Ebed-Melec : Un Africain modèle en temps de crise (Jérémie 38-39)

 

L’histoire s’est passée à Jérusalem il y a environ 2600 ans. L’armée des Chaldéens campait au pied des murs de la ville. Le prophète Jérémie parcourait la ville en en prédisant la chute imminente et en encourageant le roi Sédécias, les princes et le peuple à se rendre. La peur régnait, ainsi que les maladies et la famine. Il était clair que la fin était proche, mais la classe dirigeante n’avait pas encore saisi cette réalité nouvelle. Elle était plus préoccupée de se sentir aux commandes que de se soumettre à la voix de Dieu révélée par l’intermédiaire de Jérémie. « Et les princes dirent au roi : Qu’on fasse donc mourir cet homme ! car pourquoi rend-il lâches les mains des hommes de guerre qui sont de reste dans cette ville, et les mains de tout le peuple, en leur parlant selon ces paroles ? car cet homme ne cherche point la prospérité de ce peuple, mais le mal. » Dans ces jours de tension qui menaient à la chute de Jérusalem, un esclave éthiopien nommé Ebed-Mélec servait dans le palais royal (38.4-7). Peu de temps avant l’invasion des Chaldéens, le Seigneur Tout Puissant a envoyé un message à ce païen de la classe ouvrière « car certainement je te sauverai, et tu ne tomberas pas par l’épée ; et tu auras ta vie pour butin » (39.18). Qu’est-ce qui rendait Ebed-Mélec différent des autres habitants de Jérusalem ?

  1. Ebed-Mélec — un homme compatissant

Le mot hébreu pour Ebed signifie « serviteur », et Melec « roi ». Le nom de cet eunuque éthiopien est mentionné six fois dans l’Écriture, et tout ce que nous savons à son sujet se trouve dans les chapitres 38 et 39 de Jérémie. La première fois, il nous est dit qu’il venait d’entendre que les princes du roi « avaient mis Jérémie dans la fosse » (38.7). Étant donnée l’impopularité du message de Jérémie et la crise à Jérusalem, il est tout à fait plausible que les dirigeants aient voulu le réduire au silence. Pourquoi Ebed-Mélec aurait-il tenu à s’impliquer ? Il est certain que ce qui était arrivé à Jérémie n’était pas de sa responsabilité.

Lorsque nous rechignons à agir, beaucoup de bonnes raisons font surface dans notre esprit pour justifier notre passivité. N’est-ce pas le travail du Seigneur que de défendre ses serviteurs ? Peut-être que le Seigneur est en train de polir le caractère de Jérémie par la souffrance ? Jérémie doit mourir un jour, pourquoi pas cette semaine ? Après tout, personne n’est indispensable dans le travail pour le Seigneur ! Mais Ebed-Mélec avait cultivé la compassion dans son cœur. Ce cœur sensible ne lui permettait pas de rester indifférent. Combien il est aisé d’être absorbé dans l’affairement sans fin de notre petit monde : mes études, ma famille, ma maison, mon travail, mon église locale, mon confort, mon avenir. S’il nous faut être utile au Seigneur dans une sphère plus étendue, nous avons besoin de cultiver la compassion dans notre cœur, un cœur qui nous poussera à écouter, à voir et à sentir au delà de nos responsabilités habituelles.

  1. Ebed-Mélec — un homme vertueux en harmonie avec Dieu

La fosse était profonde. Jérémie avait du mal à y bouger et à y trouver du repos, englué dans une boue épaisse. Il était transi, fatigué et affamé. Que font les prophètes dans de telles circonstances ? Vous êtes-vous déjà retrouvé désespérément réduit à l’impuissance ? Dans le livre des Lamentations, Jérémie décrit cela, ou une situation critique très similaire, dans un langage poétique : « J’ai invoqué ton nom, ô Éternel, du fond de la fosse. […] Au jour où je t’ai invoqué, tu t’es approché, tu as dit : Ne crains pas ! » (Lam 3.55,57) Après une telle douce proximité, le Seigneur lui-même vient délivrer son serviteur. S’il a permis à Pierre de marcher sur les eaux, il aurait pu permettre à Jérémie de marcher sur de la boue ! Si Élie a été enlevé dans les airs, alors le Seigneur aurait pu facilement tirer Jérémie hors de la fosse. Mais, comme il le fait habituellement, le Seigneur préfère agir par l’intermédiaire d’agents humains de bonne volonté. Qui à Jérusalem était toujours sensible à sa voix ? Qui le Seigneur pouvait-il utiliser ?

Sédécias, le roi de Juda, aurait pu être l’instrument idéal de Dieu. Il avait 32 ans, et régnait depuis 12 ans. Il était dans la meilleure situation pour intervenir. Mais moralement, c’était un homme faible. Son sens du bien et du mal avait été émoussé par des années de compromis politique. C’était en vue de son propre avantage qu’il satisfaisait ses princes (38.4-5). Ce danger nous guette également. Il arrive parfois que les responsables d’églises soient davantage enclins à se conformer à l’humeur de leurs amis ou de leur congrégation qu’à discerner la pensée de Christ. Dans l’affaire de Jérémie, n’y avait-il donc aucun auditeur en harmonie avec Dieu ? Ebed-Mélec possédait des convictions morales claires : il avait écouté Jérémie et il considérait que ce qui avait été fait à Jérémie était « mal » ou « méchant ». Par conséquent, il préparait son cœur à y porter remède. Que faisons-nous quand nous sentons que quelque chose est mauvais ? Nous détournons nos yeux si facilement. « Il faudrait vraiment faire quelque chose… », avons-nous tendance à dire. « Peut-être n’est-ce pas si mal que ça ? », commençons-nous à penser. La maturité morale est le fruit d’un exercice régulier : « … la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux qui, par l’usage, ont le sens exercé au discernement du bien et du mal. » (Héb 5.14). Même aujourd’hui, le Seigneur recherche des hommes et des femmes pieux pour porter remède au mal. Le Seigneur peut-il nous utiliser ?

  1. Ebed-Mélec — un homme audacieux qui a rompu le silence

Ebed-Mélec a quitté le palais, est allé trouver le roi et a dit : « Ô roi, mon seigneur, ces hommes ont mal agi en traitant de la sorte Jérémie, le prophète. » (38.8-9) Ce sont des paroles hardies de la part d’un serviteur devant son maître. Les rois, habituellement, n’aiment pas être repris, en particulier sur les sujets moraux. Et pourtant, en son for intérieur, le roi Sédécias savait qu’Ebed-Mélec avait raison. Il a tout de suite fourni à Ebed-Mélec 30 hommes pour faire « monter Jérémie le prophète hors de la fosse, avant qu’il meure » (38.10). Il y avait peut-être d’autres personnes à Jérusalem qui savaient ce qu’on avait fait à Jérémie et se sentaient mal à l’aise, mais elles ont choisi de garder le silence. Quand vous faites part de votre souci, vous vous impliquez dans le problème. Peut-être qu’on vous fera subir le même sort qu’à celui que vous défendez. Votre loyauté vis-à-vis de la cause du peuple peut être remise en question. Il faut de l’audace pour rompre le silence. Il faut de la conviction pour tenir ferme face au courant. Vous avez peut-être remarqué quelque chose qui a besoin d’être corrigé : de la mondanité qui entre insidieusement chez vous, une attitude morale incorrecte qui devient normale sur votre lieu de travail, une décision ou une pratique en conflit avec l’Écriture qui est acceptée par les chrétiens avec lesquels vous êtes en communion. Il est à remarquer qu’Ebed-Mélec n’a pas déclenché une campagne pour destituer le roi et ses princes. Il a utilisé les moyens appropriés. Il a été l’instrument qui a fait changer l’avis du roi à ce sujet. Il a calmement expliqué avant d’agir. De mauvaises façons d’agir ont gravement porté préjudice à beaucoup de bonnes causes, nobles et morales. Nous sommes appelés à faire le travail de Dieu, mais à la manière de Dieu.

  1. Ebed-Mélec — un homme conséquent, qui a pesé de tout son poids

Vous avez besoin d’avoir les yeux ouverts et les oreilles attentives pour détecter un problème. Vous avez besoin d’un cœur compatissant pour vous identifier avec un malheureux. Vous avez besoin de hardiesse pour faire connaître votre sentiment. Et pourtant, Ebed-Mélec ne s’est pas contenté d’idées, de mots et de négociations. Il a pris des hommes, des chiffons, des cordes, « et ils tirèrent Jérémie dehors avec les cordes, et le firent monter hors de la fosse. » (38.11-13) Il s’est sali les mains et a mis tout son poids dans la balance.

Lorsque le Seigneur nous met un souci brûlant au cœur, il veut nous voir agir d’une manière ou d’une autre. Penser et parler, ce n’est pas assez. Si le Seigneur vous met à cœur la condition spirituelle d’un ami ou d’un parent, le fardeau ne s’allègera que lorsque vous commencerez à agir. Priez. Écrivez-lui un email ou une carte. Envoyez-lui un CD de musique ou un livre. Invitez-le à un évènement chrétien. Recherchez activement des opportunités. Le Seigneur a accordé à ses disciples de voir les besoins dans le champ de la moisson, et ensuite il leur a demandé de prier : « Suppliez donc le Seigneur de la moisson, en sorte qu’il pousse des ouvriers dans sa moisson. » Un peu plus tard, Jésus envoie ces douze pour travailler dans ce champ de la moisson (Matthieu 9.35 à 10.16). Chez Ebed-Mélec, nous voyons l’heureuse concordance entre le cœur et les mains, entre le souci et l’implication pratique, entre les paroles et l’action …

  1. Ebed-Mélec — un homme calme qui a choisi de faire confiance à Dieu

Jérémie tiré de la fosse, l’attention s’est de nouveau portée sur la crise globale : l’invasion imminente. Le roi Sédécias et Ebed-Mélec étaient tous deux effrayés par l’armée brutale qui assiégeait la ville. Peut-être Ebed-Mélec était-il aussi effrayé à l’idée de ce que lui réservaient les princes du roi en représailles pour avoir aidé Jérémie. Le roi Sédécias a fait appeler Jérémie secrètement, et lui a demandé un message de la part du Seigneur. Le message de Jérémie n’avait pas changé : « Si tu sors franchement vers les princes du roi de Babylone, ton âme vivra et cette ville ne sera point brûlée par le feu » (38.17) Rien qu’à l’idée d’obéir à cet ordre, Sédécias était paralysé de peur. Qui craignait-il ? « Je crains les Juifs qui sont passés aux Chaldéens. » (38.19) Pourquoi les craignait-il ? Parce que Sédécias et ses princes avaient maltraité ceux qui essayaient de se rendre. Ils les avaient appelés déserteurs et traîtres. Ceux-ci avaient été arrêtés et battus (37.13-15). Sédécias savait qu’il était dans une position difficile : pour se rendre aux Babyloniens, il aurait dû faire ce qu’il avait précédemment condamné. Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une situation similaire ? Avez-vous été capable de reconnaître et d’admettre avoir mal agi ? Les erreurs publiques exigent une confession publique.

Jérusalem est tombée. Les Babyloniens ont incendié la ville. Les enfants de Sédécias ont été tués devant lui. Il a été enchaîné, ses yeux ont été crevés, et il est mort à petit feu en exil. Sédécias a payé le prix fort pour avoir résisté à la direction du Seigneur. Nous pouvons voir ici une image vivante des tristes effets du manque d’humilité dans la conduite chrétienne, que ce soit à la maison ou dans l’assemblée. Si nous ne sommes pas disposés à écouter sa voix et à ajuster notre comportement en conséquence, nous perdrons nos « yeux » — notre aptitude à percevoir la direction à venir. Nous resterons enchaînés et limités par des schémas et des traditions malsains. Nous cesserons d’être des modèles pour nos enfants — nous perdrons la génération qui vient. Nous serons source de douleur pour les autres. Et finalement, nous mourrons, mais très loin de là où le Seigneur aurait voulu nous bénir. Et au sujet d’Ebed-Mélec ? Il a vécu en paix : « En ce jour je te délivrerai, dit l’Éternel, et tu ne seras pas livré entre les mains des hommes que tu crains. Je te sauverai […] parce que tu as eu confiance en moi. » (39.17-18) Libre et comblé de bénédictions, avec la joie et la légèreté de cœur qui viennent par l’obéissance, Ebed-Mélec est calmement retourné dans l’ombre.

Conclusion

Vous n’êtes peut-être pas un conducteur. Ebed-Mélec non plus. Vous avez peut-être choisi de vous installer dans une vie chrétienne passive à cause de votre nationalité, de votre race, de votre manque de force virile, de votre âge ou de votre position sociale. Ebed-Mélec était désavantagé sur de nombreux plans, mais aujourd’hui, plus de deux millénaires et demi après sa mort, ses actions nous servent toujours de modèle ! Dans les mains du Dieu Tout-puissant, vous et moi pouvons aussi changer le cours des choses.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

Écrit par