David, un modèle de leader

David est plusieurs fois appelé le « berger » du peuple d’Israël (Ps 78.71-72). Il est ainsi le précurseur du bon Berger. Ceux qui ont une place de responsabilité dans l’Église sont aussi appelés à être pasteurs à leur tour (Jér 17.16 ; 1 Pi 5.1-5). De ce fait, l’histoire de David est bien apte, encore aujourd’hui à donner quelques indications utiles pour conduire le peuple de Dieu.

Cependant, la lecture et l’interprétation des livres historiques sont particulièrement délicates. Le N.T. indique clairement que ces livres contiennent un enseignement moral pour nous, aujourd’hui (1 Cor 10.11 ; Rom 15.4). Néanmoins, cet enseignement est rarement explicite et le texte ne donne pas souvent la façon dont Dieu apprécie les événements et les comportements des personnages[note]Voir cependant 2 SAm 11.27b : mais même sans ce commentaire, on se serait un peu douté que la conduite de David était répréhensible ![/note]

De plus, s’y ajoute une distance temporelle et culturelle importante.

Tout cela incite à être prudent dans nos interprétations et à laisser place pour d’autres applications que celles proposées ici.

A. AVANT SON ACCESSION AU TRÔNE

Un potentiel

Dans les entreprises, se développent les « Comités de Développement de Carrière » (CDC) où les dirigeants essaient d’identifier les futurs leaders de l’entreprise en détectant les « potentiels ». Mais Dieu n’était pas d’accord avec le CDC que Samuel entreprend à Bethléhem (1 Sam 16.7). Dieu regarde au cœur, et il voit chez David des qualités de cœur pour son Dieu que sa vie lui permettra d’exprimer.

David a des dons naturels évidents : physiques (1 Sam 16.12a,18), musicaux (1 Sam 16.18), etc.

( Nos dons naturels sont à mettre au service de leur Donateur.

David est le huitième de sa fratrie et apparemment méprisé par ses frères. Ce n’est pourtant pas un obstacle dans sa vie ultérieure : il n’a pas été traumatisé par une enfance sans doute difficile.

( Dieu peut se servir valablement de toute personne, quels qu’aient pu être ses antécédents.

Un choix divin

– David était le roi selon le cœur de Dieu (1 Sam 13.14 ; 16.12b). Le choix de Samuel venait directement de Dieu.

( Dans le NT, Dieu « a établi dans l’Église » des personnes qu’il a qualifiées en vue de certaines fonctions (1 Cor 12.28). Le choix est divin, mais le chrétien doit accepter la place que Dieu lui donne : les deux vont de pair.

– David a reçu une onction particulière : « L’Esprit de l’Éternel saisit David, à partir de ce jour et dans la suite. » (1 Sam 16.13)

( Plus qu’autrefois, l’Esprit habite aujourd’hui en chaque croyant et le qualifie pour un service : si ce n’était son action directe pour nous permettre de remplir notre mission, nous ne pourrions pas y faire face.

– Peu après, David est amené à faire état de ses victoires secrètes quand il était berger (1 Sam 17.34-36). Son témoignage des luttes remportées est crédible, car Saül n’hésite plus à l’envoyer.

( Le choix divin qualifie, mais il ne peut aller qu’avec une préparation personnelle qui passe par des victoires remportées dans le secret.

Une reconnaissance publique

Par Jonathan : David a vaincu Goliath. Jonathan, immédiatement après, s’attache à lui (1 Sam 18). Cet attachement sera plus fort que les manœuvres de Saül (1 Sam 20 ; 23). Jonathan aurait pourtant pu prendre ombrage des succès de David : il en avait lui-même remporté autrefois (1 Sam 14) et il était l’héritier naturel du trône ; mais il reconnaît le leadership de David et s’y soumet avec joie.

( La reconnaissance publique par d’autres responsables est indispensable pour que le leader puisse y jouer son rôle (Gal 2.9).

Par le peuple : Le peuple « aimait » David (1 Sam 18.16).

( Le leader doit susciter l’affection de ceux qu’il est chargé de guider et cette affection vient naturellement si les gens sentent qu’il veut et cherche leur bien, et s’intéresse à eux. Il est reconnu par les membres de son église locale (1 Thess 5.12).

Par Mical : Elle aussi aime David (1 Sam 18.20,28). David devient le gendre de Saül.

Une transition difficile

Mettons-nous à la place de Saül : il n’est pas facile de voir un jeunot avoir plus de succès que soi, de devoir laisser la place qu’on occupait depuis des années, etc. Saül en nourrit de la jalousie. Il se montre égocentrique. Il veut garder le pouvoir.

Il peut arriver que notre service soit contesté par quelqu’un qui s’accroche à sa fonction et perd de vue que le troupeau n’est jamais le sien, mais celui de Dieu.

David n’anticipe cependant pas le temps de Dieu : deux fois en position de tuer facilement Saül, il s’en défend vivement et refuse de porter la main sur celui qu’il considère toujours comme « l’oint de l’Éternel » (1 Sam 24 ; 26).

( Apprendre la patience pour attendre son temps est un exercice difficile, mais il permet d’acquérir une crédibilité qui, autrement, est entachée.

David en profite pour grandir : en témoignent les semaines passées auprès de Samuel à Naioth (1 Sam 19.18). L’expérience et l’influence du pieux conducteur durent être très bénéfiques au jeune David.

( Si notre service subit un contretemps, c’est peut-être une bonne occasion pour forger notre caractère par la patience, pour étudier plus, pour approfondir notre vocation, etc.

Un leader

Il sait faire avec le peuple qu’il a : le ramassis de personnes qui s’agglutinent autour du fugitif en 1 Samuel 22.1-2 est loin de l’armée d’élite que David aurait pu souhaiter, mais il va s’occuper d’eux et en faire une troupe d’élite.

( Dans nos églises, nous aimerions bien n’avoir que des frères et des sœurs matures, fondés dans l’Écriture, engagés dans le service, équilibrés, etc., et nous avons affaire à des « bras cassés » qu’il nous faut aider, à des « bébés dans la foi » qui nécessitent des soins constants, etc. Sachons ne pas nous décourager, mais amener ceux qui nous sont confiés à grandir.

Il ne refuse pas les recrues de choix : Abiathar a vu sa famille sacerdotale décimée et rejoint David avec l’éphod qui servait à interroger Dieu (1 Sam 22.20-23 ; 23.9). Il lui sera particulièrement utile dans ce temps d’errance.

( Sachons apprécier les chrétiens de qualité que Dieu met sur notre chemin et utiliser leurs talents.

Il sait susciter les vocations : quand il s’agit d’accomplir une mission dangereuse dans le camp ennemi, David pressent deux de ses lieutenants (1 Sam 26.6), tout en laissant le choix. Abishaï se décide et David profitera de l’escapade pour lui montrer un magnifique exemple de grâce (1 Sam 26.8-11).

( Enseigner la grâce à de plus jeunes qui nous suivent est sans doute la plus grande leçon que nous puissions leur donner.

Il sait partager avec équité : les guerriers victorieux des Amalécites ne voulaient pas partager le butin avec leurs frères trop fatigués pour aller jusqu’au bout. David, au contraire, édicte un principe d’égalité qui sera maintenu dans la suite (1 Sam 30.24).

( De même, Paul indique l’importance, dans le corps de Christ, d’avoir un « égal soin les uns des autres » (1 Cor 12.25). Le leader dans l’église devra être particulièrement attentif à ce que ce soit le cas, tant de sa part que de celle des autres.

Un écart

Il est triste de lire la compromission de David chez les Philistins d’Akish (1 Sam 27). Il est obligé de biaiser vis-à-vis de son hôte.

On peut bien penser que les dissimulations et les mensonges de David produiront des fruits amers bien plus tard : il est fort possible que la conduite de David ait influencé Absalom, qui agira envers son père de cette manière.

( Notre exemple parle plus fort que nos paroles, dit-on souvent — à raison. Un manque de droiture peut avoir des conséquences dramatiques dans l’avenir. Aussi exerçons-nous à être « irréprochables » (1 Tim 3.1).

Mais, une fois au bout de ses possibilités humaines, David se tourne rapidement vers Dieu. Quand ses soldats parlent de le lapider, il se fortifie instantanément en son Dieu (1 Sam 30.6).

( Un leader peut chuter, mais il sait se relever (Pr 24.16), sans rester paralysé par le poids de son écart. Pierre en sait quelque chose : une fois revenu de son reniement, il pourra continuer à être utile en affermissant ses frères (Luc 22.32).

B. APRÈS SON ACCESSION AU TRÔNE

Son intelligence des situations

Vis-à-vis des anciens de Juda : David, victorieux des Amalécites, envoie immédiatement un cadeau à ceux qui l’avaient soutenu dans son errance (1 Sam 30.26). Il sait être reconnaissant.

Vis-à-vis des gens de Jabès : ces courageux transjordaniens vont chercher les corps de Saül et de ses fils. David, dès qu’il l’apprend, les en félicite (2 Sam 2.5), sans montrer d’esprit de revanche par rapport à ceux qu’il aurait pu considérer comme des soutiens pour la dynastie ennemie. Au contraire, il prépare l’avenir.

Lors de la mort d’Abner (2 Sam 3) : face au meurtre indigne du chef de l’armée adverse, David montre immédiatement son refus de telles pratiques et accorde des funérailles nationales à Abner. Là encore, il se montre « au-dessus des partis ».

– David, après avoir attendu la mort de Saül, puis sept autres années, est enfin roi sur Israël. Les anciens d’Israël savaient pertinemment que David était le choix de Dieu (2 Sam 5.2) et ils auraient pu reconnaître David plus vite, mais ce dernier a su attendre son temps.

( Comme David, un leader se doit d’agir avec droiture et ouverture, même vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas toutes ces vues. Il doit avoir l’intelligence des situations pour désamorcer de possibles conflits par une attitude appropriée.

Ses qualités morales

– L’humilité : « David reconnut que l’Éternel l’affermissait comme roi d’Israël, et qu’il élevait son royaume à cause de son peuple d’Israël. » (2 Sam 5.12)

( Si quelqu’un a une position d’autorité, c’est que Dieu la lui a donnée et non pas pour lui-même, mais pour le peuple de Dieu. Comment alors s’en enorgueillir (1 Cor 4.7) ?

– La souplesse : face à deux attaques identiques des Philistins (2 Sam 5.16-25), David ne se repose pas sur la première victoire, mais interroge Dieu pour remporter la seconde, par un moyen tout différent.

( Une des qualités principales de l’ancien est de ne pas être « adonné à son sens », c’est-à-dire pas arrogant, pas borné, pas buté (Tite 1.7), mais ouvert à agir différemment, à se remettre en cause, si Dieu le montre.

– La générosité : l’attitude de David vis-à-vis de Méphibosheth est sans doute la meilleure illustration de la grâce dans l’A.T. (2 Sam 9). Au double titre de son ascendance et de son infirmité (2 Sam 5.8), le petit-fils de Saül n’avait rien à faire valoir. Mais David l’accueille magnifiquement.

( Un vrai leader sait passer au-dessus de préventions personnelles et se montre généreux envers tous, quels qu’ils soient.

– La spontanéité : face à l’arche qui arrive enfin à Jérusalem, David ne peut contenir sa joie et danse sans retenue (2 Sam 6.14-16). Mical lui en fait le reproche, mais David n’en a cure : son Dieu d’abord !

( Quand nous exprimons une louange spontanée dans l’église, nous dévoilons forcément l’intimité de notre vie spirituelle avec le Seigneur ; aussi encourageons-nous à le faire, pour la joie et le bien de tous.

Ses relations familiales

Ses femmes : nous avons déjà noté que David avait commencé à en avoir plusieurs (2 Sam 5.13). Une fois roi, il continue à en ajouter, femmes de premier rang et concubines, contrairement à l’avertissement divin (Deut 17.17). Salomon imitera son exemple, en pire.

Son mauvais exemple : inutile de revenir sur l’histoire de la femme d’Urie le Hétien (2 Sam 11), très connue. David, repris par Nathan, montre sa droiture par rapport à Dieu en reconnaissant rapidement sa faute (2 Sam 12.13).

( Agissons-nous toujours ainsi ou bien préférons-nous nous chercher des excuses ? Mais son inconduite vis-à-vis de Bath-Schéba peut expliquer (sinon excuser) l’attitude désinvolte d’Ammon vis-à-vis de sa demi-sœur Tamar, qui le conduira à sa perte (2 Sam 13). Une faute ne disqualifie pas définitivement (David n’est pas mort et il est resté roi), mais des conséquences surviennent.

Son attitude par rapport aux fils de Tseruïa : Tseruïa était la sœur de David (1 Chr 2.15). David a toujours été faible et dépendant vis-à-vis du fier Joab et de ses frères (2 Sam 3.39). Il a manqué de courage pour prendre la mesure ferme qui s’imposait après le meurtre d’Abner.

( N’ayons pas deux poids et deux mesures en favorisant les personnes de notre famille, par exemple pour leur éviter une discipline ecclésiastique nécessaire.

Ses fils : Absalom était beau, Adonija n’a jamais été contrarié (1 Rois 1.6) : David semble avoir été un père faible, avec des préférences coupables (2 Sam 19.4-5).

( L’ancien, avant de conduire l’église locale, doit prouver qu’il sait « bien diriger sa propre maison » et tenir ses enfants soumis (1 Tim 3.4).

Au final, c’est un constat d’échec que David dresse sur son lit de mort (2 Sam 23.5). Qu’il serait triste que nous ayons eu un rôle éminent dans l’église mais que notre vie de famille ait été un naufrage ! L’exemple de David nous avertit clairement.

Sa gestion des conflits

L’évitement : au lieu de traiter Amnon comme il aurait dû l’être après sa conduite infâme, David est irrité… mais n’agit pas (2 Sam 13.21). La suite montrera une escalade dans les problèmes.

Les demi-mesures : après le meurtre d’Amnon, Absalom s’enfuit, puis revient à Jérusalem, sous l’instigation du perspicace Joab. Mais au lieu de régler le sujet, David se contente de demi-mesures (2 Sam 14.24), ce qui va frustrer Absalom et faire le lit de sa révolte future.

Les factions en germe : le schisme qui allait se concrétiser sous Roboam est déjà en germe dans l’altercation entre les hommes de Juda et d’Israël (2 Sam 19.41-43). Mais David semble ne se rendre compte de rien et n’agit pas.

( Sachons, comme leaders, traiter un problème à sa source, ne pas prendre des demi-mesures mais aller jusqu’au bout et détecter le plus tôt possible les racines d’une possible division, avant que la situation ne s’envenime.

Son administration au quotidien

Des décisions prises sous influence ? Il est étonnant de lire que « les conseils donnés en ce temps-là par Achitophel avaient autant d’autorité que si l’on avait consulté Dieu lui-même » (2 Sam 16.23).

( Les conseillers sont utiles, mais le leader est avant tout responsable devant Dieu et aucun conseil, si bon soit-il, n’est à mettre au niveau de la Parole.

Des négligences ? David semble avoir été meilleur guerrier qu’administrateur. La révolte d’Absalom a été favorisée apparemment par un manque de rapidité dans la justice (2 Sam 19.29).

( Un leader n’a pas forcément toutes les qualités ; aussi le modèle du N.T. est-il celui d’une collégialité dans la direction de l’église locale (Phil 1.1).

Des injustices ? David n’a pas compris pourquoi Méphibosheth ne l’a pas accompagné en exil. Une fois détrompé, il propose de partager les biens de l’infirme avec Tsiba (2 Sam 19.29-30). Surprise : ce dernier a calomnié son maître et ne méritait pas un tel dédommagement !

( Faisons attention à ne pas trancher trop rapidement, au risque d’injustices. Quant à l’attitude de Méphiboscheth, elle est admirable : si nous pouvions toujours adopter la même sur les questions d’argent…

Bien finir

– Les Philistins attaquent, mais David court le risque de livrer le combat de trop (2 Sam 21.16-17). Ses fidèles lui disent qu’il est temps maintenant pour lui de se retirer et David a la sagesse de le comprendre et de le faire. Il utilisera les derniers moments de sa vie pour laisser à Salomon un royaume en ordre.

( Heureux les leaders qui, comme David, ont des amis qui savent donner un tel sage conseil ! Sachons écouter et nous retirer.

– 2 Samuel 23 liste les hommes forts de David. Face à Goliath, Saül n’avait personne pour combattre (1 Sam 17.10). David a su former des combattants.

( Un vrai leader sait former la génération suivante, pour se retirer, confiant que la suite est assurée.

CONCLUSION

David a laissé une trace durable. Relevons trois aspects :

Il a « en son temps servi au plan de Dieu » : 1 000 ans plus tard, Paul rendra à David ce beau témoignage.

( Dans une mesure bien sûr ô combien moindre que celle de David, qu’il puisse être dit de chacun de nous que nous avons été utiles au plan de Dieu dans notre génération.

Il a préparé la suite : 1 Chr 29 indique tout ce que David a accumulé pour le futur temple que Salomon allait bâtir.

( Un vrai leader se montre peut-être avant tout dans la façon dont il prépare sa succession.

Il a entrainé les autres à louer Dieu : Le « chantre agréable d’Israël », le « doux psalmiste », a laissé 75 psaumes inspirés. Depuis 3 000 ans, ils sont une source inépuisable de louanges pour le peuple de Dieu.

( Puissions-nous aussi laisser le souvenir d’hommes et de femmes qui ont loué Dieu et qui ont encouragé les autres à le faire à leur suite.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)