David, un modèle de patience

Une lecture, même superficielle, des récits de la vie de David fait apparaître une réalité étonnante qu’il convient de méditer. David a certes régné 40 ans sur Israël, mais a dû attendre une quinzaine d’années entre le moment où il a été désigné, oint pour être roi par Samuel (1 Sam 16.1-13) et le moment où il est monté sur le trône (2 Sam 2.1-11). Et encore, sa première accession au trône reste incomplète dans la mesure où, pendant sept ans et demi, il ne règnera que sur une partie du peuple, Juda, et non sur tout Israël.
David a donc dû attendre environ 22 ans avant d’entrer véritablement en fonction. Comment comprendre cette longue attente, et qu’a fait David de tout ce temps ?

Une longue préparation

Lorsque David est oint par Samuel, il n’est selon toute vraisemblance qu’un adolescent d’une quinzaine d’années. Dieu réitère un procédé déjà utilisé au temps des patriarches, le choix du cadet au détriment de l’aîné, sauf qu’ici, « le principe est poussé jusqu’à ses dernières limites »[note]Brian Tidimann, « Histoire biblique d’Israël » ; Excelsis, p.223.[/note] . En effet, Dieu fait appel au cadet d’une famille de huit garçons comme s’il voulait manifester sa pleine souveraineté et indiquer que le choix se faisait selon ses propres critères et non ceux des hommes — David n’est ni connu, ni remarquable comme c’était le cas de Saül (1 Sam 10.24). C’est précisément ce qu’il dit à Samuel qui croyait que l’aîné ferait l’affaire : « Ne prends point garde à son apparence et à la hauteur de sa taille, car je l’ai rejeté. L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur » (1 Sam 16.7).
En faisant appel à un adolescent, Dieu sait que David est sans expérience pour gouverner. Il n’a jamais manié les armes comme le démontrera l’épisode de Goliath, il n’a jamais dirigé d’hommes et sait encore moins administrer un territoire. On peut donc, sans se tromper, conclure que la longue attente qui sépare son onction de son accession au trône est un temps de préparation. Et tous les éléments d’une longue et patiente formation sont là :

a) L’accès à la cour royale

Par le biais du service musical rendu à Saül (1 Sam 16.14-23), David aura accès à la cour royale. Ce sera l’occasion pour lui d’observer de près le fonctionnement de la cour. Il aura d’autant plus loisir d’apprendre que son amitié avec Jonathan et son mariage avec Mikal le feront pénétrer au cœur même du pouvoir en Israël.

b) L’apprentissage des armes et de la guerre

Suite à son éclat contre Goliath, David prendra, avec succès, la tête d’une partie des armées de Saül (1 Sam 18.5). Il apprendra le maniement des armes, s’initiera au commandement des hommes, remportera ses premiers succès militaires et populaires — « Saül a frappé ses mille et David ses dix mille », 1 Sam 18.7 — et découvrira aussi la jalousie qui règne dans les allées du pouvoir (1 Sam 18.8).

c) La patience dans l’adversité

La jalousie de Saül l’éloignera de la cour et le conduira à mener une vie rude pendant plusieurs années.
 Il devra prendre la tête d’une bande de marginaux de 400, puis de 600 hommes (22.2; 23.13) à qui il doit tout apprendre — la foi et la discipline. C’est avec eux qu’il apprendra vraiment à diriger les hommes, à canaliser leur ardeur et à les mener à la victoire malgré les difficultés.
 Il devra quitter son pays et se mettre au service des Philistins. Il se mettra d’ailleurs dans une situation impossible quand, à force d’avoir fait croire qu’il mettait à sac son propre pays, il est enrôlé par Akisch pour combattre ses frères d’Israël. Le Seigneur lui fera grâce par l’intermédiaire des princes des Philistins qui, suspicieux, exigeront son retrait des forces armées philistines (1 Sam 29). Cet épisode a probablement dû lui apprendre qu’il ne servait à rien de jouer de dissimulation pour se tirer d’affaire, car c’est Dieu, et Dieu seul, qui délivre le juste de ses ennemis.
 Il essuiera les sarcasmes des notables (25.10-11), l’acharnement des délateurs (23.19 ; 24.2 ; 26.1) et la lâcheté des hommes secourus à Keïla (23.5-12).
 Il sera l’objet d’une traque meurtrière par Saül (23.26 ; 24.1).
 Il manquera enfin de se faire lyncher par ses propres hommes lorsque, revenant de l’enrôlement forcé dans les armées philistines, ils découvriront que leurs femmes ont été enlevées et leurs biens volés au camp de base, à Tsiklag, par les Amalécites pendant leur absence (1 Sam 30.1-20).
Autant dire que David, véritable type du sauveur, a appris dans la douleur les leçons qui feront de lui un homme préparé pour le service que Dieu va lui confier. Et il ne faudrait pas croire que, parce qu’il est un homme selon le cœur de Dieu, il ait subi l’épreuve sans états d’âme. Les Psaumes, qu’il a écrits, rendent abondamment témoignage à la détresse qui l’a souvent saisi devant tant de méchanceté (voir par exemple Ps 55.1-8).
Je tire de cette longue et douloureuse préparation, plusieurs leçons pour la préparation au ministère :

Le temps de Dieu n’est pas le nôtre

Saül, roi selon le cœur des hommes, a accédé quasiment sans délai au trône d’Israël tandis que David, roi selon le cœur de Dieu, a dû patienter des années avant de monter sur le trône. N’y avait-il pourtant pas urgence puisque Saül avait été rejeté et entraînait Israël sur la voie de la désobéissance ? Certainement, mais ce n’est pas ainsi que Dieu agit. Il a préparé Moïse pendant 80 ans et Jésus pendant 30 ans avant de les « utiliser » vraiment. Dans une société pressée, nous devons réapprendre à patienter et à dire avec David : « Garde le silence devant l’Éternel, et espère en lui ; ne t’irrite pas contre celui qui réussit dans ses voies, contre l’homme qui vient à bout de ses mauvais desseins. Laisse la colère, abandonne la fureur, ne t’irrite pas, ce serait mal faire. Car les méchants seront retranchés, et ceux qui espèrent en l’Éternel posséderont le pays » (Ps 37.7-9).

La certitude de la vocation ne dispense pas d’une solide formation

 L’onction de David ne pouvait-elle pas conduire le Seigneur à l’utiliser sans délai et à l’équiper miraculeusement des qualités nécessaires à l’exercice du pouvoir ? Sans doute, le Seigneur pouvait-il agir ainsi, mais il n’a pas jugé utile de le faire et a préféré former patiemment son serviteur. Une formation « technique », mais aussi et surtout « personnelle » dans le sens où l’acquisition de compétences s’est accompagnée d’une transformation du caractère — d’où la volonté d’une dimension communautaire dans la formation des pasteurs. Chose significative, le fils de David, notre Sauveur, a dû aussi passer par cette école car, comme le dit l’Écriture : « Bien qu’il fût le Fils de Dieu, il a appris l’obéissance par tout ce qu’il a souffert » (Héb 5.8, BFC). Est-il bien raisonnable de faire fi de la sagesse divine et d’entrer dans le ministère sans avoir pris le temps d’une formation personnelle et « technique » suffisante ? Conduire le peuple de Dieu reste un défi et mérite, à cause de celui qui a versé son sang pour rassembler ce peuple, tous nos efforts.

La persévérance est un aspect essentiel du ministère (1 Tim 4.16)

David n’a pas encore pris ses fonctions qu’il fait face à une opposition violente, sournoise, incessante. De quoi décourager le plus déterminé des hommes. Il y a, certes, la dimension proprement humaine de la jalousie et des convoitises que suscite le pouvoir. Mais s’y rajoute une dimension spirituelle qu’il convient de prendre en compte. David est l’oint de l’Éternel, et l’adversaire met tout en œuvre pour ruiner sa préparation et son ministère — comme il le fera aussi avec le Fils de David bien plus tard. Et comme le Fils a souffert, il est promis, aux disciples que nous sommes, que nous souffrirons aussi. Comme le dit Pierre dans 1 Pierre 4.12 : « Mes bien-aimés, ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire. Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra. »
Il nous faut probablement redécouvrir ce que prendre sa croix pour suivre le Christ veut dire si nous voulons servir sans faiblir, ni reculer.
Un mot encore sur la longue préparation de David. Ce qui fait de David un modèle, ce n’est ni son stoïcisme, ni même sa parfaite obéissance dans la difficulté, mais son recours à Dieu dans la détresse. Alors que Saül, aux abois à Guilboa face aux Philistins, s’enfonce dans le péché en consultant un défunt, Samuel, au moyen d’une nécromancienne (1 Sam 28.7-25), David, à la même époque, menacé de lynchage par ses hommes, s’est fortifié et a consulté l’Éternel (30.6).

Une accession progressive au trône

La longue et difficile préparation subie ne conduit pas David à se précipiter quand enfin il touche au but. La patience, lentement apprise, va lui être très utile.
Quand David devient roi à Hébron (2 Sam 2.1-3), il se heurte, lui homme du sud, à la résistance du nord du pays. Abner, général du défunt roi Saül, s’assure la maîtrise des régions du nord d’Israël et met sur le trône le seul fils survivant de Saül, Isch-Boscheth (2 Sam 2.10). Le règne de ce dernier durera deux ans dont on ne sait pas s’il faut les situer au début ou à la fin du règne de David à Hébron. Devant cette situation embrouillée, David ne fait pas de forcing comme il aurait légitimement pu s’y employer, mais il consulte l’Éternel avant d’aller à Hébron (1 Sam 2.1), puis attend patiemment que Dieu guide les événements. Il ne reste néanmoins pas inactif, mais avec une grande habileté conquiert le cœur des hommes du nord :
a) Il fait exécuter l’Amalécite qui prétend avoir achevé Saül (1.13-16) et fait de même avec les hommes qui lui apportent la tête d’Isch-Boscheth (4.9-12). Contrairement aux pratiques de l’époque, il ne construit pas son règne sur l’extermination de la dynastie précédente. Il évite ainsi de bâtir sur le sang et de se faire exécrer par les gens du nord (contrairement à Roboam, fils de Salomon qui, par sa dureté, provoquera le schisme du royaume).
b) Il remercie les hommes de Jabès de Galaad qui ont pris soin de la dépouille de Saül (2.4b-7). Il fait à la fois preuve de reconnaissance et de sens de la diplomatie.
c) Il refuse de négocier secrètement avec Abner (3.12-13) et ne se réjouit pas de son assassinat qui lui ouvrait pourtant le chemin au trône d’Israël (3.28-36). David travaille à la réconciliation de la nation et ne peut admettre que le sang coule pour obtenir le pouvoir.

Une qualité ambiguë

Je suis édifié par la patience dont a fait preuve David et je l’admire pour cette qualité. Mais l’expérience m’a appris que toute qualité humaine, en raison du péché qui nous environne et qui nous colle à la peau, a aussi son revers. Et David n’échappe pas à la règle, sa patience n’est pas dénuée d’ambiguïté. Elle va servir admirablement son dessein de réconciliateur de la nation divisée, mais elle va desservir sa famille agitée. Sa patience est ainsi parfois devenue faiblesse.
Soyons donc plus réalistes avec nous-mêmes et avec ceux qui collaborent avec nous  : aussi grandes soient-elles, nos qualités ne font pas de nous des anges. Nous avons les défauts de nos qualités et nous pouvons céder à la tentation quand bien même nous sommes loués et admirés pour notre piété. Le Seigneur donne des Barnabas à l’Église qui sont doués pour encourager les Saul de Tarse, mais le fonceur acceptera difficilement qu’il fasse de même avec Jean-Marc un peu plus tard (Act 15.36-40). Il faut pourtant dans le service de Dieu des fils d’encouragement qui prennent le temps de remettre en selle les jeunes découragés ;  des hommes au caractère entier qui osent défricher des terres nouvelles ; des frères burettes qui mettent de l’huile dans les rouages. Mais, de grâce, ne demandez pas aux personnes de jouer à contre-emploi. Le patient pourra vous paraître faible, le fonceur cassant et le réconciliateur trop arrangeant, mais Dieu les a appelés ainsi et agit avec leurs qualités et malgré leurs faiblesses. Et c’est plutôt une bonne nouvelle, parce que cela veut dire que le Seigneur vous utilise et vous sanctifie sans attendre votre perfection.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)