La Bible: un message déconcertant

Jésus a souvent été choqué par la manière dont ses contemporains comprenaient les Ecritures. Pas étonnant que sa lecture à Lui les ait à son tour déconcertés.

Voici du reste le principal reproche qu’il adresse aux théologiens de son temps :

"Vous sondez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie!" (Jean 5.39,40).

De quelle manière ces Ecritures rendent-elles témoignage de l’œuvre et de la personne de Christ, et pourquoi est-il si difficile de venir à lui pour avoir la vie ?

Jésus s’est entretenu de cette question avec un « docteur de la loi » qui l’avait abordé.

A. Au cœur du problème

A celui qui voulait apprendre quel était "le plus grand commandement de la loi", Jésus répondit en s’appuyant sur deux versets de l’Ancien Testament seulement (Mat 22.39,40):

"Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement.
Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes."

Il y a beaucoup dans cette réponse.

1. "Tu aimeras le Seigneur" : la Bible est un livre qui s’intéresse essentiellement aux relations entre l’homme et Dieu. L’existence de l’homme ne peut se comprendre sans l’existence de Dieu, car l’homme a été créé pour aimer Dieu. Toutefois, Dieu est Seigneur, à la fois Créateur et Maître de ses créatures. L’amour de l’homme envers Dieu, et son bonheur, commencent d’abord par l’acceptation de cette souveraineté, de cette radicale transcendance.

2. "…le Seigneur, ton Dieu" : l’homme est destiné à une relation privilégiée, exclusive, intime et personnelle avec son Seigneur. Aussi la Bible ambitionne, pour ses destinataires, bien au delà de l’initiation à une forme particulière de sagesse, de l’adoption d’un code éthique, de l’apprentissage de nouveaux modèles de pensée, de la pratique d’une ascèse quelconque. Elle les replace devant leur centre de gravité par excellence, et leur plus grand trésor: le Dieu éternel.

3. "… de tout ton cœur" : un lien d’amour avec le Dieu de l’Univers ne peut se limiter à une coexistence pacifique ou à une relation d’affaires. Le cœur tout entier est requis, et doit rester mobilisé en permanence pour Dieu. Le cœur, c’est-à-dire le quartier général de mon individu, ce poste de commandement qui décide de mes engagements, de mes choix de vie, de la mise à disposition de tout mon être… le cœur sans lequel tout acte n’est que gesticulation, trompe-l’œil, ou camouflage.

4. "… de toute ton âme" : bien que les termes de cœur et d’âme soient parfois interchangeables dans l’Ecriture, le contexte indique qu’ici l’âme doit être comprise comme une entité distincte du cœur. Il n’est pas déraisonnable de penser que Jésus parle de l’âme comme du grand clavier du corps et des sens, des sentiments, des émotions, et des mouvements caractéristiques de notre tempérament. Dieu ne compte pas seulement sur la soumission de notre volonté, sur un attachement loyal et résolu, mais aussi sur des âmes qui vibrent pour lui, sur des vis-à-vis passionnés par lui.

5. "… et de toute ta pensée": plus de doute, notre relation avec Dieu est réellement destinée à envahir tout le champ du vécu. Elle inclut la totalité de notre être. Elle est "holistique" au plus haut degré. Par conséquent, si notre relation avec Dieu n’est fondée que sur la volonté et sur les émotions, elle se trouvera tôt ou tard prise en défaut. Il y manquera la composante structurante de la pensée, il y manquera la cohérence, la clairvoyance, et cette intelligence réflexive qui nous distingue de l’animal. La soumission à Dieu, notre amour pour lui, n’entraînent pas la régression et la cessation de l’effort intellectuel. C’est le contraire qui doit se produire.

6. "Tu aimeras ton prochain comme toi-même": le message biblique serait à coup sûr irrecevable s’il minimisait l’importance vitale des relations entre humains. Un Dieu tout entier occupé au bien-être de ses créatures pourrait-il négliger de leur enseigner comment se comporter les unes à l’égard des autres? Notre amour envers Dieu peut certes se concrétiser dans la foi, dans la prière, dans l’exercice d’une activité pratique, mais peut-il faire l’économie de notre responsabilité envers nos frères humains? Notre amour pour Dieu et pour notre prochain s’authentifient l’un par l’autre.

"De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes":
des deux "lois" rappelées par Jésus découlent tous les enseignements fondamentaux de l’Ancien Testament ("la loi et les prophètes", comme en Rom 3. 21, désignent toute la Révélation vétéro- testamentaire). D’une manière magistralement panoramique, Jésus dévoile l’unité du message biblique, son origine divine, son objectif premier, et ses implications dans tout ce qui touche à notre sphère abusivement appelée privée. Marc, dans son Evangile (12. 32,33), rapporte que le docteur de la loi qui vient de recevoir cette réponse est touché au vif: "Bien, maître, tu as dit avec vérité que Dieu est unique, et qu’il n’y en a point d’autre que lui, et que l’aimer de tout son cœur, de toute sa pensée, de toute sa force (notez qu’ici l’"âme" est remplacée par la "force"), et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices" (notez encore: Jésus n’a pas évoqué les holocaustes et les sacrifices, mais le docteur a déjà compris que quelque chose clochait dans la religion purement formaliste et légaliste de la majorité des Juifs de son temps).

B. Un "brave homme" mal dans sa peau

En fin d’entretien, Jésus, "voyant qu’il avait répondu avec intelligence", déclare à son interlocuteur: "Tu n’es pas loin du royaume de Dieu" (Marc 12.34). Cette marque d’approbation de la part de Jésus a de quoi surprendre, dans le contexte de ces chapitres, car le Seigneur va réserver ses plus sévères critiques aux scribes, aux pharisiens, et aux docteurs de la loi. En quoi ce scribe-là s’est-il rapproché d’une juste compréhension de l’Ecriture?

Cet homme se distingue par une honnêteté intellectuelle et morale nettement au-dessus de celle de ses pairs. Plus transparent qu’eux, il laisse entrevoir, derrière ses "questions-pièges", un malaise spirituel. D’emblée il a demandé, dans le récit parallèle de Luc: "Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle?" (10.25) Sachant que seul Dieu peut octroyer la vie éternelle, reconnaissant implicitement l’excellence de la loi, ce grand érudit se trouve probablement confronté, jour après jour, au plus cruel constat: il est incapable de pratiquer ce qu’il souhaite pratiquer pour plaire à Dieu. Il est par conséquent à l’extérieur du royaume de Dieu. Dieu n’est pas encore son seul suzerain. Ce scribe n’a pas la vie éternelle.

Luc nous offre un indice supplémentaire de l’échec de cet homme. Lorsque Jésus fait mine de clore la discussion en lui recommandant: " Tu as bien répondu: fais cela, et tu vivras" (10.28), ce dernier cherche immédiatement à se justifier en prétextant qu’il n’est pas si aisé de savoir qui est ce prochain qu’il doit aimer comme lui-même. Et Jésus de rebondir en lui racontant l’histoire du "bon Samaritain".
Le malheur du scribe est de ne pas aimer Dieu au point d’aimer son prochain, et de trop s’aimer lui-même pour s’éprendre de Dieu. En ce sens, il est représentatif de toute notre race; le diagnostique biblique est péremptoire à ce sujet: "Vous étiez autrefois éloignés de Dieu et ennemis (de Dieu) par vos pensées et par vos mauvaises œuvres", rappelle l’apôtre Paul aux chrétiens de Colosses (1.21 a); "Vous étiez morts par vos offenses" (2.13 a).

Mais la Bible serait fort énigmatique, ou même totalement désespérante, si elle se limitait à la narration de rencontres comme celle de ce scribe et de Jésus. En explorant l’ensemble du message évangélique, il est possible d’envisager la solution que Jésus a préparée pour tous les scribes de tous les temps.

C. Illusions indésirables.

Pour accéder à la vie éternelle, voici deux illusions que notre scribe aurait dû jeter aux orties.

1ère illusion: le salut est une affaire de connaissance

Le scribe cherche le chemin de la vie éternelle en tâchant d’accroître ses connaissances sur le sujet. Cet intellectuel présuppose donc que la connaissance sauve.

Grave méprise : cette thèse ne fait que perpétuer les mensonges du Serpent en Eden (Gen 3.5,6). Souvenons-nous que nos premiers parents, faits à l’image de Dieu, vivaient à l’origine dans une communion lumineuse avec leur Créateur, et l’un avec l’autre. Pour avoir voulu accéder à une connaissance supérieure, les malheureux, au prix d’une désobéissance insensée, ont provoqué une rupture de communion avec leur divin Maître. L’esprit humain, dès cet instant, est devenu esclave de lui-même et de Satan : la gestion de la « connaissance du bien et du mal » se dérobe à son contrôle.

Voilà donc ce que nous devons reconnaître en préambule à tout espoir de salut : notre condition terrestre, nos relations avec Dieu et avec nos semblables, sont marquées par le péché (et entre autres, par les faux raisonnements), par le mal et par la mort. Parce que nos cœurs, nos âmes et nos pensées sont perméables aux suggestions et aux séductions du Diable, et se portent naturellement vers le mal, aucune connaissance, même "biblique", ne peut nous dépêtrer de nos sables mouvants. Notre bonne volonté, nos bonnes intentions, nos bons sentiments, voire nos élans sublimes, nos intuitions géniales ont beau être appelés à la rescousse, c’est en vain. Aucune connaissance n’est en mesure, à elle seule, d’arrêter notre descente vers la mort éternelle, vers la séparation définitive d’avec Dieu. Pas même la connaissance des deux plus importants commandements divins.

2ème illusion: le salut est une affaire d’actes justes

Comme des millions d’Israélites avant et après lui, notre scribe s’était efforcé de respecter la loi de Dieu. Résultat : ni lui, ni aucun de ses coreligionnaires n’ont été en mesure d’obéir ne serait-ce qu’aux deux premiers commandements. Malgré la providence divine, les délivrances, les moyens de grâce et de pardon, malgré la patience de Dieu, les faveurs imméritées, et tout le cortège des prophètes, des messagers divins, des signes et des miracles, le peuple d’Israël, microcosme de l’humanité, n’a pu se sauver par les œuvres de la loi.

Mais pourquoi les écrivains sacrés ont-ils rempli tant de pages sur ce thème? Pourquoi comptabiliser ces interminables suites de transgressions, de trahisons et d’infidélités? N’est-ce pas parce qu’il est fort ardu de nous persuader de l’absolue perversion de notre nature, et de l’absolue nécessité d’un Sauveur divin. Or il nous est vital de nous laisser convaincre, "car tous ceux qui s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction; car il est écrit: Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, et ne le met pas en pratique" (Gal 3.10). A lire les âpres débats entre Christ et ses opposants, l’orgueil et la volonté de l’homme renâclent devant cette logique-là.

D. Réalités nouvelles

En amenant son interlocuteur dans les impasses historiques et théologiques dont nous venons de parler, Jésus ouvrait la voie à de nouvelles réalités. En voici deux qui, sûrement, constituent l’épine dorsale de l’Evangile (c’est-à-dire du message biblique complété par la Révélation néo-testamentaire), et qui peuvent nous le rendre entièrement profitable.

1. Dieu accomplit à notre place ce qui nous est impossible

"Lorsque nous étions sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies" (Rom 5.6).
"Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs,
Christ est mort pour nous"
(Rom 5.8).

– Accéder à la vie éternelle par l’observation sans faille de tous les commandements de Dieu,
– offrir un sacrifice parfait et définitif en vue du pardon de tous les pécheurs de tous les temps,
– ouvrir toute grande la porte de la réconciliation avec Dieu, par la repentance et par la foi en Christ,
– attirer tous les hommes à Dieu,
– et préparer une place dans le Ciel à tous les disciples de Christ, pour qu’ils demeurent à toujours
avec Lui,
… voilà quelques œuvres impossibles à l’homme, mais accomplies par le Fils de l’homme en notre faveur.

"Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses…" (2 Cor 5.19 a).
" Qui peut donc être sauvé? Jésus les regarda et leur dit: Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible" (Mat 19.25, 26).

Que cette possibilité provienne précisément de l’Offensé et du Juge montre l’étendue de son amour, et l’impensable abnégation du Sauveur du monde. Quel poids immense et insupportable serait tombé des épaules du scribe s’il avait compris cela!

2. Dieu nous rend capables de l’impossible

Jésus-Christ n’a pas accompli l’œuvre de leur salut pour transformer les croyants en timides contemplatifs. Les deux premiers commandements sont une montagne infranchissable pour l’homme naturel. Mais Dieu fait de ses enfants, les croyants, de nouvelles créatures capables de choses nouvelles. Il leur envoie sa Parole et son Esprit pour nourrir leur cœur, leur âme et leurs pensées. Il met en eux un esprit nouveau. Il leur insuffle une nouvelle raison de vivre et de se réjouir. Il leur ouvre le chemin de l’espérance et de la victoire sur le péché. Il les rend capables d’aimer leur prochain. Il les envoie comme témoins de sa résurrection. Il leur fait des dons spirituels et les incorpore à l’Eglise, qui est "la colonne et l’appui de la vérité" (1 Tim 3.15 b).

Ceux de ses enfants qui collaborent à ce programme peuvent témoigner: "C’est Dieu qui agit en nous…c’est lui qui produit en nous le vouloir et le faire" (cf. Col 1.29; Phil 2.13). Ce que la loi est impuissante à donner, la foi en Christ nous l’accorde avec abondance. Ainsi pouvons-nous être rendus capables de toute bonne œuvre pour l’accomplissement de la volonté de Dieu; ainsi Dieu peut-il faire en nous ce qui lui est agréable (cf. Héb 13.21). Jour après jour, selon les plans de Dieu, nos cœurs, nos âmes et nos pensées sont modelés par l’Ecriture, afin que nous devenions des hommes et des femmes de Dieu accomplis (cf. 2 Tim 3.16,17). Et lorsque nous traînons les pieds, sommes infidèles, ou péchons, Dieu nous soumet à une discipline qui finit par produire "un fruit paisible de justice" (Héb 12.11 b).

Conclusion: la leçon de théologie que Jésus offre à son docteur de la loi nous introduit au cœur de la Révélation divine. Elle éclaire l’Ancien Testament, et prépare le Nouveau. Elle nous fait découvrir que la Bible, lue sous l’angle de la Chute et de la Rédemption de l’homme, retrace l’histoire d’un sauvetage réellement déconcertant. On parle dans ce livre d’une créature naufragée qui ne veut pas se laisser sauver, ou prétend se sauver toute seule. On y entend Dieu condamner ces folles tentatives, mais tout engager pour arracher l’hommes à ses illusions mortelles. On y voit le Fils de Dieu quitter la gloire, et offrir sa vie en rançon pour le salut de ses ennemis. Et enfin, on y apprend la possibilité d’une recréation spirituelle si parfaite qu’elle permet aux esclaves du péché de devenir des serviteurs et des servantes de l’Eternel.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)