Gédéon: Les signes de la toison (Juges 6.33-40)

ETUDE DANS L’ANCIEN TESTAMENT

Juges (6.33-40)

Peut-on demander des signes à Dieu? Et dans l’affirmative, faut-il être aussi précis que Gédéon lorsqu’il a réclamé les signes de la toison? Périodiquement ces questions se posent aux croyants soucieux de plaire à leur Seigneur. Comment connaître la volonté divine là où la Bible reste muette? Gédéon est-il le type du fidèle à suivre ou de l’incrédule qui exaspère l’Eternel?

Gédéon incrédule?

Une lecture trop rapide du texte engendre souvent une attitude critique à l’égard de Gédéon. Pour beaucoup le si tu veux sauver Israël par ma main comme tu l’as dit marque l’incrédulité. Gédéon n’a-t-il pas demandé un signe pour confirmer la parole de Dieu? Mais le témoignage de l’Eternel n’est-il pas toujours digne de confiance? De plus, observe-t- on, Gédéon a eu mauvaise conscience à demander ces signes. Que ta colère ne s’enflamme pas contre moi reflète un cour culpabilisé. Ainsi, les paroles du leader et les affirmations sur la primauté de la foi semblent condamner la démarche du juge. Mais attention aux apparences. Avant de tirer une conclusion hâtive, il faut examiner l’ensemble du texte.

Gédéon, homme de Dieu

Plusieurs éléments mettent en garde contre une attitude trop critique. En premier lieu, il faut relever la réponse divine aux requêtes du juge: aucun reproche, mais au contraire un double exaucement, et même à la lettre. Difficile de ne pas y voir une approbation divine.

En deuxième lieu, les trois chapitres consacrés au fils de Joas nous présentent un homme d’une foi exemplaire. Dès la rencontre avec l’ange de l’ Eternel sous le térébinthe d’Ophra, Gédéon s’engage. (Le signe demandé lors de son appel était des plus légitimes puisqu’il lui fallait s’assurer de l’origine divine de son interlocuteur: 6.17). Une fois convaincu de l’identité du messager, il obéit à Dieu au péril de sa vie. L’autel de Baal érigé par son père et le poteau d’Achéra sont démolis sans tarder. Quatre tribus sont convoquées et 32000 hommes sont mobilisés pour repousser les envahisseurs. Sans un murmure, il accepte de réduire son armée à 10000, puis à 300 quand Dieu le lui demande. Enfin mû par une foi sans limite, il engage les hostilités avec cette poignée de combattants contre une force innombrable. Gédéon est un héros de la foi. Telle est d’ailleurs aussi l’évaluation du Nouveau Testament qui place notre juge parmi les champions de la foi (Héb 11.32).

Un troisième indice vient de l’onction divine du juge mentionnée seulement deux versets avant la demande de signes. Comme indiqué lors de notre première étude (Othniel: Portrait d’un juge négligé, Promesses 1992/1), tous les juges étaient des leaders spirituels oints de l’Esprit divin. Les sept mentions de l’Esprit de 1’Eternel sont minutieusement choisies. A l’exception de la première référence, celle se rapportant au juge-type Othniel, les six autres ont pour but d’aider le lecteur à interpréter favorablement l’action d’un juge qui, à première vue, semble discutable. Ainsi, la demande de Gédéon ne reflète pas l’hésitation d’un cour chancelant, mais au contraire témoigne de l’assurance d’une âme ancrée dans la foi. Gédéon a demandé les deux signes à cause de sa foi. Cette affirmation peut surprendre. Pour la comprendre, il est nécessaire de rappeler le contexte dans lequel ces signes ont été demandés.

Un peuple à convaincre

Lorsque Gédéon demande les signes de la toison, il n’est pas seul. Il vient, en effet, de convoquer quatre tribus afin de repousser l’ennemi (6.33-35).32000 hommes ont répondu à l’appel. La tâche du juge est des plus difficiles. Non seulement ses effectifs sont en infériorité numérique (même les chameaux des Madianites – lisez «leur cavalerie» – étaient innombrables comme le sable qui est surie bord de la mer 7.12), mais encore ses troupes sont composées d’une majorité d’hommes craintifs. (Même après les encouragements apportés par les signes de la toison, la peur domine encore le 70% des cours). Comment mener cette troupe hésitante à la victoire? Le peuple a besoin d’assurance. Comme Gédéon dans un passé proche, eux aussi ont besoin maintenant de recevoir une parole claire de la part de l’Eternel, une parole qui les assure que Dieu est totalement de leur côté et que Gédéon est son envoyé. Celui-ci demande les signes de la toison, non pour lui-même, mais pour le peuple. Le juge sait que Dieu accordera la victoire; eux en doutent. Voilà le point crucial à saisir: Gédéon demande à Dieu de confirmer au peuple l’appel qu’il a reçu en privé.

Certains objecteront l’absence de toute référence au peuple dans les paroles adressées à Dieu. Concernant l’accomplissement du signe, le juge ne dit-il pas: alors je reconnaîtrai que tu sauveras Israël par ma main comme tu l’ as dit (6.37)? L ‘argument est de poids. Mais est-il incontournable? Gédéon s’identifie peut-être tellement au peuple qu’il prend leur demande (et leur incrédulité) à son compte. Moïse avait désiré mourir avec ses contemporains si un de leurs péchés n’était pas pardonné (Ex 32.32); l’apôtre Paul souhaitait être anathème et séparé de Christ pour ses frères selon la chair (Rom 9.3); quant à Daniel, le juste, il intercédait pour les péchés de son peuple en utilisant la première personne du pluriel (nous avons péché, nous avons commis des fautes, nous avons été méchants et rebelles, nousDa 9.5); enfin, le Messie lui-même a porté les péchés du monde. Par amour pour leur peuple, les hommes de Dieu n’ont-ils pas souvent porté ses faiblesses? Gédéon semble s’inscrire dans cette ligne. Il prend sur lui d’approcher Dieu pour demander la confirmation de la parole divine. Sa demande de recevoir un signe est pleine d’amour et de sagesse. Elle est aussi marquée par le respect et la foi envers Dieu, comme nous allons le voir.

Un profond respect de Dieu

Comment persuader le peuple? Gédéon aurait pu demander à Dieu d’envoyer son ange pour convaincre les soldats. L’ange de l’Eternel était venu une première fois pour lui-même; il aurait pu revenir une seconde fois pour tous les hommes. Gédéon choisit pourtant un autre moyen. Deux raisons peuvent avoir motivé notre juge.

Premièrement, la préoccupation de garder une certaine distance entre Dieu et le peuple. Sachant que l’homme pécheur ne s’approche pas impunément du Dieu trois fois saint, Gédéon craint de faire appel à l’ange de l’Eternel. Comme ce dernier représente Dieu en personne, il partage aussi sa sainteté. Gédéon n’était-il pas encore marqué par cette rencontre avec l’ange, où il avait suffit que l’extrémité du bâton tenu par l’ange touche l’offrande pour que celle-ci soit immédiatement consumée par le feu? Gédéon avait alors craint pour sa vie, mais dans sa grâce Dieu l’avait épargné. Toutefois, comme on ne joue pas avec la grâce; Gédéon préfère garder une saine distance entre le Dieu saint et ce peuple encore incrédule. Un objet profane (la toison) sera un intermédiaire suffisant entre l’Eternel et son peuple.

La deuxième raison ayant pu pousser Gédéon à recourir à une toison comme porte-parole de Dieu, est sa crainte de troubler l’Eternel. Comme le centenier qui avait voulu déranger Jésus le moins possible lorsque son serviteur était malade, se sentant lui-même indigne d’une visite du Messie dans sa demeure (Mat 8.5-13; Luc 7.2-10), ainsi Gédéon ne veut pas importuner Dieu plus que nécessaire. Un mot de la part de Jésus avait suffi au centenier; une toison engorgée d’eau est tout ce que Gédéon demande. Ni un chef païen ni le peuple craintif et incrédule conduit par Gédéon ne mérite une visite personnelle de l’Eternel. Gédéon, comme le centenier, manifeste un respect profond pour le Dieu rédempteur. La foi de l’un comme de l’autre sont dignes d’ admiration.

Le respect de Gédéon pour Dieu se manifeste aussi par son hésitation à demander un deuxième signe. (Notons en passant qu’aucune hésitation ne marque la première demande, celle-ci étant entièrement légitime), Pourquoi demander un deuxième signe ou pourquoi hésiter à en demander un? Nous l’avons dit : Gédéon craint d’importuner Dieu, Un signe pourrait être suffisant, mais Gédéon préfère apporter au peuple un double témoignage (dans la loi juive, un double témoignage n’était-il pas toujours nécessaire?). Certes Dieu dit toujours la vérité, et une seule parole divine en vaut mille autres, Néanmoins, sans être indispensable, un double témoignage serait quand même le bienvenu. Gédéon sent qu’il est à la limite de ce qu’il peut demander au Seigneur: que ta colère ne s’enflamme pas contre moi, et je ne parlerai plus que cette fois (6.39). Le deuxième signe complétera donc le témoignage du premier, et nous verrons plus loin en quoi son message confirme le premier. Mais pour l’instant, revenons au premier des deux signes.

Le symbolisme du premier signe

L’intermédiaire entre Dieu et les hommes sera donc un objet. Mais pourquoi une toison, ou plus exactement pourquoi la toison, l’aire et la rosée?

Les deux premiers éléments représentent deux peuples: la toison, Israël; l’aire, les Madianites. Chaque élément typifie la nation représentée dans trois domaines: le monde matériel, l’activité des hommes et la relation avec Dieu. Ainsi sur le plan de la géographie physique (cf le monde matériel), si l’ampleur et la douceur d’une toison rappelle la prospérité du pays d’Israël (terre où coulent «le lait et le miel» ), la surface dénudée sur laquelle on bat le blé (l’aire) symbolise ces régions désertiques d’où sont venus les Madianites. Sur le plan social (cf l’activité des hommes), si la toison formée de la peau et des poils d’un animal (probablement un mouton) identifie un peuple formé d’un grand nombre de bergers (Israël), l’aire qui recueille les récoltes symbolise les dévastateurs (les Madianites) qui ramassent tout le produit des moissons israéliennes (6.4-5). Finalement, la douceur de la toison et la dureté du sol illustrent respectivement l’ouverture et l’endurcissement à Dieu des deux peuples. Israël une fois repenti prête une oreille attentive au Seigneur, alors que les Madianites restent idolâtres. (La dureté de l’aire pourrait aussi illustrer l’oppression des ennemis).

Quant à la rosée, elle représente la bénédiction divine. Rosée et bénédictions ne viennent-elles pas d’en haut (de l’air et du ciel) et ne renouvellent-elles pas la vie jour après jour en se posant sur la terre?

Ainsi le premier signe demandé par Gédéon doit annoncer la venue de la bénédiction divine sur Israël et non sur les Madianites. Ces derniers ne seront donc plus vainqueurs comme par le passé. L’accomplissement du signe est significatif: l’abondance de la rosée (la toison pressée remplit toute une coupe d’eau) annonce une victoire totale sur l’ennemi.

Avant de passer au deuxième signe, notons encore que le premier signe se rapproche passablement de l’ordre naturel. En effet, il est dans l’ordre des choses que la rosée s’attache mieux à un objet laineux (la toison) qu’à une surface dénudée (l’aire). Comment interpréter cela? Gédéon aurait-il été trop incrédule pour demander un miracle plus grand, un miracle anti-naturel? Cette interprétation cadre mal avec le portrait de notre héros. Mieux vaut voir ici un autre aspect symbolique: puisque il est dans l’ordre des choses que la bénédiction divine s’attache au peuple élu plutôt qu’à des Madianites idolâtres et meurtriers, Gédéon demande un signe «nature1». Ainsi, la demande de notre juge est en rapport non seulement avec les peuples concernés, mais aussi avec les desseins divins.

Le symbolisme du deuxième signe

Le premier signe accordé, Gédéon en demande un deuxième: cette fois la rosée doit s’attacher à l’aire et non à la toison. Pour comprendre ce signe, il faut se rappeler que Gédéon cherche un deuxième témoignage pour confirmer le premier, et non pour le contredire. En demandant que la rosée se pose sur l’aire et non sur la toison, notre juge ne souhaite pas que la bénédiction s’attache maintenant aux ennemis! Il cherche au contraire un signe qui confirme l’an- nonce de la victoire d’Israël sur les ennemis.

Mieux qu’une confirmation, ce signe marquera la victoire sur tous les ennemis, car Gédéon réalise bien que le danger n’est pas seulement d’ordre militaire, mais aussi idéologique. En fait, l’ennemi le plus difficile à vaincre est l’idolâtrie qui s’est infiltrée en Israël. Baal en était la divinité principale. Supposé apporter la pluie (et au travers d’elle la fertilité et la prospérité), il était en sorte le dieu de la nature. En conséquence, Gédéon demande à l’Eternel un signe anti-naturel pour montrer au peuple que le Dieu d’Israël peut et veut donner la victoire sur le prétendu dieu de la nature.

Comme l’adversaire spirituel est le plus coriace des ennemis, le signe témoin de sa défaite sera plus miraculeux que le premier. Ainsi, si le premier signe était relativement facile à accomplir (la rosée sur la toison), le second l’est beaucoup moins (la rosée sur l’aire). Dieu accomplira cependant les deux signes, car il est capable de donner la victoire non seulement sur les hommes (les Madianites), mais aussi sur toutes les divinités (Baal). Le double témoignage d’une double victoire est clair. Dieu sauvera Israël par la main de Gédéon. Le peuple assuré de l’engagement et du choix divin est prêt maintenant à marcher à la suite de son juge.

Un homme à suivre plutôt qu’une méthode!

Gédéon a été l’homme de Dieu pour Israël. Mais l’est-il aussi pour les chrétiens, et dans l’affirmative, de quelle manière? Peut-on ou doit-on demander des signes à Dieu à l’instar du fils de Joas? Répondre directement à cette question exige une étude plus étendue. L’ensemble de l’Ecriture devrait être consulté, mais l’extrême rareté (pour ne pas dire l’absence) de demandes de signes aussi précis que ceux de la toison devrait nous rendre prudents. Gédéon est un cas particulier, comme l’a été Abraham lorsque Dieu lui a demandé d’offrir son fils en sacrifice (Gen 22). Faut-il en conclure que la demande de signe ou l’offrande d’Isaac ne présentent aucune leçon pour les autres fidèles? Nullement.

Dans les deux cas, le lecteur doit s’attacher au caractère des hommes et non à des actes très particuliers. Ainsi, les signes de la toison nous révèlent un homme plein de sagesse, de foi et de respect pour Dieu. Gédéon a su discerner les besoins légitimes du peuple, il a cru que son Dieu n’était limité en aucune manière, il a abordé le Créateur avec la crainte de celui qui a compris la sainteté du Rédempteur. Ce sont ces qualités de Gédéon qui doivent nous servir de guidé, plutôt que les signes par lesquels çes qualités se sont exprimées. Ici comme ailleurs, l’ esprit domine sur la lettre.

D.A

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)