La foi chrétienne et le retour au paganisme (5)

C. Les étapes du retour au paganisme (suite)

7. La révolution française: progrès capital du paganisme

Le progrès du rationalisme au l8e siècle fut accompagné d’une véritable invasion de superstition et d’occultisme. La Franc-maçonnerie, très active en France avant la Révolution, avait donné naissance à de nouvelles sectes illuministes, qui récusaient toute autorité, ne voulant plus ni de Dieu ni du roi. On oublie que le véritable slogan de cette révolution était: «Liberté, égalité, fraternité… ou la mort

Le but des révolutionnaires était d’effacer en France toute trace du christianisme, historique ou autre. On remplaça même la semaine de sept jours par la décade (dix jours), et on fit commencer le calendrier, non plus avec la naissance de Christ, mais avec le début de la Révolution. On rebaptisa même un grand nombre de localités dont les noms rappelaient les origines chrétiennes du pays.

Est-il alors étonnant que cette idéologie anti-chrétienne ait abouti à une persécution des chrétiens jusqu’ici inégalée? Dès lors, le mouvement révolutionnaire international a toujours porté le sceau de l’antichrist. De nombreuses études fouillées prouvent que le mouvement révolutionnaire socialiste et communiste est lié à diverses sortes d’occultisme.

La révolution socialiste et communiste et le retour au paganisme sont deux aspects du même phénomène.(39)

8. La révolution bolchévique: victoire complète du nouveau paganisme

La Bible nomme le diable menteur et meurtrier, attributs dont il ne peut se défaire. Rien ne saurait mieux le démontrer que la révolution bolchévique. Par elle, le vieux fond païen est remonté à la lumière. On connaît les racines sataniques de l’inspiration de Marx cet du premier mouvement communiste depuis les travaux de Wurmbrand et de Billington.(40) Par ailleurs, le christianisme orthodoxe russe, sous l’autorité des tsars, ne distinguait plus entre le temporel et le spirituel et exerçait un pouvoir autocratique.

Il faut aussi rappeler que le christianisme orthodoxe russe, où les sacrements, la liturgie et la mystique jouent un grand rôle, attribuait peu d’importance à la prédication fidèle de la Parole de Dieu. Comme seule la vérité permet de discerner le bien du mal et de résister au mal, même politique, l’orthodoxie russe ne put ni discerner ni s’opposer à l’extraordinaire montée du paganisme qui caractérisa la vie sociale et culturelle russe au tournant du 20e siècle. Elle ne sut pas même prendre les mesures qui s’imposaient pour mettre un terme à l’influence que l’infâme Raspoutine, véritable sorcier déguisé en homme de Dieu, exerçait sur le couple royal.

En Russie, la révolution fut culturelle avant de devenir politique. L’art russe s’adonna à des expériences des plus bizarres. Le peintre Kandinski, les compositeurs Seriabine et Stravinski, Diaghilev (fondateur du Ballet russe) et d’autres sont les fils spirituels du philosophe mystique pseudo-chrétien Vladimir Soloviev (1853-1900). Billington caractérise cette période comme suit: esprit prométhéen (l’homme se plaçant au-dessus de Dieu), sensualisme, visions apocalyptiques. Ainsi le compositeur Seriabine (1872-1915) cherchait à prendre possession de la sagesse divine et de l’éternel féminin par son art. Il écrivait: «Le monde est une impulsion vers Dieu… Je suis le monde, je suis la quête de Dieu, car je ne suis que ce que je cherche.» (41)

Ici, l’art n’avait pas simplement une fonction descriptive; on lui attribuait des forces magiques propres à transformer le cosmos lui-même. Les révolutionnaires de l’époque se berçaient de cet utopie-là. Ainsi l’écrivain Gorki (1868- 1915), compagnon de Staline, adressait en 1908 cette prière «au peuple immortel et tout-puissant»:

«Tu es mon Dieu et le créateur de tous les dieux façonnés par toi des beautés de l’esprit et du labeur… de tes recherches. – Il n’existe pas d’autres dieux dans le monde que toi, car tu es celui qui crée des miracles. – Ceci je confesse et crois.»(42)

Trotsky (1879-1940, assassiné au Mexique), dans son ouvrage «Littérature et révolution» (1925), chantait les louanges de l’homme capable «de s’élever sur un plan nouveau, de créer un type social et biologique plus élevé, un surhomme.» Il rêvait d’un homme plus fort, plus harmonieux, plus dynamique. «L’homme moyen parviendra aux sommets d’un Aristote, d’un Goethe, d’un Marx. . .» et ira encore bien au-delà! (43)

D’autres, se référant à Dostoïevski, cherchaient à atteindre une nouvelle liberté allant au-delà de la raison, en faisant sauter les cadres mêmes de la création. Ils considéraient la liberté sexuelle, accompagnée de toutes sortes de perversions, comme un moyen de faire éclater la réalité.

D’autres encore, tel Bielyi (1880- 1914, romancier influencé par Nietzsche), voyaient un côté apocalyptique à la révolution: c’était la dernière grande lutte pour délivrer l’homme de l’Anti-christ et le conduire au Messie revenu. Billington montre comment cette révolution artistique, avec ses trois courants (prométhéen, sensuel et apocalyptique), éloignait la Russie de ses assises traditionnelles pour l’orienter vers les dieux mythologiques pré-chrétiens de l’Orient. Des «mystères pour une nouvelle société organique où tous participeraient à un rituel commun dont le but … était de sauver» furent écrits par Scriabine et Maïakovski (1894-1930, poète); même «si ces oeuvres avaient une forme chrétienne, elles étaient souvent mystiques et semi-orientales dans leur contenu».(44)

Dans un tel contexte, il n’est guère surprenant que Lénine, alors à Zurich avant son retour secret en Russie en 1917, ait participé au lancement du mouvement «dada», art révolutionnaire s’il en est et dont le nom est intentionnellement vide de sens. Il est d’inspiration occulte et voué à la destruction de toutes les formes artistiques (45)

Tous les thèmes qui figurent aujourd’hui dans le programme du prétendu Nouvel Age sont déà présents dans la révolution culturelle et spirituelle russe. Un tel arrachement des racines chrétiennes n’était que le prélude au déchaînement satanique que fut, et qu’est toujours, la révolution bolchévique.

9. Le paganisme nazi: retour en force des mythologies germaniques renforcées par la mystique hindoue

On sait bien que le nazisme représente un retour massif à la mythologie païenne germanique. Ce que l’on sait beaucoup moins, c’est le rôle que la mystique orientale y a joué. Déjà dans les années vingt, l’Allemagne connut une étrange attraction pour tout ce qui venait de l’orient. Des philosophes chrétiens comme Thomas Molnar (46) (1878- 1952, hongrois) ont signalé les dangers de l’idéalisme philosophique et théologique allemand. Dieu se trouvait situé à l’intérieur de l’univers et même de l’homme (tentation panthéiste), ce qui est totalement étranger à la Bible et au christianisme, mais se rattache aux courants mystiques de l’orient.

Dès 1920, le mage allemand Hermann Keyserling fonda sa célèbre Ecole de sagesse à Darmstadt, centre de méditation et d’enseignement, qui favorisa la synthèse entre le panthéisme allemand et la spiritualité orientale. Il faut ici à nouveau remarquer le rôle capital que joua la trahison des théologiens libéraux dans le désarmement spirituel de l’Allemagne. En détruisant la confiance en l’inspiration et en l’autorité de la Bible, ils ouvraient les portes aux puissances infernales.

L’invasion de l’occulte qui semble précéder les révolutions est toujours introduite par les théologiens traîtres. L’abandon de la foi précède l’entrée des démons et aboutit aux souffrances provoquées par les guerres et les révolutions. Par la parabole de la maison délivrée d’un démon (Mat 12.43-45), mais pas habitée par le Saint-Esprit, Jésus montre le danger d’une telle situation: l’esprit chassé revient avec sept autres pour occuper la maison vide, dont l’état est devenu bien pire qu’au commencement. De même, le nouveau paganisme est bien pire que l’ancien, celui d’avant la venue du christianisme.

C’est dans ce contexte d’abandon de la foi et d’invasion occulte qu’apparut le mouvement nazi en Allemagne. La célébration du bi-centenaire de la Révolution française a coïncidé avec celle du centenaire de la naissance d’Adolphe Hitler. Il est intéressant de savoir que, si Hitler est universellement honni en occident, il n’en est pas de même dans certains pays de l’orient comme l’Inde ou la Chine(47) La croix gammée, ancien emblème hindou, est fort répandu en orient. Le culte de la race aryenne ne se rapportait pas simplement au mythe de la pureté des races nordiques, mais surtout au mythe hindou des Aryens, ancêtres légendaires de toutes les civilisations du sub-continent indien. Près de Delhi, un monument en l’honneur de la croix gammée porte cette inscription: «Ce symbole est très sacré et très ancien. Depuis au moins 8000 ans, il a été la marque de la civilisation et de la culture aryenne. Ce symbole signifie implicitement une prière pour le succès et la perfection… On ne le trouve pas qu’en Inde, mais dans tous les pays bouddhistes et autres pays étrangers. On pense que toutes les écritures aryennes (sanscrit, chinois, grec, latin, etc.) auraient tiré leur origine de ce symbole.»(48)

Le pouvoir envoûtant de Hitler sur les foules et les individus n’était ni normal ni fortuit. Hitler et ses collègues, qui appartenaient à diverses sociétés initiatiques, étaient en contact direct avec les puissances des ténèbres; mais au lieu de se servir d’elles, ils en étaient devenus les esclaves. Voici quelques sources occultes qui influencèrent le Führer et qui réapparaissent aujourd’hui sous d’autres formes:

La société de Thulé. Thulé représentait le paradis mythique du nord, le pays des Hyperboréens, êtres capables de recevoir la connaissance première (gnose occulte), fruit de l’arbre défendu de la connaissance du bien et du mal. Cette connaissance redonnait aux initiés la puissance cachée perdue par la faute du christianisme. Se saisir de cette puissance était la passion secrète de Hitler.

La société Vril. C’est le développement allemand de l’hindouisme symbolisé par la croix gammée. Hitler avait envoyé des expéditions au Tibet pour persuader à ses sages de communiquer leur puissance cachée aux dirigeants du Troisième Reich. Le professeur Karl Haushofer (1869-1946, suicide), ouvrit de nombreuses branches Vril pendant les années vingt et trente. Il devint le conseiller occulte principal de Hitler et l’initia dans les enseignements secrets de Mme Blavatsky, fondatrice de la théosophie. La formation des troupes SS et de leurs officiers était liée à ces sociétés occultes et leurs pratiques.

Selon ces théories, dont Hitler était imprégné, le peuple allemand ne pouvait retrouver ses antiques racines païennes qu’en extirpant de l’Europe toute la tradition judéo-chrétienne. C’est un des aspects qui expliquent la haine implacable des nazis contre les Juifs. Un deuxième aspect se trouve dans l’évolutionnisme darwiniste, qui favorise l’idée monstrueuse d’éliminer toute une race considérée comme impure au profit de l’imaginaire pureté de la race germanique. En troisième lieu, il faut rappeler que Satan s’est toujours à nouveau ingénié à faire disparaître les Juifs, peuple de Dieu témoin de sa fidélité. Ainsi les racines de la politique nazie d’extermination des Juifs étaient d’ordre biologique pseudo-scientifique (par le biais de l’hypothèse évolutionniste), spirituel et satanique.

Il est manifeste que le pouvoir de Hit1er sur les foules était dû à ses pratiques occultes. On a pu démontrer que les gestes bizarres (toujours les mêmes) utilisés par Hitler lors de ses diatribes devant les foules déchaînées avaient une signification occulte; ces gestes symboliques étaient autant d’appels aux puissances infernales.

Hermann Rauschning, qui connaissait Hitler intimement, écrivait: «On ne peut s’empêcher de penser à Hitler comme àun médium… Sans aucun doute, il fut possédé par des forces qui le dépassaient… et dont l’individu appelé Hitler n’était que l’instrument temporaire. » (49) L’enfer de violence déclenché par l’aventure nazie ne doit plus guère nous surprendre lorsqu’on l’envisage sous l’aspect d’une collusion aussi étroite avec les puissances sataniques.

La victoire des puissances alliées en 1945 brisa temporairement ce retour à l’ancien paganisme germanique marié au paganisme oriental. Mais le retour en force du paganisme dans notre civilisation occidentale n’en fut pas arrêté pour autant. Par l’affaissement du christianisme, Satan est à nouveau, après de nombreux siècles de déroute, lâché sur le monde et sur les nations.

En parlant de son retour, notre Seigneur, qui savait que tout cela arriverait, posa une question dont l’actualité brûlante doit nous interpeller: Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?

Jean-Marc Berthoud
(Texte légèrement comprimé et simplifié)

Prochaine tranche:
Le Nouvel Age, spiritualité d’un nouveau monde?

Notes
(39)Sur les liens entre occultisme et socialisme au 19e siècle deux ouvrages d’une importance capitale:
Philippe Muray: Le 19e siècle à travers les âges
Denoèl, Paris, 1984
James H. Billington: Fire in the Minds of Men. Origins of the Revolutionary Faith Basic Books, New York, 1980

(40)Richard Wurmbrand: Karl Marx et Satan Apostolat des Editions, Paris, 1976
(41)James H. Billington: The Icon and the Axe. An Interpretative History of Russian Culture
Vintage Books, New York, 1970, p. 481


(42)
Billington: Icon…, p. 487

(43)Billington: Icon…, p. 492


(44)
Billington: Icon…, pp. 513, 515, 517

(45)Dominique Nogues: Lénine dada Laffont, Paris, 1989

(46)Thomas Molnar: Le dieu immanent. La grande tentation de la pensée allemande Dominique Martin Mono, Paris, 1982


(47)
Simon Leys: La forêt en feu Hermano, Paris, 1983 Dave Hunt: Peace, Prospenity and the Coming Holocaust Harvest House, Fugene, 1983, p. 150-151


(48)
Dave Hunt op. cit. p. 151-152

(49)Sur Hitler voyez surtout le livre très révélateur de: Hermann Rauschning: Hitler m’a dit. Confidences du Führer sur son plan de conquête du monde
Coopération, Paris, 1939

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)