Dieu aux prises avec le mal

Le mal, un mystère

D’où provient le mal ? Ceux et celles qui étudient sérieusement la doctrine du péché se verront tôt ou tard confrontés à cette question particulièrement angoissante. Existe-t-il une réponse à cette interro-gation ? Certains théologiens soutiennent que oui, élaborent des thèses sur le sujet afin de démontrer l’origine du mal. Cependant, nous sommes de l’avis des théologiens évangéliques qui maintiennent le caractère absolument énigmatique du mal et son origine. Comme l’exprime fort à propos le professeur Henri Blocher, « l’énigme du mal est le seul mystère ‘opaque’ de l’Écriture ».2 Énigme que même les yeux de la foi ne parviennent pas à percer !

Cette confession du mystère du mal n’est cependant pas l’aveu de l’échec devant une réalité (celle du péché) qui échapperait complètement à l’entendement de l’homme.3 Elle est en fait la reconnaissance d’une réalité qui, bien que présente dans l’expérience humaine, ne sonne pourtant pas au diapason de la réalité du monde créé : si le mal dérange, c’est parce qu’il ne s’arrange à rien ; le mal n’étant pas lui-même de création divine, il est par conséquent dérangement de l’ordre créé. Ou dit autrement : le mal est dérèglement qui corrompt et détruit la création de Dieu. Et c’est bien en raison du fait que le mal n’a pas sa place dans le créé qu’il nous apparaît comme mystère. Si le mal n’était pas ainsi mystérieux, il serait alors tout à fait possible de l’expliquer. Mais l’expliquer, ne serait-ce pas du même coup tenter de le justifier, comme s’il était un maillon nécessaire de la chaîne ? Et s’il était effectivement possible de le justifier, ne serait-ce pas en fin de compte Dieu qu’il faudrait blâmer d’avoir produit un si grand fléau ? Si donc le mal ne s’explique pas, c’est uniquement parce qu’il est étranger à la vie de Dieu, et non parce qu’il échappe à notre intelligence.

D’autres mystères sont contenus dans l’Écriture. La grâce de Dieu est un de ces mystères. L’énigme de la grâce, cependant, est bien différente de l’énigme du mal. Car le mystère de la grâce, contrairement au mystère du mal, ne gît ni dans la terreur ni dans la souffrance, mais dans la pure lumière de la bonté divine ; il s’agit d’un mystère lumineux et délicieux pour l’intelligence. Quant au mal, il sera toujours souffrance pour la raison humaine, puisque l’absence d’origine et le statut d’étranger à la création de Dieu de celui-ci apparaîtront toujours à celle-ci comme une énigme angoissante : si Dieu n’est pas l’auteur du mal, si le péché n’est pas « originé » de lui, d’où le mal a-t-il pu surgir ?

Le mal et l’homme

Toute souffrance requiert une consolation. Il serait vain cependant de chercher un soulagement à la « souffrance cognitive » qu’engendre le mal via l’avenue du savoir rationnel. Car la véritable consolation s’obtient non par une soi-disant connaissance théorique du mal, mais dans la confession de sa propre culpabilité. C’est pourquoi toute tentative d’élucidation du mal dans le but de le justifier (et ainsi soulager sa conscience) doit être considérée comme un refus de confesser son propre péché. L’Écriture ne permet aucun écart à ce sujet : jamais en effet elle ne donne à penser que l’homme serait pour ainsi dire « atteint » par la présence du mal sans que ne soit pris en considération sa propre responsabilité et culpabilité. Il faut se garder de ce piège : « Que nul pécheur n’imagine qu’il peut s’excuser en imputant à Dieu la causalité du mal. »4 La Bible nous dépeint en effet l’homme dans toute sa culpabilité, où lui seul est à blâmer : « Car il n’y a pas de distinction : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. » (Rom 3.23).

Ainsi, dans l’étude du problème du mal, l’homme est entièrement impliqué parce que c’est aussi le récit de son péché et de sa culpabilité qu’il entend étudier. Dans ce domaine, nul n’a le droit d’adopter une attitude désinvolte qui ressemblerait à du « cela-ne-me-concerne-pas ! ». Bien au contraire, chaque homme ne peut que s’humilier et confesser qu’il a, lui aussi, commis le mal. Cette dernière attitude est à vrai dire la seule par laquelle la question du péché peut être correctement abordée.

On ne saurait trop insister sur le lien étroit qui existe entre la question de l’origine du mal et la culpabilité du pécheur. Ce lien, bien entendu, n’a rien d’une construction théorique artificielle. Il s’agit en fait du lien fondamental qui nous permet de « prendre conscience » de la présence du péché dans la création : le péché « existe » parce que l’homme a choisi le péché. On ne peut aller au-delà de ce lien. Car situer le péché à l’extérieur de la volonté humaine reviendrait à placer son origine dans la substance même de la création, donc à faire du Dieu créateur l’auteur du mal. Or la Bible ne permet jamais une telle supposition. C’est aussi ce lien qui a conduit le théologien néerlandais Herman Bavinck à dire avec tant de justesse et de réalisme que « le péché n’a pas d’origine, mais seulement un commencement ».5 Chaque chose créée a son origine en Dieu. Or, si le péché avait aussi sa propre origine, il faudrait alors admettre qu’il procède de Dieu, ce que l’Écriture nous interdit formellement d’affirmer. Il ne reste alors qu’à reconnaître que le péché a seulement un commencement, et que ce commencement coïncide avec la libre décision humaine de pécher.

Est-ce donc dire qu’il y aurait eu une faille lors de la conception de la créature humaine, une sorte de fissure dans sa liberté ? Peut-on sur ce point suivre Thomas d’Aquin, qui disait que « des créatures faillibles doivent bien défaillir quelquefois » ? Ou encore d’autres théologiens, C.S. Lewis par exemple, qui ont conclu qu’il « est essentiel à la liberté de pouvoir pécher, de pouvoir dire non à Dieu comme de pouvoir lui dire oui »6 ? Une telle faille inhérente à la liberté humaine n’est toutefois pas possible. Car tout ce que Dieu a créé était non seulement bon, mais encore très bon, la création de l’homme incluse (Gen 1.31). Certes, la Bible atteste à maintes reprises que l’introduction du péché dans le monde relève de l’usage de la liberté créée. Jamais cependant elle n’impute de fêlure à cette liberté ; elle ne résout pas l’énigme douloureuse du mal par l’affirmation d’une liberté déficiente. Car la liberté de l’homme a aussi été créée bonne, voire très bonne ! Autrement Dieu serait l’auteur du mal à titre de possible :

« Ou bien on prétendrait, pour l’excuser, que Dieu ne pouvait pas créer la liberté autrement : on poserait alors une nécessité extérieure à Dieu, s’imposant à Dieu même. Ou bien on devrait chercher dans la nature de Dieu la source du mal virtuel inhérent à la liberté ; Dieu serait compromis avec le mal. » 7

Face au mal, une consolation

Si le mal est donc si mystérieux, que reste-t-il alors à espérer ? Où tourner les yeux, quand le mal qui nous afflige et que l’on inflige demeure inexplicable ? Vers qui, vers quoi aller afin de trouver liberté et consolation ? Puisqu’il n’y a pas de solution à l’énigme du mal, existe-t-il au moins une consolation ? Et si une telle consolation existe, en quoi consiste-t-elle ? Comment la trouver, l’obtenir ? De plus, « la présence de cette énigme non résolue, de ce mystère blessant, est-elle une faiblesse, peut-être un vice irrémédiable de la doctrine biblique »8 ? Il faut admettre que cette dernière question est fort légitime, car on ne doit pas renoncer facilement à la nécessité de la cohérence et de l’harmonie des représentations théologiques, et on ne plonge pas volontiers dans la notion de mystère.

Heureusement, la Bible offre une consolation au problème du mal. Quant à son énigme, l’Écriture préserve pleinement le mystère. Car une réponse rationnelle au « pourquoi ? » du mal atténuerait inévitablement son caractère scandaleux ; une telle « solution » nierait en effet le « mal du mal ». La consolation qu’offre l’Écriture face à ce mystère est composée de trois thèses fondamentales.

1. « Le mal est mauvais totalement, radicalement, absolument. »9 Le témoignage biblique ne laisse planer aucun doute à ce sujet : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien » (És 5.20) ; « Ayez le mal en horreur. » (Rom 12.9)

2. La maîtrise de Dieu sur tout événement est entière : « Dieu est souverain totalement, radicalement, absolument. »10 Le mal n’est donc pas une réalité indépendante de Dieu et son vouloir ; il ne lui « glisse pas entre les doigts ». Une fois de plus, le témoignage de l’Écriture est explicite : Dieu opère tout selon son plan (Éph 1.11) ; il est au ciel et « il fait tout ce qu’il veut » (Ps 115.3).

3. À ces deux premières thèses, on doit ajouter le grand a priori biblique, selon l’expression de Berkouwer : la bonté, la sainteté et la pureté de la majesté de Dieu11 : « Dieu est bon totalement, radicalement, absolument. »12 Dieu ne supporte pas la vue du mal (selon Hab 1.13, ses yeux sont « trop purs pour voir le mal »). C’est pourquoi on ne peut lui imputer de complicité avec le mal. L’apôtre Paul dira de Dieu qu’il « habite une lumière inaccessible » (1 Tim 6.16). Selon Jean, Dieu est lui-même lumière, car « il n’y a pas en lui de ténèbres » (1 Jean 1.5). Jacques affine ce portrait, en affirmant que « Dieu ne peut être tenté par le mal et ne tente lui-même personne » (Jac 1.13).

Ces trois thèses, bien sûr, n’entendent pas expliquer l’énigme du mal. Par contre, elles procurent au chrétien l’assurance de la parfaite détermination de Dieu d’éliminer le mal. Elles nous dépeignent en effet Dieu tel qu’il est : il a le mal en horreur et il ne le laissera pas subsister. C’est d’ailleurs en s’approchant de Dieu que le chrétien prendra progressivement conscience du caractère absolument scandaleux du mal. Se rapprocher de la pure lumière de Dieu, c’est en même temps s’apercevoir que celui-ci n’a aucune participation avec les œuvres des ténèbres. Au contraire, il les combat et les détruit sans merci. Quelle consolation pour le croyant de savoir que le Dieu qu’il adore n’est pas pour mais contre le mal !

La force de la doctrine évangélique du péché réside donc dans son absence de solution : il n’y a pas de solution au problème du mal parce que, justement, il n’y a pas de raison au mal : « La faiblesse apparente de la doctrine biblique se révèle comme l’une de ses plus grandes forces ! Ce n’est pas par hasard si l’événement central est aussi celui qui illustre le plus solennellement les « trois vérités » [les trois thèses] : à la Croix, le Dieu d’amour triomphe du mal ! »13

NOTES
1 De la Faculté de théologie évangélique de l’Université Acadia, à Montréal. L’auteur s’inspire largement, dans cette étude, des ouvrages d’Henri Blocher sur le thème retenu.
2 Henri Blocher, Fac étude : la doctrine du péché et de la rédemption, premier fascicule, nouvelle édition révisée et augmentée, Vaux-sur-Seine, Édifac, 1997, p. 14.
3 Comme le déclare fort bien Gordon J. Spykman, « une ‘théodicée du péché’ [la défense de Dieu] est hors de question. » Et d’ajouter : « Cette conclusion n’est pas la fuite d’un esprit vaincu cherchant refuge dans l’asile de l’ignorance […] L’origine du mal demeure un mystère inexplicable. » Gordon J. Spykman, Reformational Theology : A New Paradigm for Doing Dogmatics, Grand Rapids, Eerdmans, 1992, p. 311.
4 Henri Blocher, Le Mal et la Croix, Méry-sur-Oise, Sator, 1990, p. 139.
5 Herman Bavinck, cité par G. C. Berkouwer, Sin, Grand Rapids, Eerdmans, 1980, p. 18.
6 Henri Blocher, Fac étude, op.cit., p. 16.
7 Ibid., p. 18.
8 Ibid., p. 19.
9 Ibid., p. 14.
10 Henri Blocher, Fac étude, op.cit., p. 14.
11 G. C. Berkouwer, op.cit., p. 26.
12 Henri Blocher, Fac étude, op.cit., p. 14.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)