La délivrance de l’occultisme

Les dangers des pratiques occultes

Les pratiques occultes font courir deux risques : la « démonisation » et l’influence démoniaque.

La « démonisation »

Le terme « démonisation » me semble préférable au terme usuel de « possession », car selon la Bible, Dieu seul possède tout (Deut 13.14 ; 1 Chr 29.11-12, 1 Cor 10.26). Le diable ne possède rien d’autre que ce qu’il a voulu usurper. De plus, les deux expressions grecques les plus fréquentes signifient être démonisé (daimonizomai) et avoir un démon (echon daimonion).

Une personne « démonisée » (Luc 11.24-26) semble avoir trois caractéristiques :

– le démon la contrôle (de manière occasionnelle ou constante) : il peut la saisir (Mat 8.28), la pousser (Marc 9.18), etc. ; – le démon a accès à l’intérieur de la personne (cf. les verbes « sortir » en Luc 8.2 ; Act 16.18) ;

– la personne alterne des périodes de lucidité et d’autres où elle est sous contrôle (cf. Mat 17.15).

Essai d’identification des causes

Il n’est pas évident de se prononcer très clairement à ce sujet :

– Dans les Évangiles, la plupart des démoniaques viennent de régions où l’idolâtrie est importante. Une culture imprégnée d’occultisme formerait un environnement particulièrement propice. Serait-ce la raison des mises en garde si sérieuses de l’A.T. (Deut 18.9-14 ; Lév 19.26) ?

– D’un côté, Jésus n’a jamais reproché à quelqu’un d’être démonisé (contrairement à certains malades, à qui il a dit : « Va, et ne pèche plus »). Ce qui montre que la personne est plutôt victime que participante volontaire. Cela pourrait expliquer pourquoi dans une famille marquée par l’occultisme un enfant peut naître avec la présence d’un démon (cf. Marc 9.21).

– D’un autre côté, il semble exister des situations où la personne est pleinement responsable de son état (Act 5.1-4), puisqu’elle est appelée à ne pas faire de la place au diable (Éph 4.27), à se repentir pour être libre (2 Tim 2.25-26), et à ne pas « fréquenter » les puissances démoniaques (1 Cor 10.20). Par le péché, par des pratiques interdites, un individu peut contracter un lien avec une puissance céleste néfaste.

L’influence démoniaque

Il existe une autre forme d’influence par les démons. Selon Éphésiens 2.1-3, par nature, nous sommes tous plus ou moins sous l’influence du diable.

Aux Corinthiens, Paul écrit : « Mais ce qu’on sacrifie, on le sacrifie à des démons et non à Dieu ; or je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. » (1 Cor 10.20) Paul parle à des chrétiens : il y a donc une forme d’influence possible.

À Colosses, les spiritualités dévoyées de type initiatique exerçaient aussi une influence dommageable sur les chrétiens, en séduisant leurs pensées par des philosophies ou des théologies trompeuses.

À Thyatire, des déviances morales ou un manque de profondeur spirituelle semblent être liés à l’œuvre de démons (Apoc 2.20-22).

Il existe donc une forme d’influence, plus ou moins forte, plus ou moins manifeste, dont il faut avoir conscience.

La notion de victoire

L’Évangile déclare la victoire sur les démons :

– par la victoire complète et absolue du Christ qui « a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. » (Col 2.15)

– par la promesse que Christ bâtirait son Église sans que les portes du séjour des morts, lieu d’autorité démoniaque (cf. Héb 2.14) ne puissent s’opposer (Mat 16.18) ;

– par la délivrance qui résulte de la conversion : « Il nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé » (Col 1.13) ;

– par la position des chrétiens assis avec Christ au-dessus de toute autorité (Éph 1 ; 2) ;

– par l’intercession du Fils de Dieu et de l’Esprit de Dieu ;

– par la promesse qu’il est capable de nous préserver (Jude 24-25).

Je dois m’appuyer sur la vérité objective et théologique que Christ est vainqueur et que le chrétien est vainqueur par son association à Christ. Néanmoins cette victoire doit être enseignée et appliquée. En cela, sa réalisation pratique connaît des degrés de réussite divers.

L’exemple d’Éphèse (Actes 19)

Le contexte religieux1

L’histoire antique nous rapporte deux aspects particuliers du climat spirituel d’Éphèse :

– La vénération d’Artémis : Elle est adorée comme protothronia, c’est-à-dire suprême en rang et puissance. Ceux qui l’invoquaient la considéraient comme Sauveuse (Soteira), Seigneur (Kuria), et Reine du Cosmos (Basileia kosmou). Elle était la déesse céleste. Il y a un lien marquant entre Artémis et Cybèle, la Déesse Mère de Phrygie.

– L’utilisation de formules magiques : Les Ephesia grammata étaient six formules magiques censées apporter la guérison, protéger des démons, renouveler ses capacités sexuelles, etc. Ces formules étaient invoquées, ou inscrites sur des amulettes. Le lien est très fort entre la magie et Arte´mis. On est proche du mana des sociétés animistes. À ceci s’ajoute l’astrologie dont les signes ornementaient les images de la déesse. La littérature antique recense la sensation explicite à Éphèse d’une ville infestée de démons, où des endroits particuliers servent à leur rassemblement. Voilà le contexte dans lequel les gens vivaient quand Paul arrive avec l’Évangile.

Les débuts de l’Église à Éphèse

Paul rencontre des disciples de Jean-Baptiste (19.1-7), puis exerce un ministère dans la synagogue pendant trois mois et dans l’école de Tyrannus pendant deux ans (19.8-12). Pendant cette période, Paul effectue des miracles « extraordinaires » qui ne sont pas sans rappeler les Ephesia grammata. C’est comme si le Seigneur en prenait le contrepied par des moyens dérisoires, comme les mouchoirs de Paul.

Suit un évènement étrange (19.13-16) avec ces « quelques exorcistes juifs ambulants » qui essayent d’imiter Paul et échouent lamentablement. Soudain la réputation de Christ se répand et l’Évangile est planté. Les Éphésiens qui se convertissent confessent ce qu’ils ont fait et se débarrassent de leurs livres occultes (19.17-20). La délivrance de l’Évangile est spectaculaire !

On fait grand cas de ce que les Éphésiens aient brûlé leurs affaires occultes. Faut-il les imiter ? Les objets sont-ils dangereux ? Les chrétiens comme les non-chrétiens peuvent-ils être contaminés ? Que faire si sa maison a été le théâtre d’actes de sorcellerie ? Jérémie 10.5 donne la réponse : « Ces dieux sont comme une colonne massive, et ils ne parlent point ; on les porte, parce qu’ils ne peuvent marcher. Ne les craignez pas, car ils ne sauraient faire aucun mal, et ils sont incapables de faire du bien. » La Bible dit clairement que les objets sont incapables de faire du bien ou de faire du mal. Le problème vient de la conscience de celui qui vient de se convertir et qui est en danger de revenir à ses anciennes pratiques. Il faut brûler ces objets — non parce qu’ils seraient contaminés, mais parce que la conscience faible a besoin d’être fortifiée. La coupure avec l’ancienne vie a parfois besoin d’être matérialisée par un tel acte. Quand je me suis converti, j’ai brûlé tous mes livres sur la réincarnation. Mais quand les éditions Clé m’ont demandé d’écrire un livre sur la réincarnation, je les ai tous rachetés et aucun démon n’est sorti des pages !

L’Épître de Paul aux Éphésiens

Plusieurs passages montrent combien Paul voulait par sa lettre rassurer et donner un cadre au combat spirituel des chrétiens d’Éphèse :

– Christ assujettira tout (Éph 1.9-10).

– Christ a le pouvoir sur les puissances (Éph 1.15-23) car il a déjà remporté la victoire (Éph 4.8-10).

– L’environnement est mauvais : le diable agit réellement et substantiellement pour la désobéissance et la rébellion de l’homme naturel (Éph 2.2) ; mais une transformation a eu lieu (Éph 2.4-10).

– L’Église a un rôle dans l’application de la victoire de Christ : « Les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse infiniment variée de Dieu. » (Éph 3.10)

– Le développement sur la lutte spirituelle (Éph 6.10-20) est capital à comprendre et à mettre en œuvre pour les personnes qui viennent d’un milieu occulte.

Deux approches de la délivrance

Première approche : le ministère apostolique « ekbalistique »2

Le texte de Marc 16.17 (« Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ») sur lequel certains s’appuient pour chasser les démons s’applique aux apôtres, qui ont cru après avoir eu des doutes. Tous les signes mentionnés en Marc 16 ne sont réalisés que par deux catégories d’individus seulement :

– les apôtres (ex : Act 5.11-13),

– ceux auxquels ils imposent les mains (ex : Étienne).

Vers l’an 64, l’Épître aux Hébreux indique que ces signes, ces prodiges, ces miracles variés par lesquels Dieu appuyait le témoignage apostolique ont eu leur temps (Héb 2.4).

Ma conviction est que cette manifestation des signes et prodiges appartient a` l’autorité apostolique. Paul indique que c’est la « signature » de son statut d’apôtre : « Les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par […] des signes, des prodiges et des miracles. » (2 Cor 12.12)

Avant de changer d’approche sur ce sujet, j’ai chassé des centaines de démons… mais je crois que je n’en ai chassé réellement aucun ! Ce que je faisais n’avait pas la caractéristique de ce que je lis dans le N.T.

Seconde approche : ministère pastoral centré sur l’individu

Il faut s’attendre à rencontrer des gens « démonisés ». Que doit-on faire ?

Le texte le plus emblématique est, selon moi, 2 Timothée 2.24-26 : « Un serviteur du Seigneur […] doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté. » Les adversaires (les contradicteurs) n’ont pas la connaissance de la vérité, ni leur bon sens et ont perdu leur liberté, capturés qu’ils sont par le diable. Dieu a pour objectif de les amener à la repentance qui conduit à la délivrance des pièges du diable. Ce texte nous donne la ligne de conduite à adopter envers des gens qui sont pris dans l’occultisme. Notre rôle est de les enseigner en sorte que Dieu leur donne la repentance — et c’est lui seul qui peut la donner.

Jacques 4.7 va dans le même sens : « Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au diable » — ce sont les deux impératifs qui nous concernent — « et il fuira loin de vous » — c’est la promesse de Dieu.

Cette approche me semble cohérente avec l’enseignement magistral d’Éphésiens 6.10-17 :

– La prière est centrale.

– La posture n’est pas agressive : il ne s’agit pas de partir à la chasse aux démons. Toutes les armes sont défensives, à l’exception de l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu. Il faut avant tout « tenir ferme ».

– Le côté le plus dangereux est le dos — là où d’autres doivent ou devraient nous protéger. Il y a dans la guerre spirituelle une notion fondamentale et peu soulignée : le rôle protecteur de l’Église. Chacun est invité à ne pas être pour l’autre une occasion de chute (suscitant l’amertume, la colère, la tentation, etc.).

Vers une méthodologie

Des éléments possibles à repérer

Comment déterminer si une personne est réellement possédée ? Le discernement spirituel est de mise. La présence de certains éléments peut alerter :

– des influences marquées (occultisme, violence — subie ou exercée —, immoralité, mysticisme…) ;

– des voix distinctes (mais la schizophrénie existe aussi !) ;

– des comportements asociaux, notamment à proximité de chrétiens, d’églises ou de la Bible ;

– des dons médiumniques ou paranormaux ; etc. ;

Dans ma (petite) expérience, les liens les plus forts correspondent aux pratiques occultes et à l’absence de pardon délibérée qui conduit à une amertume cultivée.

Sept pratiques fondamentales

1. Prier pour une illumination puissante des vérités chrétiennes (Éph 3.14-21). Le diable empêche la parole de pénétrer (Mat 13.19).

2. Enseigner l’Évangile dans la puissance de l’Esprit (en identifiant les points de mensonge, de blocage, les « forteresses », cf. 2 Cor 10.4-5).

3. Enseigner la victoire objective du Christ sur les puissances des ténèbres (cf. Col 2.15) afin que la personne ait une assise de foi suffisante pour faire face à des situations aussi oppressantes que peut être la présence d’un démon dans une pièce.

4. Enseigner la mise en pratique de la victoire du Christ, notamment auprès des jeunes chrétiens (cf. Jac 4.7).

5. Enseigner le devoir d’une repentance spécifique et accompagner la personne dans ce sens (cf. 2 Tim 2.24-26), ce qui peut passer par une séparation de certains objets à cause de sa conscience faible (Jér 10.5 ; 1 Cor 8.7-12).

6. Enseigner la mise en place de toutes les armes de Dieu (Éph 6.10-20), en prenant conscience des deux armes mobiles de la foi et de l’épée de l’Esprit (cf. Jean 8.32).

7. Enseigner à tous le besoin de ne pas être une occasion de chute : même si cela va rarement jusqu’au stade de la possession, la colère (Éph 4.27), l’abstinence forcée dans le couple marié (1 Cor 7.5), l’absence délibérée de pardon (2 Cor 2.11), un esprit de provocation (1 Cor 10.19-22), sont des terrains fertiles pour donner au diable un « accès » et cela peut affecter toute l’église.

1Ces éléments sont tirés de Clinton E. Arnold, Ephesians Power and Magic, Baker, 1992.
2Le verbe grec ekballo est souvent utilisé lorsque Jésus ou les apôtres chassent les démons.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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