Jérémie et la réforme de Josias (Jérémie 3.6-4.4)

La première période du ministère de Jérémie, sous le règne du roi réformateur Josias, est délicate à cerner. Le texte de Jérémie 3.6 à 4.4 date de cette époque et son message est un puissant appel à revenir à Dieu. Les parties poétiques entremêlées et les images utilisées illustrent un message particulièrement touchant. Jérémie y reprend des thèmes des prophètes du siècle précédent et développe des pensées qui trouveront leur épanouissement dans la suite de son ministère. Enfin les avertissements et les promesses qui y sont révélés sont tout à fait d’actualité pour l’Église d’aujourd’hui.

Contexte historique

L’appel de Jérémie date de la treizième année du règne de Josias, vers 627 (1.1), c’est-à-dire l’année qui suit le début de la réforme entamée par ce roi pieux. Josias a commencé à purifier Juda et Jérusalem de l’idolâtrie (2 Chr 34.3). Cette réforme était devenue nécessaire suite au long règne de Manassé (plus d’un demi-siècle) marqué par un développement de l’idolâtrie sous de multiples formes. Le court règne d’Amon, père de Josias, a suivi le même chemin.

Josias va entreprendre la restauration du temple de Jérusalem et la bouleversante découverte du livre de la Loi dans le temple, en 622, va accélérer la politique de réforme : célébration de la Pâque comme elle n’avait plus été célébrée depuis l’époque de Samuel (2 Chr 35.18), poursuite des efforts de destruction de l’idolâtrie au-delà même du territoire de Juda, dans les anciennes possessions d’Israël. Ce zèle au-delà des frontières du royaume a pu être facilité par le déclin rapide de l’empire assyrien qui relâchait sa pression sur les territoires du nord.

C’est en effet une période de troubles au niveau international. L’affaiblissement de l’empire assyrien qui dominait depuis deux siècles est suivi par la montée en puissance du royaume de Babylone.

En 609, soit 18 ans après la vocation du prophète, Josias meurt à la bataille de Meguiddo en voulant arrêter la progression du Pharaon Néco. Le nouveau roi Jojakim, choisit par le pharaon à la place de son frère Joachaz, n’a pas les qualités morales de son père (22.13-19) ; il fait preuve de mépris pour la parole de Dieu et persécute ses prophètes (cf. 26.20-23 ; 36.20-26).

Jérémie et la réforme de Josias

On sait peu de choses précises sur Jérémie dans cette période. Après la découverte du livre de la Loi en 622, c’est la prophétesse Hulda qui est consultée par les envoyés du roi. D’ailleurs, Jérémie n’est pas mentionné par le livre des Rois : était-il encore trop jeune (1.6) ? En revanche, il est cité par les Chroniques pour avoir écrit une complainte à la mort du roi Josias (2 Chr 35.25).

Le début de son ministère semble essentiellement oral. Les paroles qu’il a prononcées durant l’époque de Josias ne seront mises par écrit, par l’intermédiaire de Baruc, que la quatrième année du règne de Jojakim (36.2). On considère généralement que les ch. 2 à 6 correspondent à la période de Josias, donc à l’époque de la réforme. Un seul verset mentionne, d’ailleurs de façon assez vague : « au temps du roi Josias » (3.6).

Des paroles de jugement jalonnent ces chapitres. L’idolâtrie du peuple, son apostasie, le rejet de l’alliance, du point de vue tant moral et social que religieux, conduisent l’Éternel dans sa justice à punir le peuple élu, selon les termes de l’alliance. Ce jugement amènera la destruction de Jérusalem et la déportation du peuple. La Bible Annotée commente ainsi le verset 8 du chapitre 2 : « On peut s’étonner qu’une pareille décadence du culte soit signalée sous le pieux roi Josias ; cela prouve que les réformes ordonnées par lui n’avaient pas été réellement acceptées par le peuple. »[1]

Appel à revenir, structure poétique et métaphores

Au milieu des oracles de jugement, la section de 3.6 à 4.4 contient de vibrants appels. Le verbe « revenir » en constitue le fil conducteur. Beaucoup utilisé par Jérémie (114 fois contre 1067 dans tout l’Ancien Testament), il revient 11 fois entre 3.1 et 4.4. L’hébreu shuwb signifie à la fois revenir (de l’exil) et se repentir (du mal). C’est tantôt une promesse, tantôt un appel.

« Pour faire entrer dans l’âme de ses auditeurs le message que Dieu lui inspire, le jeune prophète trouve une multitude de comparaisons frappantes, d’images à la fois très simples et d’une poésie intense, qui ne pouvaient manquer de faire grande impression sur les esprits. »[2] Si ces formes poétiques nous parlent peu aujourd’hui, soyons conscients qu’elles produisaient leur effet sur les auditeurs de l’époque.

Ces structures poétiques fonctionnent par répétition. Quelques exemples :

– 3.1-2a répond à 3.2b-5 en mettant l’accent sur les termes « souillé », « prostituée », « nombreux amants » ;

– en 3.23-25, la repentance est exprimée par les contrastes répétitifs : « l’Éternel, notre Dieu » revient 4 fois et « honte » 2 fois ;

– en 4.1-4, le verbe « ôter » (en hébreu cuwr) pose les conditions d’un vrai retour : « si tu ôtes tes abominations » et « ôtez le prépuce de vos cœurs » (Darby).

Jérémie utilise des métaphores de femmes infidèles et l’image des relations filiales pour souligner à la fois l’amour de Dieu et la profondeur de la trahison, de l’ingratitude du peuple aimé :

– En 3.1-5, le retour de la femme infidèle n’est pas sincère. Il n’y a pas de repentir : « tu n’as pas voulu avoir honte » (3.3), « tout en continuant à faire le mal » (3.5, Segond 21).

– En 3.6-13, Israël, le royaume du nord, et Juda, le royaume du sud, sont figurés par deux sœurs, mariées à l’Eternel. Le jugement qui a atteint l’infidèle Israël est une allusion directe à la destruction de Samarie un siècle plus tôt et à la déportation des dix tribus par les Assyriens. Juda n’en a finalement pas tiré de leçon. Non seulement, elle a fait la même chose, mais son retour — allusion à la réforme menée par Josias — n’est pas « de tout son cœur ; c’est avec fausseté » (3.10).

– 3.20 vient conclure cette métaphore : « Comme une femme trahit son compagnon, vous m’avez trahi, communauté d’Israël, déclare l’Éternel. » (Segond 21)

La relation père-fils est aussi évoquée avec cet appel pressant répété : « Revenez enfants rebelles ! » avec deux promesses de bénédictions : « Je vous prendrai … je vous ramènerai … je vous donnerai des bergers selon mon cœur » et « Je pardonnerai vos infidélités. » (3.14,22) Quand rien ne va plus, l’Éternel n’est pas sans ressource. Si le jugement est inéluctable, malgré les appels à revenir, à se repentir, la fidélité de Dieu est inaltérable et les promesses de bénédictions sont prononcées pour les générations à venir.

Une révélation progressive

Jérémie se situe directement dans la ligne des grands prophètes du viiie siècle, Osée, Amos, Michée et Ésaïe : il prêche la justice de l’Éternel et son amour qui reste fidèle malgré les infidélités de son peuple. Jérémie a sans aucun doute reçu son inspiration directement de Dieu, mais aussi à travers les écrits des prophètes qui l’ont précédé.

Comme Osée (Osée 1 à 3), Jérémie développe cette pensée de l’alliance, considérée comme un mariage de l’Éternel avec Israël. « L’Éternel n’a jamais oublié cette alliance ; elle est toujours restée le fondement de ses relations avec le peuple élu. Jamais il n’a cessé d’aimer Israël, d’un amour toujours en éveil, d’un amour qui espère toujours, même aux jours, où, pour le bien de la nation aimée, il doit se traduire par des punitions sévères. »[3] De la même façon, Jérémie réutilise l’image de la relation filiale (voir Osée 11.1).

Faisant suite à Osée 10.12, Jérémie interpelle : « Défrichez-vous un champ nouveau, ne semez pas parmi les épines ! »

Comme Amos, Jérémie révèle la bénédiction qui rassemblera Israël et Juda (3.18 ; Amos 9.8-15). La bénédiction s’étend alors aux nations : « Toutes les nations s’assembleront à Jérusalem, au nom de l’Éternel, et elles ne suivront plus les penchants de leur mauvais cœur. » (3.17) C’est la guérison pour Israël réunifié et pour toutes les nations : annonce du salut et réalisation de la promesse faite à Abraham (Gen 12.3).

Une progression qui se développe

Jérémie annonce que l’arche, symbole de la présence de Dieu au milieu de son peuple, va disparaître et qu’on ne la reconstruira plus (3.16). Historiquement, on ne sait pas ce qu’elle est devenue et les légendes ne manquent pas (cachée par Jérémie au Mont Nebo, volée, emportée en Éthiopie, enfouie sous le mont du temple…).

Comme au temps d’Ézéchias où le serpent d’airain était devenu un objet de vénération (2 Rois 18.4), les mentalités idolâtres n’ayant pas été changées par la réforme de Josias, les cœurs se tournent vers les objets ou les ustensiles du culte à l’Éternel pour en faire des objets de superstition.

Dans le même courant de pensée, Jérémie dénoncera au début du règne de Jojakim l’attachement charnel au temple de Jérusalem (ch. 7 et 26) : on pratique le mal et on vient à l’Éternel pour trouver refuge, s’appuyant à tort sur le souvenir de la délivrance miraculeuse accomplie sous le règne du pieux Ézéchias.

Jérémie nous conduit vers une spiritualisation de la foi, la détournant des objets du culte pour la tourner vers ce que représentent ces objets, Dieu lui-même. « On appellera Jérusalem trône de l’Éternel. » (3.17) Ces textes préparent Jean 4.21-24 où le Père cherche des adorateurs qui l’adorent en esprit et en vérité, et Apocalypse 21.22-24 où le Seigneur Dieu Tout-Puissant est le temple de la sainte cité, ainsi que l’Agneau.

La section qui va de 3.21 à 4.4 introduit un autre développement, celui de la repentance. Les appels de Dieu ont été entendus et le peuple revient. Les idoles trompeuses ont amené la désolation, la ruine et jusqu’à la perte des enfants, allusion probable aux sacrifices pratiqués sous Manassé. C’est une prière de repentance collective. « Nous avons péché contre l’Éternel. » (3.25) Cependant, la repentance implique la mise de côté des mauvaises pratiques, mais aussi l’engagement de tout son être. Cela ne peut pas se limiter à une décision collective, un changement d’orientation extérieur aux personnes, mais elle nécessite un changement intérieur, personnel, spirituel.

« Circoncisez-vous pour l’Éternel, circoncisez vos cœurs. » (4.3-4) Les anciennes mentalités et la foi ne sont pas compatibles. Il faut une véritable conversion du cœur. Les Judéens étaient bien circoncis dans la chair, mais pas de cœur. Encore une fois, les signes extérieurs peuvent donner le change, mais Dieu regarde au cœur.

Cet appel, bien qu’il ne soit pas reçu, sera développé avec les merveilleuses promesses du ch. 31, la nouvelle alliance : « Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu » et « tous me connaîtront » (31.31-34). L’Évangile va ouvrir la voie à son accomplissement.

Conclusion

Cette section est une leçon bienfaisante au milieu des oracles de jugement : le Dieu de Jérémie est un Dieu qui désire faire grâce. Il appelle à revenir, à se repentir. Et si le jugement doit s’abattre, il promet le retour et la bénédiction à son peuple.

La réforme structurelle et cultuelle conduite de façon coercitive par le roi Josias ne semble pas avoir atteint la mentalité du peuple. L’idolâtrie pratiquée sur les hauts lieux s’est transformée en superstition à l’égard des objets du culte de l’Éternel (l’arche, le temple). Il faut une transformation spirituelle et individuelle qui ne verra son plein accomplissement qu’avec la nouvelle alliance. L’amour de Dieu se doit d’être prêché sans cesse.

L’histoire de l’Église n’est pas en reste vis-à-vis de cette constatation. Les périodes de réforme ou d’évangélisation de masse, souvent par la force, ont permis un développement en nombre de la religion chrétienne. Ce fut le cas avec l’officialisation du christianisme comme religion d’état sous Constantin, Clovis, Charlemagne, Ethelbert… la liste est longue. Mais les mentalités n’ont pas été pleinement transformées. C’est le patient travail de prédication, d’enseignement, non seulement par la parole mais aussi par l’exemple, qui a pu et qui peut encore apporter un changement fondamental et permanent pour rendre conforme à l’Évangile. De nos jours, si dans les milieux évangéliques, des réformes sont régulièrement nécessaires concernant, par exemple, la forme du culte, la musique, la prise en compte de la dimension sociale de l’Évangile…, il importe avant toutes choses que les cœurs, c’est-à-dire les mentalités, soient réformées, transformées. Le ministère prophétique est une de ces merveilleuses ressources que Dieu met au service de son peuple qu’il aime et qu’il appelle.

Si le retour à Dieu et les promesses de bénédiction faites à Israël et à Juda entraînent la bénédiction des nations, alors nous pouvons faire nôtres ces promesses. Nos retours à Dieu affermiront l’unité dans l’Église et porteront du fruit pour l’évangélisation, la bénédiction de nos prochains.

[1] La Bible annotée, Ésaïe, Jérémie, Lamentations, Commentaires Bibliques, Cap-de-la-Madeleine, Impact, 2003.

[2] A. Aeschimann, Le prophète Jérémie, Commentaire, Paris, Delachaux & Niestlé, 1959, p. 16-17.

[3] A. Aeschimann, op. cit., p. 28.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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