Heureux les affligés (4e béatitude)

LA QUATRIEME BEATITUDE

Jean-Pierre SCHNEIDER

« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés.» Matthieu. 5.6

Les trois premières béatitudes nous ont permis de nous examiner, pour découvrir notre pauvreté spirituelle et notre faiblesse morale ; et nous avons découvert du même coup que le péché en nous a corrompu notre être tout entier, pourtant créé parfait par Dieu. Le péché est à la base de tous les problèmes mondiaux, à commencer par les guerres.
La quatrième béatitude nous montre la solution : si chaque homme recherchait d’abord la justice, il n’y aurait plus de danger de guerre.

Arrêtons-nous sur chacun des termes de cette béatitude.

1. La justice

Jésus dit que seuls ceux qui recherchent ardemment la justice sont heureux. Le monde recherche le bonheur, et il lui échappe toujours. Selon la Bible, le bonheur n’est jamais le but de notre quête, mais il résulte de quelque chose d’autre. Si nous mettons le bonheur avant la justice, nous ne le trouverons pas. Ce ne sont donc pas ceux qui ont faim et soif de bonheur qui peuvent être heureux ; ce sont ceux qui ont faim et soif de justice : ils seront rassasiés.

Même dans l’Église, combien de gens ont l’air de toujours chercher quelque chose qui leur échappe. Ils vont de réunions en réunions, de conférences en conférences, toujours en quête de quelque chose de merveilleux, d’une expérience qui devrait les remplir de joie, voire d’extase. Ils voient d’autres personnes qui ont cette joie, mais eux ne la trouvent pas. Car, justement, nous n’avons pas à aspirer à des expériences extraordinaires. Pour trouver le bonheur véritable, il nous faut rechercher la justice. La joie et les expériences spirituelles sont le don de Dieu ; notre part, c’est de rechercher la justice.

Quelle justice ? Ce n’est pas ce qu’on entend aujourd’hui : une sorte de justice générale entre toutes les nations, qu’on réclame à grands cris. Déjà les philosophes grecs la réclamaient. Et en même temps, on trompe sa femme, son mari, ses partenaires commerciaux.

Avant de considérer l’aspect proprement spirituel, voici quelques considérations sur l’aspect primaire de cette béatitude. Qui n’a pas souhaité ardemment que justice soit faite et que des monstres tels que Hitler, Staline, Mao et leurs comparses, pour ne nommer que les plus féroces du 20e siècle qui ont fait souffrir et assassiner des millions d’êtres humains sans défense, reçoivent le juste châtiment qu’ils méritent mille fois ? Ceux qui lisent la Bible et ont une notion même fragmentaire de Dieu savent que, s’il est amour, Dieu est tout autant justice absolue. Le dernier jugement satisfera entièrement leur soif de voir la justice de Dieu triompher de toute injustice.

Retournons à l’examen de ce que signifie cette quatrième béatitude pour l’enfant de Dieu. Elle s’inscrit dans l’enseignement fondamental de Jésus concernant le chrétien.

Le mot justice peut aussi être rendu par « droiture, rectitude ». Il ne s’agit pas de respectabilité ou de bonne moralité. Le terme justice contient l’idée de « justification », mais aussi (dans notre contexte) de « sanctification ». Car le désir de justice implique le désir d’être libéré du péché, qui sépare aussi bien de Dieu que des hommes.

Or, tout le malheur du monde actuel est dû au fait que l’homme vit séparé de Dieu. Le monde est sous la domination du péché et de Satan. Il agit dans les enfants de la désobéissance, « les fils de la rébellion » (Eph 2.2) ; Satan est leur tyran, et ils n’arrivent pas à s’en libérer.

Mais l’homme ne peut pas non plus se libérer de lui-même, de son propre désir de pécher, de faire le mal. Celui qui a faim et soif de justice aimerait ne plus vouloir pécher. Il soupire après la délivrance de la pollution du péché.

Les trois premières béatitudes dépeignent l’homme libéré de son Moi égoïste : son orgueil, sa vantardise, sa susceptibilité, le désir de protéger ses droits, ses aises, de se glorifier… La quatrième béatitude traite de l’homme qui, ayant vécu cette libération du Moi tyrannique, désire avant tout la sanctification, parce qu’il aimerait être conforme à l’homme nouveau en Jésus-Christ. Cela implique la connaissance de Dieu, la communion avec Dieu, la marche avec Dieu en Christ par le Saint-Esprit.

2. Avoir faim et soif

C’est l’aspect pratique. Avoir faim et soif ne signifie pas que nous cherchons la justice par nos propres efforts. Ce serait la manière du monde, et elle mène au pharisaïsme.

Avoir faim et soif, c’est être conscient de son besoin, qui doit absolument être satisfait, car ce n’est pas un désir passager. C’est un besoin profond, qui fait mal tant qu’il n’est pas assouvi, sans quoi il mène au désespoir, voire à l’agonie, tant la souffrance en est aigüe.

Avoir faim et soif peut se comparer aux sentiments des amoureux : leur désir primordial est de se trouver ensemble, et la séparation fait mal. Le psalmiste s’exprime ainsi :

« Comme une biche soupire après les courants d’eau,
Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu !
Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant :
Quand irai-je et paîtrai-je devant la face de Dieu ?
Mes larmes sont ma nourriture jour et nuit,
Pendant qu’on me dit tout le temps :
Où est ton Dieu ? »
(Ps 42.2-4)

Darby l’a parfaitement exprimé ainsi : « Avoir faim et soif ne suffit pas ; je dois être affamé de savoir la pensée de Dieu à mon égard. Quand le fils prodigue avait faim, il se nourrissait des caroubes prévues pour les cochons ; mais quand il était affamé, il s’est tourné vers son père. »

3. Ils seront rassasiés

Etre rassasié signifie simplement avoir ses désirs comblés. C’est là tout l’évangile ! Dieu donne par grâce, et la seule aptitude nécessaire est de savoir que j’ai besoin de lui. « Je ne repousserai personne qui vient à moi » : c’est une promesse ferme ! Et Dieu satisfait immédiatement : je suis justifié par Christ et sa justice ; la barrière de péché et de culpabilité envers Dieu tombe.

En conséquence, le chrétien est quelqu’un qui sait que son péché est pardonné. Il ne doit plus rechercher le pardon par quelque rite ou pénitence, par quelque sacrement ou absolution que ce soit. Il sait tout simplement qu’il est justifié, rendu juste en Christ par la seule grâce accordée en réponse à sa foi en l’efficacité du sang de Christ. Il ne doutera jamais qu’il est rendu juste devant Dieu.

Mais cela ne s’arrête pas là. C’est un processus continuel. Le Saint-Esprit qui habite dans le chrétien dès qu’il a reçu le pardon de Dieu accomplit son œuvre de délivrance : il délivre de la puissance et de la pollution du péché. Il produit en lui la volonté d’exécuter ce qui plaît à Dieu. Cette purification qui suit le pardon se fait peu à peu ; elle n’est jamais finie. Mais le bonheur intérieur qui en découle est immédiat, bien que l’accomplissement parfait se situe dans l’éternité. Là, chacun de nous sera parfaitement juste devant Dieu, corps, âme et esprit. Dans un sens, le chrétien est déjà parfait ; dans un autre, il deviendra parfait à la venue du Seigneur. La perfection actuelle est virtuelle (c’est-à-dire que les conditions essentielles à sa réalisation sont présentes) ; la perfection à venir sera réelle.

C’est une vie fascinante ! Le chrétien a faim et soif et, en même temps, il est rassasié. Et plus il est rassasié, plus il a faim et soif de justice. C’est l’essence de la vie chrétienne : une sanctification jamais atteinte, toujours en devenir, menant de gloire en gloire.

Cette béatitude permet de nous éprouver quant à notre condition et notre position.

Éprouvons d’abord notre doctrine. Cette béatitude est une réponse aux deux objections principales faites à la doctrine du salut :

1. « C’est trop facile ! » Dieu pardonnerait simplement, ferait grâce sans aucun mérite personnel ?
2. Si l’on répond en montrant que le salut implique une marche avec Dieu, une sanctification progressive, une vie de prière et de lecture biblique régulière, alors « c’est trop difficile ».

D’où il faut conclure que celui qui proteste contre le salut pour l’une ou l’autre de ces deux raisons confesse qu’il n’est pas chrétien du tout (pas né de Dieu).

Quant à nous, chrétiens nés de Dieu : comment peut-on voir que nous avons faim et soif de justice (de droiture, de rectitude) ? Je vous propose cinq questions-test pour nous éprouver.

1ère question-test

Sommes-nous conscients que notre propre justice est fausse ? trompeuse ? erronée ?

Tant que je n’ai pas compris que ma propre justice n’est rien (« un vêtement pollué », Es 64.5), je n’ai pas faim et soif de la justice de Dieu. Paul écrivait aux Philippiens que tout ce qu’il avait été et fait avant sa conversion était du « fumier » (ça pourrit, et ça pue…). « Rien de bon n’habite en ma chair » (Rom 7.18): en sommes-nous convaincus ?

Mais attention : cela ne veut pas dire que « de toute façon je ne vaux rien, donc à quoi bon ? » Non, cela veut dire : « Par Christ, je peux tout ! pas par moi-même, mais en mettant ma confiance en lui. Il est ma justice, il est ma sainteté. J’aimerais être comme lui, ou comme Moïse, ou Abraham, ou David. »

Là, je placerai un avertissement. Il est possible d’être comme eux d’une fausse manière, de désirer les bénédictions dont ils bénéficiaient sans vouloir vivre comme eux. Balaam est un exemple typique de cette attitude. Il dit : « Que je meure de la mort de ceux qui sont justes (droits), et que ma fin soit semblable à la leur » (Nom 23.10). Balaam voulait bien mourir comme les justes, mais il ne voulait pas vivre comme eux. Il livra les fils d’Israël à l’idolâtrie et à la débauche (Apoc 2.14). Il faut avoir vécu comme les justes pour mourir comme eux.

2ère question-test

Est-ce que je refuse de marcher là où je risque d’être pollué ?

Si j’ai faim et soif de justice, j’éviterai tout ce qui s’oppose à la justice. Si, d’une part, je ne pourrai jamais devenir vraiment comme Jésus, d’autre part je peux arrêter de m’exposer à la souillure. Il y a deux aspects à cela :

1. Certaines choses sont carrément opposées à Dieu et à sa justice. Si j’ai faim et soif de justice, je les éviterai comme la peste. On évite le contact avec une maladie infectieuse. Le même principe s’applique à l’infection spirituelle.
2. Il y a des choses qui sont inoffensives en elles-mêmes, mais qui ont tendance à nous rendre moins alertes, moins exigeants spirituellement. Si nous trouvons que nous y accordons trop d’importance, trop de temps, il faut les éviter. L’appétit peut être gâté par des gâteries entre les repas. Si je trouve que certains passe-temps, même si c’est quelque chose de parfaitement légitime (comme le sport, une collection de timbres, la télé, la lecture,…), diminuent mon appétit spirituel, et si j’ai faim et soif de justice, de sanctification, je leur donnerai moins (ou plus du tout) d’importance. Rien de plus logique !

3ère question-test

Est-ce que je lis la Bible chaque jour ? et des livres qui me l’éclairent ?

Si j’ai faim et soif de justice, je la placerai sous mes yeux sans cesse. Il faut de la discipline dans ce domaine. Il faut suivre un plan qui me permette de faire connaissance avec la Bible entière. Personne n’est trop occupé pour lire la Bible quotidiennement. Quand on veut, on peut ! Il est extraordinaire de constater comment on trouve le temps de faire ce qu’on veut vraiment faire.

4ème question-test

Est-ce que je recherche la compagnie de ceux qui ont faim et soif de justice ?

Ce n’est pas pour rien que le NT nomme la nouvelle société créée par Jésus-Christ un corps : chaque membre a besoin de l’autre ; aucun chrétien ne peut se suffire à lui-même. S’isoler en ermite est une solution erronée. Chacun a besoin d’autres chrétiens, qui ont besoin de lui. Je sais ce que c’est d’être sans église, sans communauté de frères et sœurs. On doit se contenter de substituts. J’en ai fait l’expérience en Afrique – et ici en Suisse. On est membre du corps de Christ aussitôt qu’on lui appartient, mais quel privilège de l’être tangiblement en se rattachant à une église locale ! Si j’ai faim et soif de justice (de droiture, d’honnêteté, de liberté fraternelle), je ne désirerai pas passer mon temps avec ceux qui s’y opposent ou s’en moquent, mais avec ceux qui la recherchent ardemment comme moi. C’est un test sûr de ma faim et soif de justice.

5ème question-test

Combien d’importance la prière a-t-elle dans ma vie ?

La prière est un don que Dieu peut me donner. Combien de temps est-ce que j’y consacre ? Non pas que le temps en soi ait une grande importance ; prier « en esprit et en vérité » est primordial. Quand je lis les biographies d’un Hudson Taylor, d’un George Müller, et quand je considère Jésus ou l’apôtre Paul – j’ai honte. Ils passaient beaucoup de temps en prière.. Un vieux frère disait : « La réunion de prière est le baromètre de l’église. » La prière n’est-elle pas aussi le test par lequel pourrait se mesurer ma faim et soif de justice ? Je me sens tout petit devant vous en disant cela.

Je résumerai toutes ces questions en une seule question générale : puis-je dire tout à fait honnêtement que ce que je désire par dessus tout, c’est de vraiment connaître Dieu et de ressembler à Jésus ? de vivre de telle manière à honorer et glorifier Jésus-Christ ?

Contemplons donc la personne de notre Seigneur. Voilà comment nous devrions vivre, ce que nous devrions être.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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