Contradictions ou parfait équilibre : quelques réflexions sur les liens entre Job, Proverbes et l’Ecclésiaste

Une mauvaise compréhension et une application erronée des Écritures peuvent semer la confusion dans la vie d’une personne et la blesser profondément.

Les bergers qui aiment vraiment leur troupeau s’attacheront donc non seulement à enseigner les Écritures fidèlement, mais aussi à les appliquer au peuple de Dieu avec beaucoup de soin et de précision. L’application est aussi importante que l’enseignement, comme nous le voyons dans le cas de Job et de ses supposés consolateurs : ils sont venus vers lui avec des paroles orthodoxes, mais les ont mal appliquées, ce qui n’a fait que raviver la douleur de Job et enflammer la colère de Dieu (Job 42.7).
Cette question devient cruciale lorsque nous considérons les différences entre Proverbes, Job et Ecclésiaste. Les Proverbes offrent des promesses rassurantes et pleines d’espoir, comme : « Aucun malheur n’arrive au juste, mais les méchants sont accablés de maux. » (Prov 12.21) Toutefois le livre de Job fait le portrait d’un des hommes les plus justes de la terre qui endure un poids de souffrances qui dépasse l’expérience de la plupart des hommes (Job 1.8). L’Ecclésiaste complique encore la question en déclarant, d’un ton désespérément stoïque, que rien n’a vraiment de sens.
Des promesses telles que Proverbes 21.5 (« Les projets de l’homme diligent ne mènent qu’à l’abondance, mais celui qui agit avec précipitation n’arrive qu’à la disette ») ne semblent pas toujours vraies — ou au moins, ont besoin d’être relativisées. Job, sans aucun doute, a fait l’expérience de l’accomplissement de cette promesse car il était un homme d’une grande richesse, richesse qu’il a apparemment accumulée par des moyens honnêtes. Ce n’est cependant pas sa « précipitation » qui l’a conduit à la pauvreté ; ce fut le feu du ciel : un événement qu’il ne maîtrisait pas. L’Ecclésiaste, d’autre part, souligne qu’une abondance de richesses n’est rien de plus que « vanité et poursuite du vent », alors qu’importe d’être riche ou non ?

Que devons-nous alors penser ?

La sagesse des Proverbes est-elle donc annulée par le réalisme de Job et le pessimisme de l’Ecclésiaste ? N’est-ce pas une perte de temps de mettre sa confiance dans les promesses des Proverbes et de chercher à vivre une vie de sagesse ? Pourquoi s’embarrasser de justice si elle n’apporte pas les bénédictions qu’elle promet — pire encore, si elle sert en fait d’incitation à Dieu pour permettre aux forces démoniaques de tester la qualité de cette justice ? Ou encore plus décourageant : pourquoi même se préoccuper de cette question ?
Il existe cependant un autre danger potentiel : non seulement on peut négliger la sagesse des Proverbes, mais on peut aussi l’appliquer à tort. Assurément, il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour trouver cette fâcheuse tendance chez des croyants bien intentionnés mais terriblement ignorants. Par exemple, si l’enfant d’un couple chrétien mène une vie dévergondée, loin du Seigneur et des principes bibliques, un membre de leur église pourrait remettre en question l’éducation qu’ils ont donnée à leur enfant : « La Bible ne dit-elle pas : “Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas” ? Que se passe-t-il donc ? N’avez-vous pas instruit votre enfant dans la bonne voie ? » Au lieu de pleurer avec ces parents, ce protecteur auto-proclamé de l’orthodoxie biblique aviverait encore leur souffrance en remettant en cause leur éducation. Oh combien cette personne aurait plutôt dû lire et méditer sa Bible plus profondément !
La réalité de la souffrance de Job et la vision pessimiste de l’Ecclésiaste contrebalancent la sagesse des Proverbes et ajoutent un point majeur : “mais il n’en est pas toujours ainsi”. Nous vivons dans un monde où Dieu règne, et sous ce règne, le monde fonctionne d’une certaine manière : le travail acharné produit l’abondance et l’éducation pieuse produit une progéniture pieuse. Néanmoins, nous vivons également dans un monde marqué par le péché et par la chute qui a bouleversé son équilibre. Un travail acharné apportera probablement l’abondance et une bonne éducation engendrera probablement des enfants fidèles ; mais il se peut que ce ne soit pas le cas ; la richesse ou les enfants que vous avez pourraient être anéantis par une tempête de feu. Sans oublier que la justice n’amène pas toujours le bénéfice temporel que nous attendrions d’une simple lecture des Proverbes.
Les conséquences dans la prédication, la relation d’aide et la vie chrétienne en général sont donc énormes. La question que les pasteurs doivent se poser, à laquelle il a déjà été fait allusion, est : Comment appliquer les promesses assurées et réconfortantes des Proverbes à la lumière de la réalité crue de Job et du cynisme implacable de l’Ecclésiaste ?

Comment devons-nous enseigner les Proverbes, Job et l’Ecclésiaste ?

Premièrement, il est préférable de laisser à chaque livre sa pleine force.

Faisons attention à ne pas émousser la Parole de Dieu en tentant de la sauver de ses incohérences apparentes. Kidner souligne que « cette poursuite résolue de leurs objets respectifs est typique de la façon de faire de l’Ancien Testament. Il tend à présenter un aspect à la fois, à le dire avec le maximum de force et à laisser le déséquilibre résultant être corrigé en temps voulu par un contrepoids tout aussi fort. De cette façon, on rend davantage justice à un sujet complexe qu’en cherchant une présentation intermédiaire entre deux extrêmes. Cette façon de faire donne également de la couleur et de la vitalité, contrairement au style alambiqué dans lequel on tomberait si chaque déclaration devait être nuancée dès qu’elle est avancée. »
Aussi attrayant qu’il puisse paraître d’aplanir la Bible en gommant ses aspérités, mieux vaut suivre l’exemple de l’ Ancien Testament et permettre à Dieu d’équilibrer sa propre Parole en prêchant la vérité de chaque livre entièrement. Ajouter des nuances serait émousser le scalpel. Un scalpel tranchant et propre créera une blessure qui peut facilement guérir, tandis que les bords dentelés d’un couteau émoussé feront des dégâts importants et inutiles qui nuiront gravement au patient.
Quelles en sont donc les implications pour chacun de ces livres ?
Avec les Proverbes, nous présenterons sans complexe les bénédictions et les bienfaits qu’amène une vie dans la sagesse et les tristesses et difficultés qu’entraîne son rejet. Un homme diligent acquerra des richesses (Prov 13.4) et un père sage engendrera un fils sage (Prov 22.15 ; 23.14-15 ; 29.15) ; tandis que le paresseux héritera de la pauvreté (Prov 13.4) et un père négligent élèvera un fils rebelle (Prov 29.15). Une vie de sagesse n’est pas seulement agréable (Prov 2.10), elle découle d’une bonne relation avec Dieu (Prov 1.7).
Avec Job, nous montrerons à nos auditeurs qu’il est possible qu’un homme bon et pieux puisse souffrir dans cette vie — et souffrir gravement — mais que Dieu contrôle complètement la situation. Nous démontrerons que, lorsqu’un homme souffre, ce n’est peut-être pas à cause de son péché ; ce peut même être le résultat de sa justice (Job 1.8).
Avec l‘Ecclésiaste, nous amènerons nos auditeurs dans le monde de l’homme sans Dieu et les inviterons à examiner son existence inutile et vaine, afin de leur montrer que sans Dieu, la vie n’a que peu ou pas de sens. Mais nous décrirons également la réalité, brutale mais vraie, que les sages et les insensés mourront tous (Ecc 2.12-17), et que, dans un monde déchu, il est possible que l’on trouve la méchanceté à la place de la justice et de la droiture (Ecc 3.16).
Nuancer constamment après chaque affirmation de ces livres afin de maintenir l’équilibre, priverait en fin de compte chaque texte de sa puissance et saboterait la démarche visant à mettre les textes en cohérence. Ce n’est que si les textes sont proclamés dans leur plénitude qu’ils s’équilibreront dans le cœur et l’esprit de notre auditoire.

Deuxièmement, nous devons maintenir une compréhension canonique de ces trois textes.

« Certaines de ces dissonances nous poussent à aller vers le Nouveau Testament ; d’autres encore sont toujours notre lot, exprimant les “douleurs de l’enfantement” (Rom 8.23) que le Nouveau Testament lui-même accepte comme inhérentes à la période actuelle.[note]Derek Kidner, The Wisdom of Proverbs, Job and Ecclesiastes, p.124.[/note] » Sinon, comment pouvons-nous comprendre des promesses telles que Proverbes 11.23, « Le désir des justes finit seulement dans le bien »[note]Traduction littérale de la NIV, version anglaise utilisée par l’auteur de l’article. (NDT)[/note] ? Comment cela peut-il être vrai si ce juste souffre sans relâche pendant toute sa vie, jusqu’à sa mort ? C’est parce que leur « désir » est Dieu lui-même, qu’ils posséderont inévitablement, même au moment où leur « fin » n’apparaît pas « bonne » ; en effet, leur mort est un « gain ». La souffrance de Job trouvera son soulagement et sa justification dans la gloire éternelle, alors que la vie vaine de l’Ecclésiaste sera finalement engloutie par la vie éternelle et que toutes les injustices du monde seront réparées par le Juge suprême.

Troisièmement, nous devons encourager et exhorter le peuple de Dieu à adopter pleinement et sans compromis les trois livres.

Il n’est pas sage de tirer la conclusion subtile suivante : « Comme il est possible que mes enfants ne persévèrent pas dans la façon dont je les éduque, alors peu importe mon éducation. » Jamais ça ! L’incertitude quant à l’accomplissement temporel de la promesse ne doit pas diminuer notre empressement à obéir au commandement. Un cœur obéissant cherchera à accomplir les commandements et s’efforcera de glorifier Dieu par une vie de sagesse, tout en continuant à adorer Dieu dans les périodes pendant lesquelles notre vie de sagesse est déçue (Job 1.20-21).
D’un autre côté, Dieu est probablement tout aussi déshonoré si on est polarisé sur la sagesse au point de méconnaître la douleur du désespoir sans but de ceux qui sont loin de leur Créateur. Par conséquent, un chrétien ne doit pas seulement obéir aux Proverbes avec passion et prendre à cœur le message de Job pour continuer à croire au milieu d’une grande épreuve ; il doit aussi recevoir l’Ecclésiaste afin de goûter la coupe amère de ceux qui vivent dans ce monde en dehors du vrai sens et du vrai but de la vie.
Enfin, chaque livre doit être compris comme un écrit de « sagesse ». Au fond, la sagesse est la capacité de bien vivre dans ce monde. Or non seulement les Proverbes, mais aussi Job et l’Ecclésiaste, sont des livres de sagesse parce que tous les trois nous enseignent la réalité telle qu’elle est et nous donnent un aperçu de la façon dont le monde fonctionne afin que nous puissions mieux y vivre.
Oui, il est vrai que dans un monde gouverné par l’Éternel, la justice sera récompensée et l’injustice punie ; mais il est également vrai que le même monde gouverné par l’Éternel a connu une chute qui nous a mis dans une situation où une partie de cette récompense et une partie de cette punition doivent être reportées pour une courte période et finalement réglées au jugement final.

Conclusion

Alors que nous combattons avec nos frères et sœurs, que nous vivons avec eux et que nous les enseignons, nos joies, nos pleurs, nos suppositions et nos instructions doivent être guidés par une compréhension d’ensemble et une application délicate de la Parole de Dieu. Qu’il est dangereux de promettre ce qui n’est pas vrai, d’encourager la négligence ou de faire de fausses suppositions au sujet des personnes en souffrance ! Que notre enseignement et nos conseils puissent être une manifestation de la vérité à ceux qui ont le cœur brisé, en sachant qu’il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire ; il y a un temps pour parler et un temps pour se taire (Ecc 3.4,7).

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)