Jésus et les pécheurs

Parmi les termes caractéristiques de l’Évangile selon Luc figure le mot « pécheur »[note]Le terme grec « amartolos » figure 18 fois dans Luc contre 5 fois dans Matthieu, 6 fois dans Marc et 4 fois dans Jean.[/note]. Les spécialistes hésitent sur le sens exact que recouvrait ce terme à l’époque ; il pourrait désigner :
– soit toute personne qui ne respectait pas strictement la loi et les traditions des pharisiens ;
– soit quelqu’un connu publiquement pour son immoralité ou pour sa profession honteuse — d’où la fréquente association des « pécheurs » avec les collecteurs d’impôts et les prostituées. Quoi qu’il en soit, un « pécheur » était méprisé, rejeté, stigmatisé par les bien-pensants religieux de l’époque. Or ce sont ces pécheurs que Jésus va fréquenter, attirer et sauver.
Nous sommes tous convaincus que Jésus est notre modèle (cf. 1 Pi 2.21) ; mais notre comportement est bien souvent plus proche de celui des pharisiens que de celui du Maître ! Au travers de cinq récits de l’Évangile, cherchons à débusquer les failles de nos raisonnements et de notre conduite.

1. Le festin chez Lévi

(Luc 5.27-32) : Jésus fréquente les pécheurs
À peine a-t-il entendu l’appel de Jésus que Lévi, le collecteur d’impôts, fête ce changement en organisant un grand festin auquel il convie ses proches. Et la polémique ne tarde pas à éclater avec les pharisiens !

  • Selon leurs détracteurs, Lévi n’aurait pas dû faire un festin, ni Jésus y participer : notre conception de la pureté nous conduit volontiers à refuser de participer à certaines activités jugées mondaines et à cultiver une séparation stricte d’avec ceux que nous considérons comme des pécheurs[note]Notons que Luc les désigne simplement comme « d’autres personnes » (5.29).[/note]. Peut-être n’en avons-nous jamais invité chez nous ; peut- être avons-nous toujours refusé d’être invités chez eux; peut-être même ne sommes-nous proches personnellement d’aucun. Alors comment auront-ils accès à l’évangile si tous les chrétiens se détournent d’eux (cf. Rom 10.14) ?
  • l Les pharisiens s’adressent aux disciples de Jésus et non pas directement à lui : qu’il est tentant de parler entre nous des mœurs peu recommandables de tel ou tel pour les pointer du doigt !
  • Les pharisiens sont bien d’accord que les pécheurs du festin sont « malades ». Or Jésus est précisément venu pour ces personnes- là. Si notre propre justice nous suffit, nous n’intéressons pas Jésus.

2. La femme chez Simon (Luc 7.36-50) : Jésus regarde une pécheresse

Elle n’était pas la bienvenue dans la maison du pharisien Simon, cette femme de mauvaise vie !
Mais elle réussit à s’introduire et s’occupe de rendre à Jésus les égards que l’hôte orgueilleux a négligés. Jésus « répond »[note]Le verbe traduit par « prit la parole » (NEG, BFC) peut aussi être traduit par « répondit » (Darby, BS).[/note] alors aux critiques que Simon se fait intérieurement par une petite histoire et une invitation.

  • Par son histoire, le Seigneur demande au pharisien de comparer les situations de deux débiteurs. Nous aimons tellement « quantifier » le péché et « estimer »[note]C’est ainsi que Darby traduit le verbe hypolambano.[/note] qui est le plus pécheur — en oubliant que nous sommes tous endettés !
  • Par son invitation, Jésus dit à Simon de « regarder » la pécheresse. Quel regard porté-je sur ce couple ho- mosexuel assis en face de moi dans le train ? sur l’amie qu’une fille de l’église a invitée et qui détonne avec ses cheveux teints en bleu et ses piercings ? sur ce voisin que sa femme a quitté parce qu’il a eu une liaison extra-conjugale ?
    Un regard de méfiance, de rejet, de jugement ? ou bien un regard comme celui de Jésus qui a fait fondre le cœur de l’invitée surprise ?

Simon n’a rien donné à Jésus — ni eau, ni baiser, ni huile. Un cœur sec juge et ne donne pas. Un cœur rempli d’amour donne, à l’image de Dieu (Jean 3.16).

3. Les paraboles de Luc 15 : Jésus va chercher le pécheur

« Tous les collecteurs d’impôts et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’écouter. Mais les pharisiens et les spécialistes de la loi murmuraient, disant : Cet homme accueille des pécheurs et mange avec eux » (Luc 15.1-2, S21).
Les bien-pensants religieux reprochent à Jésus « d’accueillir des pécheurs » ! Peut- être auraient- ils voulu que ces derniers se mettent à suivre la loi avant de venir écouter Jésus ? Peut-être aimerions-nous accueillir dans nos églises des personnes qui ont déjà renoncé à leur inconduite sexuelle, qui ont déjà mis leur vie en ordre comme nous le pensons. Mais les pécheurs doivent d’abord « s’approcher pour écouter », tels qu’ils sont, avec leur vie en désordre, pour que Jésus les trouve et qu’ensuite leur vie puisse changer progressivement.
C’est dans ce contexte que Jésus énonce trois paraboles qui, de fait, n’en font qu’une : celle de la brebis perdue, celle de la drachme perdue et celle du fils perdu — pour reprendre les titres de la Bible Segond NEG. Mais à qui Jésus s’adresse-t-il vraiment ? À qui affirme-t-il qu’il y a de la joie dans le ciel et devant les anges de Dieu pour un pécheur qui se repent ? Aux pharisiens, d’abord et non aux collecteurs d’impôts ou aux pécheurs ! Et à qui s’adresse la troisième parabole souvent si mal nommée[note]L’appellation la plus fréquente est « la parabole du fils prodigue ».
D’autres la nomment « la parabole des deux fils » ou « la parabole du père admirable ». Tim Keller a trouvé un titre magnifique pour son livre, Le Dieu prodigue (Éd. La Maison de la Bible, 2013), dont nous recommandons chaudement la lecture.[/note] ? À ces mêmes pharisiens auquel le fils aîné ressemble si bien… et à nous-mêmes si fiers de « n’avoir jamais transgressé » les commandements de Dieu (cf. 15.29). Alors réjouissons-nous sans arrière-pensée dès que quelqu’un dont le style de vie nous déplaît commence à « s’approcher pour écouter » : Jésus est en train de le chercher !

4. La parabole du pharisien et du publicain (Luc 18.9-14) : Jésus ne méprise pas le pécheur

Pour enfoncer le clou et essayer de les toucher enfin, Jésus raconte encore une parabole « à l’intention de certaines personnes qui étaient convaincues d’être justes et qui méprisaient les autres » (Luc 18.9, Segond 21). C’est la fameuse parabole du pharisien et du publicain. Quel mépris chez ce pharisien pour « le reste des hommes », qualifiés de « voleurs, injustes, adultères » ! Dieu, par contraste, est trop puissant pour mépriser qui que ce soit (Job 36.5). Jésus accueille « quiconque » se reconnaît comme un pécheur.
En lisant cette parabole, nous nous mettrons spontanément plutôt dans la peau du publicain justifié que du pharisien. Après tout, nous sommes héritiers de la Réforme et pleinement persuadés du « sola gratia »une parabole « à l’intention de certaines personnes qui étaient convaincues d’être justes et qui méprisaient les autres » (Luc 18.9, Segond21). C’est la fameuse parabole du pharisien et du publicain. Quel mépris chez ce pharisien pour « le reste des hommes », qualifiés de « voleurs, injustes, adultères » ! Dieu, par contraste, est trop puissant pour mépriser qui que ce soit (Job 36.5). Jésus accueille « quiconque » se reconnaît comme un pécheur.
En lisant cette parabole, nous nous mettrons spontanément plutôt dans la peau du publicain justifié que du pharisien. Après tout, nous sommes héritiers de la Réforme et pleinement persuadés du « sola gratia »[note]« Par la grâce seule » : cette locution latine est une des cinq par lesquelles on résume parfois l’enseignement de la Réforme protestante ; elle signifie que le pécheur est sauvé par la seule grâce de Dieu et non pas par des œuvres méritoires.[/note]. Et pour illustrer le cas du pharisien, qui se croit tellement juste et qui s’entend reprocher sa piété légaliste, de multiples. Et pour illustrer le cas du pharisien, qui se croit tellement juste et qui s’entend reprocher sa piété légaliste, de multiples noms nous viendront à l’esprit… Mais nos fortes convictions, notre bonne morale, même notre assurance du salut par grâce, peuvent former une carapace de « bon chrétien évangélique » et nous conduire à mépriser les « autres », ceux « du dehors ». Or la vraie piété ne peut pas s’inscrire en opposition avec les autres hommes, si pécheurs ou si pétris de doctrines imparfaites (voire fausses) qu’ils puissent nous paraître.
Mais nous pouvons aussi développer une attitude ouverte vis-à-vis des autres, être attentifs à eux, les écouter… Et tout au fond, une petite voix va alors nous susurrer : « Ô Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas comme ce frère de mon église, qui est un peu borné, sûr d’avoir raison. Moi, je suis ouvert, je m’intéresse aux autres, je les accueille tels qu’ils sont… » Ainsi, plus nous croyons échapper à la pointe de cette parabole, plus elle nous ramène à nous-mêmes. Il faut accepter le constat : le pharisien, au fond, c’est moi ! Il me faut descendre de mon piédestal (y compris celui de mon humilité, souvent si fausse), pour prendre vraiment la place du publicain. Non pas en justifiant le mal (le publicain ne se vante pas de son péché, mais le reconnaît devant Dieu), mais en recevant la grâce de Dieu, qui nous détourne de nous-mêmes.

5. L’invitation chez Zachée (Luc 19.1-10) : Jésus est accueilli par un pécheur

Ce cinquième épisode amplifie le message des précédents : ce n’est plus un pécheur, mais un « pécheur en chef » : Zachée dirigeait les collecteurs de taxes ; et ce ne sont plus les seuls pharisiens qui murmurent contre le comportement de Jésus, mais « tous » (19.7). Implicitement, le récit ouvre plusieurs questions :

  • l Zachée peut-il être sauvé ? Oui, répond Jésus, « celui-ci est aussi un fils d’Abraham ». Toute personne, même celle que nous jugerions a priori la plus éloignée du salut, a accès par la foi à la bénédiction du croyant Abraham. Comme l’exprime un ancien cantique, « il n’est personne qu’il veuille écarter du salut ». Soyons-en persuadés !
  • Zachée peut-il accueillir Jésus ?
    Oui, c’est même le Seigneur qui le lui demande. Il ne vient pas seule- ment sauver le pécheur, mais il veut « demeurer » chez lui, avec toute la riche palette de sens de ce verbe, si fréquent dans la bouche de Jésus. Lorsque quelqu’un extérieurement éloigné de la foi se tourne vers Christ, il peut nous arriver d’être dubitatifs : n’est-ce pas qu’un feu de paille ? cette foi nouvelle sera-t-elle durable ? Oui, car quand Jésus fait sa demeure dans une âme, c’est pour l’éternité et ce- lui qui a commencé une bonne œuvre la rendra parfaite (Phil 1.6).
  • Zachée peut-il vraiment changer ? Oui, et il le prouve, en prenant immédiatement des résolutions qui vont bien au-delà des exigences de la loi. Ce voleur de collecteur devient donateur! Nous pensons, à tort, que certaines mauvaises habitudes sont indéracinables. Si l’œuvre de sanctification de l’Esprit dans chaque croyant est progressive, certains changements peuvent être rapides. L’amour « espère tout » !

* * *

« Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : Voici un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des pécheurs » (7.34, Darby). Jésus se décrit ainsi, rapportant les propos qu’on tient sur lui. Comment me qualifie-t-on ? comme un ami des fêtards et des transgenres ? un ami des dealers et des homosexuels ? La question sonde en premier lieu l’auteur de ces lignes. Le Seigneur nous appelle avant tout à un changement intérieur. Un changement sur la façon dont nous considérons ceux que nous jugeons être des « pécheurs » et sur la façon dont nous nous voyons nous-mêmes, si confiants dans notre propre justice. Ce changement, son Esprit peut le produire en versant son amour en nous mais il nous incombe aussi de le rechercher. Alors nous serons davantage semblables au Maître, qui était à la fois « séparé des pécheurs » (Héb 7.26) et « l’ami des pécheurs ».

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)