Dieu a-t-il échoué avec Saül ?

La nation désire un roi, « comme il y en a chez toutes les nations » autour d’elles (1 Sam 8.5). Alors, Dieu leur donne Saül.
Pourquoi Dieu a-t-il choisi cet homme pour couronner le premier roi humain de son peuple ? La chose étonne d’autant plus lorsque nous considérons le plan de tout le premier livre de Samuel. En effet, après avoir suscité Samuel comme dernier juge et grand prophète (ch. 1 à 7), Dieu appelle un homme, Saül, à régner (ch. 8 à 12) pour finalement le rejeter (ch. 13 à 15) au profit d’un autre, David (ch. 16 à 31). La première impression laisse un goût amer. Dieu se serait-il trompé, lui qui confiera à son prophète : « Je me repens d’avoir établi Saül pour roi » (1 Sam 15.11) ?

1. Un schéma biblique récurrent

Pour sortir de cet étonnement paralysant, prenons un peu de recul et considérons le récit biblique dans son ensemble. Nous allons, en quelque sorte, accéder à un point de vue plus englobant pour admirer un paysage trop imposant de près.
Lorsque Dieu s’apprête à choisir un homme lors d’un moment-clé de son dessein, il le fait régulièrement dans un contexte d’opposition : il disperse Babel et appelle Abraham, il « hait » Ésaü et « aime » Jacob, il détruit Pharaon et libère Israël, il renie Saül et oint David. Dieu spécifie ainsi les critères qui rendent une personne « bonne » à ses yeux, c’est-à-dire apte à accomplir son dessein, et ce, au-delà des apparences souvent prisées par l’homme (1 Sam 16.7 ; cf. Jean 15.5 ; Rom 7.18).
Au-delà d’un système moral, ces critères fondent une spiritualité qui affecte tous les aspects d’une vie. Lorsque Dieu dévoile un peu plus son dessein dans l’histoire des hommes, il le fait en contrecarrant la façon dont les hommes voudraient conduire cette histoire. Il rejette des motivations et des valeurs purement humaines au profit de sa propre vision et de ses propres valeurs spirituelles. Chaque fois qu’un individu ou une civilisation dominants sont rejetés au profit d’une nation ou d’un homme « selon le cœur de Dieu », nous entendons à nouveau la déclaration forte de Dieu : « mes pensées ne sont pas vos pensées, vos voies ne sont pas mes voies » (Ésaïe 55.8). Tâchons de comprendre plus en détail cette distinction profonde entre ses pensées, ses voies et celles de l’humanité.

2. Mes pensées et vos pensées, vos voies et mes voies

Rejet de Babel au profit de Abram

L’épisode de Babel (Gen 11) se comprend pleinement dans le contexte du choix d’Abraham (il explique Gen 10 et la création des « familles de la terre » qui feront l’objet de la bénédiction abrahamique, Gen 12.3). Babel ne se disperse pas, contrairement au mandat créationnel de Dieu (de se multiplier et de remplir la terre). Sous cette désobéissance, se cache un péché plus fondamental : Babel n’a aucune intention d’honorer le nom de Dieu et de propager sa bonté sur toute la terre. Son ambition de toucher le ciel n’est pas mauvaise en soi (au fond, ce désir a été mis dans le cœur de l’humanité par Dieu lui-même pour qu’elle le cherche en tâtonnant). Le problème vient de la pensée (la vision du monde et les valeurs) qui influence la voie choisie par Babel. Elle n’a nul désir de mieux connaître Dieu (fondement) ni de lui rendre gloire (finalité).
La pensée et les voies de Babel sont rejetées, l’Éternel se choisira un homme, Abram, pour montrer la voie d’une adoration « selon le cœur de Dieu » : une adoration fondée sur une relation avec Dieu et dont la finalité vise sa gloire mondiale. En effet, Abraham, motivé par une relation personnelle avec Dieu, obéit aussitôt à sa parole et bâtit sa réputation d’adorateur du nom de l’Éternel (Gen 12.8 ; et plus tard en 13.18 ; 14.22 ; 21.33 ; cf. Rom 4.11). Il sera béni personnellement afin que cette bénédiction porte, en soi, une bonne nouvelle de la part de Dieu pour tous les peuples (cf. Gen 24.1,27,31 ; 28.4 ; Ésaïe 51.2 ; Gal 3.9 ; Héb 7.1). Abraham est béni pour bénir. Sommes-nous de ceux qui gardent pour eux-mêmes cette bénédiction ou bien qui en font un tremplin pour être aussi en bénédiction pour les autres ? Propagerons-nous, comme c’est le dessein de Dieu depuis le début quand il bénit ses enfants, la bonne nouvelle du salut de Dieu dont nous sommes personnellement les bénéficiaires ?

Rejet d’Ésaü au profit de Jacob

D’autres épisodes éclairent progressivement ce rejet de la pensée et des voies de l’homme naturel au profit de la pensée et des voies spirituelles. Prenons, par exemple, l’épisode d’Ésaü et Jacob. D’un point de vue moral, c’est un euphémisme de dire que Jacob ne paraît pas meilleur que son frère. Dans ce cas, pourquoi Dieu rejettera-t-il l’aîné au profit du cadet ? Pourquoi faire de ce dernier la lignée messianique (Mal 1.2-3 ; Rom 9.10) ? Notamment parce qu’en vendant son droit d’aînesse pour un plat de lentilles (Gen 25.34), Ésaü affirme sa pensée profonde : il préfère un plaisir matériel de court terme à une promesse spirituelle à long terme. Sa moralité ne le sauvera pas, car ses valeurs s’enracinent dans une vision du monde erronée. En revanche, Jacob le « trompeur » court littéralement après la bénédiction de Dieu. Autrement dit, au milieu de ses ruses, il semble saisir que la promesse faite à Dieu à son grand-père Abraham est précieuse. Sa morale ne le sauve pas mieux que son frère (heureusement pour lui !), mais ses motivations s’enracinent dans une vision du monde baignée d’une foi relationnelle avec Dieu. Plus tard, sa lutte avec Dieu confirmera son statut de « transmetteur » officiel : c’est par sa lignée, celle de l’ancien « trompeur » devenu Israël, que le salut viendra (Jean 4.22, 42). Quel honneur fait au pécheur !
Une fois de plus, notez que, dans ce schéma, celui qui est agréé, c’est l’homme ou le peuple (1) qui agit au nom d’une relation spirituelle avec Dieu, et (2) qui vise à glorifier Dieu (au sens où cela rend honneur à son identité et à sa renommée mondiale). L’image est encore incomplète, mais elle se dessine : un fondement relationnel basé sur la grâce de Dieu, et une finalité à sa gloire mondiale.

Rejet de Saül au profit de David

Revenons à Saül. (1) Comme chef militaire, Saül a tout donné, il a remporté de belles victoires, mais la bataille qui lui a coûté la vie a laissé à David un pays très fragilisé. (2) Comme roi, Saül après avoir fait preuve de réticence, a toutefois endossé le rôle. Mais sans prédécesseur qui aurait pu lui fournir un modèle, sans un franc soutien de Samuel, et pressé par ses soldats et l’urgence de la situation, Saül a fini par s’octroyer une capacité et un rôle de sacrificateur qui ne lui revenaient pas (1 Sam 13.9). (3) Comme homme, il a chuté souvent, lutté toujours, parfois même avec honnêteté, regrettant ses excès.
Qui ne lutte pas ? Ne sommes-nous pas, par nature, esclaves du péché ? Saül pouvait-il s’arracher de cette vision naturelle et choisir la pensée et la voie de Dieu ? Oui, car Dieu l’avait « changé en un autre homme » et lui avait donné « un autre cœur » (1 Sam 10.6,9). Sans signifier là « la régénération radicale qui n’appartient qu’à la nouvelle alliance » (F. Godet), il pourrait s’agir d’une compréhension nouvelle des intérêts du pays et d’un discernement de la voie à suivre. Malgré cela, son erreur fut de ne pas s’appuyer sur une vision et des valeurs centrées sur Dieu, mais profondément humaines. Conscient de la désapprobation divine, il l’avouera lui-même à Samuel : « J’ai transgressé l’ordre de l’Éternel […] ; je craignais le peuple, et j’ai écouté sa voix » (1 Samuel 15.24).
L’Éternel se choisit alors David, un chef « selon son cœur » (1 Sam 13.14), c’est-à-dire d’après ses critères de réalité. Yahvé reprend la main, en quelque sorte, et après avoir dénoncé l’impasse du choix des hommes, il montre qu’il est celui qui prend l’initiative de sauver ce peuple pour être son peuple bien-aimé (Deut 4.20).

3. Choix naturel des hommes, le naturel est rejeté par Dieu au profit de son choix

Dieu regrette-t-il ?

Comment Dieu peut-il dire : « Je me repens d’avoir établi Saül pour roi » (1 Sam 15.11) ? Comme le portent d’autres traductions, « regrette-t-il » son geste ? Du point de vue de son amour parfait, il est probable que oui, dans un sens, comme un père est triste de voir son enfant se retourner contre lui (« il se détourne de moi », explique-t-il dans le même verset). Du point de vue de sa parfaite sainteté, Dieu ne regrette jamais ses choix, car « il n’est pas un homme pour se repentir » (v. 29 du même chapitre).

Le principe biblique

Pourquoi, alors, avoir choisi un homme qui allait échouer ? Paul nous éclaire là-dessus, par le biais d’un principe fondamental qu’il va fournir aux Corinthiens : « Ce qui est spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est naturel » (1 Cor 15.46). Prenez le temps de lire le passage entier. D’abord le naturel, puis le spirituel. Il y a là un principe qui explique beaucoup de choses.
Paul appliquera même ce principe à l’histoire des deux meneurs d’humanité : l’un naturel et pécheur (Adam), et l’autre, spirituel, juste et droit (Christ). En rejetant Adam, Dieu rejette la façon dont l’humanité adamique désire mener seule sa barque… au profit de la nouvelle humanité en Christ, vivant selon les pensées et les voies de Dieu (1 Cor 15.47 ; Rom 5.12,15-19). Il y a là plus qu’un exemple supplémentaire : c’est un contraste fondateur. Il jette un éclairage pertinent sur les confrontations entre les choix des hommes et ceux de Dieu – tant dans les récits bibliques que dans nos histoires personnelles.

Un choix stratégique

Alors, pourquoi avoir « choisi » Saül ? Certes, Dieu a oint Saül, mais il le fait notamment pour dénoncer la vision et les valeurs auxquelles la nation s’attache, et les rejeter au profit d’un roi qui défendra sa vision et ses valeurs. La nation désire un roi « comme il y en a chez toutes les nations » (1 Sam 8.5). En cela, sa vision du monde et ses valeurs sont inspirées par la culture ambiante idolâtre et non par la crainte de Dieu (« ils m’ont abandonné, pour servir d’autres dieux », 1 Sam 8.8). L’Éternel leur donne, en quelque sorte, le roi qu’ils méritent. Autrement dit, à cette nation qui suit les penchants « naturels » de l’homme, Dieu donne en « premier », un roi « naturel », qui craint l’homme plutôt que Dieu. Dieu choisit puis rejette Saül pour dénoncer la vision du monde « naturelle » au profit d’une vision « spirituelle » (représentée par la ferveur du jeune David pour défendre l’identité et la réputation de Dieu, 1 Sam 17.26c).
Serait-ce dû, notamment, à la dureté naturelle de notre cœur ? Il semble que Dieu nous pousse dans les retranchements stériles de nos initiatives « naturelles », sans lui, avant de nous permettre de considérer plus sérieusement ses voies, qui découlent d’une vision « spirituelle ». Il nous laisse essayer, tâtonner, échouer, avant de nous tourner vers une vie à sa manière et non plus à la nôtre. Puissions-nous apprendre la leçon de plus en plus rapidement !

4. Faire le bien, mais le faire mal

Voies de l’homme, voies de Dieu

Jésus est présent au milieu de son peuple, mais sommes-nous présents à lui ? Nous connaissons nos valeurs morales et religieuses et nous voulons agir en plein accord avec elles, mais il est possible de les mettre en pratique sans être spirituellement uni à Christ.
On peut faire une chose bonne, mais de la mauvaise façon : adorer Dieu, aimer son prochain, diriger une Église, etc. Comme Saül, nous pouvons être tentés de prendre des raccourcis par crainte des hommes et sous la pression de nos urgences (ce qui est un esclavage issu de cette crainte). Il faut contenter tout le monde : la famille, l’entreprise, la communauté spirituelle, les autorités. Nous souhaitons être aimés, ou du moins respectés. Alors, les raccourcis, nous les connaissons. Ils se basent sur des choses bonnes : des formules pieuses répétées régulièrement, des rites qui rassurent, des rendez-vous qui rassemblent, etc. La tentation est grande de consacrer toute notre énergie à ce qui ressemble à de la piété, mais sans celui qui en fait la force (2 Tim 3.5).
Certains systèmes moraux (y compris les principes chrétiens quand ils sont envisagés comme un système moral seulement) ont tendance à favoriser une bonté comportementale de surface plus qu’ils ne transforment véritablement la vision du monde au niveau plus profond (celui de nos convictions réelles, qui motiveront nos valeurs et nos actions). Ma vision du monde change-t-elle progressivement à mesure que j’en apprends plus sur Dieu et l’œuvre de sa grâce en moi ?

Agir pour lui ou avec lui ?

Nous voulons faire le bien, mais à notre manière, agités que nous sommes, en « oubliant » de commencer par nous rendre disponibles au pied du Maître. Sans Dieu – qui, seul, est bon – tout notre bien n’a rien de bon (Rom 7.17s). Moi qui ai professé suivre Christ, je désire suivre son enseignement, mais est-ce que je désire le suivre, lui ? Suis-en train non seulement d’agir selon des valeurs chrétiennes, mais aussi de grandir dans ma dépendance de sa réelle présence ? J’ai probablement progressé dans ma connaissance doctrinale et pratique, mais ai-je régulièrement grandi en Christ, uni à lui, et dans sa puissance d’action ? Ma vision du monde est-elle formée, transformée, par la pensée de Dieu et mes voies entrent-elles dans les voies de Dieu ?

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)