La discipline ecclésiastique : un sujet tabou ?

Olivier Favre a fait ses études de théologie à l’Institut Biblique Européen de Lamorlaye ainsi qu’à la Faculté Libre de Théologie Réformée d’Aix-en-Provence. Il a été pasteur de l’Église Réformée Baptiste de Lausanne pendant 14 ans. Depuis juillet 2005, il partage son ministère entre deux petites églises réformées baptistes à Payerne et Neuchâtel. Il est marié et père de trois fils.

La discipline ecclésiastique a-t-elle encore sa place à l’aube du XXIe siècle ? La question se pose d’autant plus que ce terme ne se trouve nulle part dans la Parole de Dieu. Il nous vient des Réformateurs. Toutefois, comme nous allons le voir, la discipline ecclésiastique est un enseignement biblique clair. Au sens le plus large, elle peut être définie comme « le moyen par lequel le pécheur sauvé par grâce est amené à se séparer de son péché ».

Elle couvre donc un champ extrêmement large qui inclut :

– La discipline formative et préventive qui consiste à prévenir les situations de crises en dispensant régulièrement un enseignement biblique solide et appliqué aux situations éthiques et morales auxquelles l’église et les chrétiens doivent faire face. Dans la large majorité des cas, c’est par ce moyen-là que le but général de la discipline sera atteint dans la vie des chrétiens. D’où l’importance, pour les responsables, d’attacher à l’enseignement qu’ils dispensent tout le soin qu’il mérite.

– La discipline corrective ou médicinale qui consiste à reprendre, selon une procédure précise, 1es péchés évidents, visibles, prouvés (soit une désobéissance à un commandement explicite de la Parole de Dieu, soit une erreur doctrinale qui détruit l’intégrité de l’Évangile, soit l’entêtement dans le péché qui entraîne des divisions). Elle ne doit en aucun cas s’appliquer dans les questions de liberté chrétienne ou pour les péchés intérieurs et secrets.

En général, c’est à cette seconde que nous pensons quand nous parlons de « discipline ecclésiastique ».

I. L’importance de la discipline ecclésiastique

– Elle se pratiquait déjà au sein du peuple d’Israël par la réprimande, l’exclusion et la peine de mort sur les pécheurs notoires (cf. en particulier Kuen, p. 37-40 ).

« Tu auras soin de reprendre ton compatriote. » (Lév 19.17)

« Car tous ceux qui commettront une quelconque de ces horreurs seront retranchés du milieu de leur peuple. » (Lév 18.29)

– Elle a été instituée par Christ pour son Eglise avec une structure bien définie (Mat 18.12-21 ; cf. Kuen, p. 41-66).

– Le Christ l’a lui-même pratiquée au sein de son Eglise (Apoc 1 – 3).

– Elle a été pratiquée dans l’Eglise primitive à plusieurs reprises (cf. Kuen p. 67-91). Réprimandes et exhortations privées ou publiques, suspension, excommunication et rétablissement y sont tous mentionnés.

La pratique de la discipline ecclésiastique est donc un fait incontestable de l’enseignement biblique.

II. Les trois buts de la discipline

– Ramener le croyant errant en lui faisant prendre conscience de son péché et en l’amenant à la repentance.

– Protéger l’église contre la gangrène en « retranchant » le membre dont les péchés connus ou l’enseignement erroné pourraient en inciter d’autres à suivre son exemple.

– Préserver l’honneur de Dieu et la pureté du sacrement en évitant que des personnes dont les péchés connus (parfois même du monde qui en est outré) ne s’identifie à l’église de Dieu en prenant le repas du Seigneur.

Malgré la connotation souvent très négative que revêt l’idée de discipline ecclésiastique aujourd’hui, il est important de constater dans ses trois buts, que l’amour est le principe moteur qui l’anime — un amour qui change d’objet en fonction de la réaction du pécheur à la discipline. D’abord il s’exerce envers le prochain. Ensuite, envers l’église de Jésus-Christ afin de ne pas la laisser être contaminée par l’erreur. Et enfin, cet amour s’exerce envers Dieu dont la gloire et l’honneur ne doivent pas être souillés au sein de son peuple par un pécheur rebelle.

Ces trois buts nous rappellent clairement que le pécheur qui fait l’objet de la discipline ne doit pas être le seul bénéficiaire de notre amour. C’est ce que Pierre Viret montre de façon admirable dans la citation du dialogue qui suit :

« Pierre : – Te semble-t-il qu’il fallut tenir pour miséricorde, si après qu’un loup aurait mangé des brebis, on avait pitié et compassion de lui, qu’on l’épargnait pour lui en laisser encore manger d’autres ?

Nathanaël : – Il me semble que ce serait plutôt grande cruauté. Car ce serait meurtrir les brebis pour épargner les loups et abuser envers eux de la miséricorde de laquelle il convient d’user envers les brebis.

Pierre : […] – Il y en a plusieurs qui usent en matière de justice, d’une telle charité et miséricorde, en supportant les méchants qui méritent punition, et laissant fouler les justes et les innocents, au lieu de leur faire raison comme il appartient. Le semblable advient aussi souventes fois en l’Église, quand on y supporte par trop les scandaleux, et qu’on n’a pas regard au grand dommage qu’ils apportent à toute l’Eglise. »
(P. Viret, Instruction chrestienne. vol. II, p. 577-578)

III. Les 6 étapes de la discipline corrective (y compris le rétablissement)

Selon le schéma qu’Alfred Kuen (p.31) a emprunté à Jay Adams, les différentes étapes de la discipline corrective telles que le Seigneur les a enseignées, sont les suivantes, selon Mat 18.15-16 :

1) L’autodiscipline : En Gal 5.22, elle est mentionnée comme un fruit de l’Esprit. C’est la façon habituelle par laquelle le chrétien progresse dans la foi et apprend à se séparer du péché.

2) La répréhension privée : Elle entre en jeu quand un état « d’irréconciliation » est advenu entre deux frères à cause du péché de l’un d’eux. L’initiative de la démarche repose, non sur le pécheur, mais sur l’offensé. C’est une initiative strictement privée et dont le cadre et les propos ne devraient jamais dépasser le « seul à seul ».

Par la grâce de Dieu, la plupart des cas se règlent à cette étape. Encourager les frères et sœurs de l’église à agir ainsi, plutôt qu’à médire ou à vouloir régler les problèmes à leur place, c’est travailler à créer des liens fraternels forts au sein de l’église.

3) La répréhension avec deux ou trois témoins : Elle n’entre en compte que s’il n’y a eu aucune résolution possible à l’étape précédente. Dans ce cas, la personne qui a entrepris la démarche ira trouver l’offenseur, accompagnée de deux ou trois témoins. Le choix des témoins est important, car ils auront à essayer, avec impartialité, de régler le contentieux et, en cas d’échec, à témoigner de l’endurcissement du pécheur devant les responsables de l’église ou devant celle-ci réunie.

4) Devant l’église : Pour le Seigneur, l’église locale est la dernière instance en matière de discipline ecclésiastique. C’est en son sein que devra être prise la décision de « suspendre » ou « d’excommunier » une personne. Toutefois, afin d’éviter de répandre plus qu’il ne le faut les faits, qui méritent souvent la plus grande discrétion, il est en général prudent que le collège d’anciens représente l’église auprès du pécheur impénitent, avant que l’église rassemblée ne statue sur son cas (cette dernière comprenant aussi de jeunes chrétiens qui pourraient être déstabilisés).

Notez aussi qu’il ne faut pas confondre l’église rassemblée avec le culte du dimanche matin, dans lequel il peut y avoir des incroyants ou des personnes de passage, qui ne doivent pas avoir accès à ces informations.

Avant l’excommunication, une autre démarche peut parfois être envisagée à la lumière de 2 Thes 3.6-15 : il s’agit de la suspension. Paul l’a employée envers un frère qui vivait dans le désordre afin de lui montrer la gravité de sa situation. Dans ce cas, il s’agit de priver ce frère de toute relation sociale naturelle, de la cène et de toute responsabilité dans l’église afin qu’il ait honte de son comportement.

5) Devant le monde (« comme un païen et un péager ») : Si après l’étape précédente, le pécheur demeure impénitent, l’excommunication doit être prononcée par l’église : c’est-à-dire qu’elle rend au monde et à Satan celui dont l’attitude, les paroles ou les actes laissent à penser qu’il n’appartient pas au Seigneur, à moins qu’il se repente.
Suite à cette démarche, l’excommunié doit être considéré comme un non-chrétien et recevoir toute l’attention que nous accordons à de telles personnes pour leur annoncer l’Évangile.

6) Le rétablissement : En pratiquant la discipline ecclésiastique, il ne faut jamais perdre de vue son but final qui est le rétablissement du pécheur et la joie qui l’accompagne (Mat 18.13-14).
C’est ce but qui nous aidera à l’exercer avec compassion, amour et patience. Il nous permettra de rétablir avec joie au sein de l’église le pécheur repentant, aussitôt sa repentance formulée (Luc 17.4). Comme Satan peut être dur, il arrivera souvent que la personne qui revient après une excommunication, ait besoin d’une assistance particulière de l’église.
Comme le montre le cas de « l’incestueux de Corinthe » (1 Cor 5.1-8), toutes ces étapes ne doivent pas forcément être suivies les unes après les autres. Les premières peuvent être sautées en fonction du caractère connu et contagieux du péché.

IV. Quelques remarques

Notez qu’il peut arriver qu’une démarche de discipline ecclésiastique doive être entreprise suite à la « confidence » qu’un chrétien vient vous faire dans un entretien pastoral. Il est donc important de ne jamais promettre une confidentialité absolue lors d’un tel entretien avant de savoir de quoi la personne va vous parler. Sans quoi vous risquez parfois de vous trouver dans l’impossibilité d’agir au niveau de la discipline ecclésiastique, étant liés par votre promesse.

Il existe un lien étroit entre notre théologie et notre pratique de la discipline ecclésiastique. Celle-ci nécessite une vue claire du ministère pastoral et de l’autorité, déléguée de Dieu, qui l’accompagne. La pratique de la discipline est impossible sans une bonne compréhension de la grandeur de Dieu, de sa souveraineté, de sa justice et de sa sainteté, qui sont inséparables de son amour. C’est pourquoi les responsables de l’église doivent avoir horreur du péché et désirer de tout leur cœur une église sainte. C’est motivés par la foi en Dieu et la compassion du Christ qu’ils appliquent les moyens établis par Dieu, en ayant confiance qu’il les emploiera toujours pour sa gloire et le plus grand bien de ses enfants.

Références bibliographiques

Adams J.E., Handbook of Church Discipline, Zondervan, Grand Rapids, 1986, 120 p.
Favre Olivier, Pierre Viret et la discipline ecclésiastique, Revue Réformée, n° 199. 3/1998. Aix-en Provence, p. 55-75.
Kuen A., Si ton frère a péché, la discipline dans l’église, Emmaüs, St Légier, 1997, 127 p.
Lauzet S, Discipline ecclésiastique, Ichthus, n° 137, 6/1986, Marseille, p. 27-34.
Olyott S., Les uns les autres, Kerygma, Aix-en-Provence, 1988, 39 p.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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