La justice en entreprise

Le monde du travail est un domaine où la justice est réclamée, en particulier entre employeurs et employés.
• L’employeur cherche un juste équilibre entre le coût du travail de son salarié et son efficacité productive.
• L’employé cherche à être traité de façon juste et impartiale.

Dans ce cadre de valeurs communément admises, le manager chrétien se trouvera confronté à des conflits d’intérêts et de priorisation des valeurs :
Comment concilier justice, équité et efficacité ? Comment rester juste quand il faut prendre des décisions lourdes de conséquences pour les personnes (sanctions, licenciements, révision de conditions salariales…) ?
Comment intégrer les fragilités sans provoquer de sentiments d’injustice ? Comment véhiculer cette justice dans les relations avec l’ensemble des partenaires ?

Sans prétendre répondre à toutes ces questions, nous chercherons dans la Parole de Dieu quelques textes ou quelques exemples qui nous indiquent un chemin de cohérence.

Une juste rémunération ou juste une rémunération (Mat 20.1-16)

La parabole des ouvriers de la onzième heure s’adresse tant à l’employeur qu’au salarié. Le maître invite chacun de ses ouvriers à se concentrer sur le « contrat » passé avec lui, en évitant de se mesurer aux autres.
Il est donc important pour chaque salarié d’être à l’aise avec l’équilibre du contrat de travail sur tous les plans : financier évidemment, mais également en termes de conditions d’exécution des tâches (ou de qualité des conditions de travail) et de niveau des objectifs attendus. Les comptes sont soldés dès lors que chaque partie a rempli sa part du contrat : le salarié ayant effectué sa tâche, l’employeur ayant réglé la somme convenue.
L’enseignement de Jésus dans la parabole va au-delà du pur contractuel pour évoquer la grâce du salut : la rémunération est identique puisque symboliquement il s’agit du salut, le même pour tous.
Toutefois, sur un autre plan, le récit montre que le seul équilibre « contractuel » ne suffit pas à créer ou maintenir un sentiment de justice entre les salariés.
Est-ce à dire qu’une démarche de « bonification » ponctuelle de la part de l’employeur serait donc impossible car considérée comme injuste par les autres membres des équipes ? Non, si elle est justifiée par des éléments factuels.
Par ailleurs, il existe des formes de rémunération égalitaires (quels que soient la rémunération, le temps de travail, la qualité de travail ou même le temps de présence) qui sont perçues par les équipes comme équitables, comme par exemple des prestations du comité d’entreprise.[note] En France, le comité d’entreprise offre des prestations sociales, culturelles, sportives, de voyage, etc., aux salariés. Elles sont souvent indépendantes des termes du contrat : les enfants
d’une employée à mi-temps ont tout autant droit à l’arbre de Noël de l’entreprise que ceux d’un cadre dirigeant à plein temps.[/note].

Le refus de l’optimisation à tout prix (Lév 19.9-10,15)

L’Ancien Testament enjoignait au propriétaire d’un champ de ne pas moissonner les bords de son champ, ni de cueillir les grappes oubliées, ni de ramasser les grains tombés, mais de les laisser au pauvre et à l’étranger.
Nous pourrions transposer ce commandement en une invitation pour l’entreprise à ne pas avoir pour objectif principal la maximisation du profit pour elle-même mais à laisser volontairement une part de ses ressources pour le bien commun et en particulier pour les parties prenantes — au premier rang desquelles se trouvent les salariés. C’est ainsi que des mécanismes de participation des salariés aux bénéfices de leur entreprise sont mis en place.
L’entreprise est aussi incitée à ne pas rechercher d’optimisation technique visant à augmenter son profit à tout prix. Dans cet esprit on peut citer : faire de l’optimisation fiscale, se limiter à la stricte application des minima légaux de rémunération des salariés ou encore aller jusqu’aux limites réglementaires permettant de proposer un service ou un produit le plus cher possible.
Ces instructions de l’Ancien Testament se concluent par un appel à juger son prochain avec justice (Lév 19.15). Notons que la justice consiste en un équilibre qui ne favorise ni le fort ni le faible.
Cette « juste » répartition doit prendre en compte une relation équilibrée avec l’ensemble des partenaires, y compris les fournisseurs, qui devraient percevoir une rémunération convenable leur permettant de rémunérer correctement leurs propres salariés. Ces éléments peuvent faire partie d’une contractualisation avec les fournisseurs dans le cadre de labellisation ou d’engagements volontaires [note] Certains labels attestent du respect par l’entreprise de relations équilibrées avec ses
fournisseurs tant sur le plan économique que sur le plan juridique, permettant au fournisseur de respecter des normes environnementales et sociétales minimales. Citons par exemple le « Label Relations fournisseurs & Achats responsables » délivré par l’État français.[/note].
Dans le même ordre de préoccupation, il est aussi juste de rémunérer l’utilisation des biens et services collectifs en honorant les impôts et taxes sur les lieux de consommation des ressources et des biens. Des réflexions sont également menées pour demander aux entreprises de contribuer au renouvellement des ressources naturelles détruites (ou consommées) par l’entreprise, ce qui est l’objet de la taxe carbone, par exemple. Ce principe pourrait être étendu à d’autres types d’impacts environnementaux.

Le management comme service (Jean 13.5 ; Luc 22.26-27)

Le Seigneur a décrit ainsi son « management » à ses disciples : « Que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Car quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » (Luc 22.26-27)
À son exemple, les managers chrétiens sont invités à être des leaders « serviteurs ». Cela signifie qu’ils font passer leur mission et les personnes qui en sont bénéficiaires avant leur propre intérêt. Cette façon de diriger peut paraître profondément inadéquate aux yeux de beaucoup car la vision habituelle associe l’autorité au pouvoir de disposer des autres pour son propre profit. Or nous pouvons découvrir que l’exercice de l’autorité est bien plus efficace et perçu comme plus juste lorsqu’il est vécu comme étant au service de l’autre. Une telle attitude rend légitime l’autorité sans en amoindrir sa réalité.
Si un manager est prêt à aider et à demander de l’aide en montrant ses propres fragilités, le salarié acceptera plus facilement de rendre également service à son manager. Alors les rapports deviennent plus équilibrés et créent un réel esprit d’équipe au service d’un but commun.

L’amputation pour le bien de l’ensemble

La perception de justice de traitement est relative à ce que nous estimons avoir fourni comme efforts en quantité et en qualité. Notre jugement se base alors sur les seuls éléments que nous voyons et il ignore les points qui ne nous concernent pas ou qui sont au-delà de notre perception.
Il se peut que des décisions difficiles doivent être prises dans l’intérêt du collectif, telles que des licenciements de nature économique ou le licenciement d’un collaborateur qui nuit à la bonne marche de l’entreprise. Le bien de l’ensemble oblige à se séparer d’un élément — un peu comme Jésus proposait de s’amputer d’une main pour « entrer dans la vie » (Mat 18.8).
Dans ce cas, une attitude juste consiste tout d’abord à expliquer les motivations — ce qui exige que celles-ci soient « avouables » — puis à mettre en œuvre, avec une attention particulière, un accompagnement moral, technique et financier.
L’objectif est de compenser, voire, s’il est possible, de tourner en bien la décision apparemment négative. L’expérience montre que la poursuite d’une démarche juste et pleine d’attentions (pour ne pas utiliser le mot « amour ») est non seulement efficace mais, dans de nombreux cas, également économiquement rentable et in fine pour le bien de tous.
Ainsi il est très souvent possible pour un manager chrétien de trouver un chemin conciliant vérité, amour et efficacité/rentabilité, sous réserve de ne pas mettre l’aspect économique au premier plan mais bien l’amour du prochain.

La juste réaction à l’injustice volontaire et à l’autoritarisme

Nous pouvons aussi être confrontés à des comportements volontairement opposés à la notion de justice. Celle-ci est alors considérée comme un obstacle à l’efficacité. Ce type de comportement peut se retrouver à tous les niveaux, mais aura des effets d’autant plus désastreux que la personne dispose de plus de pouvoirs dans l’entreprise.
Alors comment accepter des décisions ou des comportements que nous considérons comme profondément injustes ? Voici quelques pistes de réponse :
• Dire la vérité sans insister sur nos droits, en gardant une « attitude conciliante » (Phil 4.5, NBS).
• Accepter notre incapacité à changer les cœurs et les pensées des personnes.
• Rester confiant dans l’amour de Dieu pour nous (Rom 8.28,39), même s’il est parfois difficile de réaliser sur le moment que telle circonstance peut nous être bénéfique.
Enfin dire la vérité peut nous conduire à prendre la responsabilité de couper les liens avec les personnes qui ont un comportement profondément injuste.
Pour le manager, cela se traduira par ne pas licencier sans en avoir expliqué les raisons, et, si possible, avoir laissé l’occasion de changer et en tout cas dans le respect des droits du subordonné
Pour le subordonné, une coupure du lien sera plus délicate puisqu’il y a évidemment un enjeu de ressources, notamment en cas de rupture du contrat de travail. Bien évidemment la loi — au moins en France — prévoit des voies de recours permettant de contraindre l’employeur ou/et de protéger le salarié en cas de situation malveillante ou malsaine.
L’utilisation des moyens juridiques en vue de faire cesser des agissements injustes, nocifs et illégaux ne semble pas s’opposer au devoir d’obéissance envers les « maîtres selon la chair » visé en Éph 6.5, si les tentatives d’explications en vérité ont échoué.
Toutefois ces voies de recours, utilisables en cas d’impossibilité d’être entendu, sont rarement un moyen de rétablir une relation et encore moins d’atténuer le sentiment d’injustice ; elles permettent, d’une part, de réaliser une rupture dans des conditions économiques plus sécurisées et, d’autre part, d’obtenir une reconnaissance institutionnelle de l’injustice subie.
Ainsi il sera important de faire une double démarche personnelle d’acceptation et de pardon afin d’être libéré réellement d’une telle situation.

* * *
D’autres textes bibliques pourront être utilement mis à profit dans d’autres contextes de travail. Face à l’immense variété des cas rencontrés, il conviendra néanmoins de rester à l’écoute de ce que l’Esprit saint verse dans nos cœurs. Soyons assurés que notre Dieu juste et bon est présent dans chacune de nos situations de travail.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)