Heureux les affligés

LA DEUXIEME BEATITUDE

Heureux les affligés, car ils seront consolés.
Matthieu 5.4

Une fois de plus, cette parole fait du chrétien quelqu’un qui est très différent du non-chrétien, de celui qui est "de ce monde". En fait, le monde trouve une affirmation pareille tout à fait ridicule: Heureux les affligés! Car s’il y a une calamité que le monde cherche à éviter à tout prix, c’est l’affliction, la souffrance. Tout est organisé dans le but de l’éviter. Voici la philosophie du monde: "Oubliez vos difficultés et vos ennuis; faites tout pour ne pas y penser. C’est déjà assez triste de voir l’état du monde actuel, donc essayons d’être aussi heureux que possible!" Toute la vie est arrangée de telle manière à faire oublier la souffrance; alors on s’abandonne aux plaisirs, poussé par une véritable manie de les rechercher. Tout doit y contribuer, l’argent, notre énergie, nos ressources d’enthousiasme.

Mais Jésus dit: Heureux les affligés. En effet, ce sont les seuls qui sont vraiment heureux, comme nous le verrons plus loin. Dans l’évangile de Luc, Jésus s’exprime d’une manière encore plus frappante: Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie! Le bonheur apparent du monde, son rire, sa jovialité, son insouciance, sont condamnés ici: ce bonheur là est vide, le rire est creux, car après il ne reste plus rien…

Une fois de plus, il est évident que le sens est entièrement spirituel. Jésus ne voulait pas dire que ceux qui sont affligés par la mort d’un être cher – un enfant, un conjoint – sont heureux. Lui-même n’a-t-il pas pleuré devant la mort de Lazare? L’affliction dont Jésus parle dans cette deuxième béatitude n’a rien à voir avec notre vie naturelle dans ce monde, pas plus que la première béatitude avait un sens matériel. Il s’agit de ceux qui sont affligés en esprit. Ceux-ci, dit Jésus, sont des gens heureux.

Cela ne se rencontre jamais dans le monde, avec lequel c’est en contraste frappant, ce qui était plus évident dans l’Église du NT. Si l’Église de notre temps n’a pas un plus grand impact sur le monde aujourd’hui, c’est que la vie de l’Église – je parle dans un sens général – n’est pas en ordre; elle n’est pas en harmonie avec l’enseignement du NT. La seule Église qui attire, qui a un impact sur le monde, est celle qui correspond, dans l’ensemble et quant à ses membres, à la description donnée par les béatitudes.

Pourquoi l’Église s’est-elle éloignée de sa position normale? Il me semble qu’il y a trois raisons:

1. Une réaction contre une fausse piété (un puritanisme mal compris), une piété de surface, d’apparence; une attitude qui donne l’impression que pour être chrétien ("religieux"), il faut avoir l’air misérable. Ces gens là se détournent de choses parfaitement légitimes et naturelles, oubliant qu’un chrétien est libre d’user de toutes choses tant qu’il en reste le maître, et qu’il n’en abuse donc point. La fausse piété donne une image peu attrayante du chrétien, et la réaction contre cette piété de surface a été si vive qu’une partie des chrétiens est tombée dans l’autre extrême: s’amuser comme le monde!
2. Une autre raison, c’est l’idée que si l’Église veut attirer les gens, les croyants doivent délibérément prendre une attitude de jovialité souriante, qui n’est souvent pas l’expression de l’état intérieur. Mais le monde est très sensible à ce manque d’authenticité et pressent que ce n’est qu’un masque.
3. La raison la plus profonde, cependant, me semble être une absence de conviction de péché, une doctrine défectueuse concernant le péché. Cela a pour effet une incapacité de comprendre la véritable nature de la joie chrétienne. Ces deux choses – absence de conviction (de conscience) de péché et conception superficielle de ce qu’est la joie ou le bonheur – produisent une sorte de vie chrétienne inadéquate.

Tout comme il faut être pauvre en esprit avant de pouvoir être rempli de l’Esprit Saint (première béatitude), il faut être devenu pleinement conscient de son péché pour passer par une conversion authentique, et ensuite ressentir la joie du salut. C’est l’essence même de l’évangile!

Il est donc de première importance de comprendre exactement ce que le Seigneur entend par Heureux les affligés.

Regardons à l’apôtre Paul, p.ex. tel que le chapitre 7 de la lettre aux Romains nous le montre. Il invite souvent les destinataires de ses lettres à l’imiter. Le chrétien est donc celui qui connaît ce cri: Misérable que je suis! Qui me délivrera du corps de cette mort? C’est un cri d’affliction, l’agonie de se savoir mauvais. C’est ce que ressentait le péager dans le temple, et il se frappait la poitrine, s’accusant lui-même. Tout chrétien connaît cette agonie de se savoir désespérément méchant en ce qui concerne sa chair, dans laquelle il n’y a rien de bon. Il est pleinement conscient du combat que se livrent son esprit (qui voudrait suivre la loi de Dieu) et son corps (qui suit la loi du péché). Le chrétien, qui par définition a reçu l’Esprit Saint, gémit en dedans de lui-même, comme Paul l’écrit: Nous aussi (comme toute la création), qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps (Rom 8.23). Dans 2 Cor 5, Paul parle du fardeau de ce corps, du désir d’être revêtu du corps céleste. Écrivant à Timothée et Tite, Paul indique comment il faut enseigner les croyants. Les hommes âgés doivent être sobres, graves, modérés, et les jeunes doivent être sobres. Il n’y a rien là de cette jovialité facile, de cette bonhomie continuellement souriante que beaucoup de chrétiens croient devoir afficher pour montrer au monde à quel point ils sont heureux, ayant vaincu tous leurs problèmes…

Que nous disent tous ces passages, sinon que d’être affligé doit nécessairement suivre l’état d’être pauvre en esprit? Quand je contemple Dieu dans sa sainteté, et que je m’examine à la lumière de la vie que Dieu aimerait me voir mener, et puis que je constate mon impuissance à le faire, je suis affligé. Mes actions et mes paroles se révèlent insuffisantes. Paul se savait pardonné, mais il continuait à se dire le plus grand pécheur, parce qu’il avait persécuté Jésus-Christ. Quand il écrit: j’oublie ce qui est en arrière, c’est sa position sociale qu’il oublie, ses distinctions de pharisien respecté, son éducation strictement juive, sa grande culture judaïque, toute sa vie antérieure, qu’il évalue comme du fumier en comparaison de ce que Jésus-Christ lui a donné à la place. Quant à son péché, Paul en était toujours conscient, et affligé.

Mais cela va encore plus loin. Il y a l’affliction causée par le péché des autres. A voir la futilité, le gaspillage de tant de vies autour de lui, en voyant les ravages du péché, qui avait introduit la mort dans le monde (Rom 5.12), voilà ce qui a fait pleurer Jésus. Il a vu l’horreur de la nature du péché. Oui, regardons à Jésus: car le chrétien doit devenir semblable au Seigneur Jésus, qui est le premier-né de beaucoup de frères. Christ est la norme ultime pour le chrétien. Évidemment, n’ayant jamais péché, Jésus n’a jamais été affligé comme l’apôtre Paul et nous pouvons l’être.

Mais commençons par le contraire de l’affliction: la joie. Il n’est jamais dit une seule fois que Jésus ait ri. Il s’est fâché; il a été fatigué; il a eu faim et soif. Bien sûr, on peut penser que quand il riait, cela n’avait pas assez d’importance pour que ce soit noté. Mais le prophète Esaïe nous décrit le Messie ainsi: un homme de douleur habitué à la souffrance.

Dans Jean 8.57, il y a une indication qui peut faire penser que Jésus avait l’air plus âgé qu’il ne l’était. Il avait dit qu’Abraham se réjouissait de voir son jour. Et les Juifs de riposter: Tu n’as pas encore 50 ans, et tu as vu Abraham! Ils dirent cela à un homme de 30 ans, mais qui avait déjà beaucoup souffert…

S’il n’est jamais dit que Jésus eût éclaté de rire, il nous est dit qu’il avait pleuré à la tombe de Lazare. Pas parce que Lazare était mort, car il savait qu’il allait le ressusciter. Alors pourquoi? Il nous est aussi dit que Jésus avait pleuré sur Jérusalem, peu avant sa mort. Sa tristesse était due à l’effet effroyable du péché: la mort physique et la mort spirituelle. Il savait que 1.100.000 Juifs allaient mourir lors du siège de Jérusalem en l’an 70, parmi eux beaucoup d’enfants, qu’il aimait tant. Et il savait que les Juifs chercheraient à le tuer, non seulement lui mais aussi Lazare, dans leur aveuglement spirituel, et que le refus de croire en lui entraîne la perdition éternelle.

Avons-nous jamais pleuré sur le sort épouvantable qui attend nos amis et nos connaissances incrédules? Leur avons-nous dit que la mort de Jésus à la croix est nécessaire pour qu’ils ne périssent pas loin de Dieu à jamais? qu’ils courent ce danger s’ils refusent de reconnaître leur péché et d’obtenir le pardon de Christ en le recevant comme leur Sauveur? Parce que nous risquons de perdre leur amitié? C’est un risque à courir, et je sais quel chagrin l’on éprouve alors. Qu’ils ne puissent nous accuser un jour de ne pas leur en avoir parlé…

Le chrétien éveillé par le Saint-Esprit, est affligé, à l’instar de son Sauveur, parce qu’il comprend ce qu’est le péché aux yeux de Dieu, qui ne peut contempler les ravages qui résultent de la révolte et de l’arrogance de l’homme qui écoute Satan.

Essayons de résumer: L’affliction dont Jésus parle ici est l’antithèse exacte de l’attitude du monde. Il veut rire à tout prix. "Mangeons et buvons, amusons-nous pendant qu’on peut!" Il ne faut surtout pas penser aux choses négatives, car si l’on s’y arrête trop, on est troublé, on risque de s’affoler, de s’affliger, justement. Plus: de désespérer! J’ai un ami qui refuse de prendre tout à la légère, qui voit le désarroi, le chaos, l’impasse dans lesquels se trouve notre monde. Chaque phrase qu’il prononce est imbue d’amertume, de désenchantement, de désespoir. Que ne se tourne-t-il pas vers Jésus-Christ! Mais: "Si même je vous ai attristés…, je ne le regrette pas… Cette lettre vous a attristés momentanément… Je me réjouis… de ce que votre tristesse vous a reportés à la repentance; car vous avez été attristés selon Dieu… tandis que la tristesse du monde produit la mort" (2 Cor 7.8-10). Ce passage confirme ce que j’ai affirmé: la tristesse du monde produit le désespoir, tant qu’il n’a pas compris la cause de toute tristesse: le péché. En être conscient mène à la repentance et au salut, c.-à-d. à Christ. Là où il n’y a plus de péché (parce que Dieu l’a pardonné), il n’y a plus de tristesse; c’est pourquoi au ciel il n’y a plus de pleurs, toutes les larmes étant essuyées. Pourquoi Jésus a-t-il versé des larmes? "Il offrit à grands cris et avec larmes des prières et des supplications" (Héb 5.7): à cause du péché qui le mènera à sa mort. Par contre, Esaü a versé des larmes inutiles, car il ne recherchait pas le pardon de Dieu (Héb12.17).

Il est temps de réfléchir à la raison pour laquelle les affligés sont heureux: car ils seront consolés.

L’homme qui est affligé par le péché est vraiment heureux, dit Jésus. Il devient heureux dans un sens personnel, car il est mené à la repentance que le Saint-Esprit produit en lui, et de là à Jésus-Christ. Car seul l’homme qui s’écrie: Misérable que je suis! pourra aussi s’écrier: Qui me délivrera du corps de cette mort? Comme le jour suit la nuit, la joie suit la tristesse pour le pécheur repentant. Par l’Esprit, il comprend que Christ est mort pour lui, à cause de son état de péché, et il est consolé. C’est cette tristesse positive qui mène au salut.

Or ceci n’est pas seulement vrai à la conversion; cela continue pendant toute la vie chrétienne. Quand, en tant que chrétien, j’ai péché, je me sens abattu et affligé; mais dès que je l’ai confessé à Jésus-Christ, je suis consolé et la joie revient dans mon coeur. Notre vie entière est tissée sur cette toile de fond.

Mais il y a encore une autre consolation, que nous nommons notre espérance, dont Paul parle dans Rom. 8, où il parle de la rédemption de notre corps, à quoi il ajoute: "c’est en espérance que nous sommes sauvés", de sorte que les souffrances présentes sont peu de chose comparées avec la gloire préparée par Dieu pour les siens. Quand le chrétien regarde le monde, il en est affligé et malheureux, car le poids du péché qu’il y voit l’écrase. Mais quand il regarde à Jésus-Christ, il est immédiatement réconforté et consolé; car il sait que Jésus-Christ va revenir et va bannir le péché de cette terre. Il va créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre où habitera la justice. Oui: Heureux les affligés, car ils seront consolés.

Pour terminer, essayons de brosser le portrait de l’affligé consolé, dans le sens de cette béatitude. Quelle sorte de personne est-ce?

Il est affligé par le péché, mais il n’est pas morose. Il est affligé par ses résultats, mais il n’est pas misérable. C’est un homme sérieux, mais pas solennel. Il est sobre, mais jamais terne ou rébarbatif. Sa gravité est accompagnée de chaleur et de cordialité. Il n’a pas besoin de se forcer à être sérieux, ni à être enjoué et heureux. Il est sérieux, il est heureux. Le vrai chrétien n’a jamais besoin de feindre d’être ceci ou cela. Il regarde la vie avec sérieux, non avec désinvolture; il la contemple spirituellement, et il y voit le péché et ses conséquences fâcheuses, et il voit aussi le remède. Il est comme l’apôtre Paul, gémissant intérieurement et cependant heureux, à cause de son expérience de Christ et de la gloire à venir. En un mot: le chrétien n’est pas superficiel en quoi que ce soit; il est fondamentalement sérieux et fondamentalement heureux. Car la joie du chrétien est une sainte joie; le bonheur du chrétien est un bonheur sérieux. Comme le Seigneur, il gémit et pleure, et cependant, en vue de la joie qui lui était réservée, Christ a souffert la croix et l’humiliation (Héb12.2).

C’est cela, le portrait du chrétien. Il n’a pas été poussé à prendre une décision précipitée, sans avoir passé par la profondeur du repentir. Celui qui est attristé en même temps que consolé a reçu un enseignement profond sur le péché et une doctrine élevée de la joie. C’est quelqu’un qui lit la Bible régulièrement, qui la médite et l’étudie dans la prière, et qui demande à Dieu de se révéler à son coeur par le Saint-Esprit. Cela permet à Jésus-Christ de l’éclairer sur lui-même et sur le caractère immuable de Dieu.

Oui: Heureux les affligés, car ils seront consolés.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)