Elisée, le prophète du peuple

Peu de personnages de l’Ecriture sont aussi contrastés qu’Elie et Elisée. Si Elie est le prophète solitaire par excellence (voir dernier numéro de Promesses), Elisée est le prophète du peuple. Alors qu’Elie vivait toujours à l’écart du peuple, Elisée est constamment entouré d’hommes.

Cet aspect « communautaire » du prophète ressort tout au long de son ministère et même avant. Ainsi, lors de son appel (1 Rois 19.19-21), nous le voyons intégré à une équipe de douze laboureurs: Il y avait devant lui douze paires de boufs, et il était avec la douzième et son attachement à sa famille est relevé: Elisée, quittant ses boufs, courut après Elie et dit: Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, et je te suivrai. Il invite aussi le peuple à partager un repas communautaire suite au sacrifice de ses boufs: Il fit cuire leur chair et la donna à manger au peuple.

Plus tard, quand Elie va être enlevé au ciel, Elisée refuse de quitter son maître, alors que celui-ci lui demande à trois reprises de le laisser seul (2 Rois 2.2, 4, 6). Le contraste du caractère social/antisocial des deux hommes est particulièrement manifeste dans ce récit. Autant Elie insiste à être seul, autant Elisée refuse de le quitter: Elie dit à Elisée: Reste ici, je te prie, car l’Eternel m’envoie jusqu’à Béthel. Elisée répondit: L’Eternel est vivant et ton âme est vivante! je ne te quitterai point. Relevons que cette désobéissance aux ordres d’un prophète (dans 1-2 Rois) n’est pour une fois pas punie, mais au contraire récompensée. Elie fait à son disciple une offre des plus généreuses: Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d’avec toi (2 Rois 2.9). Sur quoi, Elisée manifeste son désir d’avoir une double portion de l’Esprit. Devant cette réponse, Elie précise que la demande ne sera agréée que si tu me vois pendant que je serai enlevé d’avec toi. En d’autres termes, le ministère puissant d’Elisée ne sera possible que s’il reste attaché à son maître jusqu’à son départ.

Après l’enlèvement d’Elie, Elisée traverse le Jourdain et retourne vers les hommes pour vivre avec eux. Il séjourne à Jéricho (2 Rois 2.15-22), à Sunem (2 Rois 4.8-10), à Guilgal (2 Rois 4.38), à Dothan (2 Rois 6.19) et à Samarie à plusieurs reprises (2 Rois 2.25; 5.3, 9; 6.32).

Alors qu’Elie échappait à toutes les recherches, Elisée est abordable. Quand on a besoin de lui, on sait toujours où le trouver. La veuve qui risque de perdre ses deux enfants peut, sans difficulté apparente, s’adresser à lui (2 Rois 4.1, 7). La Sunamite qui a fait construire une chambre en dur pour accueillir le prophète sait où le trouver lorsqu’il n’est pas chez elle (2 Rois 4.22-25). Même la petite fille juive prisonnière des Syriens sait où loge le prophète itinérant (2 Rois 5.3).

Elisée peut être trouvé, non seulement par les gens du peuple, mais aussi par les rois d’Israël. Lors du siège de Samarie, le roi sait où chercher Elisée pour l’arrêter (2 Rois 6.31-32). Peu avant la mort d’Elisée, le roi peut lui rendre une visite de courtoisie (2 Rois 13.14). Encore plus étonnant est la facilité avec laquelle les rois d’Israël, de Juda et d’Edom, égarés en plein désert avec leurs armées lors de leur campagne contre Moab, trouvent Elisée (2 Rois 3.9-11). Finalement, même les étrangers ennemis d’Israël découvrent rapidement son lieu de résidence quand ils veulent l’arrêter (siège de Dothan: 2 Rois 6.13-14). Du début jusqu’à la fin de son ministère, Elisée vit au milieu du peuple et quiconque le cherche peut le trouver rapidement.

Un ministère de grâce

Elisée se distingue aussi d’Elie par son ministère. Alors qu’Elie prononçait essentiellement des paroles de jugement à l’égard des rois d’Israël, Elisée apporte au peuple délivrance sur délivrance. Elisée est présent avec le peuple, non seulement physiquement, mais aussi de cour. Il assainit les eaux du Jourdain (2 Rois 2.19-22), sauve trois armées de la mort en leur donnant de l’eau (2 Rois 3), aide une veuve à payer ses débiteurs pour éviter l’esclavage à ses enfants (2 Rois 4.1-7), donne un fils à une femme stérile, puis ressuscite cet enfant de la mort (2 Rois 4.8-37), purifie en temps de famine un repas empoisonné (2 Rois 4.38-41), multiplie à satiété une nourriture peu abondante (2 Rois 4.42-44), délivre un étranger de sa lèpre (2 Rois 5), permet à un pauvre de retrouver son bien perdu (2 Rois 6.1-7), renseigne régulièrement le roi d’Israël des embûches syriennes (2 Rois 6.8-10), libère une ville israélienne -Dothan – du siège ennemi (2 Rois 6.14-19), épargne les soldats syriens piégés à Samarie non seulement de la mort, mais leur donne à manger (2 Rois 6.21-23), prévient les habitants affamés de Samarie de la fin rapide du siège ennemi (2 Rois 7.1), puis, juste avant de mourir, il annonce au roi d’Israël une série de victoires sur ses ennemis (2 Rois 13.14-19).

Même le souvenir d’Elisée suscite la délivrance, puisque le rappel de la résurrection du fils dé la Sunamite permet à celle-ci de retrouver ses biens avec tous les revenus du champ (2 Rois 8.1-6). Mieux encore: même un an après sa mort, les os d’Elisée donnent encore la vie à un homme qui vient de décéder (2 Rois 13.20-21).

Lien étroit entre Elie et Elisée

Le contraste entre Elie et Elisée est manifeste; il saute même aux yeux. Cependant, on aurait tort d’opposer ces deux hommes. En premier lieu, il faut pondérer l’affirmation qu’Elie est le prophète du jugement et Elisée le prophète de la grâce. Certes, Elie est principalement le prophète du jugement, mais il a aussi sauvé, ne serait-ce qu’une fois, une personne. La résurrection du fils de la veuve de Sarepta est d’ailleurs très semblable à la résurrection du fils de la femme de Sunem par Elisée. Les deux hommes aident dans un premier temps une femme (la première est veuve, pauvre et étrangère, alors que la seconde est mariée, riche et israélite). Quand le fils unique de ces femmes meurt, ces dernières s’adressent à l’homme de Dieu sous forme de reproche (envers Elie: Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu? Es-tu venu chez moi pour rappeler le souvenir de mon iniquité, et pour faire mourir mon fils? (1 Rois 17.18); envers Elisée: Ai-je demandé un fils à mon seigneur? N’ai- je pas dit: Ne me trompe pas? (2 Rois 4.28). Enfin et surtout pour ressusciter l’enfant, le comportement des deux prophètes est étrange. Tous deux font monter l’enfant dans leur chambre haute, puis s’étendent sur l’enfant à plusieurs reprises: Elie s’étendit trois fois sur l’enfant, invoqua l’Eternel (1 Rois 17.21), et Elisée monta, et se coucha sur l’enfant; il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur ses mains, et il s’étendit sur lui. Et la chair de l’enfant se réchauffa. Elisée s’éloigna, alla çà et là par la maison, puis remonta et s’étendit sur l’enfant (2 Rois 4.34-35).
D’autre part, même si Elisée est le prophète de la grâce, il a aussi prononcé quelques paroles de jugement: la malédiction d’un groupe d’adolescents moqueurs de Béthel (2 Rois 2.24), l’annonce d’une lèpre permanente pour Guéhazi, le menteur, et pour sa descendance (2 Rois 5.27), la divulgation d’une mort imminente pour l’écuyer incrédule du roi d’Israël (2 Rois 7.2, 17). Dans les trois cas, le jugement est fulgurant: (1) Deux ours sortirent de la forêt, et déchirèrent quarante-deux de ces enfants, (2) Guéhazi sort de la présence d’Elisée avec une lèpre blanche comme neige, (3) l’écuyer meurt moins de vingt-quatre heures après l’annonce du jugement, piétiné par le peuple qui se rue sur les biens abandonnés par les Syriens.

Jugement et grâce ne sont jamais placés dans dès compartiments étanches. Elie est majoritairement – et non pas exclusivement – le prophète du jugement et Elisée est d’abord – et non pas uniquement – le prophète de la grâce.

Le lien étroit entre Elie et Elisée ressort tout particulièrement dans le récit qui décrit l’ascension d’Elie. Elisée s’accroche à Elie jusqu’au bout. Rien ne peut le séparer de son maître, même pas les ordres de ce dernier. La double onction de l’Esprit demandée par Elisée dépend d’ailleurs d’un attachement total. Dès que son maître est parti, Elisée reprend le manteau d’Elie, signe du ministère de son prédécesseur, et l’utilise d’une manière analogue pour traverser miraculeusement le Jourdain. Ainsi ce texte qui introduit le ministère d’Elisée annonce une continuité parfaite entre les deux hommes. Aucune opposition ne peut être soupçonnée, alors même que leur ministère est si différent.

Rappelons, enfin, que la liberté de mouvements d’Elisée est un fruit direct du ministère d’Elie (voir Promesses 118). Devant les critiques répétées de ce dernier, les rois d’Israël ont fini par écouter ou du moins tolérer les prophètes de l’Eternel.

Cette unité/diversité entre Elie et Elisée est des plus intéressantes, car elle est caractéristique de l’unité et de la diversité que l’on trouve dans l’Ecriture et dans le corps de Christ.

L’unité entre l’Ancien et le Nouveau Testament

Elie annonce Jean-Baptiste (le dernier et plus grand prophète de l’Ancien Testament: Mat 11.11; Luc 7.28) tout comme Elisée annonce le ministère de Jésus-Christ. Le lien entre les deux premiers mentionnés ne nécessite aucun développement particulier puisque Jésus l’a clairement établit à deux reprises: Jean-Baptiste est l’Elie qui devait venir (Mat 11.14) et c’est celui qui est déjà venu (Mat 17.10-12; Marc 9.11-13). L’ange Gabriel avait aussi relevé le lien entre Jean-Baptiste et Elie lors de l’annonce de sa naissance à Zacharie il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Elie (Luc 1.17).

Quant au lien entre Elisée et Jésus, il est, peut-être, encore plus manifeste que celui qui unit Elie à Jean-Baptiste, même si le Nouveau Testament ne le relève pas. Non seulement un ministère de grâce accompagne les deux hommes, mais une multiplication des pains marque les deux ministères. Elisée a multiplié vingt pains pour nourrir cent hommes (2 Rois 4.42-44), alors que Jésus, avec moins de pains, a nourri une foule beaucoup plus nombreuse, et cela à deux reprises (Mat 14.19-21; 15.36-38). La similitude entre les deux miracles permet aussi (et peut-être surtout) de relever la supériorité du Christ par rapport au prophète vétéro-testamentaire. La même constatation peut être faite en ce qui concerne la vie donnée après la mort: les os d’Elisée ont ressuscité un mort: Comme on enterrait un homme…, on jeta l’homme dans le sépulcre d’Elisée. L ‘homme alla toucher les os d’Elisée, et il reprit vie et se leva sur ses pieds (2 Rois 13.20-21), alors que la mort du Christ donne la vie à tous ceux qui se confient en lui.

Le rapport jugement/grâce entre Elie et Elisée est le même qu’on trouve au niveau de l’Ancien et du Nouveau Testament. L’Ancien Testament souligne davantage la notion du jugement, mais la grâce est loin d’y être absente. Inversement, le Nouveau Testament souligne avant tout la grâce, mais les paroles de jugement s’y trouvent aussi en particulier dans les textes eschatologiques (Mat 24; Apoc). Voir une opposition entre l’ Ancien et le Nouveau Testament est tout aussi erroné que de voir une opposition entre Elie et Elisée. Il y a lien étroit malgré une différence d’accent évidente.

Diversité des ministères dans le corps de Christ

Finalement, cette unité/diversité caractéristique d’Elie/Elisée et de l’Ancien Testament/Nouveau Testament se retrouve au sein de l’Eglise. Unité n’est pas synonyme d’uniformité. Certains sont appelés à semer, d’autres à récolter. Certains sont plus gardiens, d’autres plus médecins. Les uns veillent au dépôt de la foi, les autres tendent les bras aux démunis. Aucune opposition entre les deux. Les deux sont nécessaires. Selon les besoins du moment, un vrai berger paîtra ses brebis ou les défendra contre les bêtes féroces, son seul souci étant le bien-être de ses protégés.

Trop souvent, malheureusement, le fidèle ignore, méprise et parfois même exclut un frère dont le ministère diffère du sien. L’attachement d’Elisée à Elie, alors même que leur ministère était tellement différent, doit nous servir d’exemple. Unis au Christ révélé dans les Ecritures, sachons apprécier la diversité de l’ouvre de son Esprit dans l’Eglise (cf. 1 Cor 12.11).

D.A.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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