Introduction à l’Épître de Jacques

Une Epître à part… Pourquoi ? À cause peut-être d’un style rugueux, coupé, énergique, marqué par beaucoup d’impératifs (60 sur 108 versets), beaucoup de questions (une vingtaine), des thèmes multiples… Un livre donc difficile à résumer, souvent critique, peu systématique, rare en mentions de Jésus (seulement deux, en 1.1 et 2.1, et encore, sans référence directe ni à son incarnation, ni à sa crucifixion, ni à sa résurrection). De quoi indisposer le lecteur qui veut lire tranquillement une portion de la Parole de Dieu sans se sentir obligé à l’engagement personnel. Mais puisque l’Epître existe, tout lecteur convaincu de l’inspiration divine de chaque livre de l’Écriture se doit d’y plonger ses regards, dans un esprit de prière, afin d’en retirer le plus grand profit possible (cf. 2 Tim 3.16,17).

Qui en est l’auteur ?

Il s’agit probablement de Jacques (1.1) le demi-frère de Jésus (Mat 13.55 ; Marc 6.3 ; Gal 1.19 ; 2.7,9,12), qui se serait converti après la résurrection de Jésus (1 Cor 15.7 ; Act 1.14) et qui jouait un rôle de premier ordre dans l’église de Jérusalem (Act 12.17 ; 15.13 ; 21.18 ; Gal 2.12).

Sa réputation fut telle que Juifs et non Juifs l’ont appelé « Jacques le Juste » (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 2.23) à cause de sa piété et de sa vie de prière ; on lui aurait accolé le sobriquet de « genoux de chameaux », parce qu’il fut souvent trouvé à genoux dans le Temple, implorant Dieu de pardonner à la nation juive. La tradition rapporte qu’en 62 apr. J.-C. Jacques fut convoqué devant le sanhédrin, qui le somma de déclarer dans le Temple que Jésus n’était pas le Messie. Jacques répondit en clamant que Jésus était le Fils de Dieu et le Juge du monde ! Là-dessus, il fut amené en haut du Temple et jeté en bas, puis frappé avec un gourdin jusqu’à la mort. Au dernier moment, il pria encore : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (cf. Luc 23.34) Il vaut vraiment la peine de découvrir le livre d’un homme aussi exemplaire de fidélité jusqu’à la fin !

Pourquoi croyons-nous que Jacques, frère de Jésus, fut l’auteur de ce texte, alors que d’autres Jacques pourraient être pressentis ? Par exemple, Jacques fils de Zébédée et frère de Jean (Mat 4.21 ; Act 12.2), Jacques fils d’Alphée (Mat 10.3 ; Act 1.13), ou Jacques le père de Jude (mais pas de Jude l’Iscariote, cf. Luc 6.16). Voici nos raisons : (1) La simplicité de l’adresse (1.1) : il fallait un Jacques bien connu pour écrire ce type de lettre sans donner plus d’explications sur son identité, et la faire accepter par les chrétiens.
(2) L’histoire du canon : quoique le livre ait eu des difficultés à « percer » pendant les premiers siècles, Origène le théologien, Eusèbe l’historien et Jérôme le traducteur (auteur de la Vulgate au IIIe s.), ont reconnu comme auteur Jacques le demi-frère de Jésus. De plus, le Concile de Carthage a proclamé sa canonicité en 397.
(3) L’attribution traditionnelle de ce texte au demi-frère du Seigneur, même si certains commentateurs en doutent.
(4) Des ressemblances entre le « Jacques » de cette Epître (2.7 ; 2.5 ; 1.27 ; 5.19-20 ; 1.27 ; 1.16,19 ; 2.5) et celui qui intervient en Actes 15 (15.17 ; 15.13,14 ; 15.19,20 ; 15.29 ; 15.25). 1

Qui sont les destinataires ?

Jacques s’adresse aux Juifs convertis à Christ dispersés partout dans le monde connu à cette époque (cf. les références « juives » : synagogue (2.2) ; Seigneur des Armées, le Jahvé Sabaoth de l’AT (5.4) ; Seigneur de gloire (2.1) ; frères (5.7,10,12), comme dans les Actes). Il est fort probable que les destinataires étaient des Juifs convertis au christianisme — nous dirions aujourd’hui des Juifs messianiques ; ils auraient été dispersés partout après le martyre d’Étienne (Act 7.59-8.4 ; 11.19). Jacques, occupant une place importante à Jérusalem, aurait eu de la sympathie pour tous ses frères dispersés, désirant les instruire dans les domaines de la vie chrétienne pratique. En effet, il souffrait de trouver chez ses frères chrétiens d’origine juive des tares dangereuses : par exemple, l’amour des richesses (5.1-6), le formalisme légaliste 1.22-27 ; 2.14-26), le manque d’amour pratique (2.1-13), le mauvais usage de la langue (3.1-12), les disputes et toutes sortes de passions (3.14-4.6). Il voulait que leurs vies soient d’une exemplarité incontestable à cause du « beau Nom » invoqué sur eux. Mais Paul avait le même souci pour les croyants d’origine païenne. Il ne faudrait donc pas en déduire que le message de Jacques est réservé aux chrétiens juifs.

Quand Jacques a-t-il rédigé ce livre ?

Nous proposons une date entre 45 et 50 apr. J.-C. Pour quelles raisons (1) L’Épître a une orientation juive, parce que la « voie » chrétienne (cf. Act 19.9) était au début essentiellement composée de Juifs convertis. Les païens convertis étaient minoritaires dans l’Église.
(2) Est absente, dans l’épître, toute référence à la controverse entre certains judaïsants, qui insistaient pour que les païens qui se convertissaient soient circoncis (Act 15.1-12), et les apôtres (Act 15.13-29). Si le livre avait été écrit après la conférence de Jérusalem en 50 apr. J.-C., cette dispute aurait mérité une mention.
(3) Il existe plus d’affinités entre Jacques et Jésus qu’entre Jacques et Paul, en ce qui concerne leur enseignement. Si l’Épître avait été écrite après les événements d’Actes 15, « l’angle d’attaque » des problèmes aurait sûrement davantage ressemblé à celui de Paul, à l’exemple des analogies entre les Épîtres de Pierre et celles de Paul.
(4) La simplicité de ton quand il est fait référence aux responsables de l’église locale (« docteurs », 3.1 et « anciens », 5.14) favorise une date antérieure à l’an 50 (moment de la conférence d’Actes 15).
(5) L’utilisation du terme « synagogue » (2.2) plutôt que d’ « église » met en évidence que le christianisme était surtout confiné aux Juifs convertis à Christ au moment de la composition du livre.

Quels sont les points saillants de l’Épître ?

• Toutes les références à l’A.T. : Jacques évoque Abraham, Rahab, Job, Élie, la loi et les dix commandements ; de plus, il fait allusion à 21 livres de l’A.T. (de Genèse à Deutéronome, Josué, 1 Rois, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, et 7 des 12 petits prophètes).
• L’absence d’un développement systématique des doctrines centrales exposées par l’apôtre Paul (le salut par grâce fondé sur la Croix et la résurrection).
• Une fine appréciation de la création et de la nature (30 fois !) : Jacques en parle plus que Paul dans toutes ses Épîtres !
• 29 mentions directes ou allusives à la langue : les Juifs n’avaient pas bonne réputation dans ce domaine…
• La ressemblance entre l’enseignement de Jésus et celui de Jacques.
• L’emploi de phrases courtes et percutantes, de figures de style : o métaphores (comparaisons implicites) : « la langue est un feu » (3.6) ; « vous êtes une vapeur » (4.14 )
o comparaisons : « celui qui doute est semblable au flot de la mer, que le vent agite et soulève » (1.6) ; « le riche…passera comme la fleur de l’herbe » (1.10) ; celui qui écoute la Parole et ne la pratique pas « est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel et qui, après s’être regardé, s’en va et oublie aussitôt comment il est » (1.23,24). • L’âme de ce livre le rapproche de la littérature de « sagesse » de l’A.T. (Proverbes, Ecclésiaste).
• Ce livre est immédiatement et précisément praticable, car la vie chrétienne doit être pure, morale, éthique, juste, réelle.
• Les exhortations de Jacques s’ancrent dans des doctrines chrétiennes majeures : (1) La doctrine de Dieu : 1.5,13,17 ; 2.19 ; 3.9 ; 4.15 ; 5.4,11.
(2) La doctrine du péché : 3.2 ; 1.14,15,20,21 ; 2.7,9-11 ; 4.1-4,6 ; 5.4.
(3) La doctrine de l’eschatologie : 1.12 ; 2.5,12 ; 3.1 ; 5.7-8.
(4) La doctrine de l’Esprit : 4.5.
(5) La doctrine du salut : 1.18,21 ; 2.14-26,21-25 ; 5.15.
(6) La doctrine de l’église locale : 5.13-16.

Nous avons dans ce livre un aperçu de la nature du vrai christianisme biblique vécu par des Juifs convertis au Messie, mais vivant encore sous une très forte influence de l’A.T. Ce livre n’a pas reçu l’empreinte des Épîtres de Paul. Mais attention ! L’Épître de Jacques et l’Épître de Paul aux Romains (pour citer la plus fameuse) ne se contredisent pas. Jacques et Paul se complètent. Paul appréciait Jacques (Act 15.13 ; 21.8) et le reconnaissait (Gal 1.19 ; 2.9,12). Paul a écrit au sujet de la foi salvatrice du point de vue de Dieu, tandis que Jacques a décrit l’expression de la foi dans le service actif de l’homme. La preuve de la foi salvatrice en Christ est donnée par la foi mise au service des autres, et cela au nom de Christ. Jacques dit en fin de compte que la vraie foi pense aux autres et se met au travail pour eux.

Quel est le plan de l’Épître ?

Le caractère informel du livre en rend la structuration un peu aléatoire. J’ai compté jusqu’à 26 essais de schématisation de l’Épître. J’en propose un 27e !

Chapitres 1 et 2 : Les rapports entre la foi et les œuvres

1.1-15 : La foi affronte les épreuves et la tentation – la foi associée à la sagesse permet de surmonter les épreuves et d’acquérir la patience (1.1-12)
– la foi doublée d’une juste connaissance de Dieu et du cœur humain permet d’affronter la tentation (1.13-15) 1.16-27 : La foi reconnaît l’activité de la Parole de vérité dans… – la régénération (1.16-21)
– le passage de l’écoute à la pratique (1.22-25)
– une conduite en société qui soit utile aux autres alliée à la recherche d’une pureté morale qui honore Dieu (1.26-27) 2.1-13 : La foi discerne et combat l’esprit de partialité – la partialité est condamnable (2.1)
– la partialité s’inspire de faux jugements (2.2-4)
– la partialité est à l’origine des injustices sociales (2.5-7)
– la partialité est incompatible avec l’amour véritable (2.8-11)
– la partialité est contraire à l’esprit de miséricorde et de liberté (2.12-13) 2.14-26 : La vraie foi sauve – la vraie foi en Christ s’active pour le bien des autres (2.14-19)
– la vraie foi s’est illustrée chez Abraham et Rahab (2.20-26)

Chapitres 3 à 5 : Les rapports entre la sagesse céleste et les œuvres

La sagesse céleste… 3.1-12 contrôle l’emploi de la langue
3.13-18 est garante d’une bonne conduite
4.1-3 doit prévaloir sur les passions, les querelles et les désirs mal orientés
4.4-12 cultive l’humilité et rejette la médisance
4.13-17 participe à la formation et à l’exécution de nos projets
5.1-6 lutte contre la corruption causée par les richesses
5.7-12 attend patiemment l’avènement de Christ
5.13-18 nourrit la prière
5.19-20 contribue à la restauration d’un frère

Comment lire cette Épître ?

Une lecture superficielle de cette Épître est à exclure : chacun de ses paragraphes est à méditer en vue d’être appliqué dans notre expérience quotidienne. La mise en œuvre des principes exposés dans cette Épître est indissociable d’un examen de conscience approfondi et sincère dans tous les domaines que le Saint-Esprit veut vivifier, corriger, illuminer et affermir dans nos vies. Une attitude de prière humble et volontaire doit en baigner la lecture.

1Par ailleurs, l’auteur de l’Epître est souvent proche de Matthieu (au moins 19 passages convergents), et il y a dans ce livre plus de parallèles avec l’enseignement de Jésus (dans les Évangiles) que dans aucun autre livre du N.T. Notons aussi la ressemblance entre Jacques (4.6 ; 1.5 ; 1.19 ; 3.18 ; 4.13-16 ; 5.20) et le livre des Proverbes (3.34 ; 2.6 ; 29.20 ; 11.30 ; 27.1 ; 10.12).

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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