Instruis l’enfant

Le livre des Proverbes pourrait être appelé un « traité d’éducation selon Dieu ». Constamment, l’appel retentit : « Mon fils » (une trentaine de fois, dont une vingtaine dans les neuf premiers chapitres). En dépit de l’ancienneté de ce livre et de l’évident décalage spatio-temporel, les sages maximes concernant l’éducation des enfants que renferment les Proverbes sont d’une actualité inchangée. Cet article vise à relever quelques-unes des principales caractéristiques des enfants et de leur éducation1. Pour chaque thème traité, nous citerons un ou deux versets tirés du livre des Proverbes2.

1. QU’EST-CE QU’UN ENFANT ?

a. Un enfant est un pécheur

« La folie est attachée au cœur de l’enfant. » (22.15)

Les Proverbes sont en pleine cohérence avec l’ensemble de la Bible sur ce point : tout enfant naît avec une nature pécheresse. Même avant d’avoir atteint l’âge de responsabilité, un enfant n’est jamais un « innocent ». Toute éducation qui ne part pas de ce postulat de base risque de faire fausse route. A la suite de Rousseau, il est sans doute plus facile d’incriminer le contexte, la société, les enseignants, etc., que de reconnaître humblement que nous avons légué à nos enfants la même nature encline au mal que la nôtre… Ne nous laissons pas influencer par les nombreuses théories sur la soi-disant « neutralité » de la nature de l’enfant. N’excusons donc pas le péché de nos enfants, mais sachons le nommer, y compris devant eux. Les rendre conscients de leur état réel est sans doute un des meilleurs moyens de les conduire au salut.

b. Un enfant est naïf

« Proverbes de Salomon […] pour donner aux simples du discernement. » (1.1-4)

Les Proverbes ont pour but de mettre en garde le « simple ». Ce terme désigne celui qui est sans expérience, facile à tromper ou à séduire (14.15) et qui a plutôt un penchant vers le mal (14.18). L’éducation vise prioritairement à donner à l’enfant les moyens d’affronter le monde qui l’entoure et dans lequel il devra être bientôt autonome :

– nos enfants vivent souvent dans un monde imaginaire idéalisé ; sans leur ôter la part de rêve nécessaire à l’enfance, sachons les amener progressivement vers le réalisme : non, dans la vraie vie, toutes les histoires ne se terminent pas par un mariage romantique !
– nos enfants vivent au présent ; aidons-les à envisager les conséquences futures de leurs actes : le sac de bonbons est attirant, mais la fraise du dentiste l’est moins !
– nos enfants sont impressionnés par l’apparence, le clinquant, l’extérieur ; montrons-leur que la vérité est souvent autre : leur copain qui a une grande maison pleine de jouets n’est pas forcément le plus heureux des garçons si, en même temps, son père est trop occupé par son travail pour passer un moment avec lui.

c. Un enfant est influençable

« L’homme simple croit tout ce qu’on dit, mais l’homme prudent est attentif à ses pas. » (14.15)

Parce qu’il est naïf (ou « simple », pour reprendre le terme des Proverbes), l’enfant croit volontiers ce qu’on lui dit. L’élève a généralement une confiance aveugle dans ce que lui affirme son maître ou sa maîtresse. Le petit enfant risque de suivre tout adulte, même un étranger. Raison de plus pour ne pas l’exposer inutilement à des influences qui pourraient se révéler ensuite difficiles à contrecarrer.

d. Un enfant est irréfléchi

« L’homme prudent voit le mal et se cache, mais les simples avancent et sont punis. » (22.3 ; 27.12)

L’enfant agit souvent par impulsion. Ma fille veut rejoindre sa copine de l’autre côté de la rue ; va-t-elle penser à regarder avant de traverser ? Tout entière tournée vers son but, elle oublie totalement le danger… jusqu’à ce que je lui crie un « stop » impératif ! Les Proverbes incitent souvent le « fils » à prendre le temps de la réflexion, à demander conseil, à peser le pour et le contre. Rien de bien naturel… mais un constant rappel à se « poser », sans pour autant « casser » toute spontanéité.

e. Un enfant est indiscipliné

« Celui qui aime la joie reste dans l’indigence. » (21.17)

Par nature, l’enfant tend à privilégier le plaisir sur la contrainte. Il est certes plus facile de sortir tout le contenu de sa caisse à jouets que de devoir la ranger le soir venu ! L’éducation doit avoir pour but de progressivement remplacer la contrainte externe (« Range ta chambre avant de te coucher ! ») par la reconnaissance intérieure des bénéfices de la discipline (il est plus agréable de se réveiller dans une chambre rangée, on peut retrouver un jouet égaré, etc.).

f. Un enfant est ingrat

« L’insensé dédaigne l’instruction de son père, mais celui qui a égard à la réprimande agit avec prudence. » (15.5)

N’attendons pas beaucoup de remerciements pour l’éducation que nous donnons à nos enfants ! Nos conseils, nos avertissements, nos reproches, généreront plus de critiques que de gratitude, et cela d’autant plus que nos enfants grandissent. L’adolescence est « l’âge sans pitié » ! Mais quand je vois mon ingratitude envers mon Père céleste, je m’étonne moins de celle des mes enfants… De plus, élever nos propres enfants nous conduit à mesurer concrètement la difficulté de la tâche ; alors nous portons a posteriori un regard moins sévère sur l’éducation que nous avons reçue. Et nos enfants, à leur tour, feront la même expérience !

g. Un enfant est créé à l’image de Dieu

« L’Eternel a tout fait pour un but. » (16.4)

Si nos enfants ont des traits de caractère liés soit à leur absence de maturité, soit à leur nature pécheresse, il n’en demeure pas moins qu’ils restent, chacun, une créature unique, merveilleuse, dans laquelle nous pouvons retrouver la trace de Dieu. Le développement physique, celui de la personnalité, l’éveil de l’intelligence, tout est une occasion constante de nous rappeler que chaque être a été voulu par Dieu pour un but, dans un cheminement unique auquel, comme parents, nous sommes appelés à contribuer pour un temps.

2. COMMENT EDUQUER UN ENFANT ?

a. Selon son caractère

« Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas. » (22.6)

Ce verset peut se comprendre de deux façons3 :

1. La « voie » de l’enfant peut tout d’abord désigner l’ensemble de ses talents et de ses aptitudes naturelles. Une éducation à l’image de celle de Dieu envers nous, doit viser à faire éclore et s’épanouir les dons d’un enfant. Il n’est pas du tout dans la pensée biblique de forcer un enfant à faire ce pour quoi il n’est pas fait, sous le simple prétexte qu’il est soumis à l’autorité de ses parents. À la suite des recherches menées sur l’éducation des enfants, plus personne ne conteste aujourd’hui que l’enfant a sa personnalité propre ; celle-ci est d’autant plus fragile qu’elle n’est pas encore totalement formée et il convient de la respecter (Col 3.21). Dans une famille riche de plusieurs enfants, les parents ont tôt fait de constater que la « voie » du cadet ne sera pas forcément celle de l’aîné ; l’éducation sera alors adaptée à chacun, selon la sagesse que seul le Seigneur peut donner.
2. Pour autant, ce verset ne signifie pas qu’il faille laisser libre cours à la volonté propre de l’enfant. La « voie » que veut suivre un enfant peut lui sembler droite, alors que ses parents discernent qu’elle conduit à la mort (14.12). Le verbe « élever » a aussi, dans d’autres contextes, le sens de « consacrer » une maison ou un temple (cf. Deut 20.5 ; 1 Rois 8.64). Si nous avons à cœur de « consacrer » nos enfants au Seigneur, nous serons conduits à user d’une fermeté pleine d’amour pour les empêcher de se fourvoyer. Par réaction aux excès d’autoritarisme des siècles précédents, notre époque est marquée par un laxisme déstabilisateur pour l’enfant lui-même et pour l’ensemble de notre société. L’épanouissement du caractère de nos enfants ne passe ni par un endoctrinement forcené, ni par une rigueur excessive, mais par une stimulation à rechercher les valeurs chrétiennes, alliée, s’il le faut, à une discipline mesurée et contrôlée.

Si les deux conditions évoquées ci-dessus sont remplies, la seconde partie du proverbe nous donne une magnifique promesse : cette éducation portera un fruit durable.

b. En l’instruisant

« Ecoutez, mes fils, l’instruction d’un père. » (4.1)

Le verset étudié ci-dessus (22.6) donnait aux parents un commandement formel. L’instruction n’est pas optionnelle mais elle est un devoir des parents. Nos enfants ne doivent pas grandir comme de jeunes pousses sans tuteur, mais au contraire, être modelés par l’enseignement des parents . L’enseignement des parents4 :

– porte sur le mal, pour le prévenir, mais surtout sur le bien, pour le valoriser : l’excès d’avertissements et de « ne fais pas ceci » peut être décourageant ;
– concerne les sujets les plus variés : n’hésitons pas à aborder tous les domaines ; par exemple, il n’est pas normal que l’éducation sexuelle de nos enfants soit laissée à leur professeur ou aux lectures plus ou moins malsaines proposées par les copains ;
– est basé sur la Bible : sans s’obliger à citer à tout bout de champ des versets, des parents chrétiens devraient être capables de pouvoir étayer leurs instructions sur des principes bibliques clairs ; plus l’enfant grandira, plus il sera important de faire ce lien ;
– ne craint pas la répétition : les Proverbes eux-mêmes nous donnent l’exemple ; bien souvent, les mêmes instructions reviennent à plusieurs chapitres d’écart ; n’hésitons donc pas à revenir (sans perdre patience !) sur les mêmes enseignements.

c. Avec amour

« Mon fils, donne-moi ton cœur, et que tes yeux se plaisent dans mes voies. » (23.26)

Les théories modernes sur l’éducation ont justement remis en valeur l’importance de l’amour et des démonstrations d’amour envers nos enfants — de la part des pères en particulier. Notre amour se montrera de façon adaptée à chacun5, par des paroles et des actes, dans un esprit de sacrifice semblable à celui de Paul pour ses enfants dans la foi (1 Thes 2.7-8). N’attendons pas de recevoir de l’amour de nos enfants pour leur en prodiguer largement, car l’exemple vient d’en haut, comme dans la famille de Dieu (1 Jean 4.19) : le cœur des parents s’ouvrira d’abord, et ensuite nous aurons souvent la joie d’avoir un fils ou une fille qui nous ouvrira le sien. Eduquer dans ce contexte devient alors un partage mutuel magnifique.

d. Sans hésiter à le corriger

« L’Eternel châtie celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit. » (3.12)
« La verge et la correction donnent la sagesse, mais l’enfant livré à lui-même fait honte à sa mère. » (29.15)

Les Proverbes sont célèbres pour ce que certains prennent pour une apologie du châtiment corporel. Ce simple fait suffit à discréditer les principes bibliques sur l’enseignement, les faisant passer pour totalement démodés. Dans plusieurs pays européens, il est légalement interdit aux parents de corriger physiquement leurs enfants ! Il est même question d’en faire une règle au niveau de la Communauté européenne. Notons tout d’abord que le terme « verge » n’est pas toujours à prendre au sens littéral6. Suivant l’âge, suivant le caractère de l’enfant, suivant la gravité de la faute, des moyens divers de discipline seront employés et l’éventail des punitions ne se limitera pas à la fessée ! Le point important est d’être persuadé, contre l’esprit actuel, de la nécessité de la correction :

– parce que c’est ainsi que notre Père céleste — notre ultime modèle — agit envers nous (relire Hébreux 12.4-14, où ce verset des Proverbes est cité) ;
– parce que c’est parfois le seul moyen de faire prendre conscience du mal ;
– parce que nous montrons ainsi (paradoxalement dans un sens) que nous aimons nos enfants ;
– parce que, même si, pour des parents, il est dur de devoir punir ses « petits chéris », il est encore plus dur de les voir s’enfoncer dans le péché du fait d’une carence de correction.

La discipline fournit aux enfants un cadre sécurisant dont ils ont absolument besoin pour leur équilibre personnel.

e. Par l’exemple

« Ecoute, mon fils. Je te montre la voie de la sagesse. » (4. 10-11)

Salomon n’a malheureusement pas été un exemple en tout pour son fils, mais pour autant, soyons persuadés que toute éducation risque de faillir immanquablement si les deux parents ne donnent pas l’exemple. Si notre principe est : « Fais ce que je dis et ne fais pas ce que je fais », les résultats seront catastrophiques ! Nos enfants sont des observateurs constants, perspicaces et critiques de nos actions ; aussi enseignons-les premièrement par notre propre façon de vivre.

3. LE RESULTAT DE L’EDUCATION

« Le père du juste est dans l’allégresse, celui qui donne naissance à un sage aura de la joie. Que ton père et ta mère se réjouissent, que celle qui t’a enfanté soit dans l’allégresse ! » (23.24-25)
« Mon fils, si ton cœur est sage, mon cœur à moi sera dans la joie. » (23.15)

Quel sera le résultat d’une éducation selon les bons principes du livre des Proverbes (et du reste de la Bible) ? Pas forcément positif : très lucide, Salomon indique qu’un fils peut refuser de suivre les enseignements de la sagesse paternelle (10.1). L’histoire des rois de Juda et celle de nos familles montrent bien que les enfants ne suivent pas toujours l’exemple (bon ou mauvais) de leurs parents. En tant qu’éducateurs, nous n’avons pas une obligation de résultat, mais seulement une obligation de moyens. Aussi ne nous laissons pas accabler par un poids de responsabilité excessif et hors de propos : Dieu laisse chaque homme libre. Si nos enfants sont des « sages » ou des « justes », ce ne sera de toute façon qu’un effet de sa grâce, qui aura pu utiliser en partie l’éducation — toujours imparfaite — que nous aurons pu donner.

1Ce texte s’inspire en partie d’une étude disponible sur le site américain www.bible.org. Nous recommandons vivement les études et les commentaires qui figurent sur ce site chrétien.
2Une bible à parallèles ou une concordance pourront fournir d’autres références.
3Certains versets de la Bible peuvent se comprendre sous deux sens différents, sans que le texte original permette de trancher entre l’un ou l’autre. Souvent d’ailleurs les deux sens se complètent et montrent l’équilibre de la Parole de notre Dieu.
4Dans un accord entre le père et la mère (cf. l’article de L. Jouve sur ce sujet dans ce même numéro).
5Le livre de G. Chapman et R. Campbell, Langages d’amour des enfants, présente cinq façons d’aimer ses enfants : en leur adressant des paroles valorisantes, en passant avec eux des moments de qualité, en leur offrant des cadeaux, en leur rendant des services, en les câlinant. Chaque enfant, selon ces auteurs, est plus ou moins sensible à chacun de ces langages..
6Voir, par exemple, Esaïe 10.5, où le terme a un sens métaphorique pour la « discipline » en général.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)