La Bible, exclusive et suffisante

Adapté d’un article paru dans La Bonne Nouvelle, 6/1995, p. 86.

La tendance actuelle, même dans les milieux évangéliques, est de confondre tolérance et compassion. La première ne se trouve nulle part dans la Bible alors que notre Seigneur, la Parole faite chair, est l’exemple parfait de la seconde. Ainsi, au nom de la tolérance, on en vient gentiment à relativiser les doctrines les plus essentielles de la foi chrétienne. Et pour ce faire, on est obligé de toucher, consciemment ou inconsciemment, au caractère exclusif, normatif et pleinement suffisant de la Bible, Parole infaillible de Dieu.

Que faire face à un monde qui tolère toutes les formes de religiosité et de spiritualité, aussi longtemps qu’elles n’enseignent pas de dogmes exclusifs ? La tentation est forte de céder au relativisme ambiant, enclins que nous sommes par notre cœur à rechercher la respectabilité, la reconnaissance publique, plutôt que le rejet et la moquerie. Pourtant si nous voulons marcher à la suite des prophètes, du Seigneur, des apôtres et des chrétiens fidèles qui nous ont précédés dans l’histoire, nous devrons nous souvenir du lot qui fut souvent le leur dans ce monde (Jean 15.18-21).

Notre responsabilité actuelle est donc de tenir ferme sur la doctrine de l’exclusivité et de la toute suffisance de l’Écriture, car c’est là que se mène le combat parmi les évangéliques aujourd’hui ; et, comme le disait Luther : « C’est là où la bataille fait rage que se trouve la loyauté du soldat, et tenir ferme sur tout le reste du front n’est que fuite et déshonneur si l’on flanche sur ce point-là. »

I. L’heure du bilan

Au risque de vous surprendre, j’aimerais tenter de vous montrer comment deux courants théologiques, en général opposés sur le terrain, et apparemment très lointains l’un de l’autre, ont, en fait, le même problème de base : une incompréhension envers la nature de l’Écriture sainte.

Le premier de ces courants se caractérise par des phrases telles que celle-ci : « En matière de religion, chacun a sa vérité. Peu importe ce que tu crois, pourvu que cela te fasse du bien. De toute façon toutes les religions conduisent à Dieu. »

C’est la pensée répandue dans le modernisme théologique. Elle naît d’une relativisation de l’autorité de la Parole de Dieu et d’un manque de foi au caractère normatif de l’Écriture. Elle place la raison humaine au-dessus de l’Écriture.

Quand ce modernisme est exprimé de façon si massive, il n’y a aucun problème à le détecter et à le dénoncer. Ce qui est dangereux pour nous, ce sont ses germes, plus subtils, qui peuvent habiter notre propre pensée. Lequel d’entre nous ne s’est pas surpris un jour à relativiser la portée universelle du jugement de Dieu, alors qu’il se trouvait face à une personne qui jouait la corde sensible de l’amour de Dieu ? Pourtant, le développement des trois premiers chapitres de l’Épître aux Romains est tout à fait clair. Il se termine par cette déclaration : « Nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l’empire du péché, selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, pas même un seul. » (Rom 3.9-10)

Le second de ces courants est encore plus familier. C’est celui du « sentimentalisme non doctrinal évangélique ». Il est caractérisé par une phrase qui, au premier abord, paraît très spirituelle, mais qui en fin de compte porte atteinte au caractère normatif et exclusif de l’Écriture sainte. La voici : « Ce qui compte, c’est ce que nous avons là, dans le cœur, et non pas nos divergences doctrinales ».

Que répondre à une telle phrase ? Si vous acquiescez, vous cautionnez le flou doctrinal. Si vous répondez par la négative, votre interlocuteur vous taxera d’intellectualiste mort.

Discernons d’abord quel est le problème énoncé par une telle proposition :

– une accentuation de l’expérience au détriment de la doctrine ;

– une surévaluation de l’événement actuel (ce que je vis dans mon « cœur ») par rapport à l’événement combien plus important de l’inspiration de l’Écriture !

– une priorité du sentiment sur l’intelligence.

Ce sentimentalisme évangélique est donc une position très subtile. Sous couvert d’hyperspiritualité, il relativise la révélation que Dieu nous a donnée dans sa Parole.

Et sans juger du cœur des personnes qui tiennent l’un ou l’autre de ces discours, constatez avec moi comment ces deux positions, apparemment très éloignées, se rejoignent sur un point : le rejet du caractère normatif, exclusif et tout suffisant de la Parole de Dieu.

Pour le modernisme, un rejet en faveur de la raison.

Pour l’évangélisme événementiel, émotionnel, un rejet en faveur du sentiment.

Mais dans les deux cas, il y a une négation de l’autorité de l’Écriture et de son caractère normatif et infaillible. Pourquoi ? Parce que, si c’est la raison ou le sentiment de l’homme qui décide de ce qui est acceptable, la Bible devient un livre variable en fonction de nos préférences. On en arrive donc à lui faire dire « tout et son contraire ». Et que ferait le mathématicien d’un manuel dont les théorèmes conduisent chaque fois à des résultats différents en fonction du savant qui l’emploie ? C’est à cela que conduisent tant le modernisme que l’évangélisme sentimental non doctrinal. Nous le constatons déjà dans certaines églises. La lecture de la Parole de Dieu et la prédication de celle-ci occupent de moins en moins de place dans le culte. La référence à l’Écriture sainte devient absente des discussions. Le culte de famille disparaît des foyers…

Que faire pour contrer ce problème ? Redéfinir ensemble ce qu’est l’Écriture sainte et la façon dont Dieu a parlé.

Il. Dieu s’est révélé

La Bible est « révélation de Dieu » et s’affirme comme telle.

L’apôtre Pierre déclare que l’Esprit de Dieu veille sur les auteurs sacrés afin qu’ils parlent de la part de Dieu : « Sachez tout d’abord vous-mêmes qu’aucune prophétie de l’Écriture ne peut être un objet d’interprétation particulière, car ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu. » (2 Pi 1.20-21)

Première vérité : Dieu s’est révélé. Il nous est donc interdit d’accepter toute spiritualité et recherche de Dieu comme équivalente. Cela nous empêche aussi d’affirmer que toute expérience mystique est bonne, car il y a une norme selon laquelle tout doit être jugé.

III. Dieu s’est révélé de façon cohérente et compréhensible

1. Le message de la Bible est cohérent

L’Écriture n’est pas un amalgame de récits sans lien les uns avec les autres. Elle contient un message central qui peut se résumer en trois mots : « Création, Chute, Rédemption ».

Les auteurs bibliques citent leurs prédécesseurs en leur accordant une grande autorité. Christ déclare que sa venue accomplit la prophétie d’Ésaïe (Luc 4:17-21).

Les thèmes se retrouvent et se développent peu à peu jusqu’à leur plein épanouissement. Pensez simplement à celui de l’agneau et du sacrifice sanglant.

L’Écriture est comprise dans son ensemble et en tenant compte des grandes lignes de son message.

Avant d’appliquer un texte à votre vie, examinez son contexte avec soin. Le sens qu’il a dans l’ensemble de l’Écriture. Qui l’a prononcé, à qui il est adressé et dans quel but. Vous éviterez ainsi le travers de vous approprier par exemple des jugements portés contre les pharisiens, des paroles comme celles des amis de Job qui furent en définitive condamnées par Dieu…

Cette cohérence rend impossible toutes affirmations contradictoires dans la Bible.

Bien sûr, il faut distinguer entre contradictions et vérités qui dépassent notre entendement pécheur si souvent obscurci. Il existe de nombreuses vérités que nous ne pouvons pas cerner totalement (Trinité, deux natures de Christ en un seul homme, élection et responsabilité, etc.). Mais, elles ne doivent pas être considérées comme contradictoires. Ce sont des démonstrations de la grandeur de Dieu dont la sagesse et l’intelligence nous dépassent infiniment.

2. Le message de la Bible est compréhensible

Dieu s’est abaissé et s’est exprimé en tenant compte de nos limitations humaines. Cette accommodation de Dieu est un fait extraordinaire que nous ne pouvons pas oublier. Il s’est soumis aux règles de grammaire et de style en usage.

C’est une maladie de notre temps que de relativiser la clarté de l’Écriture. Certes, nous sommes pécheurs et pouvons être mal affermis au point de tordre le sens de l’Écriture. Mais la Parole de Dieu est claire et compréhensible.

Gardons-nous de nous servir de l’Écriture pour justifier nos sentiments et nos expériences de toutes sortes, au lieu de la servir en nous efforçant de la comprendre avec l’intelligence que Dieu nous a donnée. Façon de faire extrêmement dangereuse, car il est possible de faire dire n’importe quoi à la Bible quand nous nions contexte et cohérence. Le Psaume 53.2 affirme même : « Il n’y a point de Dieu » — mais le contexte montre que c’est l’insensé qui dit cela en son cœur.

Si Dieu s’est révélé sous une forme intelligible, cela veut dire que notre intelligence doit précéder les sentiments dans notre analyse des phénomènes de spiritualité.

S’il s’est révélé de façon cohérente, cela nous contraint à formuler les vérités dans l’Écriture sous forme de doctrines, d’énoncés théologiques et de préceptes clairs et cohérents.

La Parole de Dieu est une révélation qui ne fait pas abstraction de l’intelligence. Elle donne de vraies réponses à ceux qui ont l’honnêteté de poser de vraies questions. Elle permet d’argumenter avec l’incroyant. C’est ce que Paul fit à Rome : « Paul leur annonça le royaume de Dieu, en rendant témoignage, et en cherchant, par la loi de Moïse et par les prophètes, à les persuader de ce qui concerne Jésus. L’entretien dura depuis le matin jusqu’au soir. » (Act 28.23)

C’est là notre responsabilité, tout en comptant sur l’Esprit de Dieu qui seul convainc de péché et fait naître à la vie nouvelle. Alors, devenir chrétien n’est pas un saut dans l’irrationnel et l’incontrôlable, comme vous l’avez peut-être entendu. C’est une soumission intelligente à la révélation cohérente et compréhensible de Dieu. Soumission qui donne le cadre dans lequel nos sentiments peuvent s’épanouir d’une façon qui glorifie Dieu.

IV. Dieu s’est révélé d’une façon exclusive

Au deuxième commandement, il dit : « Je suis un Dieu jaloux. »

La révélation suprême de Dieu en Jésus-Christ a aussi un caractère exclusif. Il dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14.6). Il ne dit pas : « Je suis une vérité… ». Paul renchérit : « Mais quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème ! » (Gal 1.8)

Et quand Paul songe à la relève dans le ministère, que fait-il ? Il exhorte Timothée à répéter ce qu’il a entendu de lui à des hommes fidèles qui l’enseigneront à d’autres à leur tour (2 Tim 2.2). Pourquoi ? Parce qu’il y a une « bonne doctrine » qu’il s’agit de suivre si on veut être un ministre fidèle du Seigneur (1 Tim 4.6).

V. Dieu s’est révélé d’une façon suffisante

Le texte classique sur ce thème est 2 Tim 3.16-17 : « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. »

• L’homme n’a besoin ni de la tradition de l’Église, ni de révélations nouvelles après la clôture du Nouveau Testament pour comprendre le salut, grandir dans la foi et vivre à la gloire de Dieu dans ce monde. Bien sûr, il faut distinguer le salut de la connaissance purement intellectuelle des Écritures (les pharisiens sondaient les Écritures sans pour autant venir à Christ, cf. Jean 5.39-40). Il faut illumination et régénération par le Saint-Esprit pour que l’Écriture porte ses fruits.

• La suffisance de l’Écriture ne concerne pas uniquement le salut. Paul dit à Timothée qu’au moyen de l’Écriture il est parfaitement « adapté et préparé » à « toute bonne œuvre ». La Parole de Dieu équipe tant pour la doctrine que pour la morale. Elle est donc le manuel parfaitement adapté à un jeune pasteur dans des églises à problèmes comme celle d’Éphèse.

N’est-ce pas d’ailleurs l’exemple que nous donne notre Seigneur en face du diable (Mat 4.1-11) ?

C’est le doute quant à la suffisance qui fait inventer à l’Église d’aujourd’hui toutes sortes de moyens techniques et de méthodes de remplacement dans l’évangélisation, dans le culte, dans la cure d’âme. C’est le doute quant à la suffisance de l’Écriture qui fait rechercher toutes sortes d’expériences pour le progrès dans la foi. C’est une mauvaise compréhension de ce qu’est l’Écriture qui en fait tordre le sens pour justifier tant de pratiques extravagantes.

Ainsi, la Parole de Dieu est devenue le manuel du code de la route que nous apprenons sur le bout des doigts pour passer l’examen, puis dont nous nous contentons de garder de vagues connaissances pour nous débrouiller sur la route sans plus jamais avoir recours au manuel.

Alors, si vous désirez plus que l’Écriture pour obtenir la sagesse, vous vous trompez, mais si vous vous contentez de moins que l’Écriture, vous vous trompez aussi, car elle seule est suffisante pour équiper parfaitement l’homme de Dieu et tout chrétien pour sa marche quotidienne.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

Écrit par