Diverses formes de la spiritualité chrétienne

Dieu a créé les êtres humains avec une infinie variété de personnalités. Si ce constat est évident pour la première création, il vaut aussi pour la nouvelle création. Chaque croyant a sa propre relation avec le Seigneur, sa propre façon de vivre la commune foi, sa propre spiritualité.
Il est possible, au risque d’une schématisation excessive, de distinguer quelques grands types de spiritualités au sein du christianisme et, plus particulièrement, au sein du mouvement évangélique. Ce dernier se caractérise par la force de sa référence à la Bible et par son insistance sur une expérience personnelle avec Dieu. Toutefois, l’accent mis sur la spiritualité des mouvements en vient parfois à « gommer » la diversité des approches au sein même des évangéliques. Nous allons tenter de les regrouper en quelques grandes catégories.[note]Cet article s’inspire librement en grande partie de réflexions glanées dans des messages donnés par Louis Schweitzer et Philippe Fournier. Qu’ils en soient remerciés.[/note]

Cinq types polaires de spiritualités

La spiritualité d’orthodoxie

Le croyant proche de cette spiritualité met l’accent sur la doctrine, sur la rigueur de la formulation théologique. Il est très attentif à « garder le bon dépôt de la foi ». Il cultive une relation avec le Dieu de vérité, au travers d’une étude suivie et réfléchie de l’Écriture.
Ses livres bibliques de prédilection se trouvent plutôt du côté des Épîtres de Paul, en particulier l’Épître aux Romains. Il s’intéresse à l’apologétique et à la théologie systématique. Il aime à conceptualiser sa foi. Sa vie de prière est nourrie de références à l’Écriture. Il aime chanter les credos ou les textes bibliques mis en musique.
Les points forts de cette approche tiennent à la fidélité à la révélation divine, au maintien de la foi apostolique dans un contexte où elle est remise en question.
Elle n’est cependant pas exempte de danger : facilement, le chrétien « intellectualisant » peut prendre ses propres chevaux de bataille pour le cœur de l’évangile et mettre sur le même plan des points secondaires, (parfois basés sur un seul verset), avec des points fondamentaux (attestés, eux, par de nombreux textes clairs). Il peut adopter une attitude de supériorité vis-à-vis de ceux qui sont moins « éclairés » que lui, ou cultiver le syndrome du dernier des fidèles ou du rempart de la vérité.

La spiritualité de sainteté

Le croyant met l’accent sur l’exigence d’une vie de disciple consacrée et sur la poursuite de la sainteté pratique. Il examine volontiers sa conduite et cherche à se conformer aux nombreuses injonctions pratiques qu’il trouve dans la Bible. Plus que sur la doctrine, il insiste sur la mise en pratique et cherche à vivre pour plaire à son Seigneur « à tous égards ».
Il est particulièrement sensible au sermon sur la montagne de l’Évangile selon Matthieu ou au livre des Proverbes. Sa vie de prière fait une belle place à la confession. Il apprécie les chants de consécration inspirés du piétisme.
Ses points forts tiennent au fait que la doctrine, si elle n’est pas traduite en pratique, est morte. Celui qui reconnaît Jésus comme son Sauveur personnel, qui se sait justifié éternellement devant Dieu, doit également accepter Jésus comme son Seigneur et « poursuivre la sainteté », dans un engagement constamment renouvelé du quotidien.
Le risque est alors d’adopter un code de règles par lequel il croit plaire à Dieu et à l’aune duquel il juge tout autre chrétien qui y déroge. Il peut aussi chercher désespérément à atteindre un niveau de perfection qu’il n’aura qu’au ciel et s’enfoncer dans un perfectionnisme frustrant et desséchant.

La spiritualité contemplative

Le chrétien cherche à établir une relation intime et directe avec Dieu. Sa foi le pousse à méditer sur Dieu, à chercher à ressentir sa présence, son onction. Il peut voir Dieu dans la création quand il s’arrête pour contempler un beau soleil couchant. Il passe volontiers du temps à méditer sur la croix ou sur le ciel.
Il relit volontiers les dernières paroles de Jésus à ses disciples dans l’Évangile selon Jean et cherche à « demeurer en lui ». Le Cantique des cantiques l’inspire dans sa relation presque « amoureuse » avec son Seigneur. Il apprécie les expressions poétiques des chants romantiques ou les invocations répétées sur la grandeur de Dieu. Ses prières peuvent facilement s’interrompre pour faire place au silence et à la contemplation.
Le chrétien contemplatif comprend que Dieu n’est pas réductible à un corpus doctrinal, si juste soit-il, ou à une conduite irréprochable ; la relation avec Dieu est une relation de personne à personne, qui doit être réellement vécue et qui doit nécessairement toucher les sentiments.
Néanmoins, il est possible de s’abîmer tellement dans la contemplation qu’on en oublie les contingences actuelles, la réalité de la vie dans ce monde à laquelle nous sommes appelés. Les élans mystiques sont parfois trompeurs et peuvent faire dévier d’une saine et sobre prise de conscience de la distance qui demeure entre le Dieu infini et sa créature limitée.

La spiritualité charismatique

En prenant le terme dans un sens plus large que le seul courant qui porte ce nom, la spiritualité de type charismatique englobe les chrétiens qui cherchent à voir Dieu à l’œuvre. Ils sont sensibles à son action à travers des réponses à des prières, des paroles fortes reçues comme des messages directs du Seigneur, des directions face aux décisions à prendre, etc.
Ces frères et sœurs apprécient de relire le livre des Actes ou le livre de l’Exode. Ils font monter à Dieu des prières hardies, en demandant son intervention directe et immédiate. Ils chantent des hymnes de victoire et de confiance.
Ils alertent les autres chrétiens sur le danger de limiter l’action de Dieu à la petitesse de notre foi. Ils connaissent un Dieu agissant, proche de ses enfants. Ils montrent le chemin d’une foi vivante, alimentée par les réponses reçues et basée sur la victoire qu’ouvre l’œuvre de Christ sur le mal et le diable.
Toutefois ils risquent de valoriser exagérément l’expérience et de la placer au-dessus de la révélation objective de Dieu. Ils peuvent être très déstabilisés par la survenance d’épreuves ou de contretemps qui ne rejoignent pas leur attente de l’action divine.

La spiritualité de l’action

Un croyant attiré par ce type de spiritualité est très sensible à l’action du chrétien dans le monde. Il s’implique dans des actions humanitaires, cherche à pousser les réformes de société qui vont dans le sens d’une plus grande justice et d’une meilleure égalité et peut s’engager concrètement dans la vie politique. Il est conscient des enjeux écologiques et milite volontiers pour la paix et l’égalité entre les sexes.
Il aime relire l’Évangile selon Luc où l’accent est mis sur les pauvres, les exclus, les femmes. Les reproches d’un Amos font écho en lui. Il intercède volontiers pour les autorités, même si sa vie de prière et de chant n’est pas toujours sa priorité.
Son point le plus positif tient à la cohérence entre son amour envers Dieu et son amour envers son prochain. Dire qu’on aime Dieu sans le traduire en actes concrets est un leurre.
Mais, du fait de toutes ses activités, il peut en arriver à oublier de prendre du temps de ressourcement avec le Seigneur, à brusquer les autres sous prétexte d’efficacité et à penser que son action va amener le royaume de paix sur terre, alors qu’il faudra attendre le retour du Seigneur pour qu’il soit effectif.

Une spiritualité ou des spiritualités ?

Sans doute vous êtes-vous un peu reconnu dans ces divers portraits, rapidement brossés. Ou bien avez-vous pensé que, bien équilibré, vous preniez finalement le meilleur de chaque spiritualité ? Ne nous leurrons pas : personne ne peut viser au parfait équilibre. L’important n’est d’ailleurs pas de rejeter la spiritualité qui nous attire le plus : Dieu nous a créés différents et il est normal qu’il en soit ainsi ; ce n’est qu’au travers de la diversité et de la complémentarité des personnalités et de leurs spiritualités dans l’Église de Jésus-Christ que « la sagesse infiniment variée de Dieu » est connue par les dominations et les autorités dans les lieux célestes (Éph 3.10).
Il importe cependant que nous soyons conscients de trois éléments importants :

  • Le crible de toute spiritualité est la norme établie par l’Écriture. Non pas que la spiritualité d’orthodoxie soit supérieure aux autres, mais parce que ce n’est que la Bible qui peut d’une part nous éclairer sur ce qui plaît à Dieu et sur la façon dont il souhaite entrer en relation avec nous, et d’autre part nous garder des excès. L’expérience doit toujours être contrôlée par la doctrine.
  • C’est pourquoi il est primordial d’être lucide sur les dangers que nous fait courir le type de spiritualité qui nous est le plus proche. Veillons aux dérives toujours possibles et écoutons ceux qui, peut-être parce qu’ils sont moins sensibles à cette approche, en discernent mieux les écueils.
  • Enfin, même si la maturité chrétienne ne signifie pas le changement total de notre personnalité, restons ouverts aux spiritualités qui nous sont les moins proches et cherchons à apprendre à rencontrer Dieu d’une manière un peu différente de celle qui nous est la plus familière.
    Ne négligeons pas, non plus, l’influence que peut avoir sur notre spiritualité personnelle celle qui se rencontre le plus fréquemment dans l’église locale que nous fréquentons. Une église de type pentecôtiste sera sans doute plus accueillante pour une personne sensible à la piété charismatique, tout comme une communauté de l’Armée du salut plus proche d’une spiritualité de l’action, pour ne prendre que deux exemples. Toutefois, il serait dommage que les églises locales ne soient pas (ou plus) capables d’accueillir et de laisser prospérer tous les types de spiritualités : quel enrichissement quand un frère plus « charismatique » encourage un frère plus « orthodoxe » à attendre l’action de Dieu et quand ce dernier, à son tour, montre au frère charismatique, qui s’étonne de ne pas recevoir de réponse à sa prière, que nous ne sommes « pas encore » dans le temps de la pleine manifestation de la puissance du Seigneur.

L’exemple de Jésus-Christ

Puisque nous sommes « chrétiens » (« petits christs ») et cherchons à suivre l’exemple du Maître, nous osons poser la question : quelle était la spiritualité de l’homme Jésus ? Nous partons du postulat, étayé par tant de textes irréfutables de l’Écriture, que Jésus fut le seul homme parfait, sans péché, absolument équilibré qui ait vécu sur terre. Aussi n’est-il pas étonnant que nous trouvions dans sa spiritualité des éléments des cinq types recensés plus haut. En témoignent des récits des Évangiles, dans la mesure où les Évangélistes ont pu percevoir la forme de piété de Jésus. En témoignent aussi des expressions des Psaumes, dont les citations fréquentes dans le N.T. montrent qu’ils peuvent valablement être compris, pour une large part, comme des paroles de Jésus :

  • Les fréquentes allusions que Jésus fait dans ses discours à l’A.T. montre qu’il se laissait enseigner : « Ta loi est au fond de mon cœur » (Ps 40.9) ; « Il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, pour que j’écoute comme écoutent des disciples. » (És 50.4) Toute sa vie était en conformité avec la parole divine qu’il interprétait comme nul autre (cf. Jean 8.28)
  • Quant à la sainteté, Jésus pouvait dire à ses détracteurs : « Qui de vous me convaincra de péché ? » (Jean 8.46) Absolument « saint, innocent, sans tache », il n’a jamais bronché — en rien.
  • Comme homme dépendant, nous le voyons souvent en prière, prenant de longues heures pour cultiver la communion avec son Père, dans un lieu désert (cf. Luc 4.42).
  • Jésus s’attendait aussi à une action directe, immédiate de Dieu : par exemple, juste avant de ressusciter Lazare, il rend grâces car il se sait déjà exaucé (Jean 11.41). Sur la croix, il cite le Psaume 31 : « Je remets mon esprit entre tes mains » — et le Psaume continue : « Tu me délivreras, Éternel, Dieu de vérité ! » — ce qui fut le cas par la résurrection.
  • Enfin, il a toujours porté une attention touchante aux besoins de ceux qui l’entouraient. Jusque sur la croix, où il oublie ses propres souffrances pour donner l’assurance du salut au brigand repentant et réconforter sa mère.

La norme du Maître sera toujours inaccessible sur terre, mais encourageons-nous à progresser vers « l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éph 4.13), dans une spiritualité toujours plus riche et plus équilibrée.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)