La foi chrétienne et le retour au paganisme (1)

Introduction

L’Eglise Evangélique Baptiste à Lausanne est située à l’Avenue Vinet à deux pas de la clinique La Source. Rappelons qu’Alexandre Vinet (1797-1847) fut une des figures marquantes du Réveil évangélique du XIXe siècle avec, parmi bien d’autres, Agénor de Gasparin (1810-1871), défenseur inlassable de la Bible et fondateur de la clinique et école d’infirmière La Source. Cette église se trouve ainsi entourée de souvenirs se rapportant à ce remarquable mouvement de l’Esprit-Saint qui, au siècle passé, réveilla une partie importante de l’Eglise et amena de nombreuses âmes à Christ. Ce réveil suscita également, autant les oeuvres spirituelles et littéraires d’un Vinet que celles, ecclésiastiques et charitables, de la famille de Gasparin, fruits qui sont la marque de l’action véritable de l’Esprit de Dieu.

Mais aujourd’hui, l’Eglise n’a-t-elle pas pris beaucoup de distance d’un tel christianisme capable, par son seul rayonnement, d’avoir un impact social et culturel aussi vivifiant? A considérer la situation religieuse et culturelle qui nous environne, il nous faut constater que nous sommes aujourd’hui en présence d’un renouveau puissant de l’ancien paganisme. En descendant la rue du Pré du Marché, nous tombons à notre droite sur une toute nouvelle librairie, pimpante et florissante, qui porte le nom de Librairie des Astres et que certains en plaisantant appellent la Librairie Désastre. Car il s’agit d’une librairie exclusivement consacrée à la vente d’ouvrages ésotériques, astrologiques et consacrés aux religions païennes. Prenons un autre exemple de cette invasion des forces obscures. Il y a une vingtaine d’années, un journaliste lausannois, André Marcel, entreprit une enquête sur l’influence des guérisseurs dans notre région et découvrit, à son grand étonnement, qu’on y dénombrait davantage de guérisseurs que de médecins. Une connaissance qui, il y a une dizaine d’années, consultait chaque semaine son astrologue, on pourrait presque dire, de famille, nous disait, comme pour justifier ses pratiques, que la salle de consultation de son voyant préféré ne désemplissait pas et que le téléphone y sonnait sans cesse.

Depuis lors ce phénomène n’a fait que s’amplifier. De nombreux bébés des quartiers populaires de notre ville portent aujourd’hui des amulettes (bracelets de perles magnétisés) peur se protéger contre les maux de dents si fréquents à cet âge; des maîtresses d’école ont même introduit le pendule en classe pour découvrir lesquels de leurs élèves n’avaient pas fait leurs devoirs ou, encore, proposent à des enfants souffrant d’eczéma d’envoyer leur photo à un Monsieur qui la regarderait attentivement et qu’ainsi il ferait partir leur maladie. De tels exemples pourraient sans peine être multipliés.

Ce renouveau du paganisme moderne discernable partout en occident sonne le glas des restes d’une civilisation inspirée par la foi chrétienne. Le Réveil évangélique du XIXe sièc1e que nous venons d’évoquer, fut la dernière occasion dans notre pays où un renouveau spirituel soit parvenu à marquer, de façon publique durable, la vie même de notre civilisation. Dans notre ville, la Librairie des Astres n’est pas unique en son genre. Lorsque je vins pour la première fois à Lausanne en 1960, il est vrai, l’on pouvait y trouver des ouvrages ésotériques, mais à cette époque ils subissaient le même sort que celui réservé aux publications pornographiques: ces dernières étaient peu nombreuses et étaient reléguées aux rayons inaccessibles au public, ou dans des endroits peu fréquentés des librairies. Aujourd’hui, les choses sont bien différentes. Partout les ouvrages occultes les plus dangereux sont parfaitement disponibles, s’étalant sans honte aucune au grand jour, manifestant ainsi, à qui veut bien le remarquer, l’immense intérêt du public pour une spiritualité foncièrement païenne. Ce changement si profond s’est produit dans une période relativement courte, au cours des années soixante. Il s’agissait d’un verrou culturel qui sautait, effondrement qui affectait bien d’autres secteurs que celui de l’intérêt pour l’ésotérisme. Dans le domaine analogue de la pornographie, l’auteur de romans policiers Frédéric Dard (San Antonio) exprimait, dans un entretien avec l’évêque Mamie de Fribourg, son inquiétude et son désarroi face au fait que, pendant ces années cruciales, les exigences de ses éditeurs s’étaient radicalement modifiées. Avant, on lui reprochait l’excès de verdeur de son langage; après, de ne pas y aller assez fort dans la vulgarité et l’obscénité.

Henri Bergson (1859-1941), philosophe français d’origine juive, appelait de ses voeux sur notre civilisation, un supplément d’âme apte à combler le vide laissé par une culture matérialiste, rationaliste et mécanique, ayant résolument tourné le dos aux valeurs spirituelles (1). Mais de quelle spiritualité pouvait-il donc s’agir? Rappelons simplement ici, comme avant-goût de ce qui nous attend dans la suite de cette étude, ces paroles du beau-frère de Bergson, Samuel Mathers, fondateur de l’ordre secret de l’Aurore sacrée (Golden Dawn), composé exclusivement de Francs-Maçons et de Rosicruciens de haut grade. Il évoque les expériences spirituelles très particulières que suscitèrent en lui ce supplément d’âme que son beau-frère souhaitait pour régénérer notre civilisation:

«En ce qui concerne les Chefs Secrets (…), je ne les ai que très rarement vus dans leur corps physique (…). Je sentais que j’étais en contact avec une Force si terrible (…) que j’éprouvais une grande difficulté à respirer (.. .); je passais par des sueurs froides, saignement de nez, de la bouche et parfois même des oreilles» (2).

Plus près de nous, André Malraux, tout athée et marxiste qu’il était, proclamait un peu pompeusement: « Le XXIe siècle sera religieux, ou il ne sera pas.» Le supplément d’âme et le renouveau religieux sont aujourd’hui avec nous, mais d’où viennent-ils’? Sont-ils païens ou sont-ils chrétiens?

Mes différents exposés forment un tout. Je traiterai d’abord du combat victorieux de l’Eglise de Dieu contre le paganisme, en premier lieu dans la Bible, puis dans l’histoire de l’Eglise. Ensuite j’examinerai le renouveau du paganisme dans l’histoire de l’Occident: enfin je porterai mon attention sur ce qu’on appelle aujourd’hui le Nouvel Age, qui n’est en réalité rien d’autre que le prolongement, sous une forme moderne, du paganisme antique. Ma conclusion cherchera à définir la voie que trace la Bible pour un retour à un christianisme qui saura manifester à nouveau aux yeux de tous la victoire acquise par Jésus-Christ à Golgotha sur toutes les forces de l’enfer. Il s’agit du retour à un christianisme ne se contentant pas seulement de l’apparence de la piété, mais en détenant également la force, force qui, nous dit la Bible, est faite de deux éléments inséparables: une foi véritable en Jésus-Christ, Sauveur et Seigneur; et le fruit d’une telle foi, l’obéissance, certes imparfaite mais grandissante, aux commandements de Dieu. Cette obéissance et cette foi, nous dit la Bible, sont victorieuses du monde, aujourd’hui encore capables d’enfoncer les portes de l’enfer et de renverser toutes les citadelles de Satan.

A. Les étapes du combat biblique contre le paganisme issu de la chute

1. La chute (3)

Le conflit entre la foi véritable et les religions inventées par la vaine imagination du coeur corrompu de l’homme, commence avec la tentation d’Eve et la chute de la race humaine. Pour comprendre le nouveau paganisme – ce nouvel âge dont on commence à parler dans nos pays francophones – il nous faut d’abord comprendre comment la Bible elle-même différencie la foi de l’alliance établie par le Dieu trinitaire avec son peuple, des religions innombrables que les hommes s’inventent pour échapper à la souveraine autorité de Dieu. Rappelons le dialogue entre Eve et le serpent (4):

La femme dit au serpent: «Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.»

Alors le serpent dit à la femme: «Vous ne mourrez pas du tout! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal» (Gen 3.2-5).

 

Vous connaissez la suite du récit. La femme mangea du fruit défendu et en donna à son mari, qui n’osa s’opposer à son épouse. Par cet acte le péché entra dans le monde, et par le péché la mort. Mais ce qui nous intéresse plutôt ici, c’est la tactique employée par le diable, tactique qui au cours de l’histoire n’a jamais varié, ce que nous verrons clairement par la suite. Nous pouvons ici en discerner quatre étapes:
a) I apparaît à la femme, non sous sa propre forme, mais déguisé sous les apparences d’une des bonnes créatures de Dieu. Le diable est un expert en camouflage.
b) Il affirme que la parole de Dieu est fausse, que Dieu a menti à l’homme en lui imposant une restriction, un interdit.
c) Il promet que par la connaissance initiatique l’homme pourra accéder à un état supérieur où il connaîtra le bien et le mal indépendamment de la parole de Dieu.
d) Il affirme que l’homme obtiendra ainsi la capacité de devenir Dieu lui-même; il s’agit de la divinisation de l’homme par une connaissance supérieure.

 

Nous retrouverons tous ces éléments dans le paganisme de toutes les époques et, tout particulièrement, dans le néo-paganisme de ce qu’on appelle abusivement aujourd’hui le nouvel âge.

2. Le meurtre d’Abel

Dans l’opposition et la jalousie de Caïn pour Abel, nous voyons la première escarmouche dans le combat millénaire entre la vraie foi et la religion fabriquée par l’homme.

Au bout d’un certain temps, Caïn apporta des fruits du sol comme offrande à l’Eternel. Abel lui aussi, apporta des premiers-nés de son petit bétail avec leur graisse. L ‘Eternel porta un regard favorable sur A bel et sur son offrande; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn, ni sur son offrande. Caïn fut irrité, et son visage fut abattu (…). Gain adressa la parole à son frère Abel, et comme ils étaient dans les champs, Caïn se dressa contre son frère et le tua (Gen 4.3-8).

La question qui se pose ici à nous est la suivante: pourquoi Dieu approuva-t-il le sacrifice d’Abel et rejeta-t-il celui de Caïn? Certes, comme nous dit le texte, la vie d’Abel était approuvée de Dieu, tandis que Caïn portait ses désirs vers le mal. Mais le texte va beaucoup plus loin. Caïn apportait à Dieu le fruit de son travail, tandis qu’Abel, lui, offrait à Dieu en sacrifice des premiers-nés de son petit bétail avec leur graisse. Le sacrifice d’Abel préfigurait les sacrifices du Tabernacle et du Temple, qui parlent tous, typologiquement et prophétiquement, du sacrifice de Jésus-Christ à la croix pour nos péchés. Abel voyait sa justice en l’oeuvre à venir de l’Agneau de Dieu et par sa foi en ce sacrifice à venir, il fut justifié, déclaré juste par Dieu. Par contre Caïn voulait se justifier lui-même par le sacrifice de ses propres oeuvres, passant ainsi à côté d’une prise de conscience du caractère radical de son péché, si profond, en fait, qu’aucune oeuvre ayant sa source en lui-même n’était capable de le rendre juste devant Dieu.

Pour être bref, le sacrifice d’Abel représente le salut par la foi nue en l’unique sacrifice ultime de Jésus-Christ à la croix, qui lui seul peut ôter les péchés du monde. Le salut vient de Dieu, il est pure grâce, c’est Emmanuel, Dieu avec nous, et non, comme l’entendait Caïn, nous avec Dieu. Par contre Caïn imaginait que ses oeuvres religieuses pouvaient lui permettre de combler l’abîme qui le séparait de Dieu. A la place de la justification par la foi en l’unique sacrifice du divin Médiateur, il mettait sa propre justification, obtenue par l’offrande à Dieu du travail de ses mains. Abel préfigure l’Eglise de Dieu qui met toute sa confiance en l’oeuvre extrinsèque du Seigneur Jésus-Christ. Caïn préfigure toutes les religions non-chrétiennes – le judaïsme apostat, l’Islam et toutes les religions païennes -, qui se fondent sans exception sur les efforts de l’homme pécheur pour combler le gouffre qui le sépare de Dieu.

Nous verrons par la suite qu’une des marques dominantes du renouveau actuel du paganisme est son insistance constante sur la nécessité d’accomplir certaines oeuvres – expériences, initiations, privations, disciplines, techniques, etc. – pour rétablir une communion perdue avec la divinité. Sur le plan profane, un tel salut par l’effort de l’homme s’exprime très clairement dans la symbolique maçonnique (l’équerre et le compas), instruments qui permettent de faire la vérité dans la loge rassemblée en atelier, ou dans celle du communisme (marteau et faucille), où l’homme se crée lui-même par son travail. Dans la dialectique marxiste, l’homme n’est pas; il se fait par son travail, il est son propre créateur. Ce que fait une nature divinisée dans l’évolutionnisme darwinien est attribué à l’homme dans le marxisme. C’est parce qu’ils partageaient la vision marxiste d’un salut opéré par les oeuvres d’une religion sécularisée, que les nazis furent conduits à reprendre pour leur compte la pratique communiste d’une ré-éducation (c’est-à-dire une recréation) des aliénés sociaux, des perdus, par le travail forcé des camps de concentration. Ils affichèrent publiquement leur but sotériologique (qui concerne la doctrine du salut) en plaçant au-dessus des portails de ces machines à salut que sont toujours les goulags, le slogan «Arbeit macht frei» (le travail libère). L’usage, si répandu depuis une quinzaine d’années, du mot atelier pour désigner un groupe de discussion montre clairement à quel point l’idéologie des loges a pénétré et façonné même le langage évangélique. Et nous savons fort bien que les glissements de sens précèdent presque toujours des dérapages doctrinaux et pratiques.

Jean-Marc Berthoud
(1) Jacques Maritain: La philosophie bergsonienne Marcel Rivière, Paris. 1914
(2)
Dave Hunt: Peace, Prosperity and the Coming Holocaust Harvest House, Oregon, 1983, citant: Louis Pauwels et Jacques Bergier: Le matin des magiciens Gallimard, Folio, Paris, 1988 (1960), p. 343 >
(3) Sur le récit de la chute, le meilleur commentaire reste celui de: Edward J. Young: Genesis 3. A Devotional and Expository Study Banner of Truth, Edinburgh, 1983 (1966)
Nous recommandons les commentaires modernes suivants:
H. C. Leupold: Exposition of Genesis Evangelical Press, London, 1972 (1942)
G. Ch. Aalders: Genesis Zondervan, Grand Rapids, 1981, 2 vol.
James Montgomery Boice: Genesis. An Expositional Commentary Zondervan, Grand Rapids, 1982, 3 vols.
(4)Nous citons partout la Nouvelle version Segond révisée, dite Bible à la Colombe, Alliance Biblique Universelle, 1978

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)