Des compréhensions différentes au cours des âges

Le premier mot de l’Apocalypse, « révélation », peut aussi signifier « lever du voile » en grec. Rarement mot d’introduction aura été aussi paradoxal tant ce livre présente un contexte déroutant et semble difficile à comprendre. Face à ce type d’ouvrage, deux tentations existent : d’une part en « forcer l’entrée » sans en chercher les combinaisons d’accès, d’autre part passer outre : c’est le seul livre que Calvin n’a jamais commenté, et il fut rejeté par une fraction de la chrétienté orientale jusqu’à la fin du ive siècle.

Pour découvrir et mieux comprendre l’Apocalypse nous examinerons tout d’abord son genre, son langage, et les emprunts faits à l’Ancien Testament. Ensuite, nous listerons les différentes interprétations qui ont été données au cours des âges, avec les forces et faiblesses de chacune d’elles. Enfin, nous proposerons un plan du livre pour mieux en saisir la structure.

Genre et langage de l’Apocalypse

Le livre de l’Apocalypse se présente à la fois comme une lettre — adressée aux sept églises d’Asie mineure — et comme une prophétie (1.3 ; 10.11 ; 22.9). Cependant, il se distingue des autres livres prophétiques par son style particulier, fait de contrastes marqués entre des personnes, groupes et événements : opposition entre bien et mal, trinité divine et trinité diabolique (ch. 12 et 13), agneau et dragon, Jérusalem et Babylone, etc.

Aujourd’hui, ce style pourrait être assimilé à certaines nouvelles ou mangas mettant en contraste les forces du bien et les forces du mal sous formes d’images caricaturales pour mieux illustrer les oppositions entre ces groupes.

Écrite à la fin du 1er siècle, dans un contexte de persécution violente contre les chrétiens, cette « littérature de crise » s’ouvre et se termine par une bénédiction (1.3 ; 22.14). Jean veut encourager un public fragilisé, mis hors la loi, en dévoilant ce qui se passe dans la salle du trône de Dieu, au-delà des regards terrestres. L’apôtre livre le point de vue de Dieu sur le monde et son avenir. Peu de livres bibliques invitent autant à l’adoration, la prière et la louange.

Le langage de l’Apocalypse est chargé de métaphores. Ainsi, les nombres employés ne doivent pas, la plupart du temps, être pris au sens littéral. Ils expriment par exemple l’universalité terrestre (quatre), la plénitude (sept), le peuple de Dieu (douze). Ces nombres se combinent en multiples riches de significations : par exemple les 1600 stades (14.20) expriment l’universalité du jugement de Dieu sur l’humanité (4 x 4 x 10 x 10).

Emprunts faits à l’Ancien Testament

De manière plus ou moins directe, l’Apocalypse fait très souvent référence à l’Ancien Testament. Ainsi, l’Exode est présente par la révélation du nom divin (« Celui qui est », Ex. 3.14 en Apocalypse 1.4 ; 4.8 ; 16.6), par le rappel de certaines plaies d’Egypte aux chapitres 9 et 16, tandis que le passage de la Mer Rouge est évoqué en 15.2.

Les images empruntées aux livres prophétiques sont nombreuses : par exemple, le rouleau d’Ezéchiel, (ch. 10), l’assaut de Gog et Magog (ch. 20), la vision du Fils de l’homme de Daniel 7 (ch. 14), ou encore les deux oliviers de Zacharie 4 (ch. 11). Ainsi l’Apocalypse reprend, développe et mène à leur sens final de nombreuses images déjà ébauchées dans l’A.T.

Diverses interprétations

Elles peuvent se classer en quatre grandes tendances : futuriste, « prétériste », historique et idéaliste. Ces interprétations seront évaluées en tenant compte de la manière dont les chrétiens du 1er siècle ont lu l’Apocalypse, et de son genre littéraire spécifique.

1. L’interprétation futuriste telle que nous la connaissons a été proposée dans les années 1830 par J.N. Darby. Elle s’est répandue parmi les chrétiens évangéliques anglo-saxons grâce à la première bible avec commentaires (Bible d’étude Scofield 1909). Cette lecture divise le livre de l’Apocalypse en trois grandes sections, d’après le verset 19 du chapitre 1 :

– les choses passées (« ce que tu as vu ») : la vision de Patmos (1.4-20) ;

– les choses présentes (« ce qui est ») : les 7 églises d’Asie, et, au-delà, l’Église dans sa totalité au cours des âges (2.1-3.22) ;

– les choses à venir (« ce qui doit arriver ensuite ») : les événements qui se produiront après l’enlèvement de l’Église (début du ch. 4).

Selon cette interprétation, le temps des tribulations des chapitres 4 à 19 coïncide avec la 70e semaine du prophète Daniel (Dan 9.24-27). Ce temps de jugement et de conflits submergera le monde entier, jusqu’à l’avènement de Jésus-Christ (ch. 19) et son règne terrestre de mille ans (ch. 20). Ces événements s’articulent en trois séquences principales, vues dans l’ordre chronologique : sept sceaux, sept trompettes, sept coupes, avec des parenthèses qui apportent des précisions complémentaires (comme celle du chapitre 7.1-17 qui décrirait les Juifs et païens sauvés pendant la Tribulation).1

Le point fort de cette interprétation est sa cohérence avec les textes prophétiques de Daniel (70e semaine, abomination de la désolation, etc.) et avec le discours de Jésus sur le Mont des Oliviers en Matthieu 242. En revanche, étant donné que la plupart des événements sont vus comme futurs, les implications pratiques de cette lecture sont indirectes et parfois difficiles à trouver. Les lecteurs du 1er siècle auraient appliqué de nombreux passages des chapitres 4 à 19 à leurs circonstances ou à leur environnement. Par exemple, ils auraient vu l’empire romain dans la femme du chapitre 17 (Rome est bâtie sur sept collines).

2. L’interprétation « prétériste » voit au contraire la plupart des événements de l’Apocalypse comme étant accomplis au moment de sa rédaction. L’Apocalypse décrirait ainsi les persécutions sous Néron au milieu des années 60 ou la chute de Jérusalem en l’an 70. Le point fort de cette interprétation est qu’elle est compatible avec la manière dont les chrétiens du 1er siècle auraient pu lire ce livre, mais trop de passages comme le règne de Christ au chapitre 20 restent inexpliqués.

3. Une troisième interprétation, dite historique, considère que l’Apocalypse dévoile l’histoire de l’Eglise, du 1er siècle à nos jours. Des lecteurs protestants du xvie siècle ont vu, par exemple, tel ou tel pape dans la grande prostituée du chapitre 17, tandis que des lecteurs du xixe ou du xxe siècle ont reconnu Napoléon ou Hitler dans tel ou tel personnage. Adoptée par les Réformateurs, puis par John Wesley, cette interprétation a l’inconvénient de présenter une grille de lecture fluctuante suivant les époques. Elle est également réductrice car centrée majoritairement sur l’interprétation d’événements se déroulant en Europe de l’Ouest. Enfin, elle semble également difficilement conciliable avec la manière dont les chrétiens du 1er siècle ont lu l’Apocalypse.

4. La dernière interprétation, dite idéaliste, perçoit les événements décrits dans l’Apocalypse comme des symboles de la lutte entre le bien et le mal, entre Dieu et Satan et ceux qui s’y rattachent. Elle voit ainsi dans le règne de mille ans la période actuelle de l’Église où l’action de Satan est retenue (depuis la résurrection de Christ). Cette lecture a l’avantage de prendre en compte le genre littéraire de l’Apocalypse et d’être utile pour les chrétiens de tous les temps, y compris ceux du 1er siècle. En revanche, elle a l’inconvénient de ne pas voir à la fin de ce livre un aboutissement de l’histoire, puisqu’elle met de côté tout aspect historique.

Quelle lecture adopter ?

Les événements décrits dans l’Apocalypse indiquent qu’il y aura une progression du mal vers un dénouement final, celui du retour, du règne et de la victoire finale de Jésus-Christ3. Une lecture futuriste prudente par rapport à l’enchaînement des événements paraît justifiée. Mais elle gagne à être complétée pour prendre en compte le genre littéraire du livre, ce qui plaide également en faveur d’une lecture morale pour aujourd’hui.

Ainsi, le chapitre 4 nous questionne sur la manière dont nous intégrons la majesté divine dans notre vie de tous les jours : ne nous devons-nous pas, tout comme les êtres vivants et les anciens, obéissance, louange et honneur à Dieu, notre Créateur ? Les tonnerres, les sept lampes ardentes et la mer de verre qui sont devant le trône évoquent la distance qui nous sépare de lui : Dieu existe par et pour lui-même, son existence n’est assujettie à personne.

Le chapitre 5 nous montre, par continuité et symétrie avec le chapitre 4 un double fait : seul l’Agneau immolé est digne de s’approcher de la majesté pour ouvrir le livre (permettant ainsi au plan de Dieu de s’accomplir) et seul il est digne de s’asseoir au milieu du trône (affirmation de sa divinité).

Ces deux chapitres ne nous interpellent-ils pas quand nous sommes tentés de devenir des chrétiens « performants » et sans faille seuls maîtres à bord de notre vie ? Contempler la majesté du Dieu Créateur et celle de l’Agneau Rédempteur nous pousse à dépendre de lui. Paradoxalement, cette dépendance nous enlève le stress de la course à la performance et nous fait accueillir sa grâce.

Les ch. 12 et 13 mettent en scène une contrefaçon de la trinité véritable :

– le dragon est clairement identifié à Satan en 12.9 ;

– la première bête du ch. 13 parodie Jésus (v.1-10) : elle reçoit autorité sur toute tribu, peuple, langue et nation ;

– la seconde bête parodie le Saint-Esprit et son ministère (v. 11-18) : elle donne le souffle à l’image de la bête, scelle les hommes, oblige les habitants de la terre à adorer la première bête, et elle accomplit de grands miracles.

Ces deux chapitres nous avertissent que, de manière continue et toujours plus arrogante, l’Ennemi cherche à subvertir l’autorité de Dieu par un renversement des valeurs morales, poussant les hommes à appeler le mal bien et le bien mal, à changer les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres (cf. És 5.20).

Structure de l’Apocalypse

Plusieurs groupes de sept (« septénaires ») apparaissent de manière naturelle dans le texte (sept églises, sept sceaux, sept trompettes et sept coupes). D’autres, moins évidents à saisir, découlent assez naturellement du texte pour qu’on puisse proposer un plan en sept septénaires, organisés le plus souvent en 4 + 2 + 1 ou en 6 + 1.

Par exemple, les quatre premiers sceaux sont groupés et imagés sous formes de cavaliers, les cinquième et sixième sceaux sont indépendants, et le septième sceau précédé d’une parenthèse au chapitre 7. De même, les six trompettes sont dissociées de la septième par une parenthèse allant du chapitre 10.1 au chapitre 11.14.

Enfin, la plupart de ces septénaires sont introduits par une vision, par exemple celle du Fils de l’homme avant les lettres aux sept églises.

Nous proposons donc le plan ci-après.

* * *

En conclusion, relevons un dernier septénaire, celui des béatitudes qui traverse l’Apocalypse et particulièrement la première : « Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit, car le moment est proche ! » Que ce moment, celui du retour de Celui qui « vient bientôt » oriente chacune de nos vies.

1NDLR : C’est notamment l’optique présentée dans l’article précédent de William MacDonald.
2Les sept sceaux reprennent divers éléments du discours de Jésus sur le mont des Oliviers :
     1. Le cheval blanc (parodie de pureté) // antichrists séducteurs annoncés (Mat 24.4-5).
     2. Le cheval roux (la guerre) // les guerres et les bruits de guerres (Mat 24.6-7).
     3. Le cheval noir (la famine) // famines (Mat 24.7).
     4. Le cheval livide // mort des fidèles (Mat 24.9).
     5. Âmes des martyrs sous l’autel // persécutions (Luc 21.12).
     6. Signes dans le ciel et sur la terre // signes (Luc 21.11).
3Le parallélisme entre les 7 sceaux, trompettes et coupes suggère cependant plus une intensification des mêmes événements qu’une succession de jugements différents.

Plan de l’Apocalypse

Introduction 1.1-8
1er septénaire : les lettres aux 7 églises 1.9-3.22

– Vision introductive : le fils de l’homme 1.9-20

– 7 lettres 2.1-3.22
2e septénaire : les 7 sceaux 4.1-8.1
– Double vision introductive : le ciel ouvert 4.1-5.14
– 6 premiers sceaux 6.1-17
– Parenthèse : la double vision des rachetés 7.1-17
– 7e sceau 8.1
3e septénaire : les 7 trompettes 8.2-11.18
– Vision introductive : l’autel dans le ciel 8.2-5
– 6 premières trompettes 8.1-9.21
– Parenthèse : la double vision du petit livre et les 2 témoins 10.1-11.13
– 7e trompette 11.14-18
4e septénaire : les 7 signes-visions 11.19-15.4
– Vision introductive : temple de Dieu ouvert 11.19
– 1er signe du dragon, de la femme et de l’enfant mâle 12.1-17
– 2e vision de la bête qui monte de la mer 13.1-10
– 3e vision de la bête qui monte de la terre 13.11-18
– 4e vision des scellés de l’Agneau 14.1-5
– 5e vision des trois anges 14.6-13
– 6e vision de la moisson et de la vendange 14.14-20
– Parenthèse : annonce des 7 coupes 15.1
– 7e signe de la fin 15.2-4
5e septénaire : les 7 coupes 15.5-16.21
– Vision introductive : le temple dans le ciel ouvert 15.5-8
– 6 premières coupes 16.1-14
– Parenthèse : béatitude concernant la venue de Dieu 16.15
– 7e coupe 16.16-21
6e septénaire : les 7 paroles sur Babylone 17.1-19.10
– Vision introductive : la grande prostituée sur la bête 17.1-18
– 1re parole : la chute de Babylone 18.1-3
– 2e parole : le châtiment de Babylone 18.4-8
– 3e parole : la lamentation des rois 18.9-10
– 4e parole : la lamentation des marchands 18.11-16
– 5e parole : la lamentation des navigateurs 18.17-20
– 6e parole : la fin de Babylone 18.21-24
– Parenthèse : le triple alléluia dans le ciel 19.1-5
– 7e parole : les noces de l’Agneau 19.6-10
7e septénaire : les 7 visions de la fin 19.11-22.5
– 1re vision : le juge sur le cheval blanc 19.11-16
– 2e vision : le grand souper de Dieu 19.17-18
– 3e vision : la capture de la bête et du faux prophète 19.19-21
– 4e vision : Satan enchaîné pour 1000 ans 20.1-4
– 5e vision : la première résurrection et le règne de 1000 ans 20.5-10
– 6e vision : le jugement du grand trône blanc 20.11-15
– 7e vision : les nouveaux cieux et la nouvelle terre 21.1-8
– double appendice : la nouvelle Jérusalem, le nouvel Éden 21.9-22.5
Conclusion 22.6-21

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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