La grâce royale manifestée envers un infirme – 2 Samuel 9


David dit : Reste-t-il encore quelqu’un de la maison de Saül, pour que je lui fasse du bien à cause de Jonathan ? Il y avait un serviteur de la maison de Saül, nommé Tsiba, que l’on fit venir auprès de David. Le roi lui dit : Es-tu Tsiba ? Et il répondit : Ton serviteur ! Le roi dit : N’y a-t-il plus personne de la maison de Saül, pour que j’use envers lui de la bonté de Dieu ? Et Tsiba répondit au roi : Il y a encore un fils de Jonathan, perclus des pieds. Le roi lui dit : Où est-il ? Et Tsiba répondit au roi : Il est dans la maison de Makir, fils d’Ammiel, à Lodebar. Le roi David l’envoya chercher dans la maison de Makir, fils d’Ammiel, à Lodebar. Et Méphiboscheth, fils de Jonathan, fils de Saül, vint auprès de David, tomba sur sa face et se prosterna. David dit : Méphiboscheth ! Et il répondit : Voici ton serviteur. David lui dit : Ne crains point, car je veux te faire du bien à cause de Jonathan, ton père. Je te rendrai toutes les terres de Saül, ton père, et tu mangeras toujours à ma table. Il se prosterna, et dit : Qu’est ton serviteur, pour que tu regardes un chien mort, tel que moi ? Le roi appela Tsiba, serviteur de Saül, et lui dit : Je donne au fils de ton maître tout ce qui appartenait à Saül et à toute sa maison. Tu cultiveras pour lui les terres, toi, tes fils, et tes serviteurs, et tu feras les récoltes, afin que le fils de ton maître ait du pain à manger ; et Méphiboscheth, fils de ton maître, mangera toujours à ma table. Or Tsiba avait quinze fils et vingt serviteurs. Il dit au roi : Ton serviteur fera tout ce que le roi mon seigneur ordonne à son serviteur.  Et Méphiboscheth mangea à la table de David, comme l’un des fils du roi.  Méphiboscheth avait un jeune fils, nommé Mica, et tous ceux qui demeuraient dans la maison de Tsiba étaient serviteurs de Méphiboscheth. Méphiboscheth habitait à Jérusalem, car il mangeait toujours à la table du roi. Il était boiteux des deux pieds.
Le but des chapitres 9 et 10 de 2 Samuel est de montrer comment David a géré la transition officielle entre son règne et celui de son prédécesseur, Saül. La première étape était de remporter l’adhésion des tribus du Nord en se montrant plein de grâce envers un survivant de la tribu de Saül.
David avait promis à Jonathan (1 Sam 20.14-17,42) et à Saül (1 Sam 24.17-23) qu’il ne retrancherait pas leur postérité ni leur nom d’Israël. Dans ce récit de 2 Samuel 9, je suggère que nous nous focalisions sur Méphiboscheth, le descendant du roi Saül.

1. Le descendant du roi Saül recherché (v.1-3a)

Bien que David n’ait aucun état d’âme pour faire mourir ses ennemis (1 Sam 25.34), et même s’il considérait les gens de la maison de Saül comme ses ennemis méritant la mort (2 Sam 3.1,6,8,10), David se met en recherche, afin de trouver quelqu’un de la maison de Saül pour lui faire du bien.
Le mobile de sa recherche est clairement identifié : « à cause de Jonathan » (v. 1). Une amitié forte les liait. David avait demandé à Jonathan de l’aide (1 Sam 20.8), et Jonathan avait fait de même vis-à-vis de David : « Si je meurs, ne retire jamais ta bonté envers ma maison, pas même lorsque l’Éternel retranchera chacun des ennemis de David de dessus la face de la terre .» (1 Sam 20.14). C’est donc maintenant le temps pour David de tenir sa promesse.
David se met méthodiquement à la recherche d’éventuels descendants de Jonathan en interrogeant un serviteur de la maison de Saül, Tsiba. David précise bien ses intentions : démontrer envers lui la bonté de Dieu (v. 3). Tsiba indique au roi qu’il existe bel et bien un descendant de Jonathan, son fils Méphiboscheth, et que celui-ci est infirme des pieds.

2. Le descendant du roi Saül retrouvé (v. 3b-5)

Que savons-nous de Méphiboscheth ? Il est le fils de Jonathan, le petit-fils de Saül. L’étymologie de son prénom est parlante : « boscheth » signifie « honte ». Il est « perclus » des pieds, c’est-à-dire infirme. Lorsque la nouvelle est arrivée que son père et son grand-père avaient été tués (2 Sam 4.1-4), sa nourrice l’a pris et a couru pour le protéger. Mais dans sa fuite, Méphiboscheth est accidentellement tombé des bras de sa nourrice et est handicapé depuis ce jour-là : il avait cinq ans. Il a trouvé refuge chez un certain Makir, fils d’Ammiel. Il n’avait probablement aucun moyen de gagner sa vie si ce n’est de demander l’aumône. Vraisemblablement, il fuyait le nouveau régime, car Lodebar se trouve à 15 kilomètres au sud-est de la mer de Galilée, dans le désert près du Jourdain. Il était également un oublié, car il a fallu faire des recherches pour le retrouver et voir s’il restait à Jonathan des descendants.
Saül, le grand-père de Méphiboscheth, avait refusé d’obéir à Dieu et recherché sa propre gloire. C’est pourquoi Dieu l’avait rejeté. Saül s’est suicidé sur le champ de bataille après avoir été mortellement blessé (1 Sam 31.4). L’oncle de Méphiboscheth, Ish-Boscheth, fils de Saül, n’avait pas été tué comme ses frères au mont Guilboa. Sous la protection d’Abner, chef de l’armée de Saül, il a commencé à régner en Israël suite au décès de son père (2 Sam 2.8-9). La guerre entre la maison de Saül et celle de David a duré des années (2 Sam 3.1). Mais pendant que la maison de Saül s’affaiblissait, celle de David se fortifiait. Ish-Boscheth et Abner furent tués. Dès lors, David devenait le roi non seulement de Juda, mais également d’Israël ; le royaume était ainsi unifié (2 Sam 5.1-6).
Après que David a été établi roi sur tout le pays, il eût été juste pour lui d’éliminer tous les descendants de son rival, Saül, comme le faisaient tous les rois de l’époque. Méphiboscheth lui-même a reconnu qu’il méritait la mort (2 Sam 9.8, 19.27-28) : il était un ennemi naturel de David. Cela rend cette histoire d’autant plus extraordinaire : le roi fait grâce à un condamné à mort !

3. Le descendant du roi escorté (v. 6)

Imaginez la scène : les hommes du roi frappent à la porte de Makir dans le désert, où Méphiboscheth se cache, et lui disent que le roi David souhaite le voir, Méphiboscheth pense que sa dernière heure est venue ! Il est escorté jusqu’à Jérusalem où il est introduit devant le roi.
En présence du roi, Méphiboscheth tombe sur sa face devant David ! Il se prosterne devant lui et démontre une attitude respectueuse, de crainte.

4. Le descendant du roi effrayé (v. 7)

Méphiboscheth a tout à craindre de son audition devant David, il connaît le sort réservé en général aux descendants de la famille d’un roi déchu ou vaincu. Quel devait être son état psychologique au moment où il accède à la présence du roi ! Il savait que son oncle Ish-Boscheth avait été décapité (2 Sam 4.5-8).
Mais dès qu’il est en présence de David, ce dernier lui dit : « Ne crains point » (v. 7a). David surenchérit immédiatement et lui annonce qu’il veut lui faire du bien à cause de son père Jonathan. Cette grâce que Méphiboscheth va éprouver n’a rien à voir avec lui-même, ni à cause de ce qu’il est ou ce qu’il a fait. La raison de la grâce royale est dévoilée : c’est à cause d’une promesse faite à son père par David.

5. Le descendant du roi déconcerté (v. 8)

Méphiboscheth, qui vient d’apprendre que David lui fait non seulement grâce, mais l’invite à la table du roi tous les jours et lui donne toutes les terres de son père, est déconcerté ! Il ne comprend pas… « Qu’est ton serviteur, pour que tu regardes un chien mort, tel que moi ? » (2 Sam 9.8) Il se considère comme un chien mort, qui ne vaut absolument rien ! Non seulement il se compare à un chien, mais qui plus est à un chien mort ![note]A noter que le chien n’a jamais été considéré en Orient comme l’ami et le compagnon de l’homme. En général, les chiens étaient laids, sales et repoussants. Ils erraient dans les rues à la recherche de quelque nourriture, se nourrissant même de cadavres (cf. 1 Rois 14.11, 16.4, 21.23-24, 2 Rois 9.10,36), se reproduisant beaucoup trop facilement et hurlant la nuit (cf. Ps 59.6,14).[/note]

6. Le descendant du roi élevé (v. 9-13)

Méphiboscheth reçoit les biens de Saül et 35 serviteurs pour cultiver ses terres, ce qui démontre qu’il ne s’agissait pas d’un petit lopin de terre ! Il déménage de sa cachette pour rejoindre Jérusalem avec son jeune fils Mica, probablement dans une maison qui avait appartenu à Saül. Il mangea ainsi toujours à la table du roi et était comme un fils du roi. Toutefois, son handicap restait, en rappel à sa condition première.
Ce récit d’un roi qui fait grâce à un homme handicapé, à cause de la promesse faite à son père, est une illustration étonnante de la sublime grâce de Dieu à notre égard.
« Rendez grâce au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière ; il nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés » (Col 1.12-14).
Ce récit illustre sept merveilleuses composantes de la grâce de Dieu à notre égard :

1) La grâce de Dieu est divine

C’est à cause de sa promesse à Jonathan que David a recherché Méphiboscheth. David s’est souvenu de l’alliance qu’il avait faite. Cet accord a sans doute été conclu avant même la naissance de Méphiboscheth. David a pris l’initiative de faire du bien à son ennemi. C’est ce que Dieu a fait avec nous : « Mais, lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes ont été manifestés, il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde » (Tite 3.4-5a)[note]Voir aussi Jean 6.37,44,65, 15.16[/note] . Nous étions ennemis de Dieu, et il a pris l’initiative de nous révéler sa miséricorde et de nous sauver. Quelle grâce magnifique !

2) La grâce de Dieu est nécessaire

La condition de Méphiboscheth avant de recevoir cette grâce de David nous rappelle notre état avant d’avoir été les bénéficiaires de la grâce de Dieu.
a. Il était maudit
Parce qu’il est le petit-fils de Saül, Méphiboscheth est né dans une famille ennemie de David. Il a hérité, sans le vouloir, d’une malédiction. Nous aussi, nés d’Adam, avons reçu de celui-ci la nature pécheresse (Rom 5.12), car à cause d’une seule offense, la condamnation a atteint tous les hommes (Rom 5.18).
b. Il avait un nom de honte
Méphiboscheth signifie « honte ». Devant Dieu, tout homme, à cause de son péché, devrait avoir honte. Suite à leur péché, Adam et Ève ont eu honte (Gen 3.7).
c. Il était infirme
Méphiboscheth est infirme des pieds. De son côté, l’homme pécheur ne peut marcher devant Dieu d’une manière satisfaisante.
d. Il était pauvre
Méphiboscheth était pauvre avant de recevoir de David toutes les terres de son père. Avant d’être enrichis par Dieu de nombreuses bénédictions spirituelles (Éph 1.3ss), nous étions pauvres.
e. Il était fugitif
Vraisemblablement, Méphiboscheth fuyait le nouveau régime. L’homme pécheur fuit Dieu : Adam et Ève après avoir péché ont fui la présence de Dieu. Jonas également a fui la présence de Dieu après lui avoir désobéi.
f. Il était oublié
Si le serviteur de Saül n’avait pas été là ; qui se serait souvenu de Méphiboscheth ? Aujourd’hui, combien d’hommes et de femmes ont l’impression de ne compter pour personne ? d’être abandonnés ?
g. Il était condamné à mort
Méphiboscheth se savait condamné à mort tout comme la juste rétribution du péché, c’est la mort (Rom 3.23 ; 6.23).
h. Il était un ennemi de David
Si Méphiboscheth était de facto un ennemi de David, notre nature caractérisée par le péché nous constitue, que nous le voulions ou pas, comme des ennemis de Dieu (Rom 5.10).

3) La grâce de Dieu est active

La grâce de Dieu nous cherche. Elle nous débusque, là où nous sommes — même parfois dans les situations les plus improbables. Dieu a activement travaillé pour nous offrir le salut en Jésus-Christ (Rom 5.6-11). David n’a pas simplement envoyé des béquilles à Méphiboscheth, mais il l’a fait venir vers lui dans son palais. Il s’est engagé pour lui et a fait preuve d’initiative.

4) La grâce de Dieu est inattendue

Pour Paul, la grâce de Dieu s’est manifestée sur le chemin de Damas, de manière totalement inattendue (Act 9.3ss). Matthieu était assis à son bureau de collecteur d’impôt quand Jésus l’a appelé à le suivre comme disciple ; il s’est exécuté sur-le-champ (Mat 9.9). Le geôlier de la prison dans laquelle Paul et Silas chantaient a eu une occasion unique de laisser la grâce de Dieu l’atteindre et il l’a saisie (Act 16.25-34).

5) La grâce de Dieu est surprenante

Moïse a été épouvanté dans la présence de Dieu (Héb 12.21). Pierre, Jacques et Jean ont été saisis de peur devant la sainteté de Dieu (Mat 17.6). Devant Dieu, tout pécheur sait qu’il mérite la mort. Il tremble. Mais Dieu dit : « Ne crains point. Bien qu’il soit vrai que tu mérites mon courroux, je t’aime et te pardonne. Mon Fils est mort à ta place. Tu as été choisi avant la fondation du monde pour être adopté dans ma famille. Je t’ai racheté par mon Fils. En lui, il y a pardon et bénédiction pour tous les pécheurs repentants. Aujourd’hui, je fais de toi un fils de Dieu et je te donne la vie ! »

6) La grâce de Dieu élève

David a donné à Méphiboscheth les terres de son père et une place à la table du roi. Tous les croyants seront conviés aux noces de l’Agneau (Apoc 19.7-10) et assis à la table du roi. Mieux encore, nous sommes fils de Dieu (Jean 1.12), car nous avons été adoptés par Dieu (Rom 8.14-15). Celui-ci nous comble de bénédictions spirituelles (Éph 1.3ss) pour l’éternité (Jean 3.16).

7) La grâce de Dieu est disponible

« Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira » (Mat 7.7).
« Jésus, se tenant debout s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il la boive » (Jean 7.37-38).

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)