Faire des disciples : La grande omission ?

1. Notre appel

Nous savons ce que le Seigneur nous a appelés à faire : « Allez… faites des disciples » (Mat 28.19). Son commandement était clair. Nous savons ce que nous devrions faire. Le problème est que peu le font… Nous avons nos réunions d’église, nos études bibliques, nos petits groupes… Mais qui est la personne que je veux accompagner intentionnellement ? Qui est la personne (plus jeune) pour laquelle je vais investir ma sagesse, mon temps et mon énergie, afin qu’elle grandisse dans la foi ?
« Philippe accourut, et entendit l’Éthiopien qui lisait le prophète Ésaïe. Il lui dit : Comprends-tu ce que tu lis ? Il répondit : Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ? Et il invita Philippe à monter et à s’asseoir avec lui. » (Act 8.30-31)

2. La valeur du mentorat

Bien que l’église soit le lieu donné par Dieu pour la communion et l’instruction des croyants, il est aussi nécessaire d’envisager un accompagnement plus personnel et plus intentionnel afin de permettre une plus grande croissance. C’est là qu’intervient le mentor spirituel. Le mentorat a pour but de faire grandir une personne à la ressemblance du Christ et à atteindre son plein potentiel à long terme. La dévotion n’est pas une chose instantanée. Il s’agit de créer un environnement permettant de développer une faim et une passion pour le Christ.
Aujourd’hui, le besoin majeur consiste à redécouvrir ce que signifie faire des disciples. En bref, une relation de mentorat spirituel est une relation dans laquelle un jeune croyant est accompagné par un croyant plus mûr, pendant une saison de sa vie, afin de devenir plus fort dans la foi et d’être équipé pour le ministère.

3. Qu’est-ce qui caractérise une relation mentor-disciple ?

a. C’est un investissement constant

Paul a dit à Timothée de rechercher des personnes fiables et qualifiées (2 Tim 2.2). Les mentors devraient investir de manière cohérente leur temps et leur énergie dans des personnes fidèles et fructueuses. Ils devraient les aimer, les encourager et les affermir dans leur foi. Challenger, corriger, réprimander et exhorter font aussi partie de la formation. Les mentors devraient dépenser leur temps et leur argent pour construire des relations profondes.
Paul a dit dans 1 Cor 11.1 : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. » Derrière lui, il y avait Timothée, Tite, Silas et une foule d’autres personnes. Ils le suivaient parce qu’il avait investi en eux. Il leur avait appris à vivre, à fonder des églises, à faire des disciples et à accomplir l’œuvre du Seigneur. Paul les a exhortés à mettre en pratique tout ce qu’ils avaient vu et entendu de lui. Ils l’admiraient et voulaient un modèle pour les aider à comprendre à quoi ressemble le fait de suivre Jésus. Cela implique tout, des tâches ménagères à la gestion des finances et des relations, en passant par la prédication et les entretiens pastoraux. S’épanouir en suivant, en apprenant et en servant toute sa vie est une source d’inspiration pour les autres.
Un bon mentor donne l’exemple de sa propre vie et partage sa sagesse afin que son disciple puisse faire face aux défis actuels et répondre correctement à la question « Comment pour-rions-nous (ou devrions-nous donc) vivre ? » (Éz 33.10).

b. C’est un processus intentionnel et à long terme

Notre société devient de plus en plus instantanée, avide de succès et de connaissances immédiates. En revanche, le discipulat est un processus intentionnel et à plus long terme.
Suivre, apprendre et servir exigent un travail soutenu, continu et progressif pour nous faire « mûrir en Christ ». Non seulement la société pousse à l’instantanéité, mais elle peut aussi nous amener à confondre la vie de disciple avec la simple acquisition d’informations (via notre intellect uniquement). On suppose à tort qu’une acquisition accrue d’informations équivaut à la maturité des personnes, ce qui, si cela était vrai, rendrait le processus de formation de disciples largement obsolète. Le véritable discipulat chrétien n’est pas instantané. C’est un processus au long cours.

c. C’est une approche holistique

La formation de disciple concerne tous les aspects de notre vie. Lorsque nous cherchons à encadrer un jeune croyant, il est important d’aborder l’individu dans son ensemble. Cela signifie que la formation de disciple doit se concentrer sur l’esprit, le cœur et la volonté. Pour façonner en nous une vision biblique du monde, notre esprit doit être renouvelé par la vérité de Dieu. En plus d’acquérir sagesse et perspicacité à travers les Écritures, les affections de notre cœur doivent également être transformées, afin que nous grandissions dans l’amour du Seigneur et de notre prochain. Paul disait à Timothée que le but de son instruction était l’amour (1 Tim 1.5). Un disciple est également appelé à prendre les bonnes décisions face aux multiples questions de la vie. En faisant des choix qui honorent Dieu, il approfondira sa relation avec Lui. En suivant son chemin avec une conscience pure devant Dieu et devant les hommes (Act 24.16), il se réjouira de la paix par laquelle Dieu confirme sa direction.

4. Construire une relation durable

Un mentorat efficace nécessite l’entretien d’une relation toujours plus profonde. Le mentor aide à façonner l’individu à la lumière des responsabilités et des opportunités auxquelles il est confronté dans les domaines de la vie et des relations. Le mentor prend l’initiative d’établir des moments réguliers (notamment de discussion) avec celui pour lequel il s’investit, se familiarisant avec sa routine et ses relations habituelles.
Comme nous l’avons dit plus haut, le contenu d’une rencontre mentor-disciple ne doit pas se concentrer uniquement sur la transmission d’informations. Lorsque Jésus a choisi les 12, il ne les a pas invités dans une salle de classe, une conférence ou un séminaire. Au contraire, Jésus a établi une relation avec eux. Marc 3.14 nous dit que Jésus les avait appelés « pour être avec lui ». Jésus est allé chez eux (cf. Marc 1.29),  il s’est rendu là où ils travaillaient (cf. Luc 5.1-11) ; il a assisté aux dîners qu’ils organisaient avec leurs amis (cf. Mat 9:10). Il a initié des moments privés avec eux, en  se mettant à l’écart des lieux publics, pour des retraites et des conversations sérieuses (cf. Marc 9.28-35).
Le discipulat biblique est une formation sur le tas. Elle concerne tous les domaines de la vie et envisage la transformation en Christ par des rencontres régulières qui changent la vie. Si nous voulons aller en profondeur dans une relation de disciple, nous devons devenir de vrais amis. La relation devient comme une famille. Cela signifie passer beaucoup de temps ensemble, se détendre, jouer et travailler.

5. Créer un environnement sûr

Le mentor doit s’efforcer de faire de la rencontre avec le disciple un environnement sûr où tous deux peuvent partager leur vie de chrétiens. Il est important qu’ils restent connectés l’un à l’autre dans une relation authentique où la vérité est dite avec grâce et amour. Une telle relation doit permettre de confesser leurs péchés l’un à l’autre (Jac 5.16), et garantir que la restauration puisse avoir lieu.
L’objectif d’une rencontre devrait être d’avoir une forme de dialogue, où l’on est ouvert à la discussion de points de vue différents sur un sujet. Il doit y avoir de l’espace pour pratiquer de nouvelles compétences (y compris la prise de risque) et apprendre de ses erreurs. L’échec n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Il peut donner des indications précieuses qui sont nécessaires pour les étapes futures. En particulier pour les jeunes qui sont encadrés, un endroit sûr leur permet de partager librement lorsqu’ils ont échoué, que ce soit dans une tâche liée au ministère ou bien sur le plan personnel.

6. Quelques recommandations

a. Préparez la rencontre.

Dans la relation mentor-disciple, gardez le contact aussi hors des moments de rencontres (téléphone, SMS, etc.). Commencez les sessions en face à face par la prière, puis concentrez-vous sur la personne, en lui demandant comment elle va et comment elle fait face aux défis. Cela sera normalement suivi d’une révision des devoirs avant d’aborder d’autres sujets. Une relation de mentorat ne consiste pas simplement à se réunir « selon que le Seigneur dirige ». Que vous conceviez un programme très basique ou sophistiqué, l’important est d’avoir quelque chose de prévu pour chaque réunion.

b. Posez des questions.

Le Seigneur Jésus enseignait souvent en posant des questions. Un bon mentor ne fait pas la morale, mais pose des questions ouvertes qui aident le disciple à réfléchir sur un sujet pour trouver lui-même les réponses à ses questions et pour découvrir la voie à suivre.

c. La fin du mentorat.

Dans le mentorat, il doit y avoir une clôture. Le mentorat dure une saison, après laquelle une évaluation a lieu. Quels ont été les obstacles qui ont empêché le disciple de faire des pas en avant ou de rester engagé ? Les devoirs ont-ils été utiles ? Dans quel domaine de la vie le disciple a-t-il connu la plus grande transformation ? La décision peut alors être prise de prolonger les rencontres ou de les clore. Il y a un risque de développer une dépendance envers le mentor si la relation se prolonge trop longtemps. Si la clôture est obtenue, profitez de la dernière session pour jeter les bases du début de la chaîne de mentorat en mettant le disciple au défi de trouver quelqu’un qu’il pourra à son tour guider.

7. Comment identifier un bon mentor ?

Premièrement, il faut être un disciple avant de pouvoir faire un disciple. On apprend le plus des croyants matures dont la foi a résisté à l’épreuve du temps. Ils ont marché avec le Seigneur pendant des années et sont marqués par la constance et la sagesse. Lorsque l’on considère les qualités à rechercher chez un mentor, Tite 2.2-3 fournit un aperçu utile :
« Dis que les vieillards doivent être sobres, honnêtes, modérés, sains dans la foi, dans l’amour, dans la patience. Dis que les femmes âgées doivent aussi avoir l’extérieur qui convient à la sainteté, n’être ni médisantes, ni adonnés aux excès du vin ; qu’elles doivent donner de bonnes instructions ».
On pourrait considérer ces quatre questions pour identifier un bon mentor :

a. Comment la personne vit-elle ?

Paul exhorte les croyants plus âgés à être dignes, maîtres d’eux-mêmes et respectueux dans leur comportement.
Leur conduite est un exemple de leur caractère. Observez leur vie et réfléchissez : Sa vie reflète-t-elle sa foi ? Est-ce qu’il sert avec humilité ? Ses habitudes quotidiennes reflètent-elles une obéissance fidèle à la parole de Dieu ? Un bon mentor réfléchit attentivement à sa manière de servir les autres.

b. Que dit la personne ?

Paul encourage la sobriété d’esprit, ainsi que le bon usage de la langue. Écoutez ce que la personne dit et demandez-vous : Fait-elle preuve de sagesse dans ses paroles ? Fait-elle des commérages sur les autres ou parle-t-elle avec méchanceté de son mari ou de ses amis ? Se plaint-il souvent ? Nos mots ont de l’importance, ils reflètent les attitudes et les inclinaisons de nos cœurs. Un bon mentor est prompt à écouter et lent à parler. Ses paroles sont encourageantes, pleines de reconnaissance et honorent Dieu.

c. Qu’est-ce qui gouverne le cœur et les affections de la personne ?

Paul précise que les croyants plus âgés doivent être aimants, constants, et ne pas être alcooliques (esclaves du vin). Cherchez un mentor qui recherche son plaisir en Dieu et qui se réjouit avec le psalmiste : « Il y a d’abondantes joies devant ta face » (Ps 16.11). Réfléchissez à ces questions : Possède-t-il une discipline intérieure concernant les plaisirs du monde ? Fait-il de plus en plus confiance à Dieu pour sa joie et son contentement ? Typiquement, les croyants matures débordent de chaleur et de bonté qui proviennent d’années passées en présence de Dieu.

d. Qu’est-ce qui gouverne l’esprit de la personne ?

Paul déclare que les hommes doivent être sobres d’esprit et que les femmes doivent enseigner ce qui est bon. Un bon mentor est une personne qui passe régulièrement du temps à lire sa Bible. Au fur et à mesure que la Parole transforme son esprit, il parlera avec sagesse et l’instruction fidèle sera sur sa langue. Il ne s’agira pas nécessairement d’un enseignement formel sur une estrade, mais la Parole débordera naturellement dans ses conversations. Personne ne remplit toutes ces caractéristiques tout le temps. Tout croyant mature lutte contre le péché. Il ne faut pas chercher un disciple parfait, mais un croyant mûr qui désire progresser continuellement dans sa foi. Sa vie, ses paroles et ses affections sont de plus en plus marquées par un amour et une dévotion pour Jésus.

8. Comment identifier le disciple ?

Le mentorat, comme nous l’avons vu, concerne les relations. Les relations de mentorat intentionnelles sont généralement initiées par le mentor. Bien qu’il n’y ait pas de règle absolue à ce sujet, l’exemple biblique de Jésus prenant l’initiative avec ses disciples a du poids à nos yeux. Le mentor, en tant que personne plus expérimentée, identifie le disciple, ce qui déclenche souvent la relation parce que cela transmet confiance et affirmation. Comment identifier un disciple ? Voici quatre éléments fondamentaux à rechercher :

a. Engagement et potentiel.

Les personnalités fortes et directes ne sont pas toujours celles qui ont le plus de potentiel ni qui sont les plus engagées.

b. Compatibilité.

Il doit y avoir un sentiment d’adéquation entre les deux personnes, car c’est ce qui permet d’établir la confiance et l’engagement qui sont essentiels à une relation honnête. Une trop grande différence d’âge n’est pas recommandée. Les points qui aident à cimenter la relation sont des choses comme les intérêts, les talents, les dons.

c. Adéquation.

Le mentor a-t-il ce dont le disciple a besoin en termes de compétences et d’expérience ? Cette question doit être abordée honnêtement sans être trop spiritualisée. Ne supposez jamais que nous avons toutes les connaissances sur tous les sujets.

d. La disponibilité.

Le danger numéro un de la relation de mentorat, comme dans toute relation, est le manque de temps. Le mentorat exige un engagement de temps, mais implique aussi de se rendre accessible. La « phase de jumelage » exige une réflexion, accompagnée par la prière, avant qu’il y ait un engagement établi pour faire avancer la relation de mentorat. Il est également tout à fait acceptable de s’éloigner à ce stade et de reconnaître éventuellement qu’il n’y a pas de compatibilité. Le mentorat exige une décision et un engagement mutuels de la part du mentor et du disciple.

9. Conclusion

Le mentorat a le potentiel de transformer des individus pour la vie, mais cela n’a pas de prix. Pour vous, le mentor, il vous faudra investir du temps et de l’énergie pour vous préparer, planifier les réunions et vous rencontrer. Mais il s’agit probablement de l’investissement le plus important qu’une personne puisse faire dans sa vie, car si elle est menée selon le modèle du Christ, une relation de mentorat a le potentiel de transformer des dizaines de vies. La relation de mentorat se mesure aux heures et aux jours qui lui sont consacrés, mais son impact se mesure sur toute une vie, jusque dans l’éternité.

Quelques questions pour conclure : Qui est vraiment votre modèle dans la vie ? Dans quoi et pour qui investissez-vous votre énergie ?

Ressources utiles

  • David E. Bjork, Every Believer a Disciple. Joining in God‘s mission, Carlisle, Cumbria (UK), Langham Partnership, 2015.
  • LeRoy Eims, The Lost Art of Disciplemaking, Colorado Springs, Navpress, 1981.
  • Allen Hadidian, Helping other Christians Grow, Chicago, Moody Press, 1987.
  • Walter Henrichsen, Disciples are Made not Born, Carol Stream, Navpress, 1974.
  • Martin Sanders & Alain Stamp, Multiplier les Leaders. Le Mentorat. L’art de l’accompagnement, Marpent, BLF Europe, 2012
  • David L Watson & Paul D. Watson, Contagious Disciple Making, Nashville, Thomas Nelson, 2014.
  • South African Handbook on Mentoring, Africa Ministry Resources, https://cpa-sa.org/resources.
  • Melissa B. Kruger, What to Look for in a Spiritual Mentor, https://www.crossway.org/articles/ what-to-look-for-in-a-spiritual-men-tor/
  • G’Joe Joseph, 6 Needed Shifts for Reaching the Next Generation https://www.thegospelcoalition.org/ article/6-shifts-reaching-next-genera-tion/
  • Mike Betts, Creating a discipleship culture, https://www.europeanmission. redcliffe.ac.uk/latest-articles/creating-a-discipleship-culture-and-why-it-is-so-important-for-mission-in-europe-today

 

 

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)