La guerre des paysans

1. Le contexte historique

La période de la Réforme en Europe n’a pas été qu’une époque de renouveau spirituel initiée par plusieurs réformateurs. Elle a aussi été un temps de troubles sociaux, d’épidémies, et de guerres[note]Après la peste noire (1347-1352) qui a tué entre 30 et 50 % de la population européenne, les épidémies de peste se poursuivent à travers toute l’Europe. D’autres guerres succèdent à la guerre de cent ans (1337-1453). Parmi elles, la guerre d’Italie avec sa célèbre bataille de Marignan (Italie – 1515). À l’Est de l’Europe, le Sultan Soliman I lance une expansion de l’empire Ottoman en direction de l’Europe, elle s’achèvera aux portes de Vienne le 16 octobre 1529.[/note] . Ainsi dans des régions situées dans le Sud de l’Allemagne, le Sud de l’Autriche et l’Est de la France, des jacqueries éclatent sous forme d’émeutes, de conspirations, de soulèvements et de mutineries. On appellera ces révoltes le mouvement du Bundschuh (chaussures à lacets) qui durera de 1493 à 1517. Sur le plan social, la basse noblesse, en déclin, se marginalise, pille et brigande ici et là, rendant le courroux des paysans encore plus dur. C’est dans ce contexte que la Réforme va prendre racine, période de troubles, d’insécurité et d’incertitudes politiques, économiques, religieuses et sociales.
Elle est initiée par Martin Luther qui monte au créneau dès 1517 et dénonce les abus de l’église catholique romaine par la publication de ses 95 thèses sur la porte de l’église de Wittenberg. Mais à côté de ses travaux théologiques, Luther s’implique aussi dans des travaux d’ordre social et politique. Citons parmi ses écrits :
– À la noblesse chrétienne de la nation allemande sur l’amendement de l’état chrétien (1520)
– De l’autorité temporelle et des limites de l’obéissance qu’on lui doit (1523)
– Contre les hordes pillardes et criminelles de paysans (1525)
– Les soldats peuvent-ils être en état de grâce ? (1526)
– Le devoir des autorités civiles de s’opposer aux anabaptistes par des châtiments corporels (1536)
Parallèlement à Luther, un autre personnage prend de l’importance, Thomas Müntzer (env. 1489-1525). Ce dernier, né de parents pauvres, devient prêtre auxiliaire à Halle (Saxe-Anhalt) avant de rejoindre Luther dans le mouvement de la Réforme. Nommé pasteur à Zwickau (Saxe) en 1520, Müntzer va entamer un combat nettement plus radical et développer des idées personnelles liées à une révolution sociale. Son amitié avec Luther ne durera pas. En 1523, il s’en prend à lui dans ses écrits et profite des révoltes paysannes pour développer ses idées. En juin 1524 naît un nouveau mouvement de contestation dans le pays de Bade (Sud-Ouest de l’Allemagne actuelle) près de Schaffhouse. Les paysans sont soumis par leurs seigneurs à une corvée de ramassage de coquilles d’escargots qu’ils jugeront abusive. C’est le début de la guerre des paysans allemands. Müntzer, par ses idées fondées sur une lutte de libération violente, rejoindra ce mouvement et en deviendra l’une des icônes.
Le 15 août 1524, un traité d’assistance mutuelle est signé et une série de révoltes se développe dans différentes régions (Souabe, Franconie, Alsace et Alpes autrichiennes). Les paysans s’emparent de châteaux et de villes (Ulm, Erfurt, Saverne). En février et mars 1525, trois bandes de paysans se forment appuyées par des bourgeois et des religieux. Le 20 mars 1525, ces trois bandes, entrées en négociation avec la ligue de Souabe, adoptent une série de revendications formulées sous douze articles, basés sur des exigences ecclésiastico-économico-politico-sociales. Avec le souhait de prendre pour modèle la Confédération helvétique, les paysans fondent la Confédération de Haute-Souabe. Mais l’alliance avec la Ligue souabe leur sera fatale.
Le 16 avril 1525, dimanche de Pâque, quelque 6000 paysans odenwaldiens et hohenloheriens attaquent la ville de Weinsberg. La ville, faiblement défendue, sera aux mains des paysans en moins de deux heures. Après un procès sommaire mené tambour battant le même matin, le comte Ludwig von Helfenstein et une douzaine de nobles sont mis à mort par les paysans. La sanction consiste à les faire courir entre deux rangées de paysans munis de broche. La perpétration du bain de sang de Weinsberg fera violemment réagir Luther[note]Cet épisode fera pencher Luther en faveur des nobles. En réponse à cet évènement, il publiera son pamphlet « Contre les hordes pillardes et criminelles de paysans. »[/note] .
Le 15 mai 1525, la bataille de Frankenhausen oppose les paysans de Thuringe, conduits par Müntzer, à l’armée du Landgrave de Hesse et se soldera par la capture de Müntzer, il sera torturé puis décapité. La révolte sera matée vers la fin de l’année 1525 en Allemagne et en 1526 en Autriche. Les estimations évoquent l’implication de près de 300 000 paysans dont plus de 100 000 y trouveront la mort.

2. L’engagement de Müntzer  dans le mouvement paysan et l’opposition de Luther

Müntzer opte en faveur de la lutte armée pour défendre les intérêts des pauvres et des paysans. Elle lui sera fatale. Il pensait que la lutte armée était la voie à adopter car il croyait au retour imminent du Christ sur terre et qu’il incombait donc aux chrétiens de préparer ce retour en vue du millénium. Les pensées millénaristes telles que celles de Müntzer n’était pas choses rares en ce temps, des anabaptistes allaient instaurer quelques années plus tard, entre 1534 et 1535, un régime théocratique dans la ville de Münster en Allemagne. Ils prétendaient avoir reconnu en cette ville la « nouvelle Jérusalem ». Mais ce mouvement sera combattu par la faible armée de l’archevêque, fortement assistée par les troupes des princes allemands, en particulier celles de Philippe de Hesse. Les protagonistes seront mis à mort à l’issue du siège de la ville.
Luther prendra position dans son écrit « Exhortation à la paix » à propos les douze articles de la paysannerie (avril 1525). Il ne s’oppose pas catégoriquement aux paysans mais il les met devant leurs responsabilités. Il rappelle aux paysans leur devoir de soumission aux autorités instituées par Dieu. Il écrit : « Le fait que les autorités soient mauvaises et injustes n’excuse pas la corruption ou les émeutes. Car punir la méchanceté n’appartient pas à tout le monde, mais aux autorités mondaines qui manient l’épée, comme Paul le dit dans l’épître aux Romains 13.4 et Pierre dans 1 Pierre 2.14, qu’elles sont ordonnées par Dieu pour punir les méchants .»
Parallèlement, il rappelle également à la noblesse son devoir : « Eh bien, parce que vous êtes alors la cause de cette colère de Dieu, elle éclatera sans doute aussi sur vous si vous ne vous améliorez pas au travers du temps […] Vous devez être différents et céder à la Parole de Dieu ». Toutefois, il encourage cette noblesse en y exposant le sens égoïste des douze articles : « Ils ont écrit douze articles, parmi lesquels certains sont tellement bon marché et raisonnables, qu’ils subtilisent l’honneur que l’on vous doit face à Dieu et au monde, de sorte qu’ils détournent le sens du Psaume 107.40, et méprisent les princes. Cependant, ces articles sont en majorité construits en leurs faveurs et besoins et n’incarnent pas ce qu’il y a de mieux. »
Lorsque Luther a écrit son traité sur la liberté chrétienne quelques années plus tôt, il défend une liberté spirituelle et non une liberté matérielle et temporelle. Pierre nous rappelle dans sa première Epître que nous ne devons pas abuser de cette liberté au profit du mal (1 Pi 2.16). Les paysans ont cru par erreur que Luther allait venir à leur secours pour les défendre vis-à-vis de leurs oppresseurs. Certains reprochent à Luther son manque de prise de position en faveur des plus pauvres. Luther aurait pu témoigner plus de compassion envers les paysans maltraités avec des interventions plus sociales, mais il a préféré garder des distances en raison des actes odieux perpétrés par les paysans, en particulier le bain de sang de Weinsberg. Luther avait bien compris ces deux dimensions de la liberté. Il n’a pas défendu le parti des pauvres, il a néanmoins interpellé les élites sur leur comportement et leurs responsabilités face à Dieu. Paul nous rappelle que les autorités sont instituées par Dieu pour notre bien (Rom 13.1, 4). Les autorités sont soumises à Dieu, Jésus le rappelle à Pilate avant sa crucifixion : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut » (Jean 19.11).

3. Que penser de la lutte armée ?

Au travers de cet épisode de l’histoire, nous pouvons nous interroger sur la légitimité de la lutte armée contre l’autorité. Cette lutte est-elle un moyen pour aboutir à plus de justice sociale ? Ou encore, comme certains étaient tentés de le croire à cette époque, la lutte armée peut-elle servir à l’établissement du royaume de Dieu sur terre ? Daniel Arnold, après avoir courtement exposé l’usurpation du pouvoir par les rois dans le royaume d’Israël, écrit : « La révolution armée se veut courte, mais elle dégénère souvent en guerre civile, la pire des guerres.[note]Daniel Arnold, Vivre l’éthique de Dieu, L’amour et la justice au quotidien, éditions Émmaüs, 2010, p. 202[/note] »  Dans sa patience, Dieu ne recherche pas que les hommes établissent avec violence et impétuosité un monde meilleur sur la terre mais qu’ils se repentent de leurs mauvaises actions. Pierre souligne cette vérité dans sa seconde épître : « Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance » (2 Pi 3.9). Cette parole est valable tant pour le riche que pour le pauvre, pour le puissant que pour le faible, elle ne fait exception de personne. La repentance est une arme puissante qui, dans la durée, désarme bien des orgueilleux. Ce principe relève l’homme et le confronte au standard de divin au lieu de le faire sombrer dans la déchéance morale. En récompense, Dieu peut lui octroyer un pays avec plus de justice, de paix et d’amour du prochain.
Par-dessus tout, le chrétien est appelé à aspirer à cette espérance vivante à venir, la vie éternelle, et non aux choses temporelles périssables. Jésus a répondu à Pilate « Mon royaume n’est pas de ce monde, […]. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas » (Jean 18.36).

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)