Faut-il continuer d’appeler Dieu : Père ?

Depuis plusieurs décennies, des évolutions marquantes se sont produites dans notre société occidentale concernant la place de la femme. Ces changements se sont répercutés dans l’Église, où l’on assiste à de plus en plus de débats sur tout ce qui concerne le sujet..

Ainsi le vocabulaire religieux connaît une certaine féminisation : on tend à remplacer « homme » par « personne », et le terme « frères » ne devrait plus être employé sans être suivi de « sœurs ». Quasi unanimement, les changements dans le vocabulaire sont applaudis tant qu’ils expriment la relation non discriminante entre homme et femme dont Paul parle en Galates 3.28. Le problème se pose lorsque les changements proposés se réfèrent à Dieu. Où doit s’arrêter la révision de notre vocabulaire chrétien ?

Dans ce contexte, la dernière proposition en date est d’appeler Dieu « Père et Mère ». C’est cette question qui va nous intéresser : faut-il continuer d’appeler Dieu « Père » ? Il ne s’agit pas d’une nouvelle bataille uniquement féministe ou libérale. Ceux et celles qui se posent une telle question se trouvent dans toutes les dénominations, et même chez les évangéliques. Cette controverse doit être prise au sérieux, car elle concerne des questions théologiques essentielles, comme la nature de Dieu et l’autorité des Écritures.

Nous rencontrons deux positions extrêmes dans ce débat: pour certains, Dieu est Père, car la Bible enseigne que le vrai Dieu est masculin1. Pour d’autres, Dieu peut être « Mère » ; il est juste de vénérer une divinité féminine.

Nous montrerons en quoi ces deux positions sont théologiquement erronées et pourquoi il faut continuer à appeler Dieu « Père ». Mais il faudra aussi comprendre ce qu’est réellement la paternité de Dieu et retrouver, dans son indubitable vérité, le visage de ce Père que les hommes défigurent si souvent.

I. UNE THESE EN VOGUE : IL NE FAUT PLUS APPELER DIEU « PERE »

A) Arguments des partisans de cette thèse

L’une des principales raisons motivant la mobilisation de plusieurs théologiens et fidèles pour ne plus appeler Dieu «

Père » est que cette appellation semble nuire à la place de la femme dans l’Église.

En effet, à partir de l’appellation Dieu le Père, on a souvent déduit que Dieu est masculin. Cette conceptualisation au masculin aboutit à affirmer l’infériorité et la soumission des femmes.

Il est vrai, comme le note Claudette Marquet2, que la figure bien biblique de Dieu comme Père a été utilisée à des fins douteuses : faire de la religion une affaire d’hommes.

Mais le débat au sujet de Dieu Père/Mère repose sur d’autres arguments que ceux qui s’appuient sur l’évolution de la société, car il vise surtout à dépasser le sexisme. Ces arguments, que nous allons brièvement mentionner, s’appuient sur l’Écriture, la tradition, l’herméneutique et la linguistique.

1. Dieu est aussi mère, maternel

Bien que surtout masculines, les références que la Bible contient pour parler de Dieu sont aussi maternelles. Même si le symbolisme maternel n’est pas dominant dans l’Écriture, l’Israël ancien a loué certaines qualités maternelles de Dieu3. Ainsi, notre Père céleste aime comme une mère. Dieu montre de la tendresse, il porte dans ses bras, il connaît les douleurs de l’enfantement…4

2. Langage paternel comme accommodation culturelle

Bien qu’inspiré par Dieu, le langage de l’Écriture est humain, lié à une culture et à un langage donnés. Si la Bible a surtout un langage masculin, ce serait par accommodation de Dieu à une culture patriarcale. Ce ne serait pas la vérité finale. De même, lorsque Dieu tolère l’esclavage et la polygamie : ce n’est pas qu’il approuve ces pratiques, mais il s’agit d’une accommodation.

3. La transcendance de Dieu

Cette doctrine théologique est au cœur du débat. Elle est utilisée par les partisans comme par les adversaires d’un Dieu uniquement Père. L’argument avancé est le suivant : à cause de la transcendance divine, aucun langage humain n’est adéquat pour le définir. Le mot Père ne se réfère pas plus directement à Dieu qu’un autre mot. Les références féminines sont tout aussi appropriées et valables que les références masculines pour parler de Dieu. Elles se complètent sans contradiction ? sinon, comment le même Dieu pourrait-il occuper à la fois la fonction de Père et celle d’Époux ?

B) Les propositions de substitution

Pour toutes les raisons invoquées, des théologiens ne veulent plus appeler Dieu « Père ». Leurs propositions de remplacement sont diverses, mais soit elles sont hérétiques, soit elles créent encore plus de problèmes qu’elles n’en résolvent.
Selon les partisans du langage inclusif, Dieu doit être appelé « Père » et « Mère » à la fois, ou « parent » au lieu de « Père ». Comme nous le verrons, cette solution ne respecte pas la transcendance de Dieu.

II. POURQUOI IL FAUT MAINTENIR LA PATERNITE DE DIEU

C. S. Lewis disait que Dieu lui-même a révélé comment nous devons lui parler. Le danger de renommer Dieu « Mère » ou autrement est de vouloir exercer une autorité sur Dieu. De plus, d’une nouvelle appellation de Dieu, on dérive vite vers une nouvelle compréhension de Dieu : le Dieu qui s’est révélé à nous dans la Bible est remplacé par un Dieu que nous inventons pour répondre à nos besoins.

Alors, oui, il faut continuer d’appeler Dieu « Père » ; mais qu’entend-on par cette appellation ?

A) La transcendance de Dieu : ni masculin ni féminin

Nous ne pouvons pas définir Dieu. Dieu, par définition, transcende l’expérience humaine et son langage. Il est le Tout Autre. Il est Esprit (Jean 4.24). Si l’homme et la femme ressemblent à Dieu (Gen 1), Dieu ne ressemble ni à l’homme ni à la femme. Si l’homme/père ressemble à Dieu le Père, Dieu le Père ne ressemble pas aux pères de cette terre. Il s’agit de « notre Père qui est aux cieux » et non pas d’un père humain. L’A.T. prend souvent la peine d’ajouter un « comme » quand il s’agit de comparer Dieu à des personnages humains, ou sous-entend un « à plus forte raison Dieu… »5

Dieu transcende les métaphores : en Osée 11.1-11, certains voient la preuve de la masculinité de Dieu ; or, le v. 9 dit bien : « Mais je suis Dieu, pas un homme. » L’imagerie biblique reste indirecte. L’emploi de mots théologiques masculins pour Dieu n’indique pas plus la masculinité de Dieu que l’emploi d’images féminines sur Dieu n’indique sa féminité.

C’est pourquoi, citer les références où Dieu est lié à des connotations féminines apporte peu : ce n’est pas parce qu’un mot pour parler de Dieu est féminin que c’est une preuve de sa féminité. De même, la terminologie masculine seule est un argument insuffisant pour prouver théologiquement la masculinité de Dieu. D’ailleurs, Dieu est parfois comparé à un rocher, à une lumière… c’est-à-dire à des éléments neutres. Le vrai problème vient de l’équation faite entre Dieu comme père et Dieu masculin. Si un père est un homme, pour Dieu, être Père n’est pas du tout être masculin. Dieu n’est ni masculin ni féminin. Dieu a introduit la différenciation sexuelle dans la création, il a créé la sexualité. Il n’est pas lui-même sexué. De même qu’il a créé le temps, mais n’est pas temporel. Peut-être nous faut-il ici nous rappeler le premier commandement.

En bref, la Bible ne dit pas que Dieu est masculin, elle dit qu’il est Père, de même que le Royaume de Dieu n’est pas un grain de moutarde. Attention à « l’hérésie anthropomorphique » ! Définir Dieu comme masculin ou féminin, catégories finies, est une erreur théologique, incompatible avec sa nature infinie, absolue et transcendante. Les raisons de sa paternité sont à chercher ailleurs.

B) Le primat de la théologie paternelle d’adoption sur la théologie maternelle

Avoir un Dieu Père, c’est rappeler que l’homme est créé et non engendré. Il y a une rupture nécessaire de substance entre l’homme et Dieu, aucun lien naturel entre les deux. En effet, si la maternité est naturelle, la paternité est culturelle. Un père a besoin de devenir le père de son enfant, de le reconnaître. Ce qui qualifie la paternité, c’est l’adoption de l’enfant, tandis que la mère sait par nature que son enfant est d’elle-même, qu’il est la suite d’elle-même.

On voit ici se dessiner deux théologies différentes :
– la théologie maternelle, où la nature est reine et même déesse (terre et mère se confondent), avec la prépondérance de l’immanence, voire un panthéisme qu’on retrouve dans les religions anciennes, en particulier dans celles dont Israël a dû se démarquer ;

– la théologie paternelle, où père et ciel se confondent, et où il y a nécessairement distance entre le père et le fils ; il y a donc adoption et même élection du fils par le père qui garde toujours une certaine transcendance par rapport à ses enfants, et à ses fils en particulier.

Ainsi, toute l’histoire d’Israël est celle d’un fils aîné, élu, et d’un père dont la paternité n’est jamais considérée comme naturelle, allant de soi : Israël refuse constamment de vivre en fils soumis, ce qui contraint sans cesse Dieu à le « réadopter ». Dans cette optique, la paternité est le type de relation qui caractérise le mieux la relation entre Israël et Dieu.

C) La rupture avec les cultes de la fertilité

Ce n’est pas par antiféminisme qu’Israël devait rejeter toute idée de déesse et accepter la paternité de Dieu. Israël devait comprendre que son Dieu n’était pas comme les déesses de la fertilité, qu’il était au-dessus de toute sexualité : il n’est pas un Dieu masculin avec une femelle consort. C’est par sa seule volonté qu’il a créé le monde et non par une union sexuelle avec une déesse.

Dans les religions où les dieux sont sexués, ils ont des besoins sexuels qu’il faut satisfaire pour obtenir fécondité et prospérité. Les rites religieux incluaient donc souvent du libertinage spirituel. Chez les Hébreux, pas de divinisation du sexe, pas de possibilité d’amadouer Dieu par des rites sexuels. Il ne faut pas y voir une preuve d’antiféminisme, ni une victoire d’un Dieu mâle sur une déesse, mais une attitude en accord avec le culte de l’Éternel. C’est pourquoi toute projection sexuelle humaine sur Dieu était proscrite.

D) Paternité et Trinité

La compréhension chrétienne de la paternité divine est, selon Matt 11.27, que Dieu le Père est d’abord le Père de son Fils Jésus. Cette paternité est définie par sa relation exclusive avec son Fils Jésus : Dieu le Père est ainsi nommé à cause de ses liens avec le Fils.

D’ailleurs, jamais Paul n’appelle Dieu « notre » Père sans parler du Christ dans le contexte. De même, les premiers chrétiens vont invoquer Dieu comme Père — mais comme Père de Jésus-Christ. Cette paternité traduit une autorité et une confiance. C’est donc dans un sens trinitaire et non patriarcal qu’il faut comprendre le terme Père.

E) La « paternité maternelle » de Dieu

La pensée trinitaire permet de dépasser le patriarcalisme théologique pour une autre raison : le Père de Jésus est le Père maternel. Le concept de paternité pour Dieu doit être compris comme concept de « génitorité » : il est celui qui engendre le Fils et sa paternité est très maternelle.

F) La paternité de Dieu, sceau de mon adoption

Dans l’A.T., la paternité de Dieu était limitée à Israël. Le terme Père indiquait l’origine de la nation, mais aussi une relation personnelle avec elle. Dans le N.T., Dieu se révèle, non plus comme Père de la nation, mais comme le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et aussi le Père des chrétiens. La paternité de Dieu et l’adoption de l’homme sont le plus grand miracle, synonyme de justification. Le nom de Père accolé à Dieu ne me dit rien sur la masculinité de Dieu ; il me dit la qualité d’enfant qui est la mienne. En disant « notre Père » nous savons que notre relation filiale est très réelle. Quand on dit paternité, on dit adoption : la Bible parle plus de Dieu comme notre Père que de nous les croyants comme ses enfants. Mais l’un implique l’autre.

G) Abba, Père

L’usage du terme Abba, tel qu’il se présente dans la prière du Christ, constitue un emploi unique. En effet, ce mot araméen n’était employé que pour désigner le père au sens naturel ou adoptif. Il n’était jamais employé par un juif comme invocation à Dieu dans une prière.

Jésus, en choisissant Abba, montre ainsi sa relation unique au Père, et il prépare les disciples à la révélation du mystère filial du Père avec eux. De plus, Jésus met l’accent, non sur les traits masculins et patriarcaux, mais sur la proximité. Jésus ne veut pas évoquer un sexe particulier ni une autorité, mais indiquer la relation intime que nous avons avec le Père qui prend soin de nous: on est aimés, protégés, chéris, nourris. Jésus nous invite à entrer dans cette relation avec l’Abba, relation où il voit chacun de nos mouvements, se soucie de chacune de nos larmes. C’est une profonde intimité, une relation paternelle et maternelle.

C’est également un terme qui révèle un état de détresse. C’est dans la solitude et la détresse de Gethsémané que Jésus a appelé Abba. Ce disant, il montre que son Dieu est si proche qu’il se laisse nommer même dans la détresse.

CONCLUSION

Face aux questions suscitées par le symbole du Dieu Père, deux précautions sont utiles :
– La prise en compte, dans toute la Bible, des images féminines parlant de Dieu, afin de trouver un langage religieux moins sexiste, exprimant mieux la transcendance de Dieu, car il est bien vrai que Dieu est un père maternel. Selon les actes ou les sentiments de Dieu auxquels on se réfère, on utilisera un vocabulaire tantôt féminin, tantôt masculin.
– L’analyse rigoureuse du concept de paternité attribué à Dieu, car le symbole du Dieu Père a été souvent mal compris, assimilé à une masculinité de Dieu.
Ainsi, nous nous garderons de deux erreurs :
– En arriver à appeler Dieu « Père et Mère ». Le faire revient à oublier que Dieu est transcendant ; c’est encourager l’attribution erronée d’une « sexuation » en Dieu au lieu de l’abolir. Or, toute attribution à Dieu d’une sexualité est un retour au paganisme.
– Utiliser la paternité de Dieu pour justifier la suprématie mâle, ce qui est une aberration.

Ces égarements ne doivent pas nous faire perdre de vue que Dieu s’est révélé à nous comme Père et qu’il veut qu’on le prie ainsi. Si l’on peut avancer plusieurs raisons théologiques pour éclairer ce choix de la paternité, nous restons en présence d’un mystère qui nous dépasse, et nous rappelle notre finitude face à l’Être infini. Toutefois, la venue du Christ est la manifestation suprême de la paternité de Dieu. Christ appelle Dieu Abba, indiquant par là que cette paternité est synonyme de filiation, d’adoption, et de tendresse. Dieu comme Père n’est pas un argument dans la guerre des sexes, mais une vérité théologique, un article de foi et un sujet de louange.

Avec confiance, réapprenons à dire : « Je crois en Dieu le Père. »

1Remarquons qu’en réfléchissant à la paternité de Dieu, on s’inscrit dans une réflexion plus large : le Dieu de la Bible est-il une divinité masculine ? Certains auteurs soulignent que la Bible présente, en effet, Dieu avec des attributs et des fonctions très masculins. Il dirige une armée, exerce le jugement, est comme un mari, un père, un roi, il a des noms masculins et les pronoms pour parler de lui sont masculins. De plus, il s’incarne en un homme, Jésus.
2Claudette Marquet, Femme et homme il les créa…, Les Bergers et les Mages, Paris, 1984, p. 181.
3Quelques références bibliques (directes ou indirectes) : Gen 3.21 ; Nom 11.12 ; Deut 32.18b ; Néh 9.21 ; Osée 11.1-4 ; És 1.2 ; 42.14 ; 46.3 ; 49.14-15 ; 66.11,13 ; Ps 91.4 ; 131.2 ; Luc 15.8-10.
4Relevons le terme rahamim, qui signifie « tendresse », souvent celle de Dieu pour son peuple ; c’est le pluriel de « sein maternel, uterus » : ce terme confère à la bienveillance de Dieu un caractère de tendresse quasi charnelle.
5Voir Ps 103.13; Luc 11.11-13.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)