La Bible : quel cadre interprétatif ?

La Bible est un livre qui est étudié depuis des siècles, et il en existe aujourd’hui toutes sortes de lectures : par exemple, la lecture fondamentaliste soutient que le texte inspiré doit être interprété littéralement ; les lectures libérales rejettent la pleine inspiration de la Bible ; les lectures idéologiques cherchent à légitimer des luttes sociales ou politiques, etc. Si un seul et même texte peut aboutir à des lectures si diverses, c’est parce que ces approches mettent en œuvre des méthodes d’interprétation qui divergent entre elles, et non parce que le texte n’aurait pas un sens bien défini1. C’est pourquoi, il nous paraît essentiel de nous interroger sur le cadre interprétatif qui découle du statut de « Parole de Dieu » de la Bible. Auparavant, nous ferons deux remarques générales : l’une concernant la notion de lecture non littérale, l’autre relative à la notion d’approche neutre d’un texte.

Deux questions préalables

La lecture non littérale : une porte ouverte à toutes les interprétations ?

Face au danger du subjectivisme, la tentation peut être grande de penser que la seule lecture acceptable de la Bible est la lecture « littérale »2 . Or il est clair que les paroles de Jésus lui-même ne doivent pas toujours être comprises de cette façon : ainsi en est-il lorsqu’il dit à Nicodème qu’il lui faut naître de nouveau (Jean 3.3), ou lorsqu’il propose à la femme samaritaine de lui donner à boire (Jean 4.10), ou encore lorsqu’il encourage à manger sa chair et boire son sang (Jean 6.53). En fait, « pour que Dieu se fasse comprendre, il n’est pas nécessaire qu’il parle un langage littéral au sens restreint, mais qu’il parle le langage ordinaire. Or le langage ordinaire n’est pas littéral […] Le langage biblique doit donc être interprété selon l’usage et les conventions de langage en cours à l’époque de rédaction de chaque texte, et non pas selon la préconception illusoire qu’est le littéralisme.3 » Une lecture non « littérale » ne conduit donc pas à un subjectivisme total, puisque le processus d’interprétation se fait en tenant compte des conventions linguistiques, littéraires, culturelles, etc. qui existaient lorsque le texte a été écrit. Bien sûr, si aucun élément n’oriente vers l’abandon du sens « littéral », c’est ce sens qu’il faut retenir. Cela semble d’ailleurs ressortir de ce que dit Paul aux Corinthiens, lorsqu’il affirme ne pas leur écrire autre chose que ce qu’ils lisent et comprennent (2 Cor 1.13). Avec une telle ligne de conduite, nous nous garderons du subjectivisme total qui permet de faire dire au texte ce qu’on veut bien lui faire dire, ainsi que du présupposé littéraliste, qui en ne tenant pas compte de certaines données culturelles et linguistiques, peut conduire à des lectures erronées.

L’interprétation d’un texte peut-elle être neutre ?

Bien que l’interprétation d’un texte dépende de conventions et de facteurs bien précis, elle dépend aussi de nos présupposés4. Par exemple, celui qui nie l’existence des miracles considérera que les récits bibliques qui parlent de miracles sont des mythes ou des légendes. Comment dès lors est-il possible d’adopter les présupposés bibliques, si toute interprétation est fonction des présupposés de l’interprète ? Plusieurs éléments de réponse peuvent être donnés.

Tout d’abord, il faut relever qu’aucun lecteur ne peut échapper totalement au sens du message divin. En effet, d’un côté, personne n’échappe complètement à la connaissance de Dieu et de la vérité, ne serait-ce que par le biais de la création (Rom 1.19-21) et de la conscience (Rom 2.15) ; d’un autre côté, l’Écriture permet de rendre sage le simple (Ps 19.7) et de lui donner du discernement (Ps 119.130).

Ensuite, s’il est vrai que l’interprète est influencé par ses présupposés dans sa compréhension du texte, ces derniers ne l’empêchent pas de percevoir que d’autres lectures existent, mais ils lui font simplement écarter celles qui sont en conflit avec eux.

Enfin, l’Esprit peut conduire l’interprète à accepter une nouvelle compréhension du texte étudié, l’amenant à modifier certaines de ses croyances et sa compréhension d’autres textes bibliques. Il existe ainsi une spirale vertueuse, qui, à force d’aller-retour entre le texte et sa compréhension corrigée, amène progressivement le lecteur à une compréhension plus juste des Écritures.

Il est vrai que toute interprétation présuppose certaines convictions doctrinales, comme l’inspiration de la Bible par exemple. Cela induit une interprétation des Écritures, de laquelle est ensuite tirée une théologie, qui à son tour va influer sur l’interprétation des textes. Mais comme le relève J. Packer, « ce n’est pas un cercle vicieux, du point de vue logique, car ce n’est pas un système qui permet de présupposer ce qui serait à prouver, mais une suite d’approximations successives, méthode fondamentale à toutes les sciences.5 »

C’est donc en partant de la conviction que la Bible est pleinement Parole de Dieu et parole humaine6, que nous allons maintenant réfléchir au cadre interprétatif que cela induit.

La Bible est Parole de Dieu : implications herméneutiques

Un texte divin

• Un texte accessible

En tant que Créateur, Dieu connaît bien mieux que nous nos limites, aussi pouvons-nous avoir la certitude que, s’il a décidé de se révéler à nous par le biais de la Bible, alors il s’agit d’un texte qui nous est accessible.

En même temps, la Bible contient des textes difficiles à comprendre (2 Pi 3.16), ainsi que des enseignements qui correspondent aux différents stades de la maturité chrétienne (Héb 5.12), ce qui nous incite à chercher la pensée de Dieu en progressant dans notre compréhension des Écritures.

• Un texte vrai, sans erreur, sans contradiction

Dieu ne ment pas (Nom 23.19), aussi nous pouvons avoir la certitude que ce qu’il dit est la vérité. Comme il est également omniscient (Héb 4.13) et immuable dans son être (Jac 1.17) et ses desseins (Ps 33.11), rien de ce qu’il affirme n’est susceptible d’être à corriger à cause du fait qu’il ne connaîtrait pas telle ou telle chose du passé, du présent ou de l’avenir, ou du fait qu’il aurait changé d’avis. Par conséquent, tout ce qu’il y a dans la Bible est vrai, et ne peut ni se contredire, ni contenir d’erreur.

Tout texte biblique doit donc être interprété à la lumière du reste de l’Écriture, en accord avec le reste de l’Écriture. Il s’agit d’une règle fondamentale de l’herméneutique chrétienne : l’Écriture interprète l’Écriture. Jésus lui-même a appliqué ce principe en répondant au diable, « il est aussi écrit », lorsque ce dernier cherchait à le faire chuter en lui citant un verset de l’Ancien Testament (Mat 4.6-7).

• Un texte qui fait autorité

Dieu est le Seigneur des seigneurs (Deut 10.17), c’est-à-dire celui qui a autorité sur toutes choses. Puisque la Bible est sa Parole, tout ce qu’elle dit doit avoir pleine autorité pour nous : c’est notre pensée qui doit s’incliner devant certains enseignements qui paraissent paradoxaux (existence du mal et parfaite bonté de Dieu ; responsabilité humaine et souveraineté divine), et non la Bible qui doit être « revue et corrigée » pour répondre à nos critères de logique.

Dans le même ordre d’idée, nous ne pouvons souscrire aux approches herméneutiques qui affirment par exemple, qu’il faut faire le tri dans la Bible entre ce qui est parole d’homme et ce qui est véritablement Parole de Dieu, et ce, quel que soit le critère de tri retenu (cohérence scientifique, distinction entre faits historiques et ce qui est du domaine de la foi, etc.). En effet, en agissant de la sorte ce n’est plus le texte biblique qui a autorité sur l’interprète, mais c’est ce dernier qui prend autorité sur le texte biblique, c’est-à-dire, finalement, sur Dieu lui-même !

• Un texte qui délimite ce que nous pouvons connaître de Dieu

Dieu n’appartient pas au domaine du créé, puisqu’il est le Créateur de toutes choses et qu’il est Esprit (Jean 4.24). Nous ne pouvons donc le connaître que dans la mesure où il se révèle à nous, et nous ne pouvons connaître de lui que ce qu’il a décidé de nous révéler (Deut 29.29). Gardons-nous donc de chercher à aller plus loin que ce que Dieu a décidé de nous révéler, en nous égarant dans des spéculations, notamment lorsque cela concerne sa personne.

• Un texte qui peut nous dépasser

Les pensées de Dieu nous dépassent (És 55.8-9), non seulement parce qu’il est Dieu, mais également parce que notre perception des choses est faussée par le péché (Éph 4.17-18), et que notre connaissance est limitée (1 Cor 13.12). Aussi, c’est avec une grande humilité qu’il nous faut aborder le texte biblique, en sachant accepter certaines affirmations claires que nous n’arrivons pas à « mettre en équation ».

• Un texte dont le sens peut dépasser la pensée de son auteur humain

Les auteurs humains rédigeaient leurs écrits en étant inspirés par Dieu, aussi est-il tout à fait possible que le texte biblique puisse avoir un sens qui dépasse celui qu’ils avaient en vue lors de sa rédaction. L’Écriture elle-même en témoigne, lorsqu’elle dit que les auteurs de l’Ancien Testament se sont interrogés sur les temps et les circonstances auxquelles se rapportaient certaines choses qu’ils écrivaient sous l’inspiration de l’Esprit (1 Pi 1.10-12).

• Un texte progressif et cohérent

Même si le message biblique forme un tout cohérent, la révélation se complète progressivement de la Genèse à l’Apocalypse : la notion de révélation progressive est donc un point à garder à l’esprit lors de l’interprétation du texte biblique.

• Un texte qui peut être actualisé

Le fait que Dieu ne change pas (Jac 1.17) donne le fondement à la pratique herméneutique qui consiste à actualiser le texte dans le cadre de notre situation présente. En effet, puisque Dieu demeure le même dans son être, cela signifie que ce qu’il exprime de sa volonté et de ses attentes dans la Bible reste valable pour nous aujourd’hui, dans la mesure bien sûr, où nous prenons en compte le contexte7 du texte dans l’actualisation que nous en faisons.

L’interprète : soumis à Dieu et ouvert à l’œuvre de l’Esprit

Lire la Bible avec un cœur endurci en obscurcit le sens, et ce n’est que lorsqu’on se tourne vers le Seigneur qu’on la comprend mieux (2 Cor 3.14-16). Cela n’est pas surprenant, car celui qui est né de Dieu a son Esprit qui habite en lui (Rom 8.9), et qui œuvre en lui pour transformer son intelligence afin qu’il soit à même de comprendre la volonté de Dieu (Rom 12.2) et de s’y conformer.

Affirmer qu’il faut se tourner vers Dieu pour comprendre sa Parole ne signifie pas qu’elle serait intellectuellement incompréhensible pour le non-croyant. Ce dernier peut avoir une certaine compréhension du message biblique, mais, s’il ne veut pas accepter ce qu’il a compris et s’endurcit, alors cela le conduit à des pensées obscurcies (Éph 4.18). Il est donc essentiel de se tourner vers Dieu avec prière, pour lui demander de nous aider à comprendre sa Parole (cf. Éph 1.16-18 ; Col 1.9), et cela d’autant plus qu’en étant l’auteur du texte, c’est lui le plus à même de nous expliquer ce qu’il a voulu nous dire !

Un tel état d’esprit de la part de l’interprète présuppose qu’il fasse preuve d’humilité et de droiture lorsqu’il aborde le texte biblique (cf. Mat 11.25), mais aussi qu’il soit prêt à se laisser remettre en question, puisqu’un des rôles des Écritures est de « redresser » (2 Tim 3.16, Semeur).

La Bible écrite par des hommes : implications herméneutiques

Les outils de l’étude

La notion biblique d’inspiration renvoie à une action surnaturelle de Dieu qui s’accomplit au travers de la culture, des facultés, du travail et de la personnalité des auteurs. C’est pourquoi les outils utilisés pour interpréter des textes non inspirés vont pouvoir être utilisés pour l’interprétation d’un texte biblique. Il est toutefois essentiel de garder un point fondamental à l’esprit, savoir que leur utilisation ne pourra se faire qu’à l’intérieur du cadre spécifique délimité par l’origine divine de la Bible.

La connaissance de l’auteur, du but de son écrit, de ses destinataires ainsi que du contexte (social, religieux, politique, historique, etc.) dans lequel il l’a rédigé, sont autant d’éléments qui peuvent apporter un éclairage précieux sur la compréhension de son écrit.

La langue et la culture

Quant au texte, il a été rédigé dans une culture et une langue données, d’où l’importance de prendre en compte les contextes linguistique, situationnel et littéraire pour bien le comprendre.

Par exemple, en hébreu, la forme des verbes ne renvoie pas d’abord au temps de l’action (passé, présent, futur), mais à l’état de l’action : le parfait (ou accompli) renvoie à une action accomplie alors que l’imparfait (ou inaccompli) renvoie à une action qui n’est pas encore terminée. Ainsi, pour l’hébreu ancien « le parfait peut fort bien se rapporter à l’avenir — en se plaçant du point de vue d’un observateur futur (passé prophétique) — et voir une action passée incomplète en se situant à un moment donné du passé. C’est toujours le contexte, et non le verbe, qui détermine le temps d’une action. “Un enfant nous est né” peut se rapporter au passé, au présent ou au futur.8 »

Ou encore, la culture hébraïque peut exprimer le comparatif par le biais d’une opposition : lorsque Jésus dit qu’il faut haïr sa propre famille pour pouvoir être son disciple (Luc 14.26), il est clair que celui qui appelle à aimer non seulement ses amis, mais aussi ses ennemis (Luc 6.32-35), ne peut ici exhorter à la haine envers les siens. Jésus dit simplement que celui qui veut être son disciple doit être prêt à le faire passer avant sa propre famille. Cette lecture est confirmée par le passage parallèle de Matthieu où Jésus dit que celui qui aime les siens plus que lui n’est pas digne de lui (Mat 10.37).

Nous terminerons par un dernier exemple : lorsque Jésus annonce qu’il restera trois jours et trois nuits dans le tombeau avant de ressusciter (Mat 12.40), il ne voulait pas dire qu’il allait y rester trois fois vingt-quatre heures. Dans la culture juive de l’époque, l’expression « un jour et une nuit » était une expression qui servait à désigner un jour, et tout jour entamé était compté comme un jour dans leurs calculs. Voilà pourquoi tout en étant ressuscité le dimanche matin alors qu’il avait été mis au tombeau le vendredi après-midi, Jésus est bien resté trois jours et trois nuits dans le tombeau. C’est bien ainsi que les pharisiens avaient compris les choses, puisqu’en se souvenant que Jésus avait dit qu’il ressusciterait après trois jours, ils demandent à ce que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, et non qu’il soit gardé à partir du quatrième jour (Mat 27.63-64).

Une bonne compréhension d’un écrit nécessite de tenir compte de son contexte situationnel, c’est-à-dire de son contexte historique, politique, culturel, social, religieux, géographique, etc. Dans le cas de la Bible, les textes ont été rédigés dans une culture très différente de la culture occidentale, et cela, il y a 20 à 35 siècles ! Il y a donc un énorme « fossé historique et culturel » à franchir pour arriver à une interprétation la plus correcte possible des Écritures.

Le style littéraire

Une bonne compréhension d’un texte passe par la connaissance de sa fonction9, ainsi que de son contexte littéraire10. Il est évident qu’on ne va pas interpréter de la même façon un écrit poétique, narratif ou apocalyptique.

Néanmoins il ne faut pas perdre de vue que les règles ou les styles pour un genre défini peuvent varier d’une langue à l’autre, et peuvent même évoluer au cours du temps. Par exemple, les règles de la poésie hébraïque étant différentes des règles de la poésie française, il serait erroné de porter un jugement sur la poésie biblique d’après les normes de la poésie occidentale. Comme l’écrit P. Courthial, « les formes et les genres littéraires occidentaux ou (et) modernes auxquels nous sommes habitués nous conditionnent ; aussi l’interprète devra-t-il veiller à ne pas se laisser induire en erreur par des rapprochements abusifs.11 »

Il est important aussi, d’avoir conscience que la Bible utilise des figures de langage, car une lecture « au pied de la lettre » de textes qui sont rédigés en employant des figures de style conduit à des non-sens, ou à des interprétations erronées. Par exemple, l’hyperbole, couramment employée dans la Bible, consiste en une exagération délibérée des traits d’une idée ou d’une réalité : l’auteur du Psaume 119 écrit que ses yeux versent des torrents d’eau (Ps 119.136), le livre du Deutéronome parle de villes fortifiées jusqu’au ciel (Deut 1.28), l’évangéliste Jean affirme que, si on voulait écrire tout ce que Jésus a fait, alors le monde entier ne serait pas assez grand pour contenir tous ces livres (Jean 21.25), etc. La prise de conscience qu’il s’agit de conventions de langage permet de dédouaner les auteurs de mensonge ou de travestissement de la vérité.

 

* * *

 

Dans le rapide survol que nous venons de faire, nous avons relevé que l’interprétation d’un texte dépend des présupposés de l’herméneute. Néanmoins, même parmi les personnes qui acceptent la pleine inspiration de la Parole de Dieu, force est de constater qu’il n’y a pas toujours unanimité d’interprétation. Ces divergences ne doivent pas nous décourager, mais au contraire nous stimuler à interpréter sa Parole avec une approche herméneutique qui soit la plus rigoureuse possible, en étant respectueuse du double statut des Écritures : pleinement et entièrement Parole de Dieu, mais aussi pleinement parole d’homme. Elles doivent également nous pousser à nous tourner vers Dieu avec humilité, pour lui demander son secours pour interpréter sa Parole. Et par dessus tout, ne perdons pas de vue que la bonne compréhension des Écritures ne saurait être une fin en soi, puisque l’Écriture doit avoir des répercussions dans la vie du croyant, en l’éduquant, le corrigeant et le préparant à des œuvres selon Dieu (2 Tim 3.16-17). Comprendre le texte biblique est une première étape, appliquer et vivre ensuite ce qu’on a compris est la deuxième étape indispensable, sans laquelle nous nous séduisons nous-mêmes (Jac 1.22).

1 Si des personnes peuvent tordre le sens des Écritures (2 Pi 3.15-16), si Jésus peut s’opposer au diable par des « il est écrit » (Mat 4.3-10), c’est bien parce que le texte biblique a un sens qui ne peut être fonction de l’interprétation subjective des uns ou des autres.
2 Nous entendons par là une lecture qui tend à juxtaposer les sens des mots de la phrase, tels qu’ils apparaissent dans les dictionnaires : par exemple la lecture qui voudrait que l’expression « il pleut des cordes » signifie que des cordes tombent du ciel.
3 F.F. Bruce, S. Romerowsky, « Interprétation biblique », Le grand dictionnaire de la Bible, Ex-celsis, 2004, p. 753.
4 Un présupposé est une croyance non démontrable qui est l’objet d’une foi plus ou moins cons-ciente.
5 J. Packer, « L’herméneutique et l’autorité de la Bible », Hokhma, n° 100, 2011, p. 23.
6 Tout en inspirant les auteurs bibliques, Dieu ne court-circuite pas leur humanité : ces derniers s’expriment avec leur personnalité, leur culture, leur langue, etc.
7 Nous parlons ici du contexte au sens large du terme : il s’agit du contexte historique, culturel, religieux, mais aussi de la notion de révélation progressive de Dieu, etc.
8 A. Kuen, Comment interpréter la Bible, Emmaüs, 1991, p. 66. 9 Le texte peut avoir une fonction informative, ou émotive (exprimer ce que ressent l’auteur), ou encore impressive (c’est à dire créant un effet).
10 Par contexte littéraire nous entendons le type d’écrit (narratif, poétique, apocalyptique, etc.), mais aussi le contexte de la phrase pour déterminer le sens du mot, le contexte du paragraphe pour déterminer le sens de la phrase, le contexte de la section pour déterminer le sens du paragraphe, etc.
11 P. Courthial, Fondements pour l’Avenir, Kerygma, 1982. (Source Internet consultée le 30-07-2013 : http://www.vbru.net/src/divers/doctrine/courthial_hermeneutique.html)

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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