Disciplines spirituelles : dangers possibles !

Il y a presque vingt ans, j’ai écrit un essai intitulé « Quand la spiritualité est-elle spirituelle ? Réflexions sur certains problèmes de définition ».
J’aimerais approfondir ici un aspect de ce sujet.
Il faut tout d’abord rappeler le cadre plus général de la discussion. « Spirituel » et « spiritualité » sont devenus des mots notoirement vagues. Dans l’usage courant, ils ont presque toujours une connotation positive, mais ils sont rarement utilisés selon leur sens biblique. Les gens se considèrent comme « spirituels », parce qu’ils ont une certaine sensibilité esthétique, ou parce qu’ils ressentent une sorte de lien mystique avec la nature, ou parce qu’ils adoptent une version très personnelle d’une des nombreuses religions (mais « religion » est un mot qui a tendance à prendre une connotation négative, tandis que « spiritualité » a une connotation positive). Cependant, selon les termes de la nouvelle alliance, seule peut être considérée comme « spirituelle » la personne qui a l’Esprit saint, répandu sur les personnes régénérées. L’alternative, selon la terminologie de Paul, est d’être « naturel » — simplement humain — et non « spirituel » (1 Cor 2.14). Pour le croyant dont le vocabulaire et les concepts sur ce sujet sont façonnés par l’Écriture, seul le chrétien est spirituel. Puis, par une extension évidente, les chrétiens qui manifestent des vertus chrétiennes sont spirituels, puisque ces vertus sont le fruit de l’Esprit. Ceux qui sont « de simples enfants en Christ » (1 Cor 3.1), s’ils sont vraiment en Christ, sont spirituels dans la mesure où ils sont habités par l’Esprit, mais leur vie peut laisser beaucoup à désirer. Cependant, le N.T. ne qualifie pas les chrétiens immatures de non spirituels, comme si la catégorie « spirituelle » devait être réservée uniquement aux plus mûrs, à l’élite des élus : c’est une erreur répandue dans une grande partie de la spiritualité de tradition catholique romaine, dans laquelle la vie spirituelle et les traditions spirituelles se rapportent souvent à des croyants qui veulent transcender l’ordinaire. Une telle vie « spirituelle » est généralement liée à l’ascétisme et parfois au mysticisme, aux ordres religieux, et à différentes techniques qui vont bien au-delà de l’ordinaire du chrétien lambda.
En raison de l’usage répandu du mot « spirituel », bien au-delà de l’usage du N.T., le langage des « disciplines spirituelles » s’est également étendu à des domaines qui font réagir ceux qui aiment l’Évangile. De nos jours, les disciplines spirituelles peuvent inclure la lecture de la Bible, la méditation, l’adoration, le don d’argent, le jeûne, la recherche d’un moment de solitude, la communion, les actes de service, l’évangélisation, l’aumône, l’écologie, la tenue d’un journal, le travail missionnaire, etc. Elles peuvent comprendre des vœux de célibat, de l’autoflagellation et des psalmodies de mantras. Dans l’usage courant, certaines de ces disciplines prétendument spirituelles sont totalement distinctes de toute doctrine spécifique, quelle qu’elle soit, chrétienne ou autre : elles ne sont qu’une question de technique. C’est pourquoi certains disent parfois : « Pour la doctrine, adhérez bien sûr à la confession de foi évangélique, mais quand il s’agit de disciplines spirituelles, passez au catholicisme ou peut-être au bouddhisme ». Ce qui est universellement présupposé par l’expression « discipline spirituelle », c’est que de telles disciplines sont destinées à accroître notre spiritualité. Du point de vue chrétien, cependant, il n’est tout simplement pas possible d’augmenter sa spiritualité sans posséder le Saint-Esprit et se soumettre à son enseignement et à son pouvoir de transformation. Les techniques ne sont jamais neutres. Elles sont inévitablement chargées de présupposés théologiques, souvent méconnus.
Comment évaluerons-nous cette approche répandue des disciplines spirituelles ? Comment devrions-nous penser aux disciplines spirituelles et à leur relation avec la spiritualité telle que définie par l’Écriture ? Voici quelques réflexions préliminaires :

1. La recherche de la connaissance mystique de Dieu sans intermédiaire n’est pas autorisée par l’Écriture et elle est dangereuse à plus d’un titre.

Peu importe que cette recherche soit entreprise dans le cadre, disons, du bouddhisme (bien que les bouddhistes éclairés ne parlent probablement pas de « connaissance mystique de Dieu sans intermédiaire » — ils laisseraient tomber « de Dieu »)[note]Cf. Keith Yandell and Harold Netland, « Buddhism: A Christian Exploration and Appraisal », IVP, 2009.[/note] ou, dans la tradition catholique, par Julienne de Norwich[note]Religieuse mystique anglaise (1342-1416) dont la pensée se nourrissait de visions et qui prônait l’universalisme. (NDLR)[/note]. Aucune des deux voies ne reconnaît que notre accès à la connaissance du Dieu vivant passe exclusivement par Christ, dont la mort et la résurrection nous réconcilient avec le Dieu vivant. Rechercher la connaissance mystique de Dieu sans médiation, c’est annoncer que la personne de Christ et son œuvre sacrificielle en notre faveur ne sont pas nécessaires à la connaissance de Dieu. Malheureusement, il est facile de se complaire dans des expériences mystiques, agréables et stimulantes en elles-mêmes, sans rien connaître de la puissance régénératrice de Dieu, fondée sur l’œuvre de Christ à la croix.

2. Nous devrions nous demander ce qui cautionne telle discipline spirituelle particulière.

Pour des chrétiens conscients du rôle régulateur de l’Écriture, rien, assurément, ne peut être considéré comme une discipline spirituelle à moins d’être mentionné dans le N.T. Cela élimine donc non seulement l’autoflagellation, mais aussi l’action écologique. Sans doute, cette dernière est, au moins, une bonne chose à faire : elle fait partie de notre responsabilité comme gardiens de la création de Dieu. Mais il est difficile de trouver un appui scripturaire pour considérer une telle activité comme une discipline spirituelle, c’est-à-dire comme une discipline qui augmente notre spiritualité. La Bible dit beaucoup de choses sur la prière et sur le fait de serrer la Parole de Dieu dans nos cœurs, mais peu de choses sur l’action écologique ou la psalmodie de mantras.

3. Certains éléments de la liste sont légèrement ambigus.

Quelques exemples :
– D’une part, la Bible ne dit rien du tout sur tenir un journal quotidien. D’autre part, si tenir son journal quotidien est simplement un moyen pratique pour aider à un auto-examen soigneux, à une lecture attentive de la Bible et à une vie de prière sincère, cette activité ne peut pas être écartée de la même façon que l’autoflagellation.
– L’apôtre déclare que le célibat est une chose excellente, pourvu que l’on ait reçu ce don (le mariage et le célibat sont nommés charismata, « dons de grâce »), et pourvu que ce soit pour un engagement plus grand dans le ministère (1 Cor 7). D’un autre côté, rien ne suggère que le célibat soit un état intrinsèquement plus saint, et absolument rien dans les développements de la nouvelle alliance ne cautionne le retrait dans un monastère de moines ou de nonnes célibataires qui se sont physiquement retirés du monde pour devenir plus spirituels.
– La méditation n’est pas bonne en elle-même. Cela dépend en grande partie de l’objet sur lequel on médite. Est-ce un point noir imaginaire sur une feuille blanche ? Ou bien est-ce la loi du Seigneur (Ps 1.2) ?

4. Même les disciplines spirituelles reconnues comme telles par presque tout le monde ne doivent pas être mal comprises ou mal utilisées.

L’expression même peut être trompeuse : la discipline spirituelle, comme si la maîtrise de soi, l’exigence de l’autodiscipline permettaient en elles-mêmes d’être plus spirituel. De telles principes et associations mentales ne peuvent mener qu’à l’arrogance ; pire encore, ils conduisent souvent à un moralisme condescendant : d’autres ne sont peut-être pas aussi spirituels que moi, car je suis suffisamment discipliné pour avoir un excellent moment de prière ou une parfaite méthode de lecture de la Bible. Or, l’élément véritablement transformateur n’est pas la discipline en elle-même, mais la valeur de la tâche accomplie : la valeur de la prière, la valeur de la lecture de la Parole de Dieu.

5. Il ne sert à rien d’énumérer les différentes responsabilités du chrétien et de les appeler disciplines spirituelles.

Cela semble être le raisonnement qui sous-tend la théologie qui introduit, par exemple, l’action écologique ou l’aumône. Mais par le même raisonnement, si par compassion chrétienne vous massez le dos d’une vieille dame qui a mal au dos et à l’épaule, alors le massage du dos devient une discipline spirituelle. Avec un tel raisonnement, toute obéissance chrétienne est une discipline spirituelle, c’est-à-dire qu’elle nous rend davantage spirituels. Classer les disciplines spirituelles de cette manière a deux conséquences fâcheuses :
– Premièrement, si chaque acte d’obéissance est une discipline spirituelle, alors cela banalise les moyens de grâce sur lesquels la Bible insiste expressément : la prière, par exemple, et la lecture sérieuse et la méditation de la Parole de Dieu.
– Deuxièmement, une telle façon d’envisager les disciplines spirituelles nous incite subtilement à penser que la croissance dans la spiritualité ne demande rien de plus que de se conformer aux exigences d’un grand nombre de règles, et d’y obéir scrupuleusement. Certes, il n’y a pas de maturité chrétienne manifeste s’il n’y a pas d’obéissance. Pourtant, la Parole insiste aussi beaucoup sur la croissance dans l’amour, dans la confiance, dans la compréhension des plans du Dieu vivant, dans le travail de l’Esprit pour nous remplir et nous fortifier.

6. Pour ces raisons, il semble que la sagesse consiste à restreindre l’appellation « disciplines spirituelles » aux activités prescrites par la Bible, dont il est explicitement dit qu’elles augmentent notre sanctification, notre conformité à Jésus-Christ, notre maturité spirituelle.

Lorsque Jésus, en Jean 17, prie pour que son Père sanctifie ses disciples par la vérité, il ajoute : « Ta parole est la vérité. » Il n’est pas étonnant que les croyants aient longtemps appelé des notions comme l’étude de la vérité de l’Évangile un « moyen de grâce » — une belle expression, moins susceptible d’être mal interprétée que celle de « disciplines spirituelles ».

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)