La Bible : un livre sacré parmi beaucoup d’autres ?

La démarche de l’auteur s’inscrit dans une autre perspective que celle de l’article précédent. Elle correspond à l’apologétique réformée calviniste. On la nomme « présuppositionnaliste », parce qu’elle met en avant le fait que toute vision du monde, y compris celle de la foi chrétienne, repose sur un certain nombre de présupposés, de partis pris. Aussi, la manière la plus efficace de « démontrer » la divine autorité de la Bible, c’est de conduire l’incroyant à la lire en laissant à Dieu la possibilité de se révéler en elle et de convaincre ce lecteurde la vérité de l’Évangile.

1. Possibilité et crédibilité d’une révélation divin

Comme la Bible n’est pas le seul livre à affirmer être Parole de Dieu, nous aimerions faire quelques remarques en lien avec la possibilité qu’un Dieu qui ne ment pas se révèle à l’être humain, ainsi qu’avec la crédibilité d’une telle affirmation.

Concernant la possibilité d’une telle révélation, nous ne pouvons pas, a priori, répondre à cette question. En effet, si le dieu qui existe est une force impersonnelle, alors une telle révélation n’est pas possible. Par contre, si le Dieu qui existe est un Dieu personnel, qui connaît les besoins de l’homme et l’aime, alors il faut s’attendre à ce qu’un tel Dieu se révèle à lui. D’une certaine façon,nous pouvons dire que ce n’est qu’une fois que l’être humain est en possession d’une « soi-disant révélation divine », qu’il peut juger si le dieu qui se présente dans cette révélation est effectivement un dieu susceptible de se révéler.

Venons-en maintenant à la question de la crédibilité d’une telle révélation : tout dépend de son contenu. Par exemple, si elle affirme que la réalité n’est qu’illusion, alors ce n’est pas à partir de nos sens que nous allons pouvoir juger de sa crédibilité. Cette idée mériterait d’être développée, mais comme notre sujet concerne la Bible en tant que révélation divine, c’est uniquement dans ce cadre-là que nous allons prolonger un peu cette réflexion. La Bible se présente comme Parole d’un Dieu d’amour, personnel, créateur, omniscient et souverain qui ne ment pas : en tant qu’être doué de personnalité, le Dieu de la Bible est donc susceptible d’entrer en relation avec l’être humain ; en tant que Créateur omniscient, il est à même de connaître les besoins profonds de l’être humain, et en tant que Dieu souverain qui « n’est pas un homme pour mentir » (Nom 23.19) et qui aime sa créature, il est à même de lui amener une réponse véritable qui comble ses besoins ! Le fait que le Dieu de la Bible se révèle à l’être humain est donc non seulement crédible, mais même tout à fait probable !

Si nous nous penchons maintenant sur la révélation qu’un tel Dieu pourrait faire, nous pouvons affirmer qu’elle doit être l’autorité absolue, puisqu’elle émane d’un Dieu souverain omniscient qui ne ment pas. Cela implique donc que nous devons renoncer à faire appel à toute autre autorité que la Bible elle-même1, pour statuer quant à sa crédibilité de révélation divine ;s’appuyer sur la logique, sur l’exactitude historique, etc., pour « prouver » que la Bible est la Parole de Dieu, c’est placer l’autorité de la logique, de l’histoire, etc., au-dessus de celle de la Bible. Comme le souligne fort bien le théologien Jules-Marcel Nicole, « l’autorité souveraine par définition ne peut dépendre que d’elle-même, autrement elle ne serait pas suprême ».2 En effet, « tous les arguments visant à démontrer l’autorité absolue de quelque chose doivent tôt ou tard faire appel à cette autorité pour asseoir leur légitimité : autrement cette autorité ne serait ni absolue ni souveraine ».3 Cette impossibilité de « prouver » que la Bible est Parole de Dieu par la raison humaine est renforcée par un autre facteur : puisque l’être humain est marqué par le péché dans toutes les dimensions de son être, cela signifie entre autres que sa raison ne peut prétendre être source de vérité absolue.4 Il n’est donc pas surprenant de constater que la Bible souligne la nécessité que l’homme soit éclairé par l’Esprit de Dieu pour recevoir ce qui vient de Dieu(1 Cor 2.14). Si la Bible est la vérité absolue qu’elle prétend être(Jean 17.17), ce n’est que par ses affirmations, éclairées par le Saint-Esprit, que nous pourrons être convaincus de son statut de Parole de Dieu, comme le relève justement le théologien Wayne Grudem :« C’est une chose d’observer que la Bible revendique à plusieurs reprises la qualité de Parole de Dieu. C’en est une autre d’être convaincu qu’elle possède vraiment une telle qualité. » Et, poursuit-il, « nous ne sommes vraiment convaincus de l’origine divine des paroles de la Bible que si le Saint-Esprit parle à notre cœur dans et par ces paroles et nous donne l’assurance intérieure que ces paroles nous sont adressées par notre Créateur. »5 En fait, « la Bible se montrera plus convaincante si notre perception de la réalité, de nous-mêmes et de Dieu est correcte. Le problème est qu’à cause du péché notre perception et notre analyse de Dieu et de la création sont erronées. Le péché est irrationnel et il fausse notre perception de Dieu et de la création.[…] Il est donc nécessaire que le Saint-Esprit agisse en nous et annule les effets du péché pour que nous puissions être persuadés que la Bible est bien la Parole de Dieu, comme elle le revendique elle-même. »6

Cela ne signifie pas que divers arguments en faveur de la véracité des Écritures ne puissent pas être avancés, mais ces arguments ne peuvent que rester seconds par rapport à l’autorité de la Bible. Par exemple, le fait que la Bible soit historiquement exacte, le fait qu’elle reflète une cohérence interne ainsi qu’avec la réalité, le fait que des prophéties se soient accomplies, le fait qu’elle transforme des vies, etc., ne constituent pas une preuve absolue de son origine divine.7 En effet, beaucoup de livres rapportent des faits qui sont vrais, mais cela n’en fait pas pour autant des écrits inspirés par Dieu ! Néanmoins, si la Bible émane effectivement du Dieu de la Bible,8 alors elle doit être historiquement exacte, alors elle doit manifester une cohérence interne ainsi qu’une cohérence avec la réalité, alors ses prophéties doivent s’accomplir, etc.

2. Nécessité d’une révélation écrite

Le Dieu de la Bible étant radicalement différent de l’être humain et de tout ce qui existe dans la création, il faut qu’il se révèle à l’homme pour que ce dernier puisse le connaître. Cette nécessité est également liée à la présence du péché qui conduit l’homme à avoir une perception faussée de la réalité(Rom 1.21). Nous pouvons encore ajouter, que pour avoir une connaissance certaine de la vérité, l’homme doit avoir accès à une révélation inspirée par ce Dieu qui ne ment pas. En effet, lui seul connaît avec exactitude tous les états passés, présents et futurs de ce qui existe ; or pour posséder une connaissance absolument sûre, une telle omniscience est indispensable, sinon rien ne permet de garantir que ce qui est estimé comme une vérité sûre ne sera pas corrigé par une nouvelle donnée à venir ! 9

La Bible affirme que Dieu s’est révélé à l’être humain de diverses façons :
–par la création qui témoigne de sa gloire(Ps 19.1), de sa puissance et de sa divinité(Rom 1.20), et au travers de laquelle il témoigne de ses bienfaits envers les hommes(Act 14.16-17) ;
–par la conscience de l’homme qui révèle quelque chose de la volonté divine, puisque même les païens ont une certaine notion du bien et du mal(Rom 2.14-15).
En théologie, on parle de la révélation générale de Dieu : elle témoigne à tout homme de l’existence de Dieu, de sa puissance et de sa gloire, ainsi que de l’existence du bien et du mal.

Dieu se révèle aussi de façon plus précise, au travers d’événements surnaturels : les théologiens parlent de la révélation spéciale de Dieu. Ainsi Dieu se manifeste dans l’histoire, que ce soit par le biais d’événements comme l’Exode(Ex 9.16), ou que ce soit directement à des personnes comme Abraham(Gen 12.1), Moïse(Ex 33.11)et bien d’autres. Ces manifestations qui peuvent se faire par le biais d’apparitions physiques de Dieu(Gen 18.1-2), de voix audibles(Deut 5.24), de visions ou de rêves(Nom 12.6), ou encore par l’intermédiaire d’anges(Héb 2.2), ont un caractère ponctuel : par exemple, au temps de Samuel, la parole de l’Éternel était rare et les visions peu fréquentes (1 Sam 3.1). Elles ne concernent pas non plus tous les hommes : nous avons mentionné que Dieu s’était révélé à certaines personnes, et l’Écriture affirme qu’il a révélé ses paroles à Jacob, ses ordonnances à Israël et qu’il n’a pas agi de même pour toutes les nations qui ne connaissent pas ses ordonnances(Ps 147.19-20). Ces révélations de Dieu aux Israélites se sont faites tout au long de l’histoire de ce peuple : Dieu ne s’est pas dévoilé en une seule fois, mais de façon progressive, révélant toujours plus de choses au fil du temps, et permettant que beaucoup de ces révélations soient rapportées dans sa révélation écrite, la Bible.

Toutes ces manifestations préparaient la révélation ultime de Dieu, qui, après avoir parlé à plusieurs reprises et de plusieurs manières, a finalement parlé en Jésus-Christ dans les derniers jours (Héb 1.1-2) : il est l’image du Dieu invisible(Col 1.15), celui qui fait connaître ce Dieu que personne n’a vu(Jean 1.18), celui qui donne l’intelligence pour connaître le Dieu véritable (1 Jean 5.20), ou encore celui qui révèle le Père(Mat 11.27).

Pour que l’ensemble de ces révélations nous soient accessibles et compréhensibles, Dieu a choisi de se révéler à nous par sa Parole écrite, la Bible. Cette « nécessité » choisie de Dieu nous paraît être en lien avec plusieurs points. Tout d’abord, les révélations dans l’histoire ainsi que celle en Jésus-Christ, ont eu lieu à un moment donné de l’histoire et ne sont pas directement accessibles à toute personne qui vit à une autre époque : par sa Parole écrite, Dieu permet qu’elles traversent les âges.

Ensuite, cela nous paraît aussi être lié à la présence du péché dans le monde. En effet, suite à la chute en Éden le sol a été maudit(Gen 3.17)et la création a été soumise aux effets du péché et aspire à en être délivrée(Rom 8.20-21) : la création qui s’offre à nos yeux est donc « un chef d’œuvre endommagé »,10 qui témoigne de son Créateur de façon imparfaite.

De plus, l’homme est marqué par le péché, ce qui le conduit à interpréter de façon erronée les autres révélations qu’il peut avoir à sa disposition : par exemple, face au témoignage de la création, les hommes « se sont égarés dans de vains raisonnements, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres »(Rom 1.21) ; face aux miracles de Jésus, certains en ont conclu qu’il agissait par le prince des démons(Mat 12.24), et malgré le témoignage de la conscience, les hommes appellent parfois le mal bien(És 5.20), etc. L’homme avait donc besoin d’une référence claire qui lui permette d’interpréter correctement les différentes révélations de Dieu et c’est, nous semble-t-il, ce que Dieu apporte à travers la Bible. Ainsi, comme le remarque W. Grudem :« Le chrétien qui considère la Bible comme la Parole de Dieu échappe au scepticisme philosophique quant à la possibilité d’acquérir une connaissance certaine avec notre intelligence limitée. En ce sens donc, il est correct de dire que, pour nous qui ne sommes pas omniscients, la Bible est nécessaire pour connaître quelque chose avec certitude. »11 Il faut néanmoins garder à l’esprit que notre état de pécheur, qui peut nous conduire à mal interpréter les autres révélations divines, peut aussi nous conduire à des interprétations erronées de la vérité divine exprimée dans l’Écriture.

Pour terminer, nous relèverons qu’à travers sa Parole écrite, Dieu explicite et développe les autres révélations en y inscrivant des pensées qui ne seraient jamais venues à l’esprit de l’homme (1 Cor 2.9-10). Si la révélation générale témoigne de Dieu, elle ne permet pas à l’homme de savoir comment il peut être réconcilié avec Dieu ;la Bible, elle, permet de connaître le chemin du salut en Jésus-Christ : elle nous apprend que c’est par la grâce de Dieu, par le moyen de la foi en Jésus, que nous pouvons être sauvés(Éph 2.8), et que la foi naît de la parole du Christ entendue(Rom 10.17). Cette révélation écrite nous est aussi nécessaire pour vivre le salut qu’elle révèle : c’est par elle que nous sommes régénérés (1 Pi 1.23), nous avons besoin des paroles de Dieu pour vivre(Mat 4.4), c’est par « le lait non frelaté de la parole » que nous grandissons dans le salut (1 Pi 2.2), c’est par elle que Dieu nous révèle ce qu’il attend de nous pour que nous le pratiquions(Deut 29.28), etc.

La brève réflexion que nous venons d’avoir montre qu’il est tout à fait probable que le Dieu de la Bible se révèle à l’être humain, et que, si la Bible est réellement sa Parole comme nous le croyons, c’est uniquement en nous mettant à son écoute avec l’aide de l’Esprit, que nous pourrons avoir une certitude à son sujet.

  1. Ou Dieu lui-même puisque la Bible est sa Parole
  2. J.-M. Nicole,Précis de doctrine chrétienne, (IBN, 1994), p. 30
  3. Wayne Grudem,Théologie systématique, (Excelsis, 2010), p. 63-64
  4. Il est important de garder cela à l’esprit, car c’est principalement sur la base de la raison humaine qu’au XVIIe siècle, des philosophes et théologiens ont commencé à contester l’autorité et la fiabilité de l’Écriture
  5. W. Grudem, op.cit., p. 62
  6. W. Grudem, op.cit., p. 64-65
  7. Ces remarques indiquent que l’auteur conçoit l’approche « évidentialiste » (voir l’article précédent) comme complémentaire de la sienne. Nous croyons que la Bible elle-même, en parlant des choses de Dieu, cherche à nous toucher tantôt par des arguments « évidentialistes », tantôt par des invitations à laisser tomber nos présupposés pour les remplacer par les vues de l’Esprit. Il y a complémentarité de moyens persuasifs, sans hiérarchie. (NDLR)
  8. Le Dieu de la Bible se présente comme le Dieu créateur de toutes choses, comme un Dieu qui connaît toutes choses (passées, présentes et futures), comme un Dieu qui ne ment pas : la Bible ne peut donc qu’être en cohérence avec la réalité
  9. Par exemple, une personne peut être « certaine » que des choses sont de la même teinte, jusqu’au jour où elle va apprendre qu’elle est daltonienne.
  10. J.-M. Nicole,op.cit., p. 16
  11. W. Grudem, op.cit., p. 111

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

Écrit par