Daniel sous la pression professionnelle

Florent Varak a grandi dans une famille passionnée de spiritualité orientale. En 1984, il se convertit au christianisme. Il est titulaire d’une maîtrise de théologie et pasteur d’une église évangélique à Lyon depuis plus de 10 ans. Il est marié et père de trois enfants. Il enseigne aussi à l’Institut Biblique de Genève (IBG). Conférencier et écrivain, il est l’auteur de deux ouvrages : La Foi charismatique (Editions CLE) et La Réincarnation (Editions CLE). De nombreux articles, dus à sa plume sur des sujets actuels sont disponibles sur le site www.grace-lyon.org ou www.unpoissondansle.net. Florent Varak fait partie du comité de soutien de Promesses.

Il est des moments dans la vie avec Dieu où le Seigneur prend plaisir à tester notre intégrité. Il autorise des circonstances ou des situations, où un homme va refléter concrètement son amour pour Dieu. Tel fut le cas pour Daniel dans le récit rapporté au ch. 6 de son livre.[note]Cette étude est reprise et adaptée de l’étude du livre de Daniel par Florent Varak disponible sur www.unpoissondansle.net/dan/dan.php?d=&i=6. [/note]

La jalousie des collègues (6.1-5)

En 539 av. J.C., le roi perse Cyrus conquiert la ville de Babylone. Après avoir pris la ville, Cyrus continue sa conquête, et laisse à Gubaru (appelé Darius dans le livre de Daniel) le soin de gérer sa nouvelle acquisition.

Ce Gubaru (alias Darius) nomme 6 gouverneurs par provinces, soit 120 « satrapes », c’est-à-dire 120 hauts fonctionnaires. Trois ont la charge de superviser l’ensemble, et Daniel est en quelque sorte le premier ministre de cette administration. C’est merveilleux ? Pas vraiment !
– Ses collègues, perses ou mèdes, sont verts. Verts de jalousie, verts de rage, verts d’envie.
– Pour comble, Daniel est vieux (environ 80 ans) et Juif. Pour eux, il n’a rien à faire dans le gouvernement de Babylone.
– Ces charmants collaborateurs cherchent un moyen d’accuser Daniel de négligence (6.5), mais ne trouvant rien, ils se tournent vers la religion de Daniel pour y découvrir un motif de dénonciation.

Le complot des collègues (6.6-9)

Les collègues de Daniel complotent. Pour renverser Daniel, ils s’appuient sur deux éléments :
– La Loi de Dieu dit : « Tu n’adoreras que le Seigneur ton Dieu. » Cela fait partie des 10 commandements. Si le roi signait un décret obligeant à adorer un dieu, alors Daniel serait cuit. Ou plutôt mangé, car si la peine de mort chez les Babyloniens c’était le bûcher, pour les Perses, c’était les lions [note]Le feu était leur dieu, et il aurait été sacrilège de l’utiliser comme moyen de condamnation.[/note].
– La loi des Mèdes et des Perses se voulait irrévocable lorsqu’elle était scellée par les dignitaires de ces empires.
Leur stratégie est particulièrement haineuse. Ils trompent le roi en disant que « tous les chefs du royaume, les intendants, les satrapes, les conseillers et les gouverneurs » sont d’accord sur cette proposition. Manifestement, c’est tous, sauf le premier ministre ! Le roi Darius ne prend pas soin de vérifier les dires de ces dizaines de dignitaires qui réclament bruyamment la signature du décret.

De telles demandes apparaissent démesurées aujourd’hui – du moins dans les pays occidentaux. Mais les despotes du coin et de cette époque exigeaient souvent le culte de leur personne.

L’intégrité spirituelle de Daniel (6.10-15)

Le refus de Daniel le condamne à la fosse aux lions. Daniel a eu une longue vie, bien remplie. Il a été fidèle à Dieu, tout en étant un fonctionnaire responsable au sein des divers empires qu’il a traversés. Je suppose qu’il a au moins été tenté de trouver une solution pour échapper à ce piège :
– Cesser de prier pendant 30 jours par exemple.
– Ou prier la nuit, lorsque personne ne regarde.
Je me demande ce que j’aurais fait… C’est une chose d’être intègre pour Dieu sans pression ; c’en est une autre de l’être lorsqu’une foule de personnes influentes qui sont vos propres collègues vous poussent à ne pas l’être.

L’intégrité spirituelle de Daniel est remarquable. Et elle se résume en une phrase : il vit pour Dieu quels que soient les agissements des gens autour de lui. Il continue donc à prier, 3 fois par jour, devant les fenêtres. Il continue même de le faire lorsque les hommes entrent chez lui (v. 11).

L’étau se ressert donc sur Daniel. Le roi est affligé ; il réalise qu’il a été floué, mais qu’il ne peut rien pour arrêter ce qu’il a lancé.

Les conséquences de l’intégrité de Daniel (6.16-28)

Daniel est jeté dans la fosse aux lions, dont l’ouverture est scellée [note]Le scellement devait consister à poinçonner un morceau de terre glaise. La signature en relief contenue sur l’anneau identifiait l’auteur de l’acte. [/note]. Il se trouve que dans cette situation unique de l’histoire, Dieu a choisi d’intervenir pour préserver Daniel. Six siècles plus tard, lors des persécutions romaines, bien des chrétiens n’auront pas le même privilège. Il semble même que Paul ait échappé de justesse à ce terrible châtiment [note]Du moins si l’on interprète ce verset littéralement (NDLR).[/note] (2 Tim. 4.17). L’auteur de l’épître aux Hébreux fait sans doute allusion à cet épisode dans la superbe présentation des héros de la foi de l’Ancien Testament : « Et que dirais-je encore ? Car le temps me manquerait si je passais en revue […] les prophètes qui, par la foi, […] fermèrent la gueule des lions. » (Héb 11.32-34)

Devant cette délivrance miraculeuse, le roi décide de punir les accusateurs de Daniel ; son décret est radical : « Que ces hommes qui avaient accusé Daniel soient amenés et jetés dans la fosse aux lions, eux, leurs enfants et leurs femmes ! » La Loi de Moïse interdisait que l’on punisse la famille d’un coupable (Deut. 24.16) ; l’ordre du roi était donc injuste. Mais les monarques non juifs n’avaient pas la même sensibilité. La condamnation avait un effet dissuasif sur toute personne qui voulait tromper un roi. Cela tuait dans l’œuf toute possibilité de vengeance également.

Le texte décrit crûment ce qui se produisit : « Et avant qu’ils soient parvenus au fond de la fosse, les lions se ruèrent sur eux et brisèrent tous leurs os. » (6.24)

Le roi est évidemment impressionné par la délivrance de Daniel – surtout en contraste avec le « festin » qui a suivi – au point qu’il rédige une lettre destinée aux provinces dont il avait la gouvernance : « Je donne l’ordre que, dans toute l’étendue de mon royaume, on ait de la crainte et du respect devant le Dieu de Daniel.

Car il est le Dieu vivant
Et il subsiste à jamais !
Son royaume ne sera jamais détruit.
Et sa domination durera jusqu’à la fin.
C’est lui qui sauve et délivre,
Qui opère des signes et des prodiges
Dans les cieux et sur la terre.
C’est lui qui a sauvé Daniel
De la griffe des lions. » (6.25-27)

La religion de Darius, dualiste, à laquelle étaient associés de nombreux dieux, souvent illustrés ou représentés par le feu, n’est pas comparable à la puissance si éclatante du Dieu d’Israël. Le roi Darius ne s’est pas trompé à son sujet !

Gérer le succès

L’honneur, c’est comme le parfum, ça doit rester à l’extérieur – c’est du poison quand on le boit ! Le roi Darius aurait dû se méfier de la flatterie de sa cour. Le roi aurait dû veiller à cultiver l’humilité. Parce qu’il était sensible à la flatterie, il a pu être manipulé aisément. La recherche de la gloire, de l’approbation des autres, est l’un des grands dangers de l’homme. Au fond, c’est de l’orgueil.

Fait étrange : si un péché comme l’adultère est rapidement identifié dans une église et si le processus de discipline se met en place pour de tels péchés, on l’envisage mal pour l’orgueil. Pourtant, c’est l’un des sept vices que l’Eternel déteste : « Il y a six choses pour lesquelles l’Éternel a de la haine, et même sept qu’il a en horreur : les yeux hautains, la langue trompeuse, les mains qui répandent le sang innocent, le cœur qui médite des projets injustes, les pieds qui se hâtent de courir au mal, le faux témoin qui profère des mensonges, et celui qui déchaîne des querelles entre frères. » (Prov. 6.16-19)

De gros échecs spirituels ont lieu après de grandes victoires ou de grands sommets.
– Pierre s’est entendu dire par le Seigneur : « Arrière de moi, Satan », juste après qu’il a dit à Jésus sa compréhension de son identité : « Tu le Christ, le Fils de Dieu. » (Mat 16)
– C’est après la victoire sur Jéricho qu’Acan a pris du trésor défendu (Jos 7).
– C’est après des milliers de conversions, et une vie d’église remarquable, qu’Ananias et Saphira tombèrent morts pour leur péché (Act 5).

Et on pourrait multiplier les exemples.

Dans le développement de notre intégrité et de notre marche avec le Seigneur, soyons très vigilants sur la gestion du succès. Pour l’avoir ignoré, Darius est tombé dans un piège monstrueux. Daniel, lui, a toujours su gérer cette situation avec Dieu.

Le piège de la jalousie

Les conseillers du roi étaient jaloux du succès de Daniel – comme quoi les hommes n’ont pas beaucoup changé au cours du temps :
– Joseph a été vendu comme esclave par ses propres frères, jaloux de l’amour que lui portait leur père.
– Saül a voulu tuer David à plusieurs reprises à cause de ses succès militaires, et du choix de Dieu.
– Les Proverbes parlent de la jalousie (ou de l’envie) en des termes catégoriques : « Car la jalousie met un homme en fureur, il est sans pitié au jour de la vengeance. » (6.34) « Un cœur calme est la vie du corps, mais la jalousie est la carie des os. » (14.30) « La fureur est cruelle et la colère impétueuse, mais qui tiendra devant la jalousie ? » (27.4)
– Actes 13.45 montre que les chefs religieux juifs étaient jaloux du succès de l’Eglise, et que cela motivait leur désir de persécution.
Mais la jalousie existe en dehors des païens, ou du temps de l’A.T. Au point que les apôtres ont eu à la traiter à bien des reprises.
– Romains 13.13 nous exhorte à marcher loin de la jalousie, et de la discorde.
– Paul reproche longuement aux Corinthiens leur jalousie les uns envers les autres. Leurs cultes cherchaient à attirer l’admiration des autres, sans souci de service mutuel (1 Cor. 3.3 ; 2 Cor 12.20).

Dieu avant tout !

Les gens qui aiment Dieu aiment… Dieu. Pas l’ambiance des gens qui aiment Dieu, pas les activités religieuses ou spirituelles. Ils aiment Dieu. Ils honorent Dieu. Ils vivent pour lui. C’est-à-dire qu’ils lui obéissent, quel que soit leur état d’âme, leurs sentiments…
– Daniel commence sa carrière dans la cour des rois avec un test d’intégrité. Il a à peine 15 ans. Loin de ses parents, des sacrificateurs, des coutumes de son peuple, il choisit de ne pas manger des viandes déclarées impures par le Lévitique. Il choisit de mettre en avant ses convictions morales et spirituelles. Quitte à mettre en danger sa carrière et son avenir.
– Daniel a plus de 80 ans maintenant. Le même scénario se produit. Il demeure fidèle à ses principes. Un mot pour les adolescents : vous deviendrez ce que vous développez aujourd’hui ; si votre vie d’ado chrétien est un bain de compromis, il n’y aura pas d’âge où cela va changer. Il n’y a pas d’âge magique, où un homme devient intègre facilement. C’est un choix coûteux et difficile, qui se prend dès maintenant.

La relation avec Dieu est prioritaire sur les autres. Des hommes n’ont pas eu la chance de Daniel. Rappelons rapidement l’histoire de Bernard Palissy : né à Agen, en 1510, il devient maître verrier, étudie la géologie, la physique, la chimie, l’agronomie. Soucieux de découvrir le secret des émailleurs italiens, il travaillera seul durant une quinzaine d’années, sacrifiant tout à ses recherches. Il se convertit. Il travaille pour la famille royale, à Saintes puis à Paris et offre à Henri II des compositions émaillées de grande qualité. Puis vient la Saint-Barthélémy (1572). Palissy part s’exiler à Sedan. Il est emprisonné à la Conciergerie, puis à la Bastille pour hérésie. Le roi Henri III désire vivement garder ce sujet qui est le seul artisan du temps capable de lui fabriquer de la vaisselle précieuse en terre cuite. Comme ni les menaces ni les promesses ne produisent aucun effet sur le prisonnier pour lui faire renier sa foi, le roi se rend en personne dans la prison, et lui demande d’abjurer : « Si vous ne le faites pas, ajoute Henri, je me verrai forcé de vous laisser condamner à mort. ».

– « Sire, répondit Palissy, est-ce le roi de France à qui j’entends dire : ‘Je serai forcé ?’ Je ne suis qu’un pauvre potier, un des plus petits sujets de Votre Majesté et de plus aujourd’hui prisonnier, mais aucune puissance au monde ne peut me forcer à agir contre ma conscience. Vous êtes un des plus puissants maîtres de la terre et vous dites : ‘Je suis forcé’ ! Sire, lequel de nous deux est libre ? »

Palissy meurt à la Bastille en 1590. Il n’a pas été délivré comme Daniel. Dieu ne promet nulle part qu’il nous délivrera – mais il le peut, et il l’a fait parfois dans l’histoire. Notre obéissance doit seulement s’appuyer… sur notre devoir, pas sur l’espoir de ne jamais être confronté à la mort.

Le secret d’un témoignage convaincant

Plus de 60 ans au service de Dieu ! Performance rare et belle. Daniel est un homme exemplaire. Pourquoi Dieu a-t-il utilisé cet homme aussi longtemps, devant des rois si divers et si nombreux ? Je crois que la réponse principale est sa pureté. Daniel a à l’avance mis en pratique 2 Timothée 2.20-22 : « Dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais il y en a aussi de bois et de terre ; les uns pour un usage noble et les autres pour un usage vil. Si donc quelqu’un se purifie, il sera un vase d’un usage noble, sanctifié, utile à son maître, propre à toute œuvre bonne. Fuis les passions de la jeunesse et recherche la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. »

Voulons-nous être utiles à Christ, notre Maître ? Propres à toute œuvre bonne ? La pureté – morale, doctrinale, spirituelle – est un préalable obligatoire. Cela implique une discipline quotidienne. C’est une passion, un choix, un désir. Si notre passion est le service du Christ, notre Rédempteur, recherchons avec passion la purification.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)