Égaux dans la foi

« Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. » (Galates 3.26-28)

Au milieu d’un majestueux développement, Paul insère cette triple affirmation sur l’égalité des croyants : « ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme ». Pour certains, il s’agit d’une déclaration capitale, à laquelle doivent se soumettre d’autres textes jugés plus obscurs ou plus gênants ; pour d’autres, elle n’est qu’une incidente dans un exposé qui traite d’un autre sujet que celui de l’égalité. Aussi vaut-il la peine d’examiner plus attentivement sa portée.

Le contexte

L’Épître aux Galates1 est un vigoureux plaidoyer pour la vie dans la foi, à partir de la conversion et pour toute la marche chrétienne. Après un rappel historique (ch. 1 et 2), l’apôtre Paul poursuit par un développement doctrinal (ch. 3 et 4).

Les Galates avaient reçu l’Esprit par la foi (3.1-5), tout comme Abraham avait été justifié par la foi (3.6-9). Tout retour à la loi aurait donc signifié se placer sous sa malédiction, alors que cette dernière avait déjà été portée par Christ à la croix (3.10-14). Les promesses reçues par Abraham n’ont pas été annulées plus tard par la loi, mais trouvent leur plein accomplissement en Christ (3.15-18). Entretemps, la loi a montré que tous étaient pécheurs (3.19-22) et elle a joué son rôle pour nous conduire à Christ (3.23-25).

Ainsi, les promesses de bénédiction faites il y a si longtemps à Abraham deviennent désormais la possession de ceux qui, par la foi, s’attachent à Christ. Paul décrit ce changement par trois verbes : « être baptisé en Christ », « avoir revêtu Christ » (3.27) et « être à Christ » (3.29). À ceux-ci, plusieurs titres glorieux sont donnés :
– ils sont fils de Dieu (3.26),
– ils sont un en Jésus Christ (3.28),
– ils sont héritiers selon la promesse (3.29).

L’égalité devant le salut par la foi

Le rapide survol du contexte montre à l’évidence que le propos de Paul est premièrement la relation entre la loi et la foi, et non pas, à proprement parler, les relations entre chrétiens. Il souligne essentiellement que le salut par la foi, l’accès à la position de fils de Dieu et le statut d’héritier de la promesse, sont ouverts à tous.

1. Au Grec comme au Juif : Sous l’ancienne alliance, les païens (symbolisés ici par les Grecs) étaient « sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Éph 2.12). Les privilèges de l’accès direct à Dieu étaient réservés au peuple élu ¬— la descendance physique d’Abraham. Désormais, le salut est ouvert à tous, indépendamment de toute considération de race (Act 10.28,34-35). L’Église de Jésus Christ est une entité nouvelle et distincte, composée d’ex-Juifs et d’ex-païens (1 Cor 10.32.)

2. À l’esclave comme à l’homme libre : Même s’il était protégé dans la loi de Moïse, le statut de l’esclave dans le monde antique gréco-romain le ravalait au rang d’objet, qu’on pouvait acheter ou vendre et dont on pouvait disposer au même titre qu’une pièce de mobilier. Paul reconnaît implicitement la valeur universelle de l’être humain, en gommant la différence sociale. Le salut s’adresse au maître comme au serviteur. La controverse de Valladolid 2 montre qu’on a continué à s’interroger pendant des siècles sur la possibilité de salut d’êtres considérés inférieurs !

3. À la femme comme à l’homme : Sous l’ancienne alliance, les femmes n’avaient pas un accès direct au sanctuaire : les sacrificateurs étaient tous des hommes ; le signe visible de l’alliance, la circoncision, ne s’appliquait qu’aux mâles. Dans le monde antique, le statut de la femme n’était guère enviable : elle était trop souvent exploitée et méprisée. Désormais, l’Esprit est répandu sur tous, « fils et filles » (Act 2.17), ses dons s’étendent à tous, le signe du baptême concerne les hommes comme les femmes.

Ainsi le salut est-il accordé sans considération de race, de statut social ou de sexe. Comme l’annonçait autrefois Ésaïe, il est véritablement pour « toute chair » (És 40.5 ; Luc 3.6) et il crée cette glorieuse unité en Jésus Christ (Gal 3.28) : une seule famille, un seul peuple, une seule Église, un seul corps.

Des différences qui subsistent

Toutefois cette égalité fondamentale n’annihile pas les distinctions évoquées par Paul. Chaque croyant par la foi garde sa race, son statut social, son sexe. Ces distinctions ne sont pas un obstacle à son accès au salut, pas plus qu’à sa marche par la foi.

1. Les auteurs du N.T. soulignent volontiers l’origine ou la race des personnes qu’ils évoquent.

2. Des exhortations adaptées sont adressées aux maîtres comme aux esclaves, établissant la pérennité des distinctions sociales et la nécessité de les vivre différemment comme chrétiens. Le communautarisme temporaire du début de l’Église à Jérusalem n’a pas été érigé en norme et le christianisme n’a pas révolutionné l’ordre social antique, même s’il a introduit les germes d’un changement profond.

3. Les rôles de l’homme et de la femme, en particulier dans le cadre du mariage, sont précisés, ainsi que la conduite mutuelle. Pierre, par exemple, exhorte les maris à tenir compte de la féminité de leurs épouses (1 Pi 3.7).

Il serait donc hasardeux de se baser sur ce seul passage pour récuser toute différence entre les chrétiens : ce serait changer la magnifique diversité de la création de Dieu (l’ancienne comme la nouvelle) en un égalitarisme trompeur. Le changement fondamental est que ces différences ne sont plus un obstacle pour vivre ensemble la foi. Au contraire, ceux qui avaient autrefois un avantage se trouvent souvent devancés par ceux qui n’en avaient pas : les païens ont vite été plus nombreux dans l’Église, l’Évangile touche plus facilement les pauvres que les riches (1 Cor 1.26 ; Matt 11.5 ; 19.23) et les femmes ne sont-elles pas majoritaires dans nos diverses communautés ?

Une évolution progressive au cours des siècles

Il nous est difficile aujourd’hui de concevoir à quel point l’affirmation de Paul était révolutionnaire dans un Empire romain où toutes ces distinctions créaient des barrières quasi infranchissables. Un rapide survol des vingt siècles qui ont suivi montre à quel point les directives de l’apôtre ont été difficiles à mettre en œuvre, y compris dans les pays les plus influencés par la foi chrétienne.

1. Il a fallu au moins une génération pour que la distinction entre Juifs et Grecs s’estompe dans l’Église. En dépit de la vision de Pierre (Act 10-11), des discours et des lettres de Paul, le clivage a perduré entre les judéo-chrétiens et les pagano-chrétiens, comme le montre la fin du troisième voyage missionnaire de Paul (Act 21). Il faudra attendre la destruction du temple de Jérusalem en l’an 70 pour que « ce qui est ancien » et qui avait bien vieilli disparaisse enfin (Héb 8.13). Au cours des siècles qui suivirent, il est honteux de noter que les pays christianisés ont souvent fait montre d’un racisme plus ou moins apparent, en particulier vis-à-vis des Juifs, bafouant ainsi dans les faits (et même parfois dans les dogmes) la déclaration de l’apôtre.

2. Il a fallu près de 18 siècles pour que l’esclavage soit enfin reconnu comme ce qu’il est : un asservissement intolérable de l’homme par l’homme. Il appartient à un chrétien anglais, William Wilberforce, d’avoir tracé la voie3 que d’autres, en différents pays, emprunteront à sa suite pour abolir cette pratique inhumaine. On ne peut qu’être étonné d’apprendre que des chrétiens convaincus et fidèles ne voyaient aucun obstacle à utiliser des esclaves dans leurs plantations, leurs fabriques ou leurs maisons.

3. Il a fallu près de 20 siècles pour que l’égalité entre les hommes et les femmes devienne enfin une réalité sociale. Rappelons que le droit de vote des femmes date en France de 1945 ! Et ce n’est sans doute pas un hasard si la plupart des pays occidentaux où la Bible était plus largement répandue ont précédé l’Hexagone en la matière. L’Église s’est parfois demandé si les femmes avaient une âme… Dans ce domaine, il reste sans doute bien des obstacles à une pleine mise en pratique de la position biblique, mais ces réticences sont plus souvent dues à la culture et à la peur du changement qu’à une saine compréhension des textes. Les excès du féminisme ne doivent pas servir de prétexte à un conservatisme frileux…

Une mise en pratique à revisiter sans cesse

Il est facile de stigmatiser les excès d’autrefois. La question s’adresse cependant à chacun de nous et à chacune de nos églises : comment vivons-nous aujourd’hui ce « un » en Christ dans lequel nous sommes introduits ?

1. La tentation du repli communautaire sommeille en chacun de nous. Il est plus facile de louer Dieu avec ceux qui pensent comme nous, ont été élevés comme nous, vivent comme nous. Le développement des églises dites « ethniques » en Occident en témoigne. Or nous sommes appelés à vivre avec des frères et sœurs d’arrière-plan culturel (on n’ose plus dire racial…) différent. La mondialisation et les mouvements de population qui en résultent sont une opportunité pour enrichir nos églises de la diversité du peuple de Dieu à travers toute la terre.

2. Même si c’est moins le cas qu’autrefois, la condition sociale, la profession, l’éducation continuent à ségréguer les hommes. L’Église devrait être le lieu par excellence de la mixité sociale que nos gouvernants recherchent. Relisons Jacques 2 et sachons accueillir le pauvre aussi bien que le riche, sans favoritisme. Ainsi sera démontrée (même imparfaitement) notre égalité de position devant Dieu (2 Cor 8.15).

3. La troisième égalité (entre homme et femme) est certainement la plus délicate à vivre dans nos églises, et l’on se gardera donc d’apporter des réponses universelles. Il appartient à chaque communauté de rechercher dans la prière et l’écoute mutuelle comment la vivre au quotidien, en conciliant des textes qui paraissent parfois contradictoires (1 Tim 2 ; 1 Cor 11 ; 1 Cor 14, pour ne citer que ceux-là) et en tenant compte de son propre contexte culturel, social, historique. Il me semble que les différences d’interprétation, qui tiennent largement à l’ordre dans lequel ces textes sont considérés, ont été voulues par Dieu pour éviter d’imposer un schéma unique, et pour permettre de vivre en fonction du contexte propre à chaque époque et à chaque pays, dans le respect des principes intemporels et universels de la Parole de Dieu. Évitons à tout prix, sur ces sujets sensibles, de nous « mordre » et de nous « dévorer » les uns les autres (5.15). Qui nierait que ces sujets ont trop souvent été l’occasion du déploiement des « œuvres de la chair » (« querelles, jalousies, animosités, disputes, divisions ») ? Sachons les aborder, au contraire, en recherchant le fruit de l’Esprit (« paix, bienveillance, douceur, patience »). Au sein de nos foyers, vivons dans la pensée de cette égalité devant Dieu du mari et de la femme. Cette égalité pourra se montrer tout autant dans un meilleur partage des tâches ménagères que dans la juste considération de la pleine place de « sœur » qu’un mari reconnaîtra à son épouse chrétienne.

Au final, l’enjeu se situe au niveau de notre regard sur l’autre. L’appréciation de mon frère (ou de ma sœur) tient-elle à la couleur de sa peau, à sa profession, à son sexe ? Ou bien est-il « celui pour lequel Christ est mort » (1 Cor 8. 9), aimé de Dieu exactement du même amour, sauvé par le même sang de Jésus, destiné à la même gloire éternelle ? Laissons de côté nos préjugés et nos échelles de valeur si influencées par les normes du monde pour entrer dans l’égalité des enfants de Dieu.

L’unité finale et parfaite

Si magnifique que soit la déclaration de Paul, notre réalisation actuelle sur terre se heurtera toujours à notre faiblesse et à nos fautes. Nous attendons la gloire céleste de la présence de Dieu où Jésus va nous introduire pour vivre pleinement et définitivement ces égalités.

1. Autour du trône de l’Agneau, la louange s’élèvera du cœur de croyants de « toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation » (Apoc 5.9), tous également rois et sacrificateurs. Les anciens clivages de race auront disparus et l’habitation de Dieu sera avec tous les hommes, indistinctement.

2. Le repos du ciel se conciliera avec l’activité des esclaves de l’Agneau (Apoc 22.3). Les hiérarchies terrestres temporelles auront disparu et la seule seigneurie sera celle de celui dont le nom sera sur le front des élus.

3. Les distinctions sexuelles seront vécues différemment (Matt 22.31)4 et ne seront plus jamais l’occasion d’une domination pécheresse (Gen 3.17).

Alors nous serons à toujours et parfaitement « un en Jésus Christ ».

1 Voir Promesses, n° 162, Galates ou la passion de l’Évangile, pour un traitement plus approfondi de cette épître.
2 En 1550, un débat fut organisé à Valladolid (Espagne) entre le dominicain Las Casas et le philosophe Sepulveda sur la question suivante : les Indiens ont-ils une âme ? Le contexte était celui de la conquête de l’Amérique par les Espagnols et de l’esclavage des Indiens qui s’est ensuivie. Si les Indiens étaient reconnus pour avoir une âme, ils devaient être considérés comme des êtres humains à part entière, les Conquistadors devaient renoncer à leurs pratiques et les Indiens devaient être évangélisés pacifiquement. La question fut tranchée positivement, ce qui n’empêcha pas l’esclavage d’être pratiqué, ni l’évangile d’être imposé par la force.
3Voir Promesses, n° 160, William Wilberforce, p. 20-21.
4 La réponse de Jésus aux questions concernant notre identité dans le monde à venir ne permet pas de déterminer si nous conserverons une différenciation sexuelle. Le fait que notre identité sexuelle soit une part fondamentale de notre identité personnelle, qui demeurera éternellement dans sa singularité (1 Cor 15.41-42), incline plutôt à répondre positivement.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)