La gloire à venir : Ésaïe 58 à 66

La gloire à venir Ésaïe 58 à 66

La dernière section d’Ésaïe couvre les chapitres 58 à 66 de son livre1. Depuis le début du ch. 40, le prophète s’adresse par anticipation au reste du peuple juif déporté à Babylone, d’où il va ensuite remonter. Mais, au-delà de ces destinataires directs, tous les croyants sont visés par ces textes, comme le montre l’abondance des citations que les auteurs du N.T. font de ces chapitres2.

– Dans les ch. 40 à 48, face à la triple tentation de l’idolâtrie, du découragement et de la tentation, le prophète développe la grandeur du Dieu unique.

– Dans les ch. 49 à 57, grâce à l’œuvre du Serviteur souffrant, Ésaïe montre comment Dieu pourra pardonner à son peuple et ouvrir une large porte de salut à quiconque veut bien venir.

– Cependant une question importante reste à régler, celle de la justice : l’homme a été démontré injuste en pratique (ch. 1 à 39) ; seul Dieu peut le rendre juste par les souffrances de son Serviteur (ch. 40 à 57) ; mais quel est le lien entre cette justice de position et la justice pratique et comment ce lien permettra-t-il d’aboutir au dessein final de Dieu pour l’humanité ? Tel est le sujet de ces derniers chapitres (58 à 66).

Le renouvellement opéré par l’Esprit de l’Éternel

Au risque de caricaturer un peu, la seconde partie d’Ésaïe offre une présentation trinitaire de Dieu :

– les ch. 40 à 48 développent la gloire du Dieu incomparable,

– les ch. 49 à 57 sont centrés sur la personne et l’œuvre du Fils, le Serviteur souffrant et glorifié,

– dans les ch. 58 à 60, Ésaïe donne par avance les principales caractéristiques de la présence de l’Esprit de Dieu dans les croyants, qui sera une caractéristique majeure des « temps de la fin ».

Plusieurs versets préfigurent les effets de sa présence, qu’il nous est facile de mettre en relation avec des textes du N.T. :

a. La présence de l’Esprit de Dieu sera personnelle : « Voici mon alliance avec eux, dit l’Éternel : Mon Esprit, qui repose sur toi, et mes paroles que j’ai mises dans ta bouche, ne se retireront point de ta bouche, […] dès maintenant et à jamais. » (59.21)

Cette présence personnelle de l’Esprit concerne en premier lieu le Messie promis et son peuple renouvelé ; toutefois nous sommes désormais associés à lui si étroitement que ce texte s’applique aussi à nous. Jésus a annoncé que la présence de l’Esprit dans les siens serait éternelle (Jean 14.16). Paul rajoute que la présence de l’Esprit est caractéristique du croyant (Rom 8.9 ; Éph 1.13)

b. L’Esprit permet de jouir des bénédictions du salut : « Comme la bête descend dans la vallée, l’Esprit de l’Éternel les a menés au repos. » (63.14)

Historiquement, ce fut la part du peuple arrivé en Canaan. Et aujourd’hui c’est notre part : par l’Esprit, nous pouvons goûter un repos bien plus large ; il nous rend libres de ne plus être asservis par le péché, le monde et le diable (Héb 4.1-10 ; Rom 8.13).

c. L’Esprit est une puissance de témoignage : « L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, car l’Éternel m’a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux. » (61.1)

C’est conduits par l’Esprit que les premiers apôtres annoncèrent la bonne nouvelle à la suite de l’Oint divin (Luc 4.17-22 ; Act 1.8).

d. L’Esprit conduit dans un chemin de sainteté quotidienne : « Ils ont été rebelles, ils ont attristé son Esprit saint ; et il est devenu leur ennemi, il a combattu contre eux. Alors son peuple se souvint des anciens jours de Moïse : […] Où est celui qui mettait au milieu d’eux son Esprit saint ? » (63.10-11)

Le N.T. nous enjoindra de ne pas « attrister le Saint Esprit de Dieu » (Éph 4.30). Apprenons un peu du contre-exemple historique du peuple pour chercher à honorer cet hôte divin par notre conduite.

e. L’Esprit arme contre les ennemis : « Quand l’ennemi viendra comme un fleuve, l’Esprit de l’Éternel le mettra en fuite. » (59.19)

L’Esprit nous aide dans notre combat spirituel, en particulier en nous dirigeant pour utiliser à bon escient la Parole de Dieu (Éph 6.17-18) afin de mettre en déroute le diable et son flot de pensées pernicieuses.

Les nouveaux cieux et la nouvelle terre

Le propos final de Dieu ira jusqu’à nous amener dans la pleine possession de l’héritage dont l’Esprit est les arrhes, dans une création renouvelée. Or les deux seules mentions dans tout l’A.T. des « nouveaux cieux et la nouvelle terre » sont dans ces chapitres :

– « Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l’esprit. » (65.17)

– « Comme les nouveaux cieux et la nouvelle terre que je vais créer subsisteront devant moi, dit l’Éternel, ainsi subsisteront votre postérité et votre nom. » (66.22)

Y répondent les deux mentions du N.T. :

– « Nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera. » (2 Pi 3.13)

– « Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu. » (Apoc 21.1)

Ésaïe envisage l’aboutissement du plan de Dieu dans un état définitif, renouvelé, caractérisé par la justice3. Comment sera cette nouvelle création ? Dans ces chapitres, il esquisse quelques détails, en pleine cohérence avec le N.T. :

– La présence de Dieu sera centrale, lumière des hommes : « Ce ne sera plus le soleil qui te servira de lumière pendant le jour, ni la lune qui t’éclairera de sa lueur ; mais l’Éternel sera ta lumière à toujours, ton Dieu sera ta gloire. » (60.19 ; cf. Apoc 21.23)

– Les conséquences du péché auront pris fin : « Les jours de ton deuil seront passés. » (60.20) « On n’y entendra plus le bruit des pleurs et le bruit des cris. » (65.19 ; cf. Apoc 21.4)

– Ceux qui ont refusé le salut subiront un jugement éternel : « Quand on sortira, on verra les cadavres des hommes qui se sont rebellés contre moi ; car leur ver ne mourra point, et leur feu ne s’éteindra point ; et ils seront pour toute chair un objet d’horreur. » (66.23-24 ; cf. Apoc 21.8)

La gloire

La « gloire » est un des mots-clefs de cette section (avec 8 mentions sur 22 dans l’ensemble du livre). Si les nouveaux cieux et la nouvelle terre sont caractérisés par la présence personnelle de Dieu, cette dernière ne peut être que glorieuse (60.19-20).

Cette gloire :

– sera à contempler : « Le temps est venu de rassembler toutes les nations et toutes les langues ; elles viendront et verront ma gloire. » (66.18)

– sera racontée par toute la terre : « Je mettrai un signe parmi elles, et j’enverrai leurs réchappés vers les nations, à Tarsis, à Pul et à Lud, qui tirent de l’arc, à Tubal et à Javan, aux îles lointaines, qui jamais n’ont entendu parler de moi, et qui n’ont pas vu ma gloire ; et ils publieront ma gloire parmi les nations. » (66.19)

Cette gloire,

– Dieu se plaît à la mettre et à la faire voir dans les siens : « Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, et la gloire de l’Éternel se lève sur toi. Voici, les ténèbres couvrent la terre, et l’obscurité les peuples ; mais sur toi l’Éternel se lève, sur toi sa gloire apparaît. » (60.1-2)

– elle conduit alors à l’adoration et au respect : « On craindra le nom de l’Eternel depuis l’occident, et sa gloire depuis le soleil levant. » (59.19)

La joie

a. Non seulement la présence de Dieu fait resplendir sa gloire, mais elle apporte aussi la joie à ses rachetés.

– Cette joie contraste avec la situation précédente d’une terre marquée par la honte du péché et la mort : « Au lieu de votre opprobre, vous aurez une portion double ; au lieu de l’ignominie, ils seront joyeux de leur part ; ils possèderont ainsi le double dans leur pays, et leur joie sera éternelle. » (61.7) ; « …pour accorder aux affligés de Sion, pour leur donner un diadème au lieu de la cendre, une huile de joie au lieu du deuil. » (61.3)

– Elle sera liée à un cœur renouvelé et heureux : « Voici, mes serviteurs chanteront dans la joie de leur cœur. » (65.14) « Vous le verrez, et votre cœur sera dans la joie, et vos os reprendront de la vigueur comme l’herbe. » (66.14)

– Elle sera la conséquence de l’œuvre de Dieu en salut : « Je me réjouirai en l’Éternel, mon âme sera ravie d’allégresse en mon Dieu ; car il m’a revêtu des vêtements du salut. » (61.10) « Réjouissez-vous plutôt et soyez à toujours dans l’allégresse, à cause de ce que je vais créer ; car je vais créer Jérusalem pour l’allégresse, et son peuple pour la joie. » (65.18 ; cf. 60.15)

– Elle produira la louange : « Ils annonceront avec joie les louanges de l’Éternel. » (60.6, Darby)

– Elle sera liée à un service éternel : « Mes serviteurs se réjouiront. » (65.13)

b. La joie des rachetés sera à l’unisson de la joie de Dieu lui-même. Privilège extraordinaire, nous contribuerons à la joie éternelle du Dieu intrinsèquement bienheureux ! Il peut dire : « Je ferai de Jérusalem mon allégresse, et de mon peuple ma joie. » (65.19) « Comme la fiancée fait la joie de son fiancé, ainsi tu feras la joie de ton Dieu. » (62.5)

La fin de l’éthique : la justice selon Dieu

Ces chapitres abondent en considérations éthiques. Fondamentalement, l’homme ne peut pas faire valoir sa conduite. Deux constats, parmi bien d’autres :

– « Toutes nos justices sont comme un vêtement souillé. » (64.6)

– « Il n’y a personne qui invoque la justice, et personne qui plaide en jugement avec intégrité. » (59.4)

Alors Dieu doit intervenir et donner une justice autre : « Il m’a revêtu des vêtements du salut, il m’a couvert de la robe de la justice. » (61.10, Darby) Les chants du Serviteur (et le chant supplémentaire que constitue le ch. 61) indiquent par quel moyen cette justice nous a été acquise : les souffrances du Messie.

Cependant la justice imputée par Dieu (justice de position) doit avoir pour suite immédiate une justice pratique : « … afin qu’on les appelle des térébinthes de la justice » (61.3). Au lieu d’une injustice constante (59.1-15) ou d’une religion extérieure purement formelle (58.1-4), le croyant renouvelé montre sa justice intérieure par des actes justes, que Dieu apprécie beaucoup plus que des rites sans réalité : « Voici le jeûne auquel je prends plaisir : détache les chaînes de la méchanceté, […] partage ton pain avec celui qui a faim ; […] si tu vois un homme nu, couvre-le. » (58.6-7) Ce faisant, le fidèle anticipe dans un monde de ténèbres la lumière du règne glorieux de Dieu (58.8-14).

De plus, notre conduite ici a des conséquences directes dans l’avenir, dans ces nouveaux cieux et cette nouvelle terre dont la justice concrète sera une des caractéristiques premières : « Il ne se fera ni tort, ni dommage. » (65.25) Le temps viendra où Dieu dira : « Je connais leurs œuvres et leurs pensées » (66.18) — le temps où les conséquences de nos actes seront finalement établies. Quel encouragement à « pratiquer avec joie la justice » (64.4) !

* * *

Ces chapitres 58 à 66 ne sont pas les plus connus d’Ésaïe. Pourtant, à travers un kaléidoscope de tableaux divers, souvent d’une poésie saisissante, le prophète esquisse par touches différentes des perspectives qui touchent à l’éternité. Il ouvre l’espérance à tout homme humble, qui craint la parole de Dieu (66.2), d’un renouvellement universel, glorieux et joyeux, centré sur la présence même de Dieu. Animé par l’Esprit de Dieu, sur la base d’un salut acquis par le Serviteur souffrant, le croyant vit déjà dans cette attente en montrant son salut par sa justice pratique. Il vaut la peine d’écouter et de vivre le message du livre de la gloire à venir !

1Certains commentateurs considèrent que les ch. 40 à 55 forment une unité et les ch. 56 à 66 une autre. Bien que cette thèse ait quelques arguments en sa faveur, nous préférons nettement un plan des ch. 40 à 66 en trois fois neuf chapitres (40-48 ; 49-57 et 58-66), marqués par un indice textuel fort (même refrain à la fin des ch. 48 et 57).
2Voir Luc 4.18-19 ; Act 7.49-50 ; Rom 3.15-17 ; 10.20 ; 10.21 ; 11.26-27 ; 1 Cor 2.9 ; Éph 5.14, etc.
3Il est souvent délicat d’attribuer tel verset au millénium ou à l’état éternel. Ce n’est d’ailleurs pas le but d’Ésaïe qui présente des tableaux de la gloire à venir sans se préoccuper d’établir une chro-nologie ; celle-ci ne sera clairement posée que dans le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse. Soyons moins concentrés sur la séquence des événements et cherchons davantage à suivre les auteurs bibliques dans le but propre de leur exposé du futur, qui est avant tout moral et spirituel.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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