La loi de Dieu, fondement de l’ordre législatif

ETHIQUE

Les lois qui gouvernent nos sociétés sécularisées, c’est-à-dire affranchies de toute référence à une loi absolue d’origine divine, sont bien souvent purement arbitraires, lois uniquement positives et sans référence à une quelconque justice. Telle n’est pas la volonté de Dieu pour le gouvernement des hommes. La loi de Dieu manifeste l’ordre voulu par lui pour les hommes, pour sa création tout entière. Si les dix commandements sont le condensé de l’ordre que le Créateur et Législateur divin a établi pour les hommes pris individuellement, ils le sont également pour les hommes vivant en société. Car il est impossible de séparer l’homme individuel de l’homme social. L’homme est créé par Dieu pour vivre en société. La société, en fait, n’est rien d’autre que le rassemblement d’individus vivant dans un certain ordre. La base de toute société digne de ce nom est évidemment le noyau familial d’institution divine. Vu que Dieu est le créateur de 1’homme et de la société et que c’est lui qui leur a donné leur ordonnance fondamentale, il s’ensuit nécessairement que c’est cet ordre divin, défini une fois pour toutes par la loi de Dieu, qui constitue la base de toute justice tant individuelle que publique.

Pour le peuple de Dieu, la condition du bonheur et de la prospérité se trouvait dans la foi en Dieu et l’obéissance à ses commandements, il ne peut en être autrement pour les autres hommes, pour les nations de ce monde. Ces paroles adressées par Dieu au peuple d’Israël le sont aussi aux nations: L’Eternel nous a commandé de mettre en pratique toutes ces prescriptions et de craindre l’Eternel, notre Dieu, afin que nous soyons toujours heu. et qu’il nous conserve la vie, comme il le fait aujourd’hui. Pour nous la justice sera d’observer et de mettre en pratique tous ces commandements devant l’Eternel, notre Dieu. comme il nous l’a commandé (Deut 6.24-25).

Le magistrat doit, en tout temps et en tout lieu, glorifier Dieu dans l’exercice de sa fonction, car il a été établi dans sa charge de juge par Dieu afin de rendre la justice. Pour plaire à Dieu et travailler au bien du peuple sur lequel il exerce son autorité, il lui faudra effectivement rendre justice, c’est-à-dire punir les malfaiteurs et protéger ceux qui font le bien, et cela selon les critères immuables d’une loi transcendante. Car pour le magistrat dans l’exercice de ses fonctions, comme pour tout homme d’ailleurs, la distinction entre bien et mal ne saurait ignorer le critère de la loi divine. Si le magistrat ne sévit pas contre ceux que la loi de Dieu désigne comme malfaiteurs, il deviendra lui-même le bourreau du peuple sous son autorité, car ce serait grâce à sa négligence que les gens de bien seront livrés sans protection aux méfaits des criminels impunis par la loi.

Pour prendre un exemple précis, le refus des magistrats dans nos démocraties contemporaines de punir les avorteurs, tant parents que médecins et infirmières, comme l’exigerait la loi de Dieu, ne peut avoir d’autre effet que d’encourager ceux qui désirent se débarrasser de leurs enfants, car ils peuvent commettre ce crime affreux impunément. Le droit n’appliquant plus les peines prévues par la loi divine, l’enfant avant sa naissance n’est plus protégé des desseins meurtriers des parents ou des médecins. Ainsi, dans l’opinion des masses, l’acte horrible de l’avortement est banalisé, et la conscience des citoyens est cautérisée sur cette question. Ce n’est pas impunément qu’une société enfreint ainsi la loi divine. Si les magistrats n’appliquent pas individuellement le jugement divin sur les crimes publics, il est inévitable que Dieu lui-même s’en chargera par des jugements qui seront alors collectifs. La dénatalité effrayante qui frappe tous nos pays, qui se refusent de punir l’avortement comme il le mérite, est certainement un de ces jugements de Dieu. Nous en verrons bien d’autres si nous ne nous détournons pas de cette voie abominable.

Mais que faire lorsque l’iniquité du peuple s’est développée au point qu’il devienne en fait impossible de faire pénétrer les exigences de la loi de Dieu dans le système judiciaire, dans le droit? Serait -il alors utile, comme le proposent certains, d’inscrire, par exemple, les dix commandements au préambule de la constitution du pays? Un tel respect purement formaliste de la loi de Dieu ne ferait que marquer de manière juridique, la contradiction radicale qui existerait entre les exigences de Dieu et le droit effectivement pratiqué dans le pays. A l’iniquité flagrante on ajouterait un péché de plus: l’hypocrisie. A la longue, un tel procédé purement formaliste ne pourrait qu’encourager le peuple au mépris des lois. L’institution de lois sévères, plus ou moins conformes aux exigences de la loi de Dieu mais qui ne seraient jamais appliquées, aurait pour effet d’encourager le peuple au mépris des lois qui seraient formellement exigeantes, mais que les magistrats n’appliqueraient jamais.

Par ailleurs, la manie moderne de constamment changer de lois aboutit aussi à énerver complètement le respect dû aux lois. La démangeaison législative que nous connaissons ne peut que produire l’effet le plus nuisible. En effet, tout changement de loi devrait se faire avec beaucoup de prudence et seulement quand des nécessités contraignantes l’obligent, car l’efficacité des lois est largement due à l’habitude qu’ont les hommes de leur obéir. Du reste cette obsession légiférante de nos parlements vient essentiellement de leur usurpation de la souveraineté divine, car seul Dieu détient, en fin de compte, le pouvoir législateur .

Remarquons aussi qu’en coupant le droit positif, ce que nous nommons l’état de droit, de toute loi immuable et juste, on affaiblit le respect dû aux lois. Cela est non seulement vrai de ceux qui y sont assujettis mais aussi de ceux-là mêmes qui ont pour tâche de les faire respecter. Car s’il n’y a plus de sanction divine, proprement religieuse, aux lois elles-mêmes, l’incitation à les respecter perd beaucoup de sa force. C’est ainsi qu’un droit purement positif à la longue, ne sera même plus appliqué par des magistrats qui refusent toute valeur juridique plus haute que l’état actuel du droit. Dans de telles circonstances les juges n’ont plus, ni les moyens, ni des raisons suffisantes pour résister aux pressions sociales, économiques, politiques et idéologiques qui pèsent sur l’application effective du droit.

La loi, l’état de droit effectivement appliqué, deviendra alors le jouet arbitraire des fantaisies des juges, des évènements, des groupes de pression, des mouvements d’opinion, pour tout dire des intérêts de ceux qui détiennent effectivement le pouvoir. Il subira, lui aussi. les avatars de notre démocratie absolue. Le droit purement positif aboutit paradoxalement à la déliquescence du droit dont le formalisme a pour but de camoufler l’arbitraire (1).

Faut-il alors, comme d’autres le suggèrent, suivre l’état de l’opinion et se contenter uniquement d’un droit qui puisse être appliqué sans encourir d’opposition sérieuse dans la population ? Ainsi on refuserait systématiquement d’introduire dans le code pénal des lois qui seraient «inapplicables». On ne peut guère imaginer une attitude plus démagogique, plus «démocratique» , comme si le juge avait l’obligation de solliciter l’approbation de ceux sur lesquels devait peser son jugement! Ce désir de maintenir dans la cité une paix tout extérieure ne témoigne guère de souci, ni pour l’honneur de Dieu, ni pour le bien véritable de nos concitoyens. C’est évidemment aussi faire preuve de bien peu de foi en la puissance divine pour transformer les vies. C’est admettre que la création de Dieu appartient de fait à Satan. C’est nier la double appartenance de l’univers, et de la société humaine qui en fait partie, à Jésus-Christ, d’abord du fait de la création et ensuite en conséquence de la rédemption. C’est méconnaître la portée véritable de l’oeuvre du Christ à la croix et de la victoire de la foi du chrétien sur le monde.

Bien différente est l’optique du chrétien véritable. Avec une foi inébranlable en Dieu, il doit travailler, sans relâche et avec persévérance, au rétablissement de la loi de Dieu dans l’esprit des chrétiens. Ensuite cette loi doit être proclamée comme la norme de toute morale et de tout droit, non pas pour les seuls chrétiens, mais pour tous les hommes et pour toutes les institutions humaines. Seule une telle voie permettra à nos pays de retrouver le chemin de la justice et d’écarter les redoutables menaces de jugement qui pèsent sur nous vu notre impiété et notre iniquité publiques. C’est ainsi que l’Evangile redeviendra cette force pour la transformation des vies.

Mais une nouvelle question nous attend ici. Les lois judiciaires inscrites dans les cinq livres de Moïse et commentées et précisées dans le reste de la Bible, peuvent-elles sans autre être appliquées aux nations qui, depuis la Pentecôte, reçoivent la prédication de l’Evangile du royaume de Dieu? Ou bien certaines de ces lois «judiciaires» ne s’appliqueraient qu’au peuple d’Israël dans le dessein de le préparer à la manifestation du Messie? Nous savons que Calvin, suivant ici très étroitement l’enseignement de Thomas d’Aquin, prétendait que les lois «judiciaires» bibliques étaient maintenant abrogées et que les peuples qui recevaient l’Evangile devaient être gouvernés par ce qu’il appelait la «loi des nations» (2). Il est à remarquer que contrairement à son habitude, il n’apportait aucune preuve biblique à une affirmation aussi importante. Sur ce point précis, des réformateurs aussi éminents que Martin Bucer et Pierre Viret ne partageaient aucunement l’avis de leur collègue de Genève (3). Pour eux toute la loi de Dieu constituait le fondement, non seulement de ce que nous appelons la «morale», mais du droit lui-même. Il est d’ailleurs clair qu’une telle séparation entre la morale et le droit ne peut s’opérer dans cet ensemble que constitue la loi divine. Ce fut également l’opinion des Puritains fondateurs de la Nouvelle Angleterre et, bien avant eux, de l’Eglise du moyen âge.

Après des siècles où les implications de la loi de Dieu pour la saine élaboration du droit ont été largement oubliées, tant par les hommes d’église que par les juristes, ces questions ont à nouveau été étudiées par toute une série de penseurs américains qui renouaient ainsi avec cette important courant de pensée chrétienne. II faut ici citer les noms de Frederick Nymeyer, de Robert Ingram, de Francis Nigel Lee, de Greg Bahnsen, de John Whitehead, de Gary North de Rousas Ruschdoony et de Walter C. Kaiser (4). Dans nos pays francophones, un Pierre Courthal se réclame explicitement de cette école de pensée calviniste. II serait indispensable que de nombreux intellectuels chrétiens s’attaquent aujourd’hui à la traduction actuelle des lois mosaïques dans le contexte de notre civilisation. Une transposition purement mécanique des lois bibliques n’est ni souhaitable ni possible vu les nombreux changements culturels et techniques qui nous séparent de l’ancien Israël. Certaines rigueurs de la loi mosaïque seraient, elles non plus, guère applicables aujourd’hui. Mais ces lois anciennes gardent tout leur sens et ne peuvent être négligées que pour notre perte.

Un immense chantier s’ouvre devant ceux qui veulent découvrir l’ordre éthique que Dieu désire voir s’instaurer dans nos vies personnelles, familiales et publiques. Construire quoi que ce soit en dehors du plan et de l’ordre de Dieu, révélé dans sa sainte loi, n’est rien d’autre que construire sur du sable. Que Dieu nous aide à sonder sa Parole, à méditer sa loi nuit et jour, pour que nous puissions commencer à reconstruire nos familles, nos entreprises, nos écoles, notre société tout entière de manière à ce que tout ce que nous fassions puisse glorifier Dieu. C’est ainsi que nous accomplirons le dernier ordre de notre Seigneur et Maître Jésus-Christ.

«Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la/in du monde.» (Mat 28.19-20).

NOTES

(1) Sur ces questions voyez l’ouvrage suivant: Michel de Preux: Une Suisse totalitaire
L’Age d’Homme (Lausanne) 1984
(2) Jean Calvin: L’Institution chrétienne. Livre IV, ch. XX. Par. 14 Laboret Fides, t.W,p.464 (Genève) 1958
Thomas d’Aquin: Somme théologique: La loi ancienne la liae Qu 98-105
(3)Martin Bucer: Traité de l’amour du prochain ( 1523 ) Revue d’histoire et de philosophie religieuses. 1947, p. 187
Pierre Viret: Le monde à l’empire (Genève) 1561 p. 91-92 Voyez surtout son «Instruction chrétienne en la loi et l’Evangile» de 1564
(4) F. Nymeyer: First Principles in Morality and Economics Libertarian Press (South Holland, Illinois) 1955-1961 (6 vols)
R. lngram: The World Under Golfs LawSt Thomas Press (Houston) 1962

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)