a été enfreinte.
La liberté d’aimer est liée à l’observation de l’exclusivisme de Dieu. Tu es libre d’aimer ton conjoint tant que tu veux, mais pas quelqu’un d’autre. Tu es libre d’aimer Dieu totalement, mais aucun autre seigneur.
Dans ce jardin de l’amour de Dieu, tout est permis. C’est la loi de la liberté, la loi royale de l’amour, selon l’Ecriture. Lisons-la, étudions-la, imprégnons-nous de la Bible!

Maintenant donc, trois choses demeurent: la foi, l’espérance, l’amour; mais la plus grande, c’est l’amour.

Jean-Pierre SCHNEIDER

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)