Comme le Père m’a envoyé, moi aussi…

Frederic Walraven a été missionnaire au Cameroun pendant de nombreuses années. Il vit actuellement aux Pays-Bas, son pays d’origine, où il continue à servir le Seigneur comme ancien dans son église locale et dans un ministère d’enseignement en Europe. Il est marié et père de trois enfants adultes.

1. La mission dans l’Ancien Testament

Le terme « mission » désigne le service que Dieu confie à son peuple en l’envoyant dans le monde. Notre Dieu est un Dieu missionnaire. Au travers du peuple d’Israël, Dieu voulait exécuter son plan de rédemption. Il voulait que toutes les nations le servent : « Il dit : C’est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d’Israël, je t’établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre. » (És 49.6)[1]

Dieu envoya d’abord Abraham, lui ordonnant de quitter son pays et sa famille pour aller vers l’inconnu, avec la promesse de le bénir et de bénir le monde au travers de son obéissance (Gen 12.1-3). Puis il envoya Joseph en Égypte, allant jusqu’à utiliser la méchanceté de ses frères pour préserver un reste qui lui appartienne sur la terre pendant la famine (Gen 45.7-8). Il envoya ensuite Moïse vers son peuple opprimé en Égypte, lui confiant la bonne nouvelle de la liberté.

Après l’Exode et l’établissement des Israélites dans leur nouveau pays, Dieu envoya des prophètes, les uns après les autres, chargés de transmettre à son peuple ses avertissements et ses promesses : « Depuis le jour où vos pères sont sortis du pays d’Égypte, jusqu’à ce jour, je vous ai envoyé tous mes serviteurs, les prophètes, je les ai envoyés chaque jour, dès le matin. Mais ils ne m’ont point écouté. » (Jér 7.25-26)

Après leur captivité à Babylone, Dieu ramena avec bienveillance les Israélites dans leur pays, en envoyant encore avec eux des messagers afin de les aider à rebâtir le temple et la ville, et à reconstruire leur vie nationale. Finalement, « lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, afin qu’il rachète ceux qui étaient sous la loi » (Gal 4.4-5). En dernier lieu, le Père et le Fils envoyèrent le Saint-Esprit au jour de la Pentecôte.

Tous ces éléments constituent le fondement biblique indispensable à toute compréhension de la mission. La mission est d’abord celle de Dieu ; c’est en effet lui qui envoie ses prophètes, son Fils et son Esprit.

2.La mission à l’image de Christ

La mission du Fils est la mission centrale, car elle est l’aboutissement du ministère prophétique, et elle englobe l’envoi de l’Esprit qui en est le point culminant. Dès lors, le Fils envoie des hommes, comme il a lui-même été envoyé. Pendant son ministère public déjà, il envoya en mission les douze apôtres, puis les soixante-dix disciples ; c’était une sorte d’extension de son propre ministère de prédication, d’enseignement et de guérison. Après sa mort et sa résurrection, il étendit la portée de la mission pour y inclure tous ceux qui l’appellent Seigneur et se disent ses disciples : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » (Jean 20.21)

2.1  L’incarnation de Christ : le modèle de la mission

Le Fils de l’homme fut envoyé dans le monde. Il est réellement devenu l’un de nous. Il a fait l’expérience de notre fragilité, de nos souffrances et de nos tentations. Il est venu et s’est donné lui-même en service désintéressé pour les autres, et son service prit une grande variété de formes selon les besoins des hommes. Il a servi en action autant qu’en paroles. Aujourd’hui, Christ nous envoie, comme le Père l’a envoyé. C’est pourquoi notre mission, comme la sienne est une mission de service : « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ : existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et il a paru comme un vrai homme. »  (Phil 2.5-7) Toute mission véritable est une mission d’incarnation. Elle exige une identification sans perte d’identité. Cela veut dire entrer dans le monde des gens, comme le Christ est entré dans le nôtre, sans pour autant que nous renoncions à nos convictions chrétiennes, à nos valeurs et à nos principes.

Il nous est plus naturel de crier l’Évangile aux gens à distance que de nous impliquer nous-mêmes profondément dans leurs vies, de nous plonger dans leur culture et leurs problèmes et de souffrir avec eux dans leurs peines. C’est ainsi que l’exprime l’apôtre Paul : « Car, bien que je sois libre à l’égard de tous, je me suis rendu le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Avec les Juifs, j’ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme sous la loi (quoique je ne sois pas moi-même sous la loi), afin de gagner ceux qui sont sous la loi; avec ceux qui sont sans loi, comme sans loi (quoique je ne sois point sans la loi de Dieu, étant sous la loi de Christ), afin de gagner ceux qui sont sans loi. J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. » (1 Cor 9.19-22)

2.2 La croix de Christ : le prix de la mission

De nos jours, l’un des aspects les plus négligés de la mission au sens biblique est la place indispensable que la souffrance, voire la mort, y occupe. Pourtant, l’Écriture l’enseigne clairement. Il nous est présenté dans le serviteur souffrant d’Ésaïe (És 53.3). Jésus lui-même a enseigné ce principe, l’a mis en pratique dans sa vie et l’a imposé à ses disciples : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. » (Jean 12.24-25)[2] L’apôtre Paul s’est appliqué ce principe : « Aussi je vous demande de ne pas perdre courage à cause des afflictions que j’endure pour vous : elles sont votre gloire. » (Éph 3.13)[3]

Tôt ou tard, la mission aboutit à la passion. Dans la conception biblique, le serviteur doit souffrir ; c’est ce qui rend la mission efficace. Toute forme de mission conduit à la croix. Ce n’est pas un hasard si, en grec, « témoin » se dit « martyr ». On dit que l’Église a été construite sur le sang des missionnaires. L’histoire de l’Église est remplie de récits de persécutions. Les souffrances sont parfois physiques ; à d’autres moments, les souffrances endurées ont été davantage morales que physiques.

La fille du général Booth (fondateur de l’Armée du Salut) écrivit de sa prison : « Jésus a été crucifié […] Depuis ce jour, les hommes ont toujours cherché une voie plus facile, mais les voies les plus faciles ne mènent nulle part. Si vous voulez gagner des milliers d’hommes et de femmes qui sont sans Dieu, soyez prêt à être crucifié, vous et vos projets, vos idées, vos préférences et vos désirs. Vous dites que les choses ont changé et que nous vivons sous un régime de liberté. Vraiment ? Sortez et vivez comme le Christ a vécu, parlez comme il a parlé, enseignez ce qu’il a enseigné, dénoncez le péché partout où vous le constatez, et vous verrez si l’ennemi ne s’élancera pas contre vous avec toute la furie de l’enfer ! »

Il existe également une souffrance sociale. Le missionnaire est essentiellement un martyr social, coupé de ses racines, de sa famille, de son sang, de son pays, de son arrière-plan, de sa culture… Il doit se dévêtir volontairement de sa culture pour devenir l’instrument nu de l’Évangile pour les cultures du monde.

L’Évangile d’un Christ crucifié demeure une folie pour le monde. Sommes-nous prêts à supporter la souffrance, prêts à mourir au confort et au succès, à notre sentiment inné de supériorité personnelle et culturelle, à notre ambition de richesse, de gloire et de puissance ? Seule la graine qui meurt se multiplie. Sommes-nous prêts à suivre le Seigneur à n’importe quel prix ?

En 1850, David Livingstone, l’intrépide pionnier missionnaire en Afrique, écrivit : « Je n’ai jamais fait un sacrifice […] Que jamais nous ne considérions l’obéissance à l’ordre du Roi des rois comme un sacrifice, alors que les hommes du monde considèrent l’obéissance aux ordres de leurs gouvernements comme un honneur […] Je suis missionnaire au plus profond de mon cœur et de mon âme. Dieu n’avait qu’un Fils unique, et il fut missionnaire et médecin. Je ne suis qu’un bien pâle reflet de ce qu’il fut. […] C’est à cette tâche que je veux consacrer ma vie ; c’est en l’accomplissant que je souhaite mourir. »

2.3 La résurrection de Christ : le mandat de la mission

Il est de la plus haute importance de se rappeler que la résurrection a précédé l’ordre missionnaire. C’est le Seigneur ressuscité qui a ordonné aux siens d’aller et de faire des disciples de toutes les nations : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. » (Marc 16.15) « Que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses. » (Luc 24.47-48) « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie […] Recevez le Saint-Esprit. » (Jean 20.21-22) « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Act 1.8) Il ne pouvait pas leur confier cette mission plus tôt, avant d’être ressuscité d’entre les morts et d’être investi de l’autorité suprême : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » (Mat 28.19-20)

La mission est l’annonce de la Seigneurie de Christ. La résurrection est la clé des deux mouvements:

– C’est le Seigneur ressuscité qui nous envoie dans le monde (effet centrifuge).
– C’est encore lui qui rassemble les gens dans son Église (effet centripète).

2.4 La glorification de Christ : le zèle de la mission

Il ne suffit pas que nous sachions ce que nous devons faire, mais également pourquoi le faire. Lorsque notre motivation est mal fondée, nous perdons rapidement courage. La glorification de Jésus-Christ à la droite du Père, autrement dit à la position d’honneur suprême, constitue la plus forte des incitations missionnaires : « le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds. » (Éph 1.20-22)[4]

Sans aucune gêne ni honte, nous devons dire que les chrétiens devraient proclamer la supériorité de Christ. Dieu veut que tout homme, sans exception, s’incline devant son Fils. Si Dieu a conféré cet honneur suprême à Jésus, et s’il désire que tout être lui rende hommage, le peuple de Dieu devrait partager le même désir. L’Écriture appelle cette attitude « zèle » ou « jalousie » : « Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure. » (2 Cor 11.2) « J’ai déployé mon zèle pour l’Éternel, le Dieu des armées. » (1 Rois 19.10)

Qu’est-ce qui motive à la mission ? C’est la recherche de la gloire de Dieu et l’honneur dû à son nom : « Si vous portez beaucoup de fruit, c’est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples. » (Jean 15.8)[5]

2.5 Le don de l’Esprit par Christ : la puissance nécessaire pour la mission

Pendant son ministère public, Jésus avait attiré l’attention sur la nature et le dessein missionnaire du Saint-Esprit : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » (Jean 7.38-39) Personne ne peut être habité par le Saint-Esprit et le conserver pour lui tout seul. Là où est l’Esprit, il coule ; s’il ne coule pas, c’est qu’il n’est pas là.

Les Écritures déclarent que Dieu est lui-même le plus grand évangéliste. Car l’Esprit de Dieu est l’Esprit de vérité, d’amour, de sainteté et de puissance ; l’évangélisation est impossible sans le Saint-Esprit. C’est lui qui oint les messagers, confirme leur parole, prépare l’auditeur, convainc le pécheur, éclaire l’aveugle, suscite la repentance et la foi, donne la vie au mort spirituel, ajoute au corps du Christ, communique l’assurance de l’adoption, modèle l’être humain à la ressemblance du Christ et le pousse à accomplir le même service, et l’envoie à son tour pour être témoin de Christ. Dans tout cela, le but essentiel du Saint-Esprit est de glorifier Jésus-Christ en nous le révélant et en le faisant grandir en nous.

2.6 Le retour de Christ : l’urgence de la mission

Sur le mont des Oliviers, les yeux tournés vers le ciel, les disciples avaient reçu l’ordre d’aller jusqu’aux extrémités de la terre. Il leur fut promis que ce Jésus qui venait juste de partir, reviendrait en son temps (Act 1.8-12). Après l’ascension, les anges ont donné à peu près ce message aux disciples : « Vous l’avez vu partir. Vous le verrez revenir. Mais entre son départ et son retour, vous devrez compter sur quelqu’un d’autre. L’Esprit doit venir, et vous, vous devrez aller dans le monde pour le gagner au Christ ».

Jésus a dit que la fin ne viendrait pas avant que la Bonne Nouvelle du Royaume ne soit prêchée à toutes les nations : « Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin. » (Mat 24.14)[6]

Nous avons besoin de retrouver la ferveur qui caractérisait l’attente eschatologique des premiers chrétiens, et en même temps le sens de l’urgence qu’elle leur communiquait : « Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes; […] Car l’amour de Christ nous presse, […] nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! » (2 Cor 5.11, 14, 20)[7]

[1] Voir aussi Ps 2.8, Ps 71.11, És 2.2

[2] Voir aussi Mat 16.24

[3] Voir aussi 2 Tim 2.10, 2 Cor 4.12

[4] Voir aussi Phil 2.9-10

[5] Voir aussi 1 Pi 4.11

[6] Voir aussi Marc 13.10

[7] Voir aussi 2 Tim 4.1-2, 2 Pi 3.9-12

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)