Dieu sur la place publique

Quelques réflexions sur les chapitres 8 et 9 des Proverbes

« La sagesse ne crie-t-elle pas ?
L’intelligence n’élève-t-elle pas sa voix ?
C’est au sommet des hauteurs près de la route,
C’est à la croisée des chemins qu’elle se place ;
À côté des portes, à l’entrée de la ville,
À l’intérieur des portes, elle fait entendre ses cris :
Hommes, c’est à vous que je crie,
Et ma voix s’adresse aux fils de l’homme.
L’Éternel m’a acquise au commencement de ses voies,
Avant ses œuvres les plus anciennes.
J’ai été établie depuis l’éternité,
Dès le commencement, avant l’origine de la terre.
La sagesse a bâti sa maison,
Elle a taillé ses sept colonnes.
Elle a égorgé ses victimes, mêlé son vin,
Et dressé sa table.
Elle a envoyé ses servantes, elle crie
Sur le sommet des hauteurs de la ville :
Que celui qui est stupide entre ici !
Elle dit à ceux qui sont dépourvus de sens :
Venez, mangez de mon pain,
Et buvez du vin que j’ai mêlé ;
Quittez la stupidité, et vous vivrez,
Et marchez dans la voie de l’intelligence ! »

(Prov 8.1-4,22-23 ; 9.1-6)

Pendant le siècle qui vient de prendre fin, plusieurs ont accusé Dieu de mutisme, d’indifférence ou d’incohérence. Chaque nouvelle catastrophe humaine semblait les renforcer dans leur protestation. Mais comme on ne fait pas le procès de Dieu sans dresser un acte d’accusation au-dessus de tout soupçon, ces dénonciateurs ont juré que leur démarche présentait toutes les garanties d’honnêteté, d’objectivité, et d’humanisme désintéressé. Dans leur foulée, les courants anti-chrétiens, qui ont porté la mentalité contemporaine vers l’athéisme pratique qu’on lui connaît, ont régulièrement affiché une sincérité, une « authenticité » qui ont fait croire que notre époque était sur le point de s’ouvrir à de nouvelles formes de sagesse.

Or, les nouvelles sagesses, à l’examen, n’ont rien de révolutionnaire en elles-mêmes. Qu’elles viennent d’Orient ou d’Occident, elles se proposent comme toujours de rendre notre vie plus raisonnable, plus riche de sens, plus harmonieuse, ou plus épanouie. Bref, elles se présentent comme des perches de salut qu’il suffit de saisir — ou de repousser, personne n’y étant astreint. Elles comportent, comme toutes les sagesses antiques, une vision du monde (les anciens parlaient de cosmogonie, les modernes se contentent d’une analyse historique, anthropologique, ou sociologique) ; elles en tirent quelques principes directeurs, une éthique, et parfois, une orientation politique (« verte », « rose », « rouge », etc.). Elles sont souvent tentées par les généralisations métaphysiques (nouvelles formes d’ascèses, nouvelle religiosité ; sectes, tendances alternatives, Nouvel Âge). Forts de ces éléments, les nouveaux sages tentent d’extérioriser leur philosophie aussi fidèlement que possible, car leur crédibilité et leur réalisation personnelle en dépendent.

Il est vrai que les masses populaires, imprégnées de l’ambiance post-moderne ultra-permissive, se contentent d’un minimum de contraintes et de valeurs. Toutefois, hier comme aujourd’hui, la sagesse (ou son apparence) reste admirée, même au sein des mouvances les plus débridées. Comme toujours, elle se veut théoriquement fiable et pratiquement efficace. Elle a ses maîtres, ses prêtres, ses experts, ses gourous, ses lamas ; elle recherche des disciples.

Quant au présent article, il s’efforcera de dépeindre, en se fondant sur les chapitres 8 et 9 (jusqu’au v. 12) du livre des Proverbes, un tout autre visage de la sagesse : celui de la Sagesse divine, radicalement distincte de celle des hommes réputés sages.

1. Allégorie ou réalité ?

Ces versets mettent en scène la Sagesse (ou l’Intelligence) personnifiée : la Sagesse parle, invite, exprime divers avis, proclame, promet, raconte ses œuvres, met en garde, exhorte. Faut-il n’y voir qu’un procédé littéraire propre à rendre le sujet plus concret ? Ne s’agit-il que d’une allégorie destinée à réveiller les égarés et les simples ?

Le lecteur de l’Ancien Testament aurait pu le comprendre ainsi. Mais pour le croyant familier de l’Évangile, ces versets sont clairement prophétiques de la personne et de l’œuvre de Christ. Si cette interprétation se justifie, nous verrons que la notion biblique de « sagesse » renverse de fond en comble nos conceptions générales sur Dieu, sur nos relations avec lui, sur nos moyens de salut et sur les fondements d’un comportement dit de « bonne moralité ».

2. Où la rencontre-t-on ?

Il n’est pas nécessaire d’être un philosophe né, de s’user de longues années sur des bancs d’université ou de couvent, de se livrer à des rites initiatiques, de participer à des voyages intersidéraux, ou d’accéder à des états de conscience modifiée pour la rencontrer. Elle vient à nous, se tient à la croisée des chemins, bien en évidence sur les hauteurs de la ville, près des portes et des foules (8.2,3 ; 9.3).

Ces détails du texte des Proverbes annoncent le ministère spécifique du Messie, de l’Envoyé de Dieu, d’Emmanuel – Dieu parmi nous (Jean 1.1-18). « Je suis le pain de vie. » (Jean 6.35) « Je suis la lumière du monde. » (Jean 8.12a) «Je suis la résurrection et la vie. » (Jean 11.25a) « Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive… » (Jean 7.37) « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14.6) « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Mat 11.28) Ce ministère se poursuit actuellement par l’action de la Parole écrite et du Saint-Esprit (Jean 16.12-15), et par le témoignage de l’Église (peut-être préfigurée dans le ch. 9 des Proverbes sous la forme des « servantes » de la Sagesse, v. 3a).

Du reste, la Sagesse incarnée ne se lasse pas de se faire entendre et comprendre ; elle élève la voix jusqu’à crier, de peur que les passants ne lui accordent aucun crédit (8.3,4 ; 9.3). Pour qui ne ferme pas volontairement ses oreilles, la voix de Dieu retentit de manière explicite, sans ambiguïté. À travers la Création, bien sûr (Ps 19.2-5), mais surtout par le Fils révélé dans l’Écriture : « Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils … Le Fils est le reflet de sa gloire et l’empreinte de sa personne… » (Héb 1.2a et 3a) Alors que se multiplient les voix mensongères, les contrefaçons de la vérité, les séductions de tous ordres (Mat 24.4,5,11,23,24), la voix puissante et unique de la Sagesse divine continue d’affirmer sa différence, et le temps est proche où l’on pourra constater que la « bonne nouvelle du royaume » a été « prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations » (Mat 24.14a ; cf. Rom 10.16-18).

3. Qui peut la rencontrer ?

Tous les hommes qui se laissent interpeller et qualifier de « stupides », d’« insensés » (8.5 ; 9.4,6). L’entrée en matière est fort rude, mais Christ n’a jamais flatté l’homme. Sa compassion et son amour infinis l’ont au contraire amené à déclarer sans ambages qu’il était venu pour sauver des hommes en danger de mort éternelle, des pécheurs, des êtres profondément malades et corrompus. Se mettre à l’écoute de la Sagesse divine implique que l’on se reconnaisse en complet déficit de sagesse et de ressources pour l’accomplissement de notre salut : « Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu, il a plu à Dieu dans sa sagesse de sauver les croyants par la folie de la prédication » (1 Cor 1.21). Le paradoxe doit aller jusque là !

Dans notre texte des Proverbes, tous les auditeurs de la Sagesse ne sont pas naturellement prédisposés à se reconnaître comme perdus, car certains semblent s’être entourés de toutes sortes de choses précieuses à leurs yeux (8.11), et il se peut qu’ils se soient accoutumés à rejeter ce qui provient de la source divine (8.33), ou même à s’en moquer (9.12). Mais la Sagesse plaide, et plaide encore pour les arrêter dans leur course folle, sachant qu’aucun retournement d’âme et de conscience n’est exclu.

4. Les prérogatives de la Sagesse

Parmi ses qualités, nous retenons que la Sagesse :

– est droite, juste et vraie absolument (8.6-8) ;
– est limpide pour ceux qui la reçoivent (8.9) ;
– est la science, le discernement, et l’intelligence à l’état pur (8.10-12) ;
– hait le mal et la perversité (8.13) ;
– possède la force qui mène au succès véritable et durable (8.14) ;
– est souveraine sur toute forme d’autorité humaine (8.14-16) ;
– est infiniment riche et généreuse envers ceux qui lui font confiance (8.18-21) ;
– existe de toute éternité en présence de Dieu (8.22-25), ou, comme le formulaient les Pères de l’Église, est éternellement engendrée et consubstantielle au Père ;
– a été l’instrument de la Création divine (8.27-31) ;
– est source de vie (8.35 ; 9.11) et conduit le croyant jusque dans la présence de Dieu (8.35).

Aucun homme de l’Ancien Testament, aussi sage ait-il été, n’a réuni en lui-même autant de perfections, loin s’en faut. Cette fiche signalétique de la sagesse personnifiée ne peut désigner que Jésus-Christ . En effet, toutes les qualités énumérées ci-dessus montrent à l’évidence que la Sagesse issue de Dieu est unique, incomparable, inégalable, comme ne peut l’être que le Fils unique de Dieu. Mais ce qui devrait nous bouleverser par dessus tout, c’est que toute son activité est prioritairement orientée vers l’homme misérable, et qu’elle semble brûler du désir d’attirer cet homme à Dieu, en lui conférant ses qualités mêmes avec la plus entière bonté et générosité. Comme si Dieu, à travers son Fils, n’avait pas de plus grande passion que de créer la vie (physique et spirituelle), ou de la recréer lorsque le péché la met en péril. N’est-ce pas, en condensé, toute l’œuvre de la grâce de Dieu qui apparaît ici, et tout le contraire d’une philosophie fondée sur l’autosuffisance ou sur le mérite humains ?

En explorant le texte des Proverbes plus avant, on peut même discerner que l’œuvre de la Croix et de la mort expiatoire de Christ apparaissent comme en filigrane. Le début du chapitre 9 (v. 2-5) fait allusion à des « victimes » qui ont été rendues nécessaires en vue du grand banquet de la Sagesse. Le « pain » et le « vin » ont également été préparés. Ce langage renvoie au récit de la Pâque et au culte lévitique, dont la signification ultime culmine dans l’offrande du corps de notre Seigneur et dans l’aspersion de son sang. Ces actes fondateurs de notre salut inaugurent non une nouvelle philosophie, mais une nouvelle relation entre l’homme et Dieu.

5. Réalité nouvelle

Pour qui répond favorablement à l’invitation de la Sagesse, une nouvelle sphère spirituelle devient accessible. Ayant désormais l’assurance de l’approbation de Dieu (8.35), se sachant aimé de Dieu (8.17), recevant quotidiennement les instructions justes, droites et bonnes de son Père céleste (8.6-10) ainsi que ses bénédictions (8.21 ; 9.11), le « fils de la Sagesse » peut se dire heureux et comblé (8.32,34). Le voilà rendu capable de vivre de manière réellement sage, et de tirer parti des préceptes, des conseils, des trésors de la Parole du Père.

À moins que son ancienne mentalité et manière de vivre ne le rattrapent… Car pour être juste, il faut admettre que les enfants de Dieu, censés vivre de Christ et selon sa Parole, ne se comportent pas automatiquement en enfants sages. Notre texte des Proverbes en laisse transparaître quelque chose, lorsqu’il signale que le sage a parfois besoin d’être repris (9.8b), et que la sagesse reçue ne dispense pas de l’écoute soigneuse et quotidienne de la voix de notre divin maître (8.32-34).

Quel est le plus grand danger de dérapage sur notre route de chrétiens ? Chaque lecteur le sait sûrement, comme je le sais : c’est le retour de notre très naturelle, instinctive et détestable « arrogance », de notre « orgueil » et de nos faux raisonnements (cf. 8.13), car alors nous nous croyons sages et supérieurs en nous-mêmes. Le triste exemple de Satan devrait nous revenir beaucoup plus vite en mémoire.

Et quelle est notre plus grande sécurité sur cette route ? N’est-ce pas d’expérimenter que notre Sauveur s’occupe de notre progression, et se réjouit de nos progrès (cf. 9.9) ? Si nous nous égarons, ou si nous nous targuons d’une sagesse personnelle au-dessus de la moyenne, le Seigneur est contraint de nous rappeler notre « stupidité » originelle. Mais si nous nous repentons, il se plaît ensuite à nous pardonner, à nous relever, à nous assister dans notre marche, que nous voulons conforme à sa parfaite volonté.

Deux encouragements de l’Écriture termineront ce bref commentaire :

– « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée. » (Jac 1.5)
– « À celui qui peut vous affermir selon mon Évangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère caché pendant des siècles, … à Dieu seul sage soit la gloire aux siècles des siècles, par Jésus-Christ ! Amen ! » (Rom 16.25,27)

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)