Gédéon: Lumières sur un combat nocturne (Juges 7)

ETUDE DE L’ANCIEN TESTAMENT
Pour trouver des principes divins, il suffit de chercher ceux du monde, puis de prendre leur opposé. Une maxime à méditer! En commençant par les béatitudes, bien des textes bibliques semblent la confirmer. A Gédéon, Dieu demande de suivre une stratégie aux antipodes du bon sens: pour vaincre une multitude tu réduiras tes troupes au minimum. Conseil surprenant.

Autre étonnement dans ce combat décisif contre les Madianites: épées, lances, boucliers, frondes, chevaux, chars, sont remplacés par des trompettes, des cruches vides et des torches. De quoi dérouter non seulement les Madianites, mais tout stratège militaire. Même le lecteur familier avec le miraculeux des Ecritures saintes reste perplexe devant la voie suivie par Gédéon. Comment comprendre la réduction de l’armée? Quel sens donner aux instruments de la victoire? Seule une réponse à ces questions fera sauter le double verrou de ce récit énigmatique.

De trente-deux mille à trois cents

La raison invoquée pour réduire le nombre des combattants est donnée par Dieu: si Israël gagne, il pourrait en tirer gloire contre moi et dire: C’est ma main qui m’a sauvé (7.2).

Le problème d’Israël à l’époque des juges est du domaine de la foi. Au lieu de placer sa confiance dans les paroles de l’Eternel, le peuple élu la met dans les choses visibles. Lorsqu’il sent la victoire à sa portée, il engage les hostilités pour chasser les habitants du pays, mais quand l’ennemi est mieux armé, Israël recherche des solutions de compromis. La cohabitation semble préférable à la défaite. Mais ces ententes amicales sont en horreur à l’Eternel qui le leur fait bien comprendre (2.1-5). Israël doit conquérir tout le pays. Peu importe la force respective des armées en présence, puisque c’est Dieu qui décide de l’issue des combats; c’est lui qui désigne vainqueurs et vaincus.

Pour Israël, un succès avec une armée imposante ne résoudrait, qu’un mal secondaire (la domination des Madianites ). Le problème principal resterait (l’incrédulité envers l’Eternel). Or le peuple élu doit apprendre à vivre par la foi. Dieu l’aidera en donnant une victoire où la part de la foi sera immense et la part de la force humaine insignifiante.

La diminution des forces armées se fera en deux étapes. La première réduction purge les troupes de Gédéon de tout craintif. Voilà une des plus sages mesures que peut prendre un général. Mieux vaut être accompagné de dix mille vaillants que de trente-deux mille hommes dont les deux tiers sont craintifs. La peur est un fléau des plus contagieux. Un petit groupe en contamine rapidement toute une troupe. Dans son testament spirituel, Moïse avait déjà recommandé de dispenser de l’armée non seulement tout craintif (Deut 20.8), mais aussi ceux qui risquaient d’être indécis, soit tout homme en passe de jouir d’un bien nouveau important tel que maison, vigne ou épouse (Deut 20.5- 7).

Si les armées modernes faisaient bien de se laisser instruire par la sagesse divine lors d’un enrôlement, les églises devraient aussi veiller à ne pas contraindre les fidèles à des efforts d’évangélisation (ou toute autre action) sous prétexte d’un engagement communautaire. Imposer un combat difficile aux coeurs indécis produit plus de tort que de bien à la troupe. L’histoire de Gédéon offre d’ailleurs une deuxième illustration de ce principe. Après la victoire sur Madian, les craintifs reviennent et provoquent des remous. Ainsi, les hommes d’Ephraïm absents lors du combat décisif, mais présents dès que la victoire est assurée, rejettent immédiatement le blâme de leur absence sur le juge dans un effort d’autojustification (8.1). Seules la sagesse et l’humilité de ce dernier évitent de graves troubles (8.2-3).

La deuxième réduction limite les effectifs de dix mille à trois cents. Le critère de sélection est plus difficile à comprendre. Pourquoi ne garder que ceux qui lapent l’eau comme des chiens ? Par deux fois, les autres guerriers sont décrits comme ayant mis les genoux à terre (7.5,6). Dans cet acte, aucune faute morale, aucun relâchement dans la vigilance, mais un geste qui rappelle l’humiliation présente. Et comme Dieu veut donner la victoire par ceux qui ne plient pas le genou devant l’ennemi, il utilisera le symbole du genou plié pour limiter le nombre des vaillants.

L’intelligence au service de la foi

Réduite à trois cents, l’armée de Gédéon est prête pour le combat. Sans arme, cette poignée de combattants est forcée de dépendre entièrement de Dieu. Lui seul peut donner la victoire.

Le succès sera celui de l’Eternel. Israël ne peut que s’attendre à son Dieu. Celui-ci utilisera, néanmoins, trois cents hommes, ainsi que l’intelligence de leur chef, car la foi que Dieu désire n’est synonyme ni de passivité ni de stupidité. Au contraire, la foi biblique engage tout l’homme: coeur, âme et pensée (Mat 22.37). Aucune opposition entre foi et raison. Dieu s’adresse à tout l’être qu’il a créé.

Gédéon incarne foi et sagesse. En fin stratège, il place l’attaque au moment où la vigilance de l’ennemi est au plus bas. Au commencement de la veille du milieu (7.19) situe l’action vers minuit, soit lorsque le sommeil est le plus profond. Une précision supplémentaire nous est donnée: comme on venait de relever les gardes (7.19). Ce moment est particulier, car en plus du sommeil général, il est marqué par (1) des gardes qui tombent de sommeil (ceux qui viennent de veiller), (2) des gardes encore mal réveillés (ceux qui doivent prendre leur tour de garde), (3) des mouvements d’hommes (les uns allant se coucher, les autres à leur poste). Ce moment est propice pour jeter la confusion. Morts de fatigue ou mal réveillés, les gardes ne disposent pas de tous leurs moyens. Les mouvements à l’intérieur du camp sont pris pour des incursions ennemies, et dans l’effroi et la confusion, ils s’entretuent, chacun croyant voir dans l’autre un Israélite. Ainsi, l’Eternel tourna l’épée des uns contre les autres (7.22).

Les trompettes, les cris et le bruit des cruches brisées galvanisent les Juifs tout en semant la panique parmi les Madianites. Entourés de partout, ceux-ci se croient victime d’une attaque de grande envergure. De plus, si la lumière des torches éclaire et réconforte les Juifs, elle place les ennemis dans une semi-obscurité où les ombres fugitives accroissent la confusion et l’ angoisse.

Avec trois cents hommes non armés, Gédéon met l’ennemi en déroute. Notre juge, qui fait preuve d’un sens psychologique aïgu, a exploité au maximum ses ressources limitées. Cependant, s’il est juste de souligner l’intelligence de notre héros, il faut aussi relever l’origine divine de la stratégie. En effet, la veille du combat, l’Eternel avait conduit Gédéon dans le camp ennemi pour entendre le songe d’un Madianite et son explication annonçant la victoire d’Israël. Non seulement, le juge avait été fortifié par ce récit, mais il avait aussi pu discerner la nature du combat qu’il devait mener.

D’une part, Gédéon découvre l’anxiété des Madianites devant Israël et leur crainte d’une défaite. En homme avisé, il exploitera au maximum cette faiblesse et cherchera, par tous les moyens, à gonfler leur crainte.

D’autre part, la description de la défaite donnait au juge un précieux indice sur la stratégie à suivre. Le songe affirmait que le pain d’orge est venu dans le camp de Madian, jusqu’à la tente, l’a heurtée et elle est tombée, il l’a retournée sens dessus dessous et elle a été renversée (7.13). Si le pain d’orge représentait Israël comme l’a bien compris l’ennemi (Israël servait de grenier à blé aux troupes madianites), la tente représentait l’endroit où le guerrier se repose de ses fatigues. Les éléments du rébus étaient donnés. Pour un esprit éveillé, la solution était évidente: attaque de nuit lorsque les Madianites dorment sous leur tente.

Foi et sagesse ne sont que deux faces d’une même pièce. La confiance accordée par Gédéon aux paroles divines a renouvelé son intelligence. Ainsi, le sage est bien celui qui fonde toute sa réflexion sur la révélation claire et infaillible du créateur, et l’insensé, celui qui croit pouvoir se passer de Dieu, La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse (Pr 1.7). La sagesse est le fruit de la foi, comme elle est aussi un des instruments par lequel cette foi se concrétise.

Le symbolisme d’un combat idéologique

De la valeur stratégique des éléments du combat, nous passons à leur sens symbolique. Le combat contre Madian doit marquer la priorité de la foi. Tout sera mis en oeuvre pour cela, et chaque élément du récit développera un peu mieux cette lettre ouverte sur la supériorité de la foi.

Aucune arme pour les troupes d’élite de Gédéon. Ainsi obtenue, la victoire manifestera d’autant mieux la place secondaire des armements. La priorité est située sur le plan idéologique. Ce qui importe est la parole de Dieu. Lorsque l’Eternel parle, tout est dit. La réalisation de ses promesses n’est plus qu’une question de temps. Aucun doute n’ est possible, et pour manifester la supériorité de la parole, les armes sont absentes.

La primauté de la parole entraîne la victoire par la parole. Ainsi, les paroles du juge constitueront le premier élément dans l’offensive: pour l’Eternel et pour Gédéon (7.18) ou épée pour l’Eternel et pour Gédéon (7.20). Comme les paroles de Christ sont un parfum de vie pour ceux qui s’y accrochent, mais une odeur de mort pour ceux qui les rejettent, les paroles de Gédéon raniment le courage d’ Israël tout en préparant la perte de l’ennemi. L’épée de Gédéon n’est, ici, pas faite de métal, mais de mots: c’est l’épée de la parole de Dieu, vivante et efficace, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant (Héb 4.12).

Victoire par la parole. Aucune épée, aucune arme. Même les torches présentes ne servent pas à brûler l’ennemi. Si elles aident le juge à se situer dans la nuit, elles illustrent surtout certains principes: fils de la lumière, Gédéon et ses vaillants compagnons sont dans la lumière et voient ce qu’ils font; enfants des ténèbres, les ennemis païens et idolâtres sont plongés dans le noir et s’entre-tuent dans leur confusion.

Comme les flambeaux, les trompettes véhiculent aussi un message de vie et de mort. Pour les uns, elles sont une douce mélodie introduisant la venue de leur rédempteur; pour les autres, elles annoncent la venue du jugement dernier.

Quant aux cruches brisées, elles ne représentent pas des vies humiliées comme certains prédicateurs l’affirment, surtout pas les vies des fidèles qui sont tout sauf brisées. A la rigueur pourrait-on y voir la mort des Madianites. Plus vraisemblablement, elles symbolisent la défaite de leur divinité. Baal est le dieu de la fertilité. Mais c’est une idole; un faux dieu qui ne peut tenir ses promesses. Les cruches de ses fidèles ne peuvent être que vides, car Baal est incapable d’envoyer la moindre goutte d’eau. En brisant les cruches vides (oeuvres et symboles de Baal), Gédéon et ses compagnons proclament la défaite du faux dieu. Ainsi, après la démolition de son autel (6.25), Baal est brisé une deuxième; fois par Gédéon surnommé Yeroubbaal (que Baal plaide contre lui).

Crainte paralysante ou foi agissante

Gédéon a conduit le peuple sur la bonne voie; il a donné l’exemple en abattant l’autel de Baal et en précédant ses troupes au combat. Parce que des vaillants l’ont suivi, la victoire sur l’ennemi a pu être obtenue. Combien avons-nous besoin d’entendre cette leçon aujourd’hui! Tellement souvent, nos regards s’arrêtent sur la puissance de l’adversaire ou sur la faiblesse de nos moyens. Avons-nous oublié les paroles de Christ avant son ascension: Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde (Mt 28.20) ? Paul n’a-t-il pas dit qu’il pouvait faire toute chose par celui qui le fortifie (Phi14.13) ?

Que Dieu nous aide à ancrer notre vie dans ses promesses, plutôt que dans les apparences d’un monde en perpétuel changement. Qu’il nous aide à suivre Gédéon dans la brèche qu’il a ouverte.

D.A.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)